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Par Sleioo le 22 Janvier 2015 à 15:55
Episode 28
Petit déjeuner chez les Vauganne. Comme à son habitude, Aimée préparait sa mixture, pendant qu’Aèlys émergeait et que sa petite fille se préparait.
Rejoignant ses deux aînées, l’adolescente leur souhaita un bon appétit. Chose qui surprit Aimée. D’ordinaire, Aloyse n’était pas guillerette de bonne heure. Mais la vieille femme ne posa aucune question et parla de futilité avec sa fille.
Peu après, Aloyse alla dans le salon afin de passer le temps. C’était le grand jour. Mais l’impatience était telle qu’elle n’arrivait guère à se concentrer sur le ciel.
La porte claqua. Aloyse sursauta légèrement puis fébrile osa regarder derrière elle. Calixte était de retour, fringuant et pimpant. Comme dans ses souvenirs.
Ou presque…
- Cal’ !!! S’exclama-t-elle en le voyant.
Elle voulut lui sauter au cou, mais elle stoppa son geste, l’observant des pieds à la tête.
- Salut Mini-pouce ! … Quoi ? J’ai quelque chose sur le nez ?
Elle redescendit sur terre, secouant ses jolies nattes.
- Non, non… Mais où sont tes cheveux ?
- Ah ?! Le look « jeune rebelle » ou « Lion » très peu pour moi.
- Mais j’aimais bien moi… fit Aloyse avec une moue.
- Aha ! Et bien je ne suis pas mieux comme ça ?
- Oh que si !
A l’étage, le couple s’affairait à leurs activités professionnelles dans un silence presque religieux. Cependant, Aèlys arqua un sourcil en entendant du bruit émanant en bois.
- Chéri ?
- Hum ?
- Tu peux me dire pourquoi Aloyse hurle comme un putois ?
- Ben ? Tu as oublié ?
- Oublié quoi ?
Devant le ton de surprise d’Aèlys, Elven quitta quelques instant l’écran des yeux pour la regarder elle. Elle, n’avait pas daigné quitter son chevalet.
- Tu as vraiment oublié ?!
- Mais quoi à la fin ? S’impatienta la femme.
- Calixte devait rentrer aujourd’hui.
Elle ouvrit la bouche, laissa tomber son pinceau puis dévala les escaliers quatre à quatre pour aller rejoindre son fils dans le salon. Le tout sous les rires de son époux.
Pendant ce temps, Elias… Ben, Elias était Elias. Trop absorbé par sa conversation avec son cousin, il n’avait fait qu’un simple signe de la main à son aîné. Peut-être qu’il avait raison d’agir ainsi. Trop s’épancher n’était pas son genre, et pis quoi ? Son frère n’était pas un dieu.
- Dis, Elias ? Lui demanda son interlocuteur.
- Hum ?
- Tu peux me dire qui on égorge chez toi ?
En effet, les décibels étaient en augmentation avec le temps qui s’égrainait.
- Ah ça… Ce n’est que ma mère et ma sœur.
- Y’a une raison ?
- Ben Calixte est rentré.
- Quoi ?! Et tu ne me le dis pas ?!!
Elias soupira… Coréus était aussi fan de son frère que l’était sa sœur et sa mère.
- Attends, je vais t’aider.
Elias avait rejoint Aloyse dans la cour, après l’avoir aperçu à travers la vitre. Cette dernière peinait à pousser sa boule de neige.
- ‘tain, il gèle… Comment tu fais pour rester autant de temps dehors ?!
Aloyse le regard à deux fois avant de lui répondre. Non pas qu’elle n’appréciait pas Elias mais … il savait si souvent se montrer si désagréable. A croire qu’il lui reprochait quelque chose.
- Je t’ai rien demandé, Elias. Si tu n’es pas content, retournes à l’intérieur.
- Le prend pas comme ça, Aloyse. Pour une fois qu’on peut rester seul tous les deux.
- Faut dire que t’es jamais tendre avec moi…
Le ton qu’elle venait d’employer le toucha et lui fit remonter son regard sur elle.
- Elias… Tu as quelque chose contre moi ?
- Mais non, qu’est-ce que tu vas t’imaginer ?
- Je sais pas… T’es toujours à me rabaisser…
Il soupira avant d’enchaîner.
- C’était quand tu étais encore qu’une gamine, ça Aloyse. J’ai évolué depuis.
- On dirait pas…
- Y’a des habitudes qu’on ne peut pas se défaire si facilement. Elle hocha la tête, comprenant ce qu’il voulait dire. Bon, tu le veux comment ton bonhomme de neige ?
De l’autre côté de la maison, l’on sonna. Aimée ouvrit donc et découvrit sur le pas de la porte Coréus.
- Ben mon grand ?
- Salut Mamie ! J’ai entendu dire que tu avais encore des bonbons !
- Tu sais que c’est plus vraiment la période ?
- Et alors ? Y’a pas de saison pour les bonbons ! Cette réplique arracha un rire à la grand-mère qui lui en remit. Et… Je peux entrer ?
- Mais… Bien sûr ! Pourquoi tu demandes Coréus ?
- Ben… Je veux voir Calixte, Mamie.
Elle rit fortement tout en le poussant à l’intérieur.
" Allez ! On lève les bras ! Plus haut Mesdames ! "
Les deux garçons aimaient s’entretenir ensemble, profitant de ses instants pour discuter.
- Dis Elias ?
- Quoi ? Expira-t-il entre deux souffles.
- Tu t’en fiche que Calixte soit revenu ?
- Vous avez fini avec ses questions ?
- Ben quoi ?
- Après Aloyse, tu t’y mets ? Même Coréus m’a fait son laïus.
- Ca répond pas à ma question.
Elias conserva le silence, décochant un regard noir à son cadet. Gwillerm secoua la tête, affligé puis reprit son entraînement. Elias ne détestait pas son frère. Mais il était tout simplement partit faire ses études. Il n’était ni mort, ni malade. Il allait revenir et il l’a fait.
Alors que tout le monde émergeait du pays des rêves, Calixte avait conservé son rythme scolaire. Mais peu à peu, il espérait s’en défaire. Hors, pour l’instant, il le mettait à profit en cuisinant.
Mais il connut quelques déconvenues. Par miracle, ses pancakes survirèrent.
- Ecoute Aloyse, il faut parfois faire des efforts.
- Aèlys…
- Maman, laisses moi gérer ça.
- Maman, intervint l’adolescente. Je veux bien apprendre à conduire, mais… Tu as vu ce temps ?
- Ce n’est qu’un peu de neige.
- Justement, tu ne connais pas les statistiques qui disent que les accidents arrivent le plus fréquemment sur routes enneigées ?
Aèlys soupira. Sa fille n’était pas motivée pour apprendre à conduire. Pourtant cela devenait une priorité désormais pour pouvoir travailler et devenir indépendant.
Il y en a, cependant, qui, même s’il détienne le permis de conduire, préfère être aux normes écologiques. Ce fut en brave que Calixte enfourcha son destrier à deux roues et se dirigea le cœur léger chez sa belle.
Non, ce n’était pas elle. Elle le fut à l’époque. Bien que blessé par cette fille, Calixte avait conservé de bonne relation avec elle. Kate l’avait même invité à une fête.
- Coucou le plus beau !
- Bonjour, Kate. Alors ton mariage ?
- Ah ne m’en parle pas ! Je suis sur un petit nuage.
- Je suis heureux pour toi. Tu as trouvé enfin quelqu’un qui te comprend.
- Oui… Mais ce quelqu’un aurait pu être toi…
- Tu plaisantes ? Tu te souviens de comment tu m’as jeté ? dit-il en feignant la peine.
Elle rit puis l’invita à la suivre.
Un peu plus tard, dans la maison familiale de Kate, la belle fit son apparition. Rada, dans sa belle robe blanche, aux couleurs de l’hiver fit rayonner l’ensemble de la pièce. Kate remarqua l’air béat de Calixte puis se mit à le taquiner. Le jeune homme se défendit en bredouillant, mais il était aussi clair que de l’eau de roche.
- Allez Calixte… Ne fais pas semblant. Je connais l’effet qu’à ma sœur sur les hommes. Et je serais rassurée si tu étais son homme.
Après avoir rougit, Rada fondit sur lui et l’emmena sans un mot dans la salle de bain. Calixte aurait bien voulut protester, mais il pouvait la sentir trembler. Ce fut ainsi qu’ils se retrouvèrent dans la salle de bain, depuis cinq belles minutes, sans avoir décroché un mot.
Rada soupira, peinée. Inquiet, Calixte en oublia sa gêne.
- Ca va Rada ?
- Non… Fabrice…
- Quoi Fabrice ?
- Il m’a trompé …
- Comment ça ?
- Je l’ai surpris dans les bras de son ex-femme.
- Alors que vous êtes fiancés ?
- "Etiez" ! J’ai préféré couper les ponts.
- Tu es sûre de toi Rada ?
- Oui… De toute façon, notre couple battait de l’aile depuis quelques temps. Mais ma famille me tombe sur le dos.
- Tu n’as qu’à venir à la maison Rada.
- Hein ?
- Et bien… tu connais mes sentiments à ton égards, Rada… Et je… je suis prêt à tout pour toi…
Touchée et émue, la demoiselle accepta, après une petite négociation avec Calixte. Ils rentrèrent chez les Vauganne pour seul bagage, la valise de Rada.
- Euh… Bonsoir ?
- Bonsoir, Monsieur Vauganne.
- Vous êtes ?
- Oh, pardon ! Je suis Rada.
- Mais encore ?
Calixte arriva à ce moment-là, sauvant sa belle.
- C’est ma petite amie Papa.
- Oh… Je vois… sa petite amie, marmona Elven.
Elle l’enlaça et Calixte se sentit aux anges.
- Je ne te remercierai jamais assez Calixte.
- Rada, je n’ai pas besoin de tes remerciements. J’ai juste besoin de ton amour.
Elle lui sourit tendrement et lui donna un léger baiser sur la joue. Elle avait accepté de sortir avec lui. La demoiselle avait eu beau rompre dans les jours précédents, elle avait toujours eu un faible pour Calixte. Surtout depuis la nuit du jour de la remise de diplôme. Il était parti, mais elle n’avait cessé de penser à lui. De le comparer à son empoté et vieux fiancé.
Il y en a une qui était loin de tout cela. L’amour, les conflits, les sentiments, l’amitié. Elle venait de retomber en enfance, profitant du frais de la neige et de la voute étoilé.
- Alors, Rada va habiter avec nous ?
- Oui, pour un petit temps.
- Ca c’est si je le décide, Calixte ! Protesta Aèlys.
- Maman…
- Je te l’ai déjà dit, mon poussin. Cette jeune fille me parait charmante, mais si il s’avère qu’elle en avait après ton argent.
- Mais quel argent ? Tenta de plaisanter Calixte.
- Tu t’entends Maman ? Demanda Aloyse. Même Mamie ne résonne pas comme ça.
Les discussions s’étaient succédé toute la soirée, et Calixte obtint gain de cause. Il pourra partir de la maison avec Rada, dans les jours qui suivent. Ce qu’il n’avait pas dévoilé à ses parents ce qu’il avait demandé à Rada de l’épouser et qu’elle avait accepté. Dans le secret, ils allèrent, le lendemain à la mairie pour se dire "oui ".
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Par Sleioo le 22 Janvier 2015 à 16:25
Episode 29
Le week-end passé, il fallait retourner en classe. Calixte avait eu beau faire son retour en fanfare, la dure réalité rattrapa les adolescents Vaugane. Ce fut en traînant les pieds qu’ils empruntèrent le chemin de l’école.
- Je ne veux pas y aller, ronchonna Elias.
- T’es pas le seul…
- Hé ! Les deux ronchons ! C’est sympa l’école ?! Hein Priscilla ?
La petite demeura muette et hocha la tête. Leur cousine (une des jumelles de Nolan) avait fait le chemin avec eux. Bien qu’elle demeura silencieuse, Gwillerm ne pouvait s’empêcher de la taquiner.
Tout allait pour le meilleur des mondes. Rien n’avait changé. Rien ?
Pas tout à fait, Calixte avait entre-temps emménagé avec Rada dans une maison, tout près du terrain familiale. Les deux amoureux s’étaient juré amour éternel et fidélité. Heureux de convoler, Calixte promit cependant à sa mère qu’il passerait la voir souvent.
- Pluie, pluie… douce pluie. Chasse les rêves de tes douces larmes et que ta présence me purifie de mes doutes
Chose étonnante, Elias prenait la place de sa grand-mère, de bon matin, tout en chantonnant.
Bien que ses harmonies ne furent pas toujours juste –il s’en rendait compte- cela le détendait.
Même si le résultat n’était pas une réussite.
- Salut Elias !
- ‘lut.
- Dis Mamie s’est complétement ratée ce matin… T’as vu ses gaufres ?
Le brun se leva, vexé.
- Ben quoi ?
- C’est moi qui ai fait à manger.
Elias quitta la pièce le pas lourd, tandis que Gwillerm l’observait.
- Faut pas le prendre comme ça… En même temps… Tu cuisines jamais. Tu peux pas faire de miracle.
Il planta sa fourchette dans la nourriture et la porta à sa bouche. Mâchonnant un peu, ses yeux s’écarquillèrent.
- Hey mais c’est loin d’être dégueu !
- Qu’est-ce qu’il se passe encore ? Demanda la jeune fille.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Allez, ne joues pas les timides.
- Je joues à rien. Laisse-moi tranquille, peste !
Elle se retourna vers lui pour lui tirer la langue.
-Il est vexé comme un pou parce que j’ai critiqué sa cuisine.
- Aaah ! Tout s’explique.
Elias vira au rouge, de colère, mais garda le silence. Les jumeaux rirent, c’est alors qu’Aimée entra dans la pièce.
- Aloyse, tu viens de recevoir ta robe, mon chat.
- Oh ! Super ! Merci Mamie !!
- Même bien habillée, tu resteras moche.
Cette vengeance puérile eut l’effet escompté. Aloyse passa près de lui et lui donna un léger coup dans le tibia. Même faible, cela faisait mal et Elias sautilla sur place en se tenant la jambe.
- Aaah mais t’es folle ! Hurla t'il après Aloyse. Mamie ?! Se plaignit-il.
- Tu l’as cherché Elias.
- Franchement, parfois tu exagères… Soupira Gwillerm tout en s’installant sur le canapé.
- Attends… Elle me cherche aussi.
- Et c’est qui le plus vieux de vous deux ?
- Justement ! Si je suis le plus vieux, j’ai pas besoin de tes sermons, Gwi !
- C’est ça ! Fit il en baillant. Bon c’est pas le tout, je pique mon petit somme.
- Espèce de fainéant.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Gwillerm s’endormit aussi sec. Tel un bébé en manque de sommeil. Cela arracha un soupir au brun. A la fois il jalousait cette facilité à dormir où qu’il soit, et en même temps cela l’exaspérait au plus haut point.
Pour passer le temps, Aloyse s’était trouvé une nouvelle occupation. Elle n’avait pas l’âme d’une peintre ou d’une musicienne, comme ses parents, et encore moins l’âme d’une sportive comme ses frères.
Mais bricoler, boulonner et souder, ça, ça l’enchantait. Malgré les dangers et l’étiquette peu féminine que ça lui offrait, elle s’en fichait.
Mais l’heure tournait. Et voyant l’aiguille afficher les 15h, elle décida de quitter son établi pour le troquer contre une commode. C’était déjà bien plus féminin.
- Bon… J’ai ma robe, mais quelle coiffure ?
- Hum… Je ne suis pas sûre. C’est jolie toutes ses fleurs, mais…
Ce fut à cet instant qu’Aèlys décida d’entrer, sans frapper ni rien. Mais Aloyse était habituée et ne se sentait nullement atteinte par cette intrusion maternelle.
- Pouaaah ! Ça cocotte ici ! Aèlys fixa sa fille. Tu as encore joué avec ton parfum ?
- Mais non Maman… Il sent fort c’est tout. J’ouvrirai la fenêtre après.
- Oh comme tu es jolie, mon chat.
- Merci Maman… Mais cette coiffure…
- J’admets, elle est belle, mais ne te corresponds pas.
- Allez ! Laisse faire Maman ! Dit-elle en craquant ses doigts.
- Vraiment ?
- J’aurais pu être coiffeuse dans une autre vie, ma p’tite !
Quelques minutes plus tard.
- Ouah ! Merci Maman ! C’est si chic !
- J’avoue que je me suis surpassée !
- Surtout Aloyse, profite bien de ta soirée, on a qu’un seul bal dans sa vie.
- Mamie m’a dit que tu n’y étais pas allée.
- Non…
- Pourquoi ?
- C’est simple, je n’étais pas une enfant sociale, donc j’avais peu d’amis. Et surtout aucun cavalier.
- Je suis sûre que Papa y serait allé avec plaisir.
- Mais ton père n’était pas encore là.
Fin prête, elle sortit de sa chambre. Aimée l’apercevant ne put s’empêcher d’improviser une séance photo. Aloyse s’y prêta de bon cœur, Gwillerm tout pareil, mais Elias. Elias ne put s’empêcher de faire le pitre.
- Allez les enfants ! Un grand sourire !
- Cheese ! Dirent-ils en chœur.
Elias regardant les jumeaux après qu’Aèlys eut pris la photo. Avec dépit, il secoua la tête.
- Vous trouvez pas ça stupide de dire "Fromage" pour une photo ?
- Qu’est ce que tu racontes encore, Elias ? S’étonna Aloyse.
- Mon lapin, c’est juste un exercice facial. Histoire de faire travailler les zygomatiques. Dit Aèlys.
- Je sais M’man… Mais c’est totalement crétin comme mot…
La mère soupira à son tour, main sur la hanche, tandis que Gwillerm s’étirait en baillant.
- J’ai une de ses faims ! S’exclama l’adolescent au bonnet.
- Vous n’allez pas manger à cette heure ? S’exclama Aloyse.
- Ben quoi ? On a faim. S’esclaffa Elias.
- Ouais, donc on mange, c’est tout. Renchérit son jeune fère.
- Bande de goinfre.
- Oui allô ? Fit la brune en décrochant.
- Ah, oui, bonjour… Je suis bien chez les Vauganne ?
- Oui.
- Ah ouf ! J’avais peur de me tromper. J’aimerais joindre Calixte, est-il ici ?
- Je suis désolée. Mais il n’habite plus ici.
- Quoi ? C’est vrai ?
- Je peux savoir qui vous êtes ?
- Ah oui, pardon. Je suis Jerry, son ami de l’université.
Aloyse se mit à rougir. Elle avait vu le beau Jerry en photo. Et comme son frère l’avait prédit, elle fut tout de suite charmé par ses yeux bleus limpides.
- Allô ?
Elle reprit ses esprits en entendant sa voix.
- Oui, pardon. Je peux vous fournir ses nouvelles coordonnées si vous voulez.
- C’est vrai ? Super ! Merci ! Vous êtes super sympa, Madame Vauganne.
- Je suis sa sœur ! Cria-t-elle, vexée.
Sous le coup de colère, elle raccrocha. Elven était juste derrière et avait assisté à l’échange.
- Mon chat… Tu ne lui as pas donné les renseignements.
- M’en fiche !
Puis elle quitta la pièce, le pas lourd de colère. Elven la regarda s’éloigner. Il revoyait en elle une petite part de sa femme. Et cela le fit sourire. Il eut une pensée compatissante pour l’interlocuteur d’Aloyse.
- Ouaaah tu es superbe !
- Merci Gwillerm ! Tu n’es pas mal non plus… Mais, tu ne veux pas quitter ton bonnet ?
- Quoi ?! Mais tu es folle ? Ça fait partie de moi.
- Genre, il a fusionné avec ton crâne…
- Ouais !
- Tu es fou… Mais je t’adore Gwi !
Le grand moment était arrivé. Fous de leurs enfants, les parents Vauganne avaient loué une petite limousine pour leur marmaille. Leur arrivée fit son effet.
Mais il faut croire que les adolescents de Riverview ont une autre interprétation du mot classe que nos adolescents.
La soirée se déroula paisiblement. Et ce fut éreintée qu’Aloyse rejoignit ses draps. Elle se remémora cette soirée si unique. Elle avait écopé d’une belle bagarre, refusé une danse – en fait on la lui refusa- elle repéra un dysfonctionnement vestimentaire [sans blague O_o] Elle essuya à nouveau un refus par son coup de cœur mais l’élection de Reine du bal lui permit d’oublier tout le reste.
Gwillerm resta fidèle à lui-même. Il fit peur à Elias en parlant de piéger la salle puis fut élu Roi bu bal. Il était drôle de voir les jumeaux côté à côte et couronnés.
Pendant ce temps, Elias lui, se bagarra également pour son coup de cœur, qui l’évita le reste de la soirée. Mais sa démonstration de force (même s’il ne l’a pas remporté) impressionna une fille d’une autre classe : Ségolène pour qui il eut le coup de foudre. Elias n’avait pas totalement perdu sa soirée.
Alors que Morphée emmenait avec lui nos trois adolescents, un revenant revint parmi les vivants. Notre éternel Kahei s’amusait dans le jardin. Le footbag. Il ne connaissait pas. Calixte avait ramené cela avec lui de l’université. De l’au-delà il avait pu observer Elias y jouait. Et cela l’avait tant tenté qu’il s’y essaya de suite.
Mais jouer allait bien cinq minutes. Il s’éloigna de l’objet et monta à l’étage. Dans la seule chambre inoccupée, celle de Calixte. En fin de compte, Calixte fut le seul petit enfant qu’il connut. Et son départ avait beaucoup ébranlé la famille, mais lui tout autant. Cela représentait le temps qui passait à une vitesse si folle.
Il se retrouva ensuite dans la chambre de sa fille, qui était collée à son époux. Toujours aussi passionnés malgré leur crise existentielle. Il faut croire qu’un enfant pouvait être le ciment d’un couple si différent. Un dernier salut…
… Puis il disparut, ne laissant derrière lui qu’une étrange poussière et une phrase.
- Prenez soin de vous.
Elven se sentait observé, c’était pour cela qu’il s’était réveillé. A peine redressé sur le bords du lit, il vit la silhouette de son beau-père disparaitre. Il avait affiché un si grand sourire qu’Elven fut nullement effrayé. Au contraire, savoir que Kahei venait de temps à autres parmi eux le rassurait.
Mais Kahei n’était pas encore partit. Non ! Il devait encore faire une chose. Son passe-temps favori lorsqu’il était chez les vivants : prendre possession de la chaise. A croire que ses relations post-mortem lui altéraient l’esprit.
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Par Sleioo le 22 Janvier 2015 à 17:07
Episode 30
Et une nouvelle création ! Une ! Aloyse progressait doucettement dans sa compétence d’invention lorsqu’une étrange lueur blanche vint l’éblouir. Elle la fixa un petit moment sans comprendre. Puis une étincelle vint illuminer son regard.
Aimée ressentait à nouveau ce sentiment étrange, ces picotements qu’ils lui parcoururent le corps.
Le cri d’Aèlys ameuta toute la maisonnée.
- Oh Mamie, non !
- Je crains que si, mon garçon. Fit une voix caverneuse.
- Non… suffoqua Gwillerm.
- Hé ho ! C’est quoi ce traquenard ? Les effets spéciaux sont super bien fait, soit dit en passant.
- Dites-moi Aimée, votre descendance manquerait donc de discernement ?
- Faucheuse… Ils sont jeunes, soyez indulgente.
- Ce n’est pas dans ma nature.
A entendre discuter leur grand-mère, si détachée, avec la mort, les jumeaux craquèrent. Ils comprirent enfin.
Aèlys avait tout de suite saisi ce qu’il se tramait, Elven également. Cela leur rappela la mort de Kahei.
- Oh Grande Dame ! Je vous en prie !
- Mortelle, tu m’as dupé une fois. La deuxième sera ta dernière.
- Je ne réclame grâce pour moi-même, Dame Noire. Je sais que mon heure est venue… Mais je vous en prie, pas en présence de ma famille.
- Je n’ai pas voix au chapitre, Aimée Vauganne. Votre vie est maintenant révolue. Vous ne pouvez y échapper. Poursuivez votre chemin.
- Oh Maman…
- Les enfants, ne pleurez donc tant. Je comprends ce que Kahei voulait dire. La mort n’est qu’une délivrance. Elle est douce quand elle est naturelle. Séchez ces larmes et souriez-moi.
Aloyse tenta de répondre aux volontés de sa grand-mère, difficilement.
Aimée disparue. Simplement. Laissant derrière elle, des orphelins et des petits enfants inconsolables.
- Ah ! Je t’ai enfin eux ! Cette vieille folle m’en aura fait roter !
La mort exultait. Elle avait de sérieux griefs contre Aimée. Elle avait eu de nombreuses réprimandes la première fois qu’elle était venue chercher cette mortelle.
- Chérie…
- J’ai tout perdu, Elven… Je m’étais tant habituée à sa présence. Pour moi, c’était si naturel qu’elle soit là…
Elven pris dans ses bras sa femme et la berça alors qu’elle déversait sa peine contre son épaule. La peine de sa femme était égale à la sienne. Mais il ne pleura pas. Il ne devait pas. Il devait se montrer fort, être le pilier de sa famille. Ses quatre enfants auront besoin d’un père présent.
- Aèlys…
- Je sais… mais rien qu’une fois, laisse-moi la pleurer. Je te promets qu’après les larmes n’existeront plus.
- Ce n’est pas ça… Il faut prévenir Calixte et Nolan.
Les enfants étaient au-dessus de tout ça. La vie continuait et demain le lycée ouvrait ses portes. Elias, consciencieux entama ses devoirs, suivi de son puiné.
- Baah ! Comment faites-vous pour faire vos devoirs ?
- Mamie l’a dit : la vie continue.
- Ben moi, je vais me coucher… et les parents qui… Pouaah ! Quelle famille !
- Elle a raison…
- L’amour a toujours raison Aèlys. On se soutient tous de différentes manières.
- Préviens ton frère, j’appelle notre fils.
Son visage, qu’il gardait confiant, se décomposa. Elven pouvait dévoiler sa peine, lorsqu’il tournait le dos à sa femme. Lui qui n’était pas humain, lui qui n’avait pas de parents, en était venu à aimer Aimée comme une mère.
Elle composa fébrilement le numéro de son jeune frère. Les sonneries d’attente furent interminable pour la femme. Enfin un "clic" et un souffle.
- Allô ? Demanda l’interlocuteur.
- Kristen ?
- Aèlys ? Tu as une drôle de voix…
- Nolan est là ?
- Je te le passe. Nolan, c’est ta sœur ! Hurla Kristen de à l’autre bout du fil.
- Aèlys ? Qu’est-ce qu’il y a ? Il est tard, tu sais ?
- Nolan…
- Ouhla… Ca va, Aèlys ? Demanda sincèrement Nolan. En entendant la voix de son frère, elle pleura de nouveau.
- Maman est morte…annonça t’elle entre deux sanglots.
Alors que son frère accusait le coup, Aèlys ne pouvait s’empêcher de fixer le ciel étoilé. La nuit était tombée et elle était plus magnifique que jamais.
- Nolan… Je crois que Maman est heureuse. Ils… Ils sont tous heureux désormais.
Bien plus tard, au beau milieu de la nuit –selon la jeune fille- un boucan de tous les diables la réveilla en sursaut. Furieuse, elle déboula hors de sa chambre.
- Mais c’est pas bientôt fini, oui ? Y’en a qui essaye de dormir !
Son discours fut coupé par la vision de son frère.
Elias est devenu majeur. Un pâle sourire marquait son visage. Malgré l’évènement marquant de la journée, il était tout de même heureux de grandir. Sa grand-mère serait si fière de lui.
- Mon grand… Tu es si beau… Le portrait craché de ton grand-père.
- Merci Maman… mais est-ce que ça va ?
- Non mais je dois faire avec.
- Allez Maman… A ton tour maintenant.
De nouveau, Aloyse surgit de sa chambre, la mine affligée.
- Pitié… vous pouvez m’épargner ?
- Aloyse, Maman fête son anniversaire !
- Ah ouais… super…
- Ah je me sens si lasse…
- Mais non Maman ! Tu es superbe !
- Je retourne au lit ! Et qu’on cesse de faire du bruit ! Y’en a marre ! Pesta l’adolescente.
- Je vais te suivre… Bonne nuit Maman !
- Mais et votre père ?
- Quoi encore un anniversaire ? S’impatienta Aloyse. Sans moi !
- Pareil… Désolé, P’pa, c’est pas contre toi… Mais je tombe de fatigue.
Elven se tordit et ses cheveux devinrent gris. Il soupira tout en se massant le dos.
- Bande d’ingrats…
- Oh mon Chéri ! Tu es si beau ! Bon anniversaire !
La routine avait repris depuis la mort d’Aimée. Elven s’habituait tant bien que mal à la vieillesse. Bien plus difficilement qu’Aèlys qui semblait plus joyeuse et bien plus fringante. Même si la maison parvenait à se remplir de rire parfois, dans d’autres moments, la famille pleurait. Aloyse en était la plus affligée. Elle se sentait proche de sa grand-mère. Plus proche que sa mère.
- C’est fou ce que tu peux ressembler à Mamie !
- Ah bon ?
- Ben oui… C’est si étrange ?
- Non, non. Cela fit rire Aèlys. Mais je me suis toujours dit que j’avais simplement des airs mais jamais une ressemblance frappante.
- J’aurais tant voulu ressembler à Mamie.
- Tu es très belle, ma chérie.
- Mouais… C’est pas l’avis des garçons.
- A ton âge, ils sont stupides.
- Qu’à mon âge ?
Elias relaya Aloyse qui se préparait.
- Alors mon grand ?
- Quoi ? Dit-il entre deux bouchées.
- As-tu des projets d’avenir ?
- Pas vraiment.
- Même pas une petite idée ?
- Non…
- Je vois. Elle soupira. Tu as tout ton temps.
- Merci Maman.
- Je te dis que c’est Orlanna la plus belle ?! Insista Gwillerm.
- Mais c’est n’importe quoi ?! Elle est refaite de partout.
- De quoi vous parlez les mini-pouces ?
- Eli !!! Aloyse dit qu’Orlanna est moche ?!
- Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit ! Protesta l’adolescente. J’ai juste souligné qu’elle était opérée. Ca ce voit !!
- N’importe quoi !
- De toute façon vous préférez le plastique au naturel !
- Roh l’autre hé ! En fait, tu es jalouse !
- Je pense que oui. Dit Elias.
- Gwillerm… t’es goût en matière de femme sont spéciaux.
- Ah tu vois ! Intervint Aloyse.
- Mais qu’est –ce que vous avez avec Orlanna ?! Elle est sexy !
- Et c’est tout ce que crédites aux femmes ?
- Nan mais bon là, quand même… Orlanna !!
- Gwi… t’es qu’un macho !
Plus tard dans la journée, tous apprêtés et bien habillés, les membres de la famille se répartirent dans les voitures. Aloyse décida d'accompagner son grand frère.
- Tu es content Elias ?
- Pas qu’un peu ! Enfin libéré de l’école.
- Mais tu vas faire quoi ?
- Chômeur professionnel ? Répondit-il, taquin.
Aloyse ne put s’empêcher de rire. Ses relations avec Elias n’allaient qu’en s’améliorant, surtout depuis sa majorité. Alors qu’ils se rendaient à sa cérémonie de diplôme, Aloyse ne pouvait s’empêcher de penser à son avenir.
- Oh toi, tu as une petite mine !
- Non, ça va. C’est juste que je réfléchis trop.
- Trop réfléchir peut nuire, surtout à la beauté des femmes.
- Je suis donc vouée à rester laide.
La remarque de sa sœur le toucha. Il la voyait toujours gaie, et parfois en colère mais jamais mélancolique.
- Bon, dis-moi, sérieusement ce qui ne va pas.
- Rien… On va bientôt grandir avec Gwillerm. Je sais pas… Je me sens vieille dans un corps de jeune.
- A l’inverse de Papa ! Tenta Elias, afin de détendre l’atmosphère.
- Peut être.
Et un flop pour Elias ! Il se jura d’avoir une vraie conversation avec elle. En attendant, elle se mura dans son silence.
Elias obtint les félicitations avec sa mention très bien. Fier, il l’était. Heureux également ! Lors de son discours, il remercia sincèrement sa grand-mère.
Chose qui toucha profondément l’assemblée, mais surtout sa mère. Aèlys faisait la joyeuse, mais elle était encore peinée par la disparition d’Aimée. Cependant, le sentiment qui primait sur la tristesse, était la fierté.
- Mes bébés grandissent si vite.
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