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Par Sleioo le 28 Janvier 2015 à 11:12
Episode 13
Une nouvelle matinée commençait.
- Bonjour chérie.
Et comme toujours, Aèla grommela un semblant de réponse, chose qui fit sourire son mari. Sa femme était un ours au réveil. Elle détestait parler dès le levé, et sa grossesse accentuait cela. Elle lui baisa néanmoins légèrement les lèvres.
Ils se séparèrent et chacun vaquèrent à leurs occupations matinales. Servan occupait la salle de bain en vue d’une longue journée de travail, et Aèla, en bonne mère s’occupait des petits. Alors qu’elle installait Othilie dans sa chaise haute, Audaline arriva en courant. Amusée, Aèla la regarda paniquer.
- Prends le temps de manger quand même, ma chérie.
- Pas le temps Maman ! Tu aurais pu me réveiller.
- N’est-ce pas toi qui m’a supplié de te laisser te gérer le matin car, je cite, « tu es grande maintenant ! » ?
Cette citation fit bouder Audaline et après avoir pris une brique de jus de fruit fila dans sa chambre afin de s’habiller. Et ce manège se répétait tous les matins. Voir sa famille si vive et si affairée lui mettait du baume au cœur.
Le soir, c’était plus tranquille. Ils passaient généralement du temps devant une émission, en famille.
Enfin presque, car en bon adolescent qu’il était, Neeve préférait passer du temps devant un autre écran. Mais ils restaient néanmoins dans la même pièce.
Ce qu’il y faisait ? Ils l’ignorèrent car ses parents respectaient sa vie privée. Pour son plus grand bonheur. Neeve aimait sa petite "solitude" et discuter avec son cousin Tristan en toute tranquillité.
Mais la routine se brisa, car une nuit arriva enfin l’évènement tant attendu : la naissance d’un nouveau membre Vauganne.
Au grand désespoir d’Aèla (et de l’auteur) qui espérait une naissance gémellaire, il n’y eu qu’un fils qu’ils prénommèrent Magnus.
Le lendemain, Servan avait passé une petite nuit et préféra laisser sa femme dormir, afin qu’elle puisse récupérer. Il décida de profiter de la brise automnale en promenant Othilie.
- Tristan, je peux passer chez toi ?... Non, mais je m’ennuie… Ouais, je sais que ma mère vient d’accoucher. Je suis quand même plus concerné que toi… Quoi ?!
- Comment ça "Justement !" ? Tu sais aussi bien que moi qu’un bébé à cet âge c’est loin d’être intéressant… S’il te plaît, j’ai besoin d’air. Ok, j’arrive !!
Neeve raccrocha rapidement, ne prit nullement la peine d’enfiler un manteau et fila chez son cousin.
En arrivant chez Tristan, il tomba nez à nez avec Rozen qui avait bien grandit elle aussi. La belle était devenue adolescente.
- Hey ! Rozen, t’as bien poussé !
- C’est pas pour rien qu’on me nourrit ! Béta !
- C’est sûr ! Rit-il. Dis ton frère est là ?
- Derrière vous…
- Je te laisse ma Rozen ! J’ai à faire avec ton frangin !
- Pas de soucis, je vais voir si Abbie s’ennuie !
- N’embête pas trop la petite. Intervint Tristan.
- C’est mal me connaître ! Riposta la brune avant de disparaitre dans la maison.
Tristan soupira alors que Neeve le rejoignait. Rozen était une gentille fille mais en bonne grande sœur qu’elle était, elle aimait tourmenter la plus jeune. Tristan passait son temps à jouer les médiateurs lorsque ses parents n’étaient pas là. En voyant cette fratrie s’aimer de cette manière, il pensa qu’il n’était pas si mal loti que ça.
Alors que chacun vaquait à ses occupations, la petite Othilie était seule dans la cuisine. Elle se sentit étrange tout à coup.
On avait oublié son anniversaire, avec la naissance de Magnus, elle passait après le plus jeune.
Mais elle devint une jeune enfant intelligente qui comprenait que l’on puisse offrir plus d’affection à un nouveau-né qu’à une enfant.
Mais Audaline fut la première à la féliciter, en bonne grande sœur qu’elle désirait être. Les deux petites blondes s’enlacèrent. Aèla arriva par la suite en paniquant, s’excusant de mille mots d’avoir loupé cet évènement. Othilie la rassura mais Aèla n’était pas convaincue des dires de cette dernière.
Afin de se faire pardonner, Aèla réunit ses aînés pour une petite séance photo devant les "grands" de la famille. Si les petites sont souriantes, notre pauvre Neeve ne se sent guère concerné.
- Maman ! On est vraiment obligé de faire ça ?
- Oui, Neeve ! Ça te coûte quoi de poser avec tes sœurs ?
- C’est complétement ringard …
- Les photos de famille c’est ringard ?
Aèla secoua la tête et laissa son fils pester dans son coin. Neeve était un bon garçon mais il avait ses humeurs, comme ce soir-là.
Quelques jours avaient filé, entrainant avec eux le soleil et amenant la pluie. Les filles se firent surprendre à la sortie d’école et n’avaient pas de parapluie. Ce fut trempées qu’elles rentrèrent à la demeure, l’humeur tout aussi maussade.
A peine installée à la table de bloc, Audaline laissa son optimisme reprendre le dessus.
- Allez Othilie ! Faut pas en vouloir à Maman et à Papa.
- C’est pas que je leur en veux… Commença la plus jeune, tout en s’installant à son tour.
- Ne me mens pas ! Moi j’aurais voulu qu’on me le fête !
- Ben… Je peux pas dire que je suis pas déçue…
- Ah tu vois ?!
- Mais Papa et Maman doivent s’occuper de Magnus…
- Magnus n’est qu’un bébé !
- Justement, ça prend du temps un bébé.
- Et alors ? C’est pas pour ça qu’ils doivent nous oublier ! Othilie, tu as le droit de leur dire s’ils t’ont déçue. Nos parents peuvent le comprendre.
La plus jeune se contenta d’hocher la tête, l’air songeur. Sa sœur avait surement raison mais elle se voyait mal reprocher à leurs parents de prendre soin d’un de leur enfant.
Un autre jour arriva, ensoleillé malgré l’hiver naissant. Les feuilles étaient quasiment toutes au sol et les convives arrivèrent enfin. La fête à cadeau allait pouvoir débuter !
Un invité surprise rejoignit la fête : Renato, un lointain cousin d’Aèla étant le fils de Yolande et petit-fils de Calixte.
Derrière lui se trouvait Céleste, bien qu’adulte désormais elle restait aussi jolie qu’il y a quelques années.
A sa suite, le reste de sa petite famille : Anthelm, Tristan et Abbie.
- Bon tout le monde est là ??
Neeve s’impatientait, comme un enfant ne tenant plus en place. Un intrus avait rejoint la famille et Servan s’occupait à l’éconduire. C’était une réunion familiale après tout.
Les invités s’installèrent dans les différents fauteuils que disposait la maison.
Othilie ouvrit la marche, comme pour fêter son anniversaire avec quelques jours en retard. La petite trouva une belle peluche d’ourson blanc. Un beau cadeau qui la fit hurler de plaisir.
Suivit Neeve, qui trouva un échiquier de bonne facture. Lui qui aspirait à devenir un grand scientifique, ce jeu joliment sculpté ne pourrait que l’aider.
Tristan fut le suivant… Mais pour son plus grand malheur, ce que contenait la boite ne semblait guère lui convenir. L’on pouvait voir Céleste se gratter la nuque, gênée de ne pas avoir pu combler son fils.
Anthelm était à la fête en découvrant un nouveau portefeuille en cuir, il savait que ce présent lui venait de sa sœur. Sans tarder, il alla lui baiser la joue.
Les invités se succédèrent, ouvrant les uns après les autres les différents paquets. Si Abbie fut heureuse de sa toute dernière poupée, Audaline trouva de mauvais goût le nain de jardin au sourire moqueur qui était placé dans le sien.
Les deux grands passaient leur temps à se chamailler, tandis que les petites profitaient de la cour. Rozen passait son temps à harceler Aèla de questions sur Magnus. Anthelm, Servan et Céleste en bons collègues discutaient du boulot.
Cette fois-ci, sous l’insistance d’Aèla, encore, Tristan et Neeve se prêtèrent au jeu des photos. Bien que Neeve rechignait, Tristan l’entraina de force mais avec le sourire.
Aèla éloignée, Neeve soupira tout en la regardant rejoindre son père.
- J’en peux plus…
- De quoi aurais-tu honte, Neeve ? Demanda Tristan à son cousin sans quitter son sourire.
- De ma mère, ma famille…
- Arrête ! Tu as une super famille.
- Je sais mais parfois… Je me sens de trop, tu vois ?
- Neeve, tu es mon cousin et aussi mon meilleur ami… Si tu ne vas pas bien, dis le moi. Tristan le sentait fragile, prêt à commettre une bêtise.
- Ne me regarde pas comme ça, mec ! Franchement, tu me crois capable d’une telle connerie ?
Après réflexion, le fils d’Anthelm lui sourit et lui tendit les bras.
- Tu as raison… Mais tu sais que je suis là, quoiqu’il se passe.
- Je sais, souffla Neeve dans le cou de Tristan.
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Par Sleioo le 28 Janvier 2015 à 11:47
Episode 14
La neige s’était bien installée, inscrivant l’hiver dans le paysage. Apaloossa n’avait jamais été aussi belle depuis l’arrivée d’Aèla. Cette saison était si particulière pour elle, si importante car elle marquait sa rencontre avec Servan.
Cet homme qui lui offrit de l’amour, de la tendresse, de l’affection et qui l’aida à concevoir quatre magnifiques enfants. Et comme chaque matin, Magnus aimait donner de la voix, trouvant ses parents trop lents pour s’occuper de lui.
Être mère était un travail à temps plein mais Aèla ne s’en plaignait guère car, si elle y rencontrait des difficultés et de l’épuisement, un simple sourire d’un de ses enfants suffisait à faire s’envoler le moindre doute, la moindre sensation de fatigue.
Les enfants s’épanouissaient doucement, au même rythme qu’un flocon de neige paisible que le vent aime parfois taquiner. Neeve progressait tranquillement vers l’âge adulte, voyant au fils des jours les responsabilités qu’il allait obtenir. Il n’en avait pas réellement peur, mais il appréhendait le moment. Comme tout adolescent, il se posait des questions : quel genre de vie voulait-il mener ? Quels étaient ses rêves et espoirs ? Mais pour le moment, il devait se concentrer sur le moment présent : les devoirs.
- Dis Neeve… Tu veux bien m’aider ?
- Débrouille toi un peu ! Tu vas bientôt entrer au lycée, à toi de te débrouiller. Répliqua sèchement Neeve.
- Ne t’en prends pas à moi si t’arrives pas à faire tes exercices…
L’adolescent soupira tout en levant les yeux au ciel. Audaline était gentille mais parfois elle demeurait insupportable à toujours réclamer de l’attention.
La nuit venue – et elle venait rapidement en hiver- notre Neeve nationale ne supportant plus les cris de ses petites sœurs qui jouaient dans le salon, s’isola dans la cour, chaudement habillé. Il aimait parfois observer le ciel et ses constellations. La nuit était particulièrement jolie ce soir-là. Le ciel empruntait les couleurs d’une aurore boréales, mêlant l’émeraude au bleu profond de la nuit. La lune était immense. Il n’avait jamais prêté attention à la lune, à sa plus grande honte car, elle était sûrement une des plus belles choses que l’univers avait offertes à leur planète. Si simple, si ronde. Une merveille pâle et discrète que l’on a envie de choyer une fois que l’on a remarqué sa beauté.
Mais il y a d’autre merveille de la nature que la vie offrait ce soir-là. Magnus grandissait et sous l’œil aimant de sa mère.
Un autre bambin blond rejoignit la lignée des Vauganne. Emue et heureuse, Aèla laissa une petite larme couler le long de sa joue alors qu’elle baisait tendrement les joues rondelettes et moelleuse de son dernier-né.
- " Et le matin vient de se lever ! C’est l’heure de notre ami Ricoré ! "
Une petite voix fluette et suraigu résonné dans toute la maison encore endormie. Il y a certain matin où il était difficile de se mouvoir, de simplement ouvrir les yeux.
Mais pas Othilie. Cette enfant était toujours dynamique et chantante. Elle était le petit rayon de soleil de la maison. Alors qu’elle se laissait glisser le long de la rambarde, elle reprit sa petite chanson. Quand une porte claqua violement. Elle sursauta tout en atterrissant avec légèreté sur le sol. Le grognement qui sortait de cette chambre n’était autre que celui de Neeve, qui la foudroyait du regard. Taquine, elle osa le regarder, et cela attisa la colère de son aîné qui se mit à lui courir après dans toute la maison. Audaline assista au spectacle, les yeux encore collant, consternée.
Si pour certain le réveil était chantant, ou encore difficile, pour d’autre il était une occasion de jeu. Bébé Magnus riait à gorge déployée sous les terribles chatouilles que sa mère lui infligeait. Mais si cette torture était douce, elle permettait de renforcer les liens. Tout comme la course poursuite d’Othilie qui riait elle aussi et Neeve qui pestait comme un mitron à qui on aurait voulait son pain.
En entendant ses aînés si vivant et joyeux, Aèla souriait. Que pouvait-elle demander de plus que l’amour de sa famille et la joie de ses enfants.
Le bus arriva rapidement. L’hiver et la neige étaient pourtant bien présents.
Il faisait si froid que les filles grelottaient dans le bus.
- Dites Madame, pourquoi on y va pas ? Demanda Othilie.
- On n’attend pas ton frère ?
- Apparemment, il a pas cours… lui… Dit Audaline.
- Ah oui ! Ils ont fermé l’école à cause de la neige.
- Alors pourquoi on doit y aller non ?
- Vous n’avez pas une sortie au musée de la ville d’à côté de prévu ? Questionna la chauffeuse de bus.
Cette nouvelle n’enthousiasma aussi bien Audaline qu’Othilie, qui regardaient avec envie leur aîné qui les narguait à travers la vitre.
Le bus se mis en branle et pris la route avec prudence, laissant derrière lui un Neeve plus que joyeux. Il nargua une dernière fois ses petites sœurs d’un signe de la main puis rentra dans la maison.
Mais sa joie fut de courte durée.
- "Tu n’as pas cours ? Chic ! Tu vas pouvoir réparer l’évier !" … Merci Maman ! Nan mais franchement…
- Magnus… Méfies toi de notre mère. Elle est vile et fourbe. La moindre occasion est bonne pour nous exploiter.
Le petit regarda son frère ne comprenant pas ce qu’il lui disait. Il préféra reporter son attention sur sa poupée.
Sa mère entra dans la cuisine, embrassa son bambin et entreprit de confectionner le repas. Elle pouvait entendre Neeve pester au moindre coup de balai.
- Mon grand… Et si tu arrêtais de râler un peu ?
- Mais M’man… Pour une fois que je suis à la maison, j’aurais bien aimé me reposer un peu.
- C’est vrai quoi ?! J’ai l’impression d’être le larbin de service. C’est pas l’argent qui manque ?! Pourquoi on n’embauche pas une femme de ménage. Je suis sûr qu’il y a plein de personne qui aimerait bosser.
Mais un bruit mât le coupa dans sa tirade argumentative. Il vit alors sa mère se précipiter dans l’entrée l’œil inquiet et terrifié. Il osa pencher la tête par-dessus l’évier et ce qu’il vit lui coupa le souffle.
Les chats miaulaient étrangement. Tyrinel lui restait statique, comme paralyser.
Mais ses miaulements étaient les plus terribles.
La mort arriva dans un épais nuage noir. Neeve se rappela ce que cela signifiait. Il se rappela sa grand-mère.
- Bon… Où est-ce que j’ai encore atterri ? Ne me dites pas…
Aèla pleurait, implorant la dame en noire de ne pas emporter son chat. Il était un des rares liens qu’elle avait avec Aloyse. Tirynel était parmi eux depuis tant d’années.
- Mais c’est quoi c’bazar ? C’est l’armée du salut pour chat ? Ouste sale bête, laissez-moi travailler en paix.
- Alors c’est pour toi que je suis ici… Hum, pauvre bête. Tu aurais pu vivre plus heureux loin de cette famille. Les Vauganne… Sale engeance qu’est cette descendance …
- Tu savais que cette infâme Aimée me nargue encore parmi les défunts ? Fit la mort en s’adressant au chat, chat qui lui répondit d’un simple miaulement. Tout à fait ! Mais à ce je vois, rajouta t’elle en regardant Aèla, c’est que les vivants sont de plus en plus trouillard et pleurnichards.
- Bon c’est pas le tout, j’ai d’autre chat à fouetter. Tyrinel, tu vois la belle souris ? Oui, ça c’est un bon chat-chat. Allez va chercher !
C’est ainsi que Tyrinel quitta la famille, emporté par la mort à l’humeur noire comme l’humour mortellement rasant.
- Noon ! Mon chat ! Pleurait sans cesse Aèla.
Neeve accourut sans attendre dans les bras de sa mère. Il aimait bien Tyrinel mais pas au point de lui arracher des larmes. Il se devait être fort, pour sa mère.
- Allez Maman… C’est dans l’ordre des choses. Il a bien vécu, tu sais ?
- Oui… mais…
Neeve avait raison. Ce chat était un battant. Il avait vécu longtemps et toujours était en pleine forme. Elle renifla une dernière fois et remercia son fils d’un léger baiser sur la joue.
- Tu ne manges pas Maman ?
- Plus tard, Neeve… Plus tard…
Chose qu’elle fit comme elle l’eut dit. Servan la trouva au-dessus de son assiette, murée dans le silence. Neeve l’avait prévenu du drame avec un sms.
Il connaissait sa femme, et savait qu’il valait mieux la laisser tranquille pour le moment.
- Magnus ?!
- Apa ?!!
- Alors on a été sage ?
- Us tou’our sage.
- Mais oui, mon bébé est toujours sage. Dit Servan en l’embrassant. Par contre, il va falloir revoir le langage.
Les filles étaient rentrées en même temps que leur père. Servan avait fait un détour lors de sa sortie de travail pour les ramener. Othilie enlaçait sa poupée tout en discutant avec sa sœur.
- J’aimais bien Tyri… Dit Audaline.
- Moi aussi, mais c’est comme ça. Un jour aussi on mourra.
L’aînée était un peu plus sensible que la benjamine. Elle s’occupait de Maya qui venait de perdre son compagnon.
- Tu es sûre d’être une enfant Othi ?
- Pourquoi tu dis ça ?
- Tu raisonnes pas comme une enfant.
- Peut-être ! Fit-elle en haussant les épaules. Mais je dis simplement les choses : la mort et la vie, c’est complémentaire.
- Possible, mais ça reste triste… Tu n’es pas triste ?
- Bien sûr que si ! Mais j’ai pas envie de pleurer. Ça me mènerait nulle part.
- Doucement sur la pédale.
- T’en fais pas M’man ! Je gère !
- Tu gères, tu gères… Tu ne gères rien du tout et tu restes prudent !
- T’es pas drôle Maman ! Ronchonna Neeve.
- Il faut rester concentrer pour conduire. La plupart des accidents se passent près de chez soi al…
- Alors je reste concentré, mais plaisanter n’est pas un signe de déconcentration. Maman, relax’ je te dis. Avec Papa, j’ai aucun soucis et pourtant on écoute de la musique.
Aèla soupira. Son fils était une personne raisonnable mais il avait ses périodes rebelles et c’était souvent lorsqu’il était au volant à ses côtés. Elle avait peur, c’était certain, mais pas pour elle. Neeve fut son premier né, son premier bébé, son premier cadeau d’amour.
Et son deuxième cadeau d’amour allait enfin passer à l’âge supérieur. La gentille Audaline allait bientôt quitter ses tresses.
Et Aèla n’allait pas rater cela.
Un peu de magie, d’étincelle et de patience…
Pour laisser Othilie ravie et envieuse.
- Qu’est-ce qu’il y a Othi ? Qu’est-ce que tu regardes comme ça ?
- Tu es trop belle ‘Line !!
Cela arracha un petit sourire à la blonde. Elle se sentait bien, et les compliments de sa sœur lui mirent du baume au cœur. Si elle était belle, elle tenait peut être l’outil de sa vengeance…
- Tu peux me dire pourquoi sa braille à côté ? Se questionna Servan.
- C’est rien P’pa ! C’est juste Audaline qui grandit.
- Quoi ?!!
Servan lâcha Magnus qui retomba lourdement sur le sol, la couche amortissant la chute, afin d’aller voir sa fille.
Cela arracha un petit sourire à Neeve qui, trop affamé, préférait manger.
- Alors c’est ta chambre ?
- Oui ! Papa a enfin terminé la peinture !
- Elle est belle, Othilie.
La petite était fière de son nouveau fief, elle dépassa sa sœur et se glissa jusque dans son lit. Audaline lui avait promis de lui lire une histoire.
Othilie était en total admiration devant son aînée et n’arrivait pas à défaire son regard de cette dernière. Cela n’échappa à sa sœur qui lui sourit, ne sachant quoi faire d’autre.
- C’est une histoire simple. Sans chichis ni blabla. Ça t’intéresse ? La petite fit signe que oui. Alors… Il fut un temps où le monde n’était que poussière. Une étoile passait son temps à pleurer. Elle pleurait tant et si fort que de ses larmes naquit une boule bleue. Intriguée, l’étoile arrêta de pleurer.
- Cette sphère était étrange, car si on tendait l’oreille on pouvait entendre un doux son répétitif et serein, comparable aux vagues. C’est alors qu’elle eut l’idée de créer un monde où le jour brillerait sous un immense soleil, où les nuits seraient profondes et calme. Tout comme l’espace infini qu’elle habitait depuis tant de temps qu’elle en avait oublié le décompte.
- De ses mains, elle façonna la terre puis l’étala en s’amusant. Elle chantait lorsqu’elle érigea les montagnes et dansait lorsqu’elle planta les arbres. Mais ce monde était triste sans personne pour l’habiter, alors l’étoile décida qu’il serait bon d’y voir des êtres le peupler.
- Que vais-je bien pouvoir mettre ? Se dit l’étoile. Oh ! Je sais, je vais créer les Hommes ainsi ils pourront cultiver la terre, sentir le vent sur leur peau, voir la beauté de la nature… Mais l’Homme vécu différemment qu’elle le souhaita. Au départ, il aimait la nature et la terre qu’on lui offrit, mais les années passèrent, devenant des millénaires et l’Homme commença à détruire le cadeau de l’étoile…
Othilie était endormie depuis longtemps lorsqu’Audaline s’en aperçut. Cela lui arracha un léger sourire.
- Bonne nuit petite étoile. Vis toujours heureuse, loin des larmes. Reste ma petite Othilie à jamais.
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Par Sleioo le 28 Janvier 2015 à 12:01
Episode 15
Le matin arriva rapidement, trop au goût d’Audaline qui avait passé une courte nuit, hanté par un quelconque rêve qui s’estompait au fur et à mesure que les secondes passaient.
Une chose était sûre, c’était que sa chambre la déprimait. Elle n’était plus une petite fille mais une demoiselle accomplie qui ne rêve plus de château et de prince. D’ailleurs, elle n’en avait jamais réellement rêvé mais elle aimait l’ambiance que cela créée.
Il y avait un goût de déjà vu, quand à cette scène. Mais à l’époque, elle devait courir, ses deux tresses volant au vent et le bambin que l’on bichonnait était un autre enfant de la tribu.
- Bonjour Maman !
- Coucou ma grande. Bien dormi ?
- Comme un loir ! Répondit Audaline alors qu’elle farfouillait dans le frigo. Mais j’ai encore une drôle de sensation… C’est comme si j’étais pas tout à fait éveillée…
- Tu as l’impression de rêver encore ?
- Oui… C’est désagréable. Dit-elle en déposant son bol sur la table. Oh ! Bonjour Papa !
- Salut ma grande ! Dit-il en lui baisant le front. Tu te souviens de ce rêve ?
- Non, pas vraiment… et plus le temps passe, moins je m’en rappelle.
- C’est qu’il n’était pas important. Il était juste là pour te divertir. Répondit Aèla, une fois qu’elle eut rejoint sa fille.
- Sûrement. Répondit Audaline entre deux bouchées. Mais il m’avait l’air si agréable ce rêve tu sais ?
- Ce sont souvent ces rêves-là qui disparaissent… Mais tu sais ce que l’on dit ? Fit sa mère sur le ton de la confidence. Que ces rêves sont prémonitoires et que, par conséquence, notre inconscient fait tout pour les effacer.
- Tu n’es pas sérieuse Maman ?!
- Oh que si ?!
- Et si on rêve de magie et de Dragon, tu vas me dire qu’ils se réalisent ?
Cette réplique laissa Aèla muette comme une carpe, la bouche ouverte et le doigt levé. Elle n’avait rien pour lutter contre cet argument. Cela arracha un rire à Servan qui fut rapidement rejoint par Audaline. Un peu vexée, la mère se ferma et bouda tout en mâchant ses céréales.
Après le petit-déjeuner, Audaline s’occupa de Magnus. Le petit était agréable à babiller sans cesse, chantant presque. Neeve ne l’entendait pas cette oreille-là.
- Magnus, tais-toi un peu…
- Laisse le tranquille, Neeve. Un bébé ca a besoin de s’exprimer !
- Tu parles ! Plus ça grandit, plus ça doit s’exprimer. Regarde toi !
Audaline se retourna vivement et foudroya du regard son aîné, mais Neeve était déjà passé à autre chose et luttait fermement contre sa mère qui voulait lui donner un baiser.
Cela fit sourire la demoiselle qui reporta son attention sur Magnus.
- Alors Bébé Magnus ? Qu’est-ce que tu vas faire aujourd’hui ? Embêté Maman ?
- Audaline ! Je t’entends ! Ne vas pas apprendre des bêtises à ton petit frère. Répliqua sa mère.
- Dis Maman ?
- Hum ? Répondit-elle alors qu’elle lavait les bols.
- Et si on allait au parc aujourd’hui ? Après tout c’est férié.
- Qu’elle bonne idée ! Une sortie en famille, ça faisait si longtemps !
Et ils le firent. Ils se retrouvèrent sous la neige de l’hiver, enchantant le cœur de Magnus qui s’amusait à attraper les flocons avec ses mains gantées.
Les filles prirent d’assaut la patinoire. Elles adoraient ça toutes les deux, passant leur temps libre à patiner sur le coin d’eau gelée de la demeure.
Servan n’était pas loin, veillant au grain. Il n’était pas très à l’aise contrairement à elle.
- Fais attention ! Lui ordonna-t-il.
- Ca va aller Papa ! Je gère !
- Et tu géras aussi si tu te casses une jambe ?
Elle le regarda avec un grand sourire avant de lui tirer la langue et repartir de plus belle.
Neeve pencha pour un sport un peu plus extrême et s’amusait en défiant les lois de la pesanteur. Il n’avait jamais réellement surfé, mais il s’éclatait, comme pouvait attester ses cris.
Ils retrouvèrent Tristan, par hasard. L’adolescent ne reconnut pas Audaline. Elle avait bien changé et de ce fait, ne pouvait s’empêcher de la dévisager.
- Franchement… Vous, les filles, vous changez trop facilement de visage !
- Que veux-tu ? La nature nous aime ! Lui sourit-elle.
Mais à trop chahuter, les deux cousins perdirent l’équilibre.
- Aïe, aïe… Ça va Audaline ?
Il n’eut comme réponse qu’un simple gémissement.
- C’est la honte. Se plaignit-elle.
- Bah, tu en verras d’autre !
- Sûrement pas ! Et puis, ça fait quand même mal, la glace…
Les heures passantes, Aèla décida qu’il était temps de rentrer. Tout du moins, pour elle et Magnus.
- Servan ?!
- Oui ?
- Je vais rentrer ! Le petit est frigorifié !
- Je n’entends rien ! J’arrive.
- Je disais qu’il était temps de rentrer. Magnus à froid et moi je suis fatiguée.
- D’accord, laisse-moi le temps de réunir les filles et Neeve et…
- Non, je ne veux pas priver les filles de leur plaisir. La maison n’est pas loin, je peux rentrer seule.
- D’accord ma Chérie. Mais fais attention d’accord ?
- Bien sûr, dit-elle avec un sourire. Je t’aime. Conclut-elle en lui donnant un baiser.
Il regarda sa femme s’éloigner le sourire aux lèvres. S’il avait un jour imaginé sa vie, il n’aurait jamais imaginé qu’elle serait ainsi : parfaite. Sa femme l’aimait, il l’aimait, ses enfants étaient heureux et aimant. Lui, l’orphelin du futur avait enfin trouvé sa place.
Le temps fila à une vitesse folle, embarquant Servan dans son sillage. L’adulte était rentré depuis longtemps avec Othilie, laissant les adolescents au parc. Neeve croisa une vieille connaissance, leur cousine éloignée Lysa – La fille de Delphine- enceinte jusqu’au cou. Neeve était fasciné par la maternité, même s’il n’en disait rien à sa famille.
- C’est pour bientôt j’imagine ?
- Et oui, et il serait temps. Le petit pèse une tonne !
- Tu connais le sexe ?
- Non, on tient à garder la surprise.
Il profita de l’occasion pour prendre des nouvelles de la famille. Lysa lui raconta qu’Alfonzo, son frère, était père également d’un petit Rufus. Leur cousine Khadijah était à son deuxième enfant, prénommé Tibor. Bernadin –Petit fils d’Elias- venait d’avoir une petite fille nommée Sergia. Que Joëlle –fille d’Antoinette- était l’heureuse mère d’un petit Erwin. La famille s’agrandissait a vu d’œil. Mais s’il y a des naissances, il y a également des séparations. Bleuenn venait de quitter son mari et vivait avec un nouveau comagnon Jackie Fox à qui elle venait d’offrir une petite fille Délilah. Elle n’était pas la seule dans ce cas-là, les descendants de Corèus étaient un réel bazar concernant la famille.
Et si la joie était parmi eux, il y a toujours une note noire pour tâchée la partition. Un soir, la petite Maya s’en alla à son tour.
Elle rencontra la mort de nouveau, mais cette fois-ci, la dame en noire était là pour elle.
La chatte se laissa guider sans un mot, appâtée par ce jouet que brandissait la mort à la place de la faux.
Cela pouvait consoler la famille. La mort semblait parfois cruelle, mais avec les animaux, elle demeurait d’une patience infinie et douce, contrairement aux humains qu’elle fauchait à l’aide de sa faux. Les outils étaient différents et la méthode également, à croire que cette dame avait finalement un cœur.
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