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Episode 2 - Ces jours joyeux
Episode 2
Petit matin d’automne, la famille se reposait sûrement entre les murs de leur nouvelle demeure.
Les vivants comme les morts s’éveillaient doucement de leur torpeur. Aveline sortait de ses draps avec difficulté et rejoignit la pièce commune où elle put apercevoir une de ses ancêtres qui profitaient de la nouvelle maison : Aèlys. Il n’était pas étrange pour cette famille de se retrouver en présence de ses morts au petit matin.
Mais pour Mathis qui était un tout nouvel arrivant, ce genre de phénomène le déboussolé. Aveline le rassura plus d’une fois en lui expliquant qu’ils n’étaient ni mauvais ni dangereux. Il fallait voir là des protecteurs. Le militaire qu’était Mathis restait septique.
- Bonjour les jeunes ! Les salua Wyatt en arrivant à son tour dans la cuisine.
- Bonjour Papa.
- Wyatt. Bien dormi ? Demanda Mathis.
- Assez bien. De quoi parliez-vous ?
- Mathis a du mal à se faire aux fantômes.
- Ohh je vois… Se moqua gentiment Wyatt en les rejoignant à table.
- Ben bravo Aveline ! Ne me dévalorise pas devant mon beau-père.
Cela fit rire le père et la fille alors que Mathis boudait. Aldrick les retrouva ensemble, en train de rire, alors que son petit ami était pris pour cible.
Plus tard, alors que le soleil se levait également, les cervidés profitaient de la torpeur humaine pour se désaltérer.
Léonie avait assez mal dormi. Elle avait appris la mort de Magnus quelques jours auparavant. Son si cher frère était partit en la laissant derrière lui.
L’autre couple de la maison profitait des faveurs du printemps pour se conter fleurettes. Adélaïde et Iorhaël ne se quittait jamais –travaillant dans le même bureau en ville.
- Ces quelques fleurs pour la plus belle des femmes.
- Vil flatteur ! Elles sont magnifiques !
- Regarde mieux… Souffla Iorhaël.
Adélaïde s’exécuta et trouva dans le cœur d’une des roses une bague étincelante. Elle resta un moment interdite et compris enfin les intentions du roux.
- Iorhaël…
- Avant de refuser, laisse-moi parler… S’il te plait. Elle se tût. Adélaïde, je sais que je suis loin d’être le plus parfait. Que j’ai un humour qu’y t’insupporte, que je ne suis pas le plus bel homme mais mes sentiments pour toi sont authentiques. Et jamais ils ne changeront. Alors… Veux-tu me faire l’honneur de devenir ma femme ?
La blonde se retint de pleurer. Elle ne s’attendait pas à une telle demande venant de lui. Il était si puéril et rarement sérieux. Mais la lueur qui brillait au fond de ses yeux était si sérieuse qu’elle se laissa convaincre et se réfugia dans les bras de son amant.
- Bien sûr que je le veux…
Quelques jours plus tard, Adélaïde se rendit chez leur tante Othilie car elle venait de perdre son époux.
Elle trouva la maison dans un état déplorable, mais la vieille femme était dans bien piètre état. Elle se laissait mourir.
- Othilie… Il faut te battre.
- Adélaïde… Tu ne peux pas comprendre. Tu es jeune, tu as encore tes parents. Mais moi, je n’ai plus Rufus. Mon Rufus…
- Je suis peut être jeune, fit la jeune femme en la prenant par les épaules, mais je suis amoureuse. Je crois pouvoir deviner la douleur que cela produit la mort de l’être aimé. Mais tu as tes enfants.
- Muïris et Moïra sont adultes… Ils vivent leur vie, en oubliant leur mère.
- Mais Séverine et Michela sont encore jeunes, non ? Si ce n’est pour toi, fais le pour elles.
Si certains adultes se laissaient couler face à la mort, d’autres avaient revêtus l’habit du guerrier et se battait. Ce fut le cas de Léonie. Elle avait trop longtemps laissait la mort gouverner sa vie, elle devait désormais vivre pour ses enfants.
- C’est mou tout ça !! Allez du nerf !!
- M’man… Souffla Aldrick entre deux mouvements. T’es vachement cruelle.
- Cruelle ? Tu veux devenir le meilleur ?! Alors on se bouge !!
Pendant ce temps, Aveline rentrait du travail. Elle avait entamé une carrière scientifique et avait gravit quelques échelons avec facilité.
- Salut Adé… Dis c’est quoi ces cris ?
- Ah ça… C’est Maman qui entraîne Aldrick.
- Tu plaisantes ?
- J’en ai l’air ?
- Le pauvre, il ne sait pas à quoi il s’expose…
- Je crois qu’il vient de comprendre. Se moqua la blonde en entendant de nouveau les cris d’encouragement de Léonie.
Une nuit, la famille se réunit dans l’arrière-cour. Léonie était en larme. Mais ses larmes n’étaient pas une fatalité, car elles étaient remplies de joie.
- Allons M’man…
- Laisse-moi en paix, fils indigne.
- Euh…
- Laisse la, Aldrick. Maman est juste triste que sa fille chérie ne soit plus rien qu’à elle. Intervint Aveline au loin.
Et oui ! Nos tourtereaux se mariaient enfin. Ils avaient pris leur temps, dissimulant leurs sentiments pendant toutes leurs études, mais ils franchissaient désormais une nouvelle frontière.
- Sur cette bague, je jure de t’être fidèle et loyal. Dans la vie comme dans la mort, dans la joie comme dans la peine. Adélaïde Vauganne, acceptes-tu de devenir Adélaïde Houlet ?
- Sur mes ancêtres et les témoins ici présent, je te jure un amour indéfectible et te promet fidélité et loyauté. Que cette bague soit le souvenir de cette promesse que je fais et mon acceptation à devenir ta femme.
L’assemblée applaudissait et les grains de riz pleuvaient. Wyatt était très fier de sa fille et la savait entre de bonnes mains. Aldrick lui était sincèrement heureux pour sa sœur. Quant à Mathis, son regard sur son petit ami en disant long.
Léonie… Léonie avait troqué ses larmes contre un immense sourire. Elle devait se faire à l’idée que ses enfants convoleraient. Même si selon elle, il était beaucoup trop tôt pour cela. Ses bébés resteraient éternellement ses bébés.
La nuit de noce consommée –même si elle le fut depuis longtemps- les mariés reposaient dans le lit de la jeune femme. A tâtons, Adélaïde chercha sa lampe et l’alluma avec difficulté, elle sortit des draps et se massa les yeux. Avec désespoir, elle souffla en regardant l’heure, il était beaucoup trop tôt pour se lever.
Quand tout à coup, elle sentit son ventre la brûler, lui tordant les entrailles. Un étrange goût, infâme, vint lui chatouiller le palais. Ni une, ni deux ! Sans hésitation, elle se précipita hors de la chambre, se fichant royalement du bruit qu’elle pouvait faire.
Elle ouvrit en trombe la porte de la salle de bain et se plaça au-dessus de la cuvette. Cela n’allait pas tarder à arriver. Elle le sentait. Le plus difficile était l’attente. Elle se pencha encore plus et elle se libéra enfin de son mal être en vomissant.
Une fois terminé, elle se redressa et soupira de soulagement, bien que des larmes perlaient au coin de ses yeux. Elle se sentait honteuse et tremblait de tout son être. Il n’était jamais agréable d’avoir des nausées.
Elle se rattrapa au mur et s’assit avec difficulté. Elle venait de comprendre. Des nausées… Etait-elle enceinte ?
Elle se rendit compte, enfin, qu’elle venait de s’assoir sur la cuvette alors qu’elle venait de vomir. Elle se sentit sale, très sale. Dégoûtée, elle se dirigea vers la baignoire et y fit couler de l’eau brûlante. Elle défit ses vêtements avec dégoût attendit assise sur le bord de la baignoire que l’eau monte.
Elle s’y plongea avec délectation et sérénité. Elle sentait bien et se détendait enfin. Elle pouvait réfléchir sereinement. Être enceinte n’était pas une fin en soi mais n’était-il pas trop tôt pour cela ? Car après tout, elle venait tout juste de se marier. Et puis, ce n’était que des suppositions.
Elle cessa de réfléchir et plongea entièrement dans l’eau. Il était bien trop tard pour réfléchir.
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