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Par Sleioo le 31 Janvier 2015 à 19:08
Episode 4
L’atmosphère était paisible, chacun vaquait à ses occupations, cohabitant avec joie et tranquillité. Aldrick s’était découvert une petite passion pour le piano –héritage de notre Aimée, peut-être ? Aveline avait bien progressé dans sa profession et avait obtenu une belle promotion.
Pour Iorhaël, c’était un peu plus difficile. Son patron était sur son dos, et le moindre de ses articles étaient « Un véritable torchon digne d’une gamine en chaleur » mais que pouvait-il faire contre les évènements qui se passaient en ville ? Roaring Heights était trop paisible.
- Tu sais Ior’… T’as peut être pas fait pour être journaliste. Dit simplement Mathis.
- Tu plaisantes j’espère ? Suffoqua le roux entre deux mots tapés.
- Non, j’essaye d’être réaliste. Toi tu stagnes dans ta profession et Adélaïde, bien qu’en congé maternité, progresse à vue d’œil. Ça te fait pas réfléchir ?
- Tu cherches quoi, sérieusement ? Tu crois que je suis jaloux de ma femme ? Demanda tout bonnement stupéfait Iorhaël.
- Nan, je te sais au-dessus de ça.
- Alors quoi ? Commençait à s’emportait le roux. J’ai pas de leçon à recevoir d’un gars qui n’est pas capable de faire les bons choix. Dit Iorhaël d’un ton amer, tout en refermant son ordinateur.
- Tu mélanges tout, là Ior’ ! J’ai jamais voulu me lancer dans une carrière sportive ! Tu sais très bien que les recrutements à la base étaient clos lorsque nous sommes arrivés en ville !
Mais Iorhaël était déjà parti. Aveline le regarda filer tout en soupirant. Il était loin d’être tendre en ce moment. Bien sûr que l’avancement d’Adélaïde lui jouait sur le moral, bien qu’il soit au-dessus du fait que son épouse gagne plus que lui. Non, ce qui l’ennuyait c’était cette impression de faire du sur place et d’être constamment rabaissé.
Quelques matins étaient passés depuis la dispute des deux hommes. Mathis était allé s’excuser le premier et Iorhaël s’était sentit bien stupide. Mathis était simplement inquiet pour son ami de toujours.
- Je suis heureux que tout aille mieux pour lui. Dit Aldrick.
- Oui, je crois qu’il fallait simplement le secouer un peu notre Iorhaël ! Il parait pas comme ça, mais c’est un battant… Bon un peu crétin mais un battant, malgré tout ! Plaisanta Mathis.
Mais Aldrick conserva le silence. Ce qui interloqua son petit-ami qui lui prit les mains et le força à le regarder dans les yeux.
- Qu’est-ce qu’il y a Al’ ?
- Rien… juste que je me demande si c’est le bon moment…
- Le bon moment pour quoi ?
Mais Aldrick ne répondit pas à sa question, préférant s’agenouiller devant lui. Le militaire eut un instant d’hésitation et un mouvement de recul. Que lui faisait-il ? Léonie n’était pas loin, déjeunant. Voyant son fils faire ce geste, elle comprit tout de suite. Malgré sa méfiance passée, Léonie était heureuse que son fils vive sa vie, heureux et amoureux.
- Mathis, entama le blond en dévoilant un écrin, depuis que je t’ai rencontré, il n’y a plus que toi dans mon cœur. Crois-moi, ces semaines à t’observer sans jamais pouvoir t’avouer mes sentiments ont été une torture. Mais nous voilà ensemble désormais et …
- … Mathis, veux-tu m’épouser ? Conclut Aldrick en ouvrant la boite.
Mathis s’étouffa. Quelle surprise, il ne s’attendait pas à une demande de la part d’Aldrick, surtout un matin. Non, il voyait plutôt un moment intime, seul dans une pièce. Non, il n’avait même jamais envisagé cette possibilité.
Sans un mot, le militaire se jeta sur son petit-ami et lui murmura un « oui » étouffé au creux du cou. Il aurait pu pleurer, si sa fierté ne le lui empêchait pas. Léonie leva un pouce et les félicita de façon muette, en bougeant les lèvres. Un mariage allait bientôt sonner.
Un jour de congé pour le futur père de famille. Le couple profitait d’un moment à eux pour contempler la vie qui grandissait au sein d’Adélaïde.
- Tu es magnifique mon Adé…
- Arrête ! Je suis gonflée de partout avec toute cette rétention d’eau.
- Les sacrifices sont magnifiques, et les sacrifiés d’autant plus, tu sais ? Lui susurra le roux en lui baisant le cou.
- Ah parce que je suis un sacrifice maintenant ? Répliqua sèchement la blonde.
- Tu prends tout au pied de la lettre…
- Ça te plairait à toi, qu’on te compare à un sacrifice ? On dirait une pièce de viande !
- C’est parce que tu le prends qu’au sens premier du terme. Vois-y plutôt une dévotion et un geste admirable.
La blonde fit la moue. Elle avait beau tenter de prendre la comparaison sous toutes les coutures, elle n’y voyait rien de flatteur.
- En tout cas… Notre bébé sera bientôt là.
- Oui, ma biche. Une petite part de nous deux. J’espère que ce sera une fille.
- Pourquoi ? J’aurais pensé le contraire. S’étonna Adélaïde.
- Pour qu’elle puisse être aussi splendide que sa maman.
Cette réplique, bien trop clichée, fit sourire Adélaïde qui se retourna pour échanger un énième baiser avec son époux.
La neige avait recouvert de son blanc manteau les toits des maisons et les jardins endormis. La journée avait tranquillement progressé, approchant doucement le début d’après-midi. Lorsque des cris résonnèrent dans la maison.
- Iorhaël !!!!!
Adélaïde venait de subir sa première et véritable contraction. Elle avait bien eut des douleurs, mais avait mis cela sur le compte d’une quelconque colique, comme d’accoutumé. Mais cette fois-ci, la douleur fut elle, qu’elle ne put s’empêcher d’hurler. Hors, elle était seule dans la maison. Léonie était en ville, et le reste de la maison travaillait.
Incapable de bouger, elle resta un petit moment sur place, à compter et à souffler, afin de calmer sa douleur –et surtout son stress- lorsqu’elle put entendre –avec délivrance- la porte d’entrée claquer.
- C’est moi ! Hurla le nouveau venu.
Adélaïde reconnut la voix d’Iorhaël. Alors qu’elle allait lui répondre, une vive douleur la prise de nouveau, la faisant hurler.
Cela fit presser le pas du roux qui découvrit son épouse dans une posture peu enviable. Elle avait perdu les eaux. La panique s’empara alors de lui et il hurla à son tour. Ce qui lui valut des reproches de la part d’Adélaïde.
- Au lieu d’hurler, va chercher… Le saccc !!!!
- Le sac ? … Le sac !!!
Puis il disparut dans leur chambre pour saisir le sac prévu depuis quelques jours. Pendant ce temps, la blonde avait bravé sa douleur pour enfiler son manteau dans l’entrée.
Ce fut en voiture qu’ils filèrent à l’hôpital du coin, non loin de là. Avec une certaine anxiété, Iorhaël conduisait tandis qu’Adélaïde l’insultait à chaque blague qu’il tentait de faire, afin de détendre l’atmosphère.
Plus tard, bien plus tard même. Tout le monde attendait avec impatience le retour de la maman. Iorhaël avait prévenu tout le monde pendant qu’il préparait Adélaïde à accoucher. Iorhaël tenu à assister à l’accouchement et eut la mauvaise idée de regarder vers le bas. Le pauvre s’évanouit alors, sous le regard consterné de sa femme qui poussa une ultime fois pour donner naissance à leur enfant. Lorsqu’une infirmière demanda un lit pour le Papa, Adélaïde dit "Laissez-le par terre !" L’infirmière cru que ce fut une plaisanterie, mais Adélaïde était on ne peut plus sérieuse.
En voyant sa fille arriver, en pleine santé, son petit-fils dans les bras, Wyatt ne put contenir son émotion. Il lâcha sa guitare et embrassa sa fille chérie.
- Je suis si fier de toi, ma chérie !
- Merci Papa…
- Félicitations à toi aussi Iorhaël.
- Merci Wyatt.
- Comment s’est passé l’accouchement ?
- Bien. Répondit Adélaïde. Même si certain aurait pu se montrer plus solide.
Cette réplique fit sourire le grand-père, surtout lorsqu’il vit la mine déconfite du père.
- Ne t’en fais pas Iorhaël. Ça arrive à beaucoup d’homme.
Un peu plus tard, Léonie rentrait de son dernier rendez-vous de la journée, annonçant la bonne nouvelle à la dernière survivante de sa fratrie : Othilie. Elle trouva sa benjamine au-dessus du berceau du petit.
- Ça va ma grande ?
- Oui Maman, mais je suis épuisée.
- Va te reposer, je prends le relais.
- Tu es sûre ? S’enquit la blonde.
- Je suis peut être grand-mère, mais j’ai élevé trois enfants – quatre si tu comptes ton cousin.
Cette réponse fit sourire la jeune mère qui, après avoir baisé la joue de Léonie, fila dans sa chambre en baillant.
Léonie se plaça au-dessus du berceau et prit son petit-fils afin de mieux le voir. Le petit était souriant et gesticulait.
- Bonjour Elouan. C’est Mamie.
Au loin, Aveline observait la scène, un mélange de paix, de joie et de jalousie lui transperçant le cœur.
- Maman, il est bien trop petit pour ça.
- Tût tût ! Y’a pas d’âge pour apprendre. En voyant sa fille un peu mélancolique, Léonie la fixa. Tout va bien Aveline ?
- Hum ? Mais oui ! Pourquoi ça n’irait pas ? Mentit Aveline.
Non, elle n’allait pas si bien. Elle avait beau feindre le bonheur et que sa vie actuelle lui convenait. Mais vivre auprès des siens, vivant d’amour et d’eau fraîche… Elle ne savait pas, mais elle avait envie de plus.
Un soir, Adélaïde retrouvait une partie de sa famille dans la cuisine.
- Tout est prêt, Iorhaël.
- Parfait, ma biche.
- C’est l’heure ? S’enquit Wyatt.
- Oui Papa.
Le chanteur se leva, quittant son assiette et prit sa fille dans ses bras, la serrant très fort contre son cœur.
- Si tu as le moindre souci, notre porte t’est toujours ouverte.
- Je sais …
- Ah non ! Pas de larme !
- Je pars en avant, ma chérie. Reste un peu plus longtemps avec tes parents.
- Merci mon amour. Maman, dit Adélaïde en se retournant vers cette dernière. Ne pleure pas, on est pas si loin.
- Je sais ma chérie… Mais, tu viens tout juste d’accoucher je…
- C’est mieux ainsi. J’ai besoin de vivre par moi-même. Ça ne veut pas dire que je ne vous aime pas.
Wyatt pris sa femme contre lui et la consola.
- C’est dans l’ordre des choses Léonie. Allez va ma fille. Nous viendrons bientôt te voir.
Un dernier regard sur la maison. Elle n’était pas celle qui l’avait vu grandir, mais c’était la même terre. Et cette terre était chargée de souvenir, de chagrin mais surtout de joie. Elle était désormais indépendante, responsable d’une vie et une épouse comblée.
- Tu viens ? Demanda Iorhaël.
Sans un mot, elle grimpa dans la voiture, leur fils dans les bras. Boucla sa ceinture et avec un regard complice avec son époux, ils partirent dans leur nid douillet.
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Par Sleioo le 31 Janvier 2015 à 19:29
Episode 5
- Allô ? Oui, je suis bien au service Ressources Humaines ?
La voix de Wyatt faisait écho dans le couloir menant aux pièces communes. Aldrick se reposait en regardant la télévision tandis que sa sœur s’acharnait sur le vieux tourne-disque de la maison.
- Oui, bonjour. Wyatt Vauganne à l’appareil. Je vous appelle suite à un courrier que je vous ai envoyé… Oui… C’est celui-ci. Est-ce que ma demande … Vraiment ? Je vous remercie. Bonne journée !
Et le cliquetis qui accompagna le geste de Wyatt fit retourner les deux enfants et les obligea à se fixer. Que venait de faire leur père ?
- Alors mon chéri ?
- C’est officiel ma belle ! Lui sourit Wyatt.
- C’est vrai ?
- Aussi vrai que moi. Je suis à la retraite !
- Papa ? A la retraite ? Dit Aldrick en les rejoignant.
- Et oui. Je suis plus tout jeune.
- Ça ne va pas te manquer, la scène ?
- Bien sûr que si, mais il y a un temps pour tout. Dit résolument Wyatt.
Sur ces mots, la petite famille entama un processus de Hourra et de Bravo, avec confettis et paillette, pancarte et slogan.
Il ne pouvait pas dire que cela ne lui manquerait pas. Il adorait se produire sur scène, chanter et offrir un peu de joie. Mais son corps était las et il voulait profiter le plus possible de sa petite femme, qui le lui rendait bien. Il était au sommet de sa carrière, il était un père comblé et un tout jeune grand-père. Il était très heureux.
Aveline parcourait les pages du net avec une certaine appréhension. Elle avait trouvé ce qui lui manquait : une vie sociale et surtout amoureuse. Voir sa sœur nager dans le bonheur et à sa suite son jeune frère fiancé, elle ne pouvait se voiler la face … Elle avait envie d’aimer. Ce fut, un peu à contre cœur, qu’elle décida donc de s’inscrire sur un site de rencontre, sous les conseils de sa cousine Séverine.
Mais Aveline détestait l’idée d’aller là-dessus. C’était comme quémander. Et l’amour, selon elle, cela ne se quémande pas. Mais il fallait qu’elle reconnaisse que son tempérament et sa vie ne lui permettait guère de rencontrer du monde.
Un peu plus tard, alors que Mathis l’avait surprise sur un de ces sites « honteux », il taquinait la brune.
- Ben alors ? T’as pas confiance en tes charmes, ma belle ?
- Ce n’est pas pour moi, mentit-elle, mais je veux faire une blague à une collègue de travail.
- C’est pas très sympa.
- Tu trouves ?
Un moment de silence, puis l’hilarité fut générale.
- Bien sûr que non ! C’est une bonne idée.
- Tu sais, elle se disait justement qu’elle n’avait rien à perdre à s’inscrire là-dessus.
- En quelque sorte, tu l’aide.
- Voilà !
Oh la mauvaise foi que voilà ! Mathis n’était pas dupe. Il savait Aveline seule et que son cœur ne réclamait que de l’attention. Mais il devait jouer le jeu, pour elle, pour lui, pour eux.
Quelques jours plus tard, les garçons avaient organisé une petite réception, afin de fêter, entre amis, leurs fiançailles. Aldrick rejoignait les convives lorsqu’il tomba sur une vieille connaissance. Il eut d’abord un mouvement de recul puis arbora un sourire.
- Pour une surprise, c’est une surprise !
- Salut Aldrick… J’ai appris que tu allais te marier… ben, alors je suis venu te … féliciter…
- Ça fait plaisir de te voir, Maxance.
Et il était sincère. Il lui en avait voulu, fut un temps, c’était vrai, car son petit-ami du lycée ne partageait pas ses sentiments. Pour lui, ce n’était qu’un jeu, une passade. Jeune qu’il était, notre Aldrick avait très mal pris l’annonce de leur rupture, mais il sur ce qu’était le véritable amour en rencontrant Mathis.
- C’est vrai ? Tu sais… j’ai longtemps hésité à venir. Mais j’ai croisé ta sœur, la blonde…
- Adélaïde.
- Oui voilà, et elle m’a salué normalement, pourtant je savais que tu t’étais confié à elle, sur notre histoire et je… Je sais plus ce que je dis.
- Maxance… T’as pas à t’en vouloir. J’ai eu de la rancœur au début, c’est vrai. Je me croyais amoureux de toi.
- Ah ? Fit-il plein d’espoir.
- Oui, mais je me suis rendu compte que je me trompais sur la nature de mes sentiments à ton égard. Tu étais mon meilleur ami… j’ai mélangé disons.
- Je vois… En tout cas : Félicitations !
- Merci ! Répondit Aldrick en lui tendant une main.
Aveline rentra de son travail, retrouvant la maison envahi. Elle s’étonna d’abord mais se souvint de la fête. Mais ce qui l’étonna le plus ce fut de trouver Maxance dans l’entrée, prostré. Elle alla alors le rejoindre.
- Qu’est-ce que tu fais tout seul ?
- Oh c’est toi…
- Aveline. Soupira la brune.
- Pardon… Aveline.
- C’est pas bien grave, va.
- Enfin ça ne répond pas à ma question.
- Adélaïde m’a invité.
- Tu te rends compte que c’est pas Adé l’hôtesse ?
- Ouais, mais je me suis dit que c’était un bon moment pour revoir ton frère.
- Tu n’as pas tort…
Ils décochèrent un regard sur la gauche et ce qu’ils virent ne leur firent guère plaisir. Aveline avait une rancœur envers le couple. Elle avait beau s’en défendre, elle était envieuse de son frère. Elle jeta un regard vers Maxance et vit une étrange expression lui tordre le visage.
- Ça fait mal, n’est-ce pas ?
- De ? S’enquit Maxance en détachant difficilement son regard sur Aldrick.
- De voir le bonheur des autres, et de ne pas en être responsable.
- Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler. Souffla le jeune homme.
Une réponse qui valut un soupire de la part de la brune, qui d’un geste vif et décidé, saisit le poignée de l’invité et le traina de force dehors sous le regard de sa sœur et son beau-frère.
Une fois dehors, elle put sentir que l’hiver était bien présent. Elle avait oublié qu’il faisait froid et que la neige resplendissait sous le ciel gris. Mais l’heure n’était pas à la météo.
- Maxance, tu n’as pas à mentir.
- Mais de quoi tu parles ?! S’impatientait le jeune homme.
- Je sais que tu aimes encore Aldrick !
Il se tue. Cloué sur place. Elle avait vu clair dans son jeu. Mais Aldrick était son meilleur ami, et désormais heureux en ménage. Maxance n’était pas assez cruel pour réduire son couple en miette.
- Tu sais… Je ne dirais rien. Il est mon frère. Et j’aime le savoir heureux. Peu importe l’homme à ses côtés… Mais j’ai moi aussi une peine au cœur… Et je…
Aveline fixait ses pieds. Elle était trop gênée pour continuer. Comment pouvait-elle penser à cela ? Ce n’était pas elle.
- Aveline ? Tu me dragues ?
- Ah ! Je t’en prie !! Tais-toi ! Le supplia t’elle se dissimulant le visage.
- Tu sais… Si l’on entame quelque chose…
- Je ne demande rien de sérieux.
- Alors d’accord… Pourquoi pas ?
Cette réponse n’était pas enthousiasmante mais Aveline se laissa sourire malgré tout et déposa un léger baiser sur les lèvres du jeune homme, scellant ainsi leur "accord".
La fête se termina tard, avec une Adélaïde plus qu’éméchée, un Iorhaël bien embêté, une Léonie énervé et un Wyatt pacifiste. Aveline avait aidé à ranger, dans le plus grand silence. Elle avait peut être fait une bêtise en proposant à Maxance de la fréquenter. Elle se sentait coupable. Elle avait profité de la faiblesse d’un homme pour résoudre ses propres soucis.
D’une certaine façon, elle fuyait encore. Mais elle ne voyait pas ce qu’elle pouvait faire d’autre. Elle n’était pas heureuse ainsi, mais c’était pour sa récompense pour avoir été une adolescente si odieuse.
Une chose était sûr, cette nuit, le sommeil fut long et laborieux à venir.
Dans une autre pièce de la maison, le couple à l’honneur s’apprêtait à dormir. Bien qu’encore habillé, Mathis convia son amant sur le lit, afin de discuter.
- Qui c’était ce gars ?
- Qui ?
- Aldrick…
Le blond soupira et le rejoignit sur le lit.
- C’est mon ex…
- Lui ?
- Oui, lui…
- Bah j’aurais dû m’en douter. Vu comment il te dévorait des yeux.
- Arrête, t’es pas sérieux…
- Oh que si ! Mais ce qui m’étonne le plus, c’est le comportement de ta sœur.
- Adélaïde ? C’est vrai qu’elle était déchainée ce soir. Son fiancé le regarda avec dépit. Quoi ?
- Tu te moques de moi ma parole ! Je te parle d’Aveline ! Quoiqu’Adé était bien saoule…
- Aveline allait très bien.
Mathis soupira et se glissa dans les bras de son amant. Aldrick était une personne un peu naïve et n’arrivait pas à voir lorsque les autres étaient différents.
- Et si on parlait d’autre chose ?
- Comme ? Demanda sur un ton suave Mathis.
- Ce sont des choses qui se font et non qui se raconte. Répondit Aldrick sur le même ton.
Leur regard se croisa et avec eux, une envie de l’autre irrépressible. Aldrick repoussa Mathis sur le lit avec force et l’embrassa suavement. Jouant avec ses lèvres, allant presque jusqu’à la provocation.
Mathis y répondit volontiers, prenant les commandes et les devants. Ils se déshabillèrent mutuellement et se glissèrent sous les draps afin de mieux les explorer et s’apprécier l’un l’autre.
6 commentaires -
Par Sleioo le 2 Février 2015 à 16:02
Episode 6
Le soleil se levait sur la mer qui bordait la ville de Roaring Heigths, teintant d’or les arbres enneigés. Une telle beauté annonçait une journée sereine et joyeuse.
Enfin, ce fut ce qu’on espéra chez les Vauganne. Léonie se sentit étrange alors qu’elle parcourait la coursive qui entourait la maison. Comme une espèce de picotement qui lui parcourut l’échine puis l’ensemble du corps.
Elle comprit rapidement ce que signifiait cet état : son heure était venue. Elle aurait aimé que cela soit plus tard, mais on ne défiait jamais la mort. Le cours du temps était une chose immuable qu’on ne devait en aucun cas déformer. Elle ne pouvait que se remémorer les origines de son père Servan et de la catastrophe qui suivit en la mort de son frère ainé Neeve.
Comme alerté par un sens inconnu, une espèce d’instinct, les autres habitants se ruèrent dehors et ce qu’ils virent leur coupa le souffle. Léonie flottait, ectoplasmique, derrière elle, trônant et brandissant fièrement une faux, une étrange silhouette drapée de noire.
Aldrick reprit enfin ses esprits, et ne put s’empêcher d’hurler après sa mère. La vieille femme lui offrit un regard aimant et compatissant, comme lorsqu’elle le regardait, enfant. Son petit dernier était un amour de jeune homme, qu’elle avait fait souffrir avec son refus. Sa véritable nature était naturelle et elle pouvait témoigner de l’amour indéfectible qu’il portait à son fiancé.
Mais la Dame en noire était loin d’être patiente. Elle réclama alors la venue sonnante et tenante de la dernière défunte des Vauganne.
- Allez, Descendante de l’infâme Aimée, il est l’heure.
- Vous avez connu mon aïeule ?
- Je l’ai même fauché ! Maintenant, dépêche-toi Mortelle ! Je n’ai pas que ça à faire ! On m’attend pour un poker.
Et son Wyatt… Son si fidèle et aimant compagnon. Elle n’aurait jamais imaginé rencontrer un tel homme. Son ami et amant de toujours. Il lui manquerait, tout autant qu’elle lui manquera. Elle en avait la plus profonde conviction. Mais même sous ses larmes, cet homme savait que le cours du temps devait se terminer par une séparation.
- Alors Mortelle ? Pas trop déçue de partir la première ?
- Il y a un temps pour tout. J’ai eu une belle vie, malgré les épreuves que vous m’avez imposées.
- Quelles épreuves ? Oh tu parles de ton frère ?!
- Hélas, oui.
- Bah tu sais… Je crois qu’il n’est pas si malheureux. Il vit bien de l’autre côté, avec toute ta tribu.
- Bon, s’il est heureux.
- De toute façon, tu le verras bientôt.
- Vraiment ?
- Où crois-tu que je te mène ?
Cette réplique fit naitre un sourire sur le visage du nouveau fantôme, qui tout en regardant le néant qui faisait office de visage à la Dame en noire, serra la main qu’elle lui tendit. Le pacte était conclu et ce serment éternel. Léonie, après un dernier regard sur sa famille, disparut dans un halo de fumée.
Les larmes coulèrent à flots, remplaçant la neige de ce début de printemps désormais disparut avec l’existence de Léonie. L’un venait de perdre une mère, l’autre une épouse. Un statut dans une vie qui était irremplaçable.
En fin de journée, Aveline rentrait du travail. Après avoir garé la voiture dans le garage, elle sifflota jusqu’à l’entrée. La journée fut bonne, très bonne même, car elle ramenait une promotion avec elle. Mais lorsqu’elle franchit le seuil de la porte, alors qu’elle allait saluer la maisonnée, elle trouva son père affaissé sur l’une des chaises du hall.
Intriguée, et inquiète, elle s’approcha de lui et le fixa. Elle ne l’avait jamais vu avec un tel air affligé et désemparé.
- Tout va bien Papa ?
Mais Wyatt ne l’entendit pas. Il resta muré dans son silence. De plus en plus inquiète, elle osa le toucher. Il sursauta, et lorsqu’il vit qu’il s’agissait d’Aveline, son regard perdu se chargea de larme et d’émotion.
- Papa ?
- Excuse-moi ma grande. Tu m’as surpris.
- Papa, qu’est ce qui se passe. L’atmosphère est étrange ici. Où est Maman ?
- Ta mère… Un sanglot commençait à naitre au fond de la gorge du vieil homme. Ta mère nous a quitté…
- Quitté ? Elle est partie ? Vous vous êtes disputés ?
- Non Aveline… Elle … Ne me force pas à le dire… Ça serait accepter qu’elle ne reviendra plus.
Le sol s’effondra sous ses pieds. Que venait de dire son père ? Sa mère était… Morte …
Elle eut à peine le temps de réaliser, lorsque Wyatt plongea dans ses bras et laissa ses larmes couler de nouveau. Léonie était tout pour lui. Son unique famille, sa bénédiction et son héroïne. Elle l’avait sauvé de sa débauche et de sa vie sans saveur. L’unique femme qui n’ai jamais compté à ses yeux. La mère de ses trois enfants.
- Tu sais, Papa… Je crois que Maman ne voudrait pas qu’on passe son temps à larmoyer.
- Elle allait de l’avant…
- Oui, elle allait de l’avant, un sourire pour tous, un sourire tous les jours, et le soleil est dans le cœur de chacun. Voilà ce qu’elle disait tout le temps dernièrement. Comme si elle savait que son heure était bientôt arrivée.
- Je sais… mais c’est si difficile…
- Nous sommes là Papa. Aldrick, Adélaïde, moi… et même Mathis. Nous sommes avec toi.
Pendant ce temps, une entité veillait toujours sur la tombe de Léonie.
- C’est pas possible, cette famille ! D’une on me défit et des centaines d’années plus tard, on néglige son jardin. Mais où va le monde ?!
Aveline s’occupa des formalités et transporta la tombe de sa mère dans le cimetière familial. Aldrick était trop touché pour le faire, et son père incapable également. Il était de son devoir de s’occuper des dernières volontés de sa mère : reposer auprès de sa famille.
Mais Aveline avait beau eut sourire devant son père, lui remonter le moral. Elle était extrêmement peinée par cette disparition. Elle se rendait compte du temps qu’elle avait perdu à ses côtés en menant un combat vain et stérile, tout le long de son adolescence. Elle regrettait cette mère qu’elle jugeait trop sévère et trop fermée, mais elle n’avait su voir sa véritable valeur à son retour.
Sans trop savoir pourquoi, lorsque tout le monde fut couché, Aveline se saisit de son téléphone et composa un texto. Elle était désespérée, mais ce qui la perturbait le plus c’était son destinataire.
- Je t’en prie, écrit-elle, j’ai besoin de te voir.
- Ok. Je termine dans 10 minutes.
La réponse fut rapide, trop rapide pour qu’elle puisse se ressaisir. De toute façon, elle n’avait aucune envie de réfléchir. Son cœur saignait.
Mais son invité tardait. Elle n’aimait pas ça. Elle faisait le pied de grue sur le parvis de l’entrée, lorsqu’elle aperçut enfin sa vieille voiture. Même sans l’apercevoir, elle l’aurait entendu. Cet homme se promenait dans un vieux tacot déglingué, menaçant à faire virage de s’écrouler.
- Excuse-moi, mon patron m’a donné un boulot de dernière minute.
Sans lui offrir de réponse, sans lui laisser le temps de souffler, la brune se jeta sur Maxance. Elle était folle, se disait-elle. Mais elle avait une terrible envie de l’embrasser. Penser à autre chose, noyer son chagrin dans une étreinte. Aussi stupide et spontané fut-elle.
D’abord surpris, Maxance se laissa faire pour ensuite y participer avec envie. D’ailleurs, l’envie grandissait et se muait en quelque chose de plus bestiale. Aveline devina ses intentions dans son regard, contre son corps. Sans un mot elle l’attira à sa suite.
Pour atterrir dans l’ancienne chambre d’Adélaïde. Pourquoi cette chambre ? Elle ne savait elle-même, elle y voyait peut être un présage d’amour éternel, comme pour sa sœur.
Ce qu’il fit, restera dans le domaine du secret mais Aveline aima cet homme le temps d’une nuit, sentant sa passion grandir de plus en plus. Pour elle, il dégageait quelque chose de spécial. Comme un goût de nostalgie, comme au temps où sa mère était toujours de ce monde.
Une chose en amenant une autre, leur relation évolua. En quoi ? Ca, même elle l’ignorait, mais elle sentait qu’elle changeait. En bien ou en mal, elle s’en fichait. Elle avait besoin de sa présence, et lui de la sienne.
Et les rencontres se succédèrent…
Encore…
…et encore. Devenue presque quotidienne, mais toujours secrète, à la faveur de la nuit, lorsque tout le monde dormait. Aveline, au fond d’elle, ne voulait pas que cela se sache. Etait-ce par égard pour son frère, ou bien par pudeur ?
Pendant qu’Aveline gardait la tête hors de l’eau à sa manière, Wyatt avait jeté son dévolu sur sa descendante en la personne d’Elouan. Unique petit-fils, il était chouchouté par le vieil homme.
Et le petit le lui rendait bien. Etrangement, il avait hérité de sa couleur de cheveux si contre nature, mais le petit Elouan était plein de vie et totalement épanoui.
Une autre nuit, alors que le couple nocturne venait de franchir le pas de la couette, Aveline fut prise d’un doute. Etait-ce une bonne chose ? Une bonne façon de vivre ?
- Qu’est ce qui te tracasse ? Lui demanda son amant.
- Rien…
- Ne me dit pas rien, Aveline. Je commence à te connaître et cette mine désabusée, ce n’est pas toi. Dit-il en encadrant son visage de ses mains.
- Je me demandais si nous n’avions pas tort d’agir ainsi.
- Que veux-tu dire ?
- Et bien….
- Ne me dis pas que tu veux du sérieux entre nous ?
- Et si c’était le cas ?
Maxance se détacha immédiatement de la brune et un rictus tremblant au coin de la bouche.
- Tu… tu es sérieuse ? Bégaya-t-il.
- Et pourquoi pas ? Officialisons !
Mais la mine de Maxance était tellement abattue qu’elle fit se raviser la jeune femme.
- Je plaisantais Maxance… je plaisantais…
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