• Episode 4

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Si cette dernière fut agitée, d’autres danses suivirent les jours suivants. Anaïs n’aurait jamais cru pouvoir tomber amoureuse aussi simplement et entrer dans une histoire sans complication. Mais Eloi n’était pas Ludéric, son ex petit-ami. Là où ce dernier était puissant et dominant, Eloi était patience et douceur. Cela changeait la vie et la façon de voir les choses de la blonde.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Elle aimait se retrouver dans ses bras, laisser le temps s’écouler, simplement à l’observer, à écouter sa respiration apaisante. Anaïs ne se sentait pas capable de retomber un jour amoureuse. Ludéric l’avait tant blessé, psychologiquement comme mentalement. Elle enviait pourtant les autres, tant qu’elle devenait aigrie, mais elle avait une peur irrationnelle du mot "aimer". Eloi sut cependant l’apprivoiser, doucement et efficacement.  

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Mais Anaïs n’était pas encore prête à révéler leur relation au grand jour. Elle était timorée, et avait peur de la réaction de ses proches. Elle préférait alors blesser Eloi plutôt que sa famille entière. Mais le roux était fait de patience, et la laisser faire comme il lui plaisait.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Les au-revoir se faisaient toujours à l’aube, avant que le soleil ne pointe son nez. Anaïs ne se voyait faire autrement. A pas feutré, dans le noir. Sauf ce matin-là. Eloi en avait assez, cela faisait des semaines qu’ils subissaient cette pression et ce petit jeu commençait à lui user les nerfs. La patience avait bon dos.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    - Tu sais très bien pourquoi j’agis ainsi ?! Dit Anaïs en tentant de contenir le volume de sa voix.

    - Oui, c’est exact, et je trouve ça absurde.

    - Absurde ?

    La voix d’Anaïs porta plus loin qu’elle ne le voulut. Instantanément, elle se couvrit la bouche de ses mains. Eloi poussa un soupir agacé avant de croiser les bras. La colère n’était pas peinte sur son visage, mais ses yeux étaient tout aussi aiguisé qu’une lame.

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    - Mais je ne suis pas prête, Eloi !?

    - Prête ou non, ce n’est pas la question, Anaïs. La question et l’unique réponse que je souhaite, ce sont tes véritables sentiments.

    Ses véritables sentiments ? Il était bien trop tôt pour en discuter. Elle-même ne savait où en elle en était. Certes, elle appréciait énormément le roux. Elle adorait leur moment de complicité, leurs ébats, leurs échanges et même certaines de leurs disputes. Mais elle n’était pas prête à s’engager. C’était tout nouveau, tout beau, comme chaque nouvelle histoire. Mais allaient-ils tenir ? Leurs sentiments allaient-ils rester intacts avec le temps ? Le grand amour existait-il réellement ?

    Episode 3 - Parcours de ventre

    - J’en ai assez Eloi ?!

    - Toi ? Mais merde Anaïs ! C’est à moi de dire ça ! Qui doit s’enfuir chaque nuit comme un voleur, sous prétexte que Madame ne veut pas faire de vague ?

    Anaïs se sentit piquer à vif. Elle recula instinctivement d’un pas, le regard écarquillé par l’outrage. Le jeune homme secoua la tête en soupira. Il la dépassa et avec une voix sombre la quitta sur des paroles qui lui brisèrent le cœur.

    - Ne me rappelle que si tu es prête à m’aimer, Anaïs. J’ai beau être patient, mon cœur n’est pas de pierre. Je ne suis pas toi… j’ai mes limites.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Elle put l’entendre descendre les escaliers, le pas lourd malgré la discrétion qu’il exerçait. Elle put sentir son menton trembler, sa lèvre inférieure tressauter. Alors, elle s’engouffra dans sa chambre, en claqua la porte, oubliant ses propres recommandations. Puis s’effondra sur le sol. Il y avait dans cette pièce une odeur si familière –mêlant transpiration et parfum- et à la fois étrangère, qui cela lui serrait le cœur. Elle se laissa aller dans les larmes.

    Elle ne souhaitait pas se mettre à dos Eloi. Non, au grand jamais ! C’était bien là sa dernière volonté. Mais elle avait peur. Et il y avait bien un sentiment tout aussi incontrôlable que l’amour, c’était la peur. Être terrifiée était une plaie qui à chaque mot, à chaque mouvement, pouvait de nouveau saigner et tuer lentement. Anaïs serra son poing contre son cœur lourd et frigorifié. Ses sanglots gonflèrent en même temps que ses larmes. Elle se haïssait comme elle haïssait cet homme. Mais être loin de lui était la pire des choses qui pouvaient lui arriver.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Deux heures plus tard, la maison se levait enfin. Keiko avait pour habitude de se lever tôt, afin de pouvoir observer sa petite-amie dans son sommeil. Elle adorait le visage serein d’Azilis, mais lorsque cette dernière était réveillée, elle n’arrêtait de sourire ou de parler. Keiko l’adorait, comme elle adorait cette facette de la demoiselle, mais elle parfois, le calme et le silence lui allait mieux.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Elle décida, au bout d’un long quart d’heure, de sortir des draps, à la recherche de ses vêtements. Elle se glissa hors de la chambre, le pied léger afin d’aller profiter de la salle de bain. Ils étaient nombreux dans cette maison, et jongler avec chaque emploi du temps, était une raison supplémentaire pour Keiko de se lever tôt. La brune passait beaucoup de temps devant le miroir, jonglant entre produit de beauté et exercice faciaux. Elle avait beau paraître désinvolte, elle était très impliquée dans son nouveau travail. Elle adorait le jeu et la scène. Briller était grisant, mais ce qui la fascinait le plus, c’était la faculté des plus grands d’incarner différents personnages et vivre différentes vies.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Azilis la soutenait dans ses choix, et le reste de la famille aussi, malgré les protestations d’Ambrine. Keiko avait appris à connaitre la vieille femme, et savait que cette dernière protestait de prime abord puis adhérait aux idées émises. Alors, comme le lui avait conseillé Lawrence, la brune avait laissé le temps au temps et désormais, elle pouvait faire ses preuves.

    - Bon je vais pas tarder, ma chérie.

    Keiko regardait avec amour Azilis, qui lui tenait les mains. L’heure d’aller travailler pour la demoiselle aux cheveux bleus avait sonné. Leurs horaires étaient différents, mais elles arrivaient à se trouver des moments pour elle.

    - Passe une bonne journée, ma douce. Lui répondit avec un tendre sourire la brune.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    - Si tu me fais un tel sourire, je ne sais pas si…

    - Si quoi ? Demanda avec amusement Keiko.

    - Si je vais pouvoir me retenir et partir.

    Azilis la fit tournoyer puis la bascula avant de lui capturer les lèvres avec douceur et passion. Keiko et Azilis était un couple à part. Leur homosexualité n’était en rien un obstacle dans cette maison. Au contraire, il était prôné. Cela avait bien étonné la brune. Leurs démonstrations d’amour n’étaient jamais brimées, raillées. Au contraire, elles étaient plébiscitées. Cela lui changeait radicalement de sa propre famille si pétrit de principes.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    - Tu ne cesseras de me surprendre, Azilis.

    - Et oui ! C’est bien mon intention. Regarde ta main, ma chérie ! Fit Azilis avec la bouche en cœur.

    Keiko regarda alors son auriculaire comme sa petite-amie lui demanda. Ses yeux s’agrandirent de stupeur. Une bague scintillante ornait ce doigt magique de représentation. Elle ne cessait de contempler la bague, ses yeux allant entre le bijou et Azilis qui ne cessait de sourire.

    - Alors ?

    La brune hocha la tête, signifiant son accord. A nouveau, elles unirent leurs lèvres, convenant de l’accord. Sa demande n’était pas romantique, loin d’être extraordinaire, mais Azilis y avait laissé sa touche et la surprise était telle que Keiko ne pouvait que l’adorer.

    - Fiancée…

    Elle n’y croyait, mais pourtant c’était bien ce que cette bague représentée. Un engagement futur et éternel. Promesse d’un amour unique, devant leur famille et leurs proches. Une promesse d’éternité de fidélité et de loyauté. Keiko permit à une larme orpheline de s’échapper de ses paupières.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Azilis l’observer, fière d’elle-même et amoureusement. Elle savait comment capturer le cœur de cette femme. Elle adorait la voir troubler et heureuse. Mais elle avait d’autre plan en tête. Le mariage amenait à d’autres perspectives d’avenir.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    La pluie battait fort ce jour-là. Anaïs s’était levée tard et avait peiné à se préparer. C’était l’automne, et son jardin commençait à s’endormir tout doucement. Un entretien quotidien n’était guère nécessaire, alors elle se permettait de longue matinée sous la couette. Mais cette idée ne lui plaisait ce jour-là. Elle venait de se disputer avec Eloi, après tout. Cela lui rongeait le cœur et lui embrumait l’esprit. Elle décida alors d’aller rendre visite à son frère, Taliesin.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Ce dernier était toujours de bons conseils, et à son écoute surtout. Il ne la jugeait jamais. Lorsqu’il ouvrit la porte, ce fut avec un immense sourire. Sourire qui mit du baume au cœur à la blonde qui entra sans attendre, la pluie lui donnait froid.

    - Il est tôt, tu sais ?

    - Oui… Désolée…

    - C’était pas un reproche, Anaïs. Mais je m’interroge. D’habitude, tu téléphones avant de venir.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    - Il se passe quelque chose ?

    Taliesin la regardait avec une peur dans le regard. Anaïs secoua la tête, avec un triste sourire sur les lèvres. Elle ne souhaitait pas l’effrayée, et pourtant elle venait de le faire.

    - Rien de grave. C’est juste … moi.

    - Tu m’expliques ? Demanda-t-il, un peu confus.

    - Tu es le seul dans la confidence, Tal’. Je suis avec quelqu’un en ce moment.

    Ah ! Il commençait à comprendre. Anaïs s’éveillait de nouveau à l’amour et son passé devait de nouveau la freiner. Voir la stopper totalement, la laissant dans le noir. Il soupira tout en se massant la nuque. Sa pauvre sœur était un cas.

    - Dis-moi tout.

    - C’est pas si simple Tal’… je sais que c’est de ma faute. Il la sollicita d’un regard confiant. Avec Eloi… aah…. Je sais pas… Je l’aime, j’en suis sûre. Mais tu vois, j’ai peur.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    - De quoi ? De souffrir ?

    - Non… Je sais que l’amour apporte son lot de souffrance, ça fait partit du jeu. J’ai peur… de me tromper. D’être la seule à aimer, à avoir de l’espoir.

    - Anaïs… Ce sont des peurs rationnelles, ça. C’est normal !

    - Je sais ! Je sais, Tal’ mais… J’y peux rien.

    Elle soupira de nouveau. Elle savait pertinemment que son problème était simple et tout à la fois compliqué. Et que pour le résoudre, cela ne dépendait que d’elle. Elle devait prendre sur elle pour avancer.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Taliesin la prit dans ses bras, sans un mot. Sa chaleur réconfortante réchauffa le cœur perdu de sa sœur, qui lui rendit l’enlaçade. Elle adorait Taliesin. C’était son plus proche frère. Lui qui fut à part toute sa vie, il arrivait à la comprendre.

    - Laisse le temps au temps, Anaïs. Se poser trop de question peut être parfois nocif. Profite de lui, de vos moments ensemble, et ton cœur te dictera le bon chemin.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Les mots simples de son frère résonnaient encore dans sa tête, l’heure suivante. Ils avaient continué à parler dans le salon, prenant des nouvelles des uns et des autres. Le petit Tanguy, le fils de Yoric, grandissait bien, avalant l’énergie de ses parents plus de raison. Willheim progressait de son côté, parcourant la région avec son groupe, délaissant légèrement Khali. Anaïs fut d’apprendre cela, mais Wiilheim avait toujours été ainsi, un peu égoïste lorsque cela touchait sa passion pour la musique. Eudes, quant à lui, faisait son petit bonhomme de chemin parmi la police, résolvant des enquêtes de recèle d’art.

    Malheureusement, Tal’ dut partir travailler, Anaïs trouva alors refuge à l’étage, cherchant sa belle-sœur qui se reposait.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Kacey était alors dans la future chambre de bébé. Ils avaient peint les murs d’un vert tendre, souhaitant la mixité. Lorsque la jeune institutrice vit Anaïs, un sourire éclaira son visage. La jeune femme venait de rentrer d’un petit voyage chez sa famille, à Sunset Valley. Kacey descendait d’une famille honorable, au lourd passé. Les Watts étaient cependant débordant d’énergie et de bonté, tout comme Kacey. Taliesin fut bien accueilli dans cette famille, malgré le fait qu’il lui a pris une de leur fille en l’amenant jusqu’à Meadow Glen.

    - Comment vas-tu Kacey ?

    - Bien, malgré les circonstances.

    Kacey se leva difficilement. Son ventre commençait à prendre du volume, s’arrondissant joliment. Cela fit sourire Anaïs qui s’en attendre se mit à le lui caresser.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    - J’imagine que ta famille devait être heureuse de te voir dans cet état.

    - Oh que oui ! Ils ne m’ont pas lâché. Pire qu’une malade, je n’avais le droit de rien faire.

    Cela fit rire Anaïs. C’était un schéma classique. Une femme enceinte n’était pourtant pas impotente ni agonisante, mais on ne lui laissait rarement la possibilité de faire les choses par elle-même.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    - Ça me rend envieuse tout ça. Lâcha Anaïs.

    - Te faire chouchouter, c’est agréable, c’est vrai. Mais au bout d’un moment, ça commence à te vriller les nerfs, tu sais ?

    - Ahaha ! J’imagine. Mais ce n’est pas ce que je voulais dire.

    Kacey lui sourit avec tendresse. Elle connaissait les envies d’Anaïs quant à fonder son propre foyer, et la blonde vieillissait. Les rides se formaient doucement aux coins de ses yeux. Kacey était bien plus jeune mais comprenait les peurs de sa belle-sœur.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    - Ton tour viendra, Anaïs.

    - Je sais, on n’arrête pas de le me dire. Rit la blonde. Mais ça pèse. Vous voir toi, comme Jessica, évoluer dans une sphère, ça me fiche un peu le bourdon.

    - Je ne peux beaucoup t’aider…. Je suis désolée.

    Anaïs lui signifia que tout allait bien. Après tout, chaque femme avait sa propre histoire, sa propre destinée. Elle était peut-être de celles qui devaient vivre seule jusqu’à la mort.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    - Allez ! Haut les cœurs, Anaïs ! La roue du temps à beau tourné, tu restes belle comme un cœur !

    Kacey essayait de lui rendre le sourire. Et rien que pour cela, Anaïs adorait Kacey. Son attitude positive était un exemple de conduite. Bras dessus, bras dessous, les deux femmes se dirigèrent vers le rez-de-chaussée.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    La maison était immense et richement aménagée. Taliesin et Kacey avait bon goût car ils avaient restauré cette maison avec une note d’ancien, malgré la modernité de la bâtisse. La pièce préférait de la blonde restait la grande salle de distraction. Un côté était aménagé pour la détente dans une ambiance bar avec le billard et les fauteuils en cuir.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    De l’autre, se trouvait un espace lecture et bureau, jouxtait par la machine à karaoke. C’était une passion de Kacey, elle adorait se retrouver, entourée d’amis, à chanter. Anaïs se posa devant des photos de sa mère plus jeune. Ambrine avait souvent raconté à ses enfants la vie d’Aveline, leur grand-mère. Aveline ne se maria jamais, et mourut jeune, laissant derrière elle Ambrine, dès l’adolescence. Anaïs ne pouvait qu’admirer ses deux femmes. La première, car elle était sa mère et avait vécu par ses propres moyens très jeune, et la deuxième, pour avoir su élever son enfant seule, en lui apprenant l’amour et le respect. Aveline avait pourtant connu qu’un seul amour et il ne fut jamais partagé. Mais selon sa mère, Aveline n’eut jamais de regret.

    Cela laissa rêveuse Anaïs. Serait-elle capable d’être aussi forte que ces deux femmes ?

    Episode 3 - Parcours de ventre

    La pluie s’arrêta enfin en fin de journée. Lawrence s’aperçut de cela en regardant par la vitre de sa voiture. Un immense arc-en-ciel striait le ciel de ses sept couleurs. Cela fit sourire le vieil homme qui changea de vitesse, souhaitant profiter de cette vision rare. Lawrence était en route pour une visite chez un de ses fils. Proche de la retraite, la profession de Lawrence lui permettait désormais plus de temps pour lui, contrairement à sa jeunesse, où les journées n’étaient que folie, conjuguant travail et vie de famille. Avoir à faire avec quatre enfants d’un coup, une femme dépressive et un patron autoritaire, ne lui avait permis de profiter des moments simple que la vie offrait parfois.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Eudes l’attendait sous le porche de sa maison. Il vivait dans une copropriété, à l’autre bout de la ville. Une maison sur trois étages, assez grande pour y élever une famille. C’était d’ailleurs la raison de la présence de Lawrence, ce soir.

    - Salut Papa !

    - Salut mon grand, qu’est-ce que tu fais dehors ?

    - Je t’attendais.

    Cela fit sourire le vieil homme qui enlaça son garçon avant de pénétrer dans la demeure.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Lawrence n’était pas venu depuis longtemps, et Eudes lui avait parlé de ses récents travaux. Ils avaient décoré, avec Sybille, l’intérieur avec simplicité et modernité.

    - Où est ta petite femme ?

    - Elle doit être en haut. Je vais la chercher.

    - Non, non ! Ne la fait pas descendre. Je vais monter.

    - Mais…

    - Allons, Eudes. Ce ne sont pas deux escaliers qui vont avoir raison de moi.

    La jeune homme sourit alors à son père et le précéda dans les marches, tout en discutant de leur journée respective. La blouse blanche ne faisait d’ordinaire parti de la tenue de travail d’Eudes, mais pour certaines enquêtes, ils devaient jouer un rôle. En ce moment, il y aurait certains troubles dans l’hôpital de la ville.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    - Et Sybille ?

    - Ca va aller. Ca ne concerne pas le service de maternité.

    Le vieil homme souffla, rassuré. Avec toutes ses belles filles enceintes, une suspicion d’empoissonnement était la pire des peurs qui pouvait habiter chez une future mère. Sybille était tranquillement installée devant la fenêtre à observer le jardin, brillant de pluie. Main sur le ventre, elle le caressait avec douceur. Cette vision fit sourire avec émotion Lawrence. Elle se retourna alors vers les deux hommes, un sourire radieux sur les lèvres. Cela laissa un petit goût de nostalgie sur la langue de Lawrence. Ambrine était si radieuse lors de sa première grossesse.

    - Comment vas-tu ?

    - Bien, merci Monsieur Vauganne.

    Cela fit rire Lawrence qui lui intima de l’appeler par son prénom, après tout, ne portait pas elle aussi le nom de Vauganne ?

    Episode 3 - Parcours de ventre

    - C’est vrai ! Je n’arriverais jamais à m’y faire ! S’exclama dans un rire la brune.

    - Comment ça ? S’enquit Eudes, avec un sourcil haussé. Tu n’es pas ma femme ?

    - Allons, Chéri, ce n’est pas ce que j’ai dit.

    - Ca fait des années qu’on est marié, quand même.

    Lawrence tempéra la discussion, illustrant ses propos de ses mains.

    - Du calme, ce n’est pas bon pour le bébé.

    - Pardon… Mais Sybille, c’est si difficile pour toi d’adopter mon nom ?

    - Non, du tout ! Mais j’ai été appelé Sicceti toute ma vie !

    Cela fit rire Lawrence, ce couple était discret mais avait également leur petite dispute. Pour un homme, changer de nom n’était qu’une espèce de formalité. Alors que pour une femme, c’était une tout autre histoire. Il se souvint avec plaisir de la façon dont Ambrine avait réagi lorsque le maire se trompa dans les nez, lors de leur mariage. Elle souhaitait conserver son nom, mais le vieil homme, pétrit d’habitude, avait employé le nom de Lawrence. Elle était alors entrée dans une rage folle, digne des plus grandes tornades.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Anaïs venait de passer sa journée entière chez Taliesin. Elle n’avait pas prévu cela mais elle se sentait bien chez son frère et Kacey ne se sentait sereine, seule. Anaïs avait donc « pris » sa journée et avait aidé la future mère dans ses tâches quotidienne.

    - C’est gentil d’avoir fait le ménage, Anaïs.

    - C’est normal. Avec ton ventre, je te vois mal passer le balai ou encore déplacer les meubles.

    - On a beau se clamer ne pas être malade… Il faut parfois reconnaitre qu’on est vite handicapée.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Anaïs lui sourit alors, caressant avec maladresse les touches du piano. Elle ne savait pas réellement en jouer, juste ce qu’elle put apprendre avec Willheim, il y a des années de cela. Elle appréciait le son voluptueux du piano et sa facilité d’exécution –tant qu’elle ne jouait que d’une main.

    - Mais Anaïs… entama Kacey.

    - Hum ? Répondit cette dernière en relevant la tête.

    - Tout va bien ?

    La question laissa perplexe la blonde qui fixait avec stupeur sa belle-sœur. Elle se sentait parfaitement bien, si on omettait son escarmouche avec Eloi et ses peurs stupides du futur.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    - Tu sembles ailleurs et bien plus pâle que d’habitude. Précisa Kacey en l’observant depuis l’autre bout de la pièce.

    Anaïs se tenait droite, main sur le clavier. Elle se sentait bien, alors pourquoi ses mains tremblaient de la sorte ? Elle ferma les yeux et souffla. Elle se concentra sur ses tremblements, souhaitant les faire cesser puis sourit à la belle-sœur de toutes ses dents avant de reprendre la mélodie.

    Elle allait bien, très bien même. En parfaite santé ! Aucune étourdissement, aucune fatigue et encore moins envie de vomir ! Non, tout allait parfaitement bien !

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Anaïs était rentrée chez elle, étant son tour de cuisiner. Elle repensait à sa journée. Concrètement, elle n’avait rien fait, si ce n’était aider sa belle-sœur et discuter de choses et d’autres. Elle avait au moins mis ses problèmes de côté, un temps.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Mais elle ne pouvait nier l’évidence. Elle n’était pas au meilleur de sa forme. L’odeur de cuisine lui souleva le cœur, l’obligeant à quitter les fourneaux au pas de course. Malheureusement, la première salle de bain était occupée. Elle n’eut le temps de faire demi-tour et soulager son estomac à même le sol. Qu’avait-elle ? Cela ne le ressemblait pas. Vomir comme ça, à la moindre odeur, aux moindres mouvements. Se sentir si las à la moindre perspective d’activité.

    Etait-elle… ?

     

    BONUS - Les Vauganne deviennent People O_o

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Fête chez Willheim – Y sont conviés : Keiko, Kacey, Khali, Yoric et Eudes.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Keiko : Mais qu’est-ce c’est que ça ?!!

    Kacey : Je ne veux pas le voir…

    Mais qu’est-ce qu’il se passe ?

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Will perdrait l’esprit ?!

    Sous son propre toit, l’on le surprend à embrasser à pleine bouche un parfait inconnu, bien plus vieux que lui !

    Mais que fait Khali !?

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Rien ? Mais cette femme est-elle réellement amoureuse de son homme ? Willheim est-il réellement fidèle ?

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Keiko : Mais qu’est-ce que tu fiche, Willheim ?!

    Will : Ben quoi ?

    Keiko : Tu oses demander ? Tu es marié je te signale !

    Yoric : Euh Keiko… C’est pas du tout ce que tu crois.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Keiko : Ah oui ? Et qu’es- ce que je dois croire alors ? As-tu pensé à Khali ?!

    Will : Si tu nous laissais en placer une aussi…. C’est un pari.

    Keiko : Un pari ?

    Yoric : Ouais, un pari entre nous. Et apparemment, j’ai perdu.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Keiko : Mais tu te rends compte de la stupidité de la chose ?

    Will : On est là pour s’amuser !

    Hum… Un autre problème en perspective ?

    Eudes qui offre un bouquet de rose à la femme de Tal’, enceinte.

    Alors que sa propre femme est présente et tout aussi enceinte ?

    Mais qu’ont-ils mangé, ma parole ?!!

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Et le numéro deux de l’inaction, j’ai nommé Taliesin qui ne réagit pas aux avances d’Eudes envers Kacey.

    D’ailleurs, il rejoint Khali dans la pièce des inactifs… Quelle famille.

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Tal : Pourquoi elle crie comme ça, Keiko ? Elle me file la migraine.

    Khali : Sois disant que Will aurait embrassé un homme.

    Tal : Oh ? Première nouvelle.

    Khali : Et toi ? Tu viens faire quoi dans la cuisine ?

    Tal : Mon frère offre des roses à ma femme.

    *l’auteur est partie se pendre*

    Episode 3 - Parcours de ventre

    Eudes : Où qu’il est le bébé ? Ah le voilà !!

    Eudes… C’est pas la bonne femme… C’est Kacey là…

    Famille de malade…

     


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  • Episode 5

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Le soleil était au rendez-vous et la petite famille rentrait d’une balade. Anaïs ne se sentant pas bien avait préféré rester chez elle. Elle avait passé la matinée entière à réfléchir sur son état. Et surtout comment annoncer la nouvelle à ses proches. Elle n’avait pas revu Eloi depuis une semaine maintenant, elle avait trop peur de le contacter et de le croiser. Après tout, ils ne s’étaient pas quitter en très bon terme la dernière fois.

    Mais les choses avaient changé, évolué depuis ce jour-là. Elle était enceinte ! Elle aurait aimé le hurler, pleurer de joie, échanger cette nouvelle un immense sourire aux lèvres. Mais le pouvait-elle vraiment ? Alors que sa famille était là, elle prit son courage à deux mains et les rejoignit dehors.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Elle alla la rencontre de son père. C’était un élan instinctif. Elle savait qu’avec lui, elle pourrait en discuter calmement, et avoir de bons conseils.

    - Bonjour ma grande, ça va mieux ?

    - Oui, merci Papa.

    - T’es quand même sure ? Demanda Azilis. T’es pâle depuis plus une semaine et tu manges moins.

    Anaïs lui offrit un petit sourire, légèrement faux et contrit. Elle ne pouvait pas daigner ses propos. Elle n’allait pas bien. Son corps la faisait souffrir à vomir et à être sans cesse fatigué, mais elle n’avait pas le choix.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - Papa…

    - Anaïs, tu es sûre, vraiment sûre que tu vas bien ?

    La blonde le fixa, surprise par le ton compatissant et inquiet de son père. Elle n’était pas mourante, elle n’allait pas s’effondrer à l’instant même, alors pourquoi s’inquiétait-il de la sorte. Elle fit bonne figure, adoptant son éternel sourire bienveillant.

    - Un petit coup de fatigue. Ça n’a jamais tué personne Papa ! Pas d’inquiétude à avoir.

    Mais le vieil homme n’en était pas si sûr. Elle se garda tout commentaire et resta figé dans le silence. La lèvre inférieure d’Anaïs tressautait et son regard était fuyant. Tous les signes qu’elle présentait lorsqu’elle mentait.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - Anaïs… Dis-moi ce qui ne va pas.

    Son ton était ferme, mais gentil à la fois. Déstabilisée, Anaïs recula d’un pas et fixa Lawrence avec étonnement. Puis devant son sourire, elle baissa les bras et soupira. Elle n’avait pas le choix, elle n’avait pas le droit de reculer. Elle ne le pouvait, de toute façon.

    - Je… Papa… C’est pas facile à dire.

    - Dis-le, et tu te sentiras soulagée après ça. Je t’en fais la promesse.

    Elle prit une grande respiration mais n’eut le courage de regarder son père dans les yeux. Elle avait peur d’être jugée, d’être méprisée et surtout de décevoir ses parents.

    - Je suis enceinte…

    Elle ferma les yeux, fort, plissant ses sourcils. Elle avait honte, si honte d’elle-même et de son irresponsabilité. Il n’y avait pas que sa vie en jeu, mais également celle d’Eloi, celle de ses parents et surtout celle du futur enfant.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    L’effroi saisit alors Lawrence en entendant la révélation. Mais cela se dissipa rapidement laissant place à la stupéfaction. Cependant, en y réfléchissant bien, tous les signes ne menaient qu’à cette option. Les vomissements, l’affaiblissement, l’humeur morose, la larme facile, la fatigue constante. Oui, Anaïs avait les mêmes symptômes que sa propre femme.

    Anaïs n’avait relevé le regard. Il pouvait voir sur son visage, l’expression de honte peinte sur son visage si souriant d’ordinaire. Il sourit alors, avec amour puis posa une main sur son épaule, demandant à sa fille de le regarder.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - Anaïs, tu n’as pas à avoir honte ou peur.

    - Mais Papa…

    - Papa a raison, Anaïs ! Intervint Azilis, qui était là depuis le début. C’est une bonne nouvelle, alors pourquoi cette terre d’enterrement ?

    Les épaules de la blonde s’effondrèrent et les larmes croulèrent. Elle était si heureuse d’entendre ses mots. Elle qui avait si peur de les décevoir, de les avoir trahis.

    - Ma fille, dit Lawrence en lui essuyant quelques larmes, suis ton cœur.

    Anaïs hocha la tête. Elle savait parfaitement ce qui lui restait à faire. Une main sur le ventre, elle parcourut d’un pas déterminé le jardin, s’engouffra dans la voiture et quitta la propriété.

    - Tu es sur que c’est la meilleure chose à faire Papa ? Demanda Azilis, tout en regardant sa sœur partir.

    - Tu la connais. Elle est têtue. Cet enfant, elle le gardera quoiqu’il arrive.

    Azilis était heureuse pour sa sœur, mais bien plus inquiète. Elle ne connaissait pas le père mais Anaïs était loin d’être le genre de femme à se jeter tête la première dans une relation inextricable. Mais deux fois dans une même vie, tout du moins. Sa blonde de sœur avait appris, à ses dépens, une grande leçon de la vie. Et s’apprêtait à recevoir une autre.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Le coin était tranquille, comme toujours. C’était leur lieu de rencontre depuis cette fin de journée à la plage. Depuis cette nuit où tout avait réellement commencé. Anaïs appréciait fortement cet endroit. Tout était si calme, si reposant. Le chant des vagues était l’unique musique des lieux. Le soleil était toujours aussi haut dans le ciel, réchauffant son cœur tendu.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Elle lui avait donné rendez-vous, à peine montée dans la voiture. Elle était prête à l’y attendre des heures entières, mais à son plus grand étonnement, lorsqu’elle foula le sable, elle put découvrir qu’il était déjà là, à l’autre bout du ponton. Ses pieds se déplacèrent, légèrement fébrile, son cœur battait à tout rompre. Elle avait du mal à respirer, même.

    Elle s’imposa le calme et reprit la marche vers Eloi qui scrutait le ciel avec mélancolie. Les rayons du soleil lui caressait le visage et illuminait ses cheveux roux.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - Eloi…

    Sa voix était ténue, faible et distante. Pourtant, aussi basse qu’elle était, l’homme l’entendit et se retourna lentement vers elle. Anaïs eut le souffle coupé car l’homme lui souriait avec amour. Sans attendre, elle se jeta dans ses bras, versa quelques larmes de joie.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - Et bien ! S’étonna le jeune homme, amusé. Je t’ai tant manqué que ça ?

    S’il savait ! S’il savait la semaine d’enfer qu’elle venait d’endurer, enchainant les tests de grossesses et les crises de larmes. Elle resserra son emprise sur lui, comme pour voir si tout cela n’était un rêve. Eloi arrêta de rire en sentant le corps tremblant de la blonde contre lui. Inquiet et à la fois amusé, il passa ses bras dans son dos et lui rendit son étreinte.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - Anaïs, tu trembles ?

    Il ne put s’empêcher de lui faire remarquer. La blonde secoua la tête, contre son épaule et ne dit rien. Cela accentua le sourire du jeune homme qui caressa les cheveux de sa petite-amie.

    - Une semaine… J’ai l’impression que cela fait une éternité.

    - Oui… Je suis désolée… Dit-elle, la voix tremblante.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Ils s’écartèrent l’un de l’autre, à regret mais l’heure était aux explications. Une semaine … C’était long et court à la fois. Long par son absence, courte pour pouvoir mettre ses sentiments en place dans son cœur comme dans sa tête. La blonde soupira et fixa l’horizon avec mélancolie. Elle avait peur, elle ne pouvait le nier, mais elle ne pouvait le laisser dans l’ignorance.

    - Anaïs ? Tout va bien ?

    Elle le regarda alors, et vit son inquiétude. Elle sourit alors, de son faux-sourire. Puis se dégagea totalement de son emprise. Leurs mains se dirent adieu puis leur corps se créèrent une distance timide.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - Eloi, j’ai quelque chose à te dire.

    L’homme se tût, déglutissant avec peine. Il avait beau jouer les braves, il était aussi effrayé qu’un petit garçon. Peur qu’on l’abandonne, peur de rester seul. Apeuré d’être laissé derrière. Mais Anaïs n’était pas ce genre de femme, il le savait pertinemment, c’était aussi la raison qui l’avait poussé à agir ainsi. Imposer un ultimatum à cette femme qu’il trouvait merveilleuse, mais dont l’incertitude agacé au plus haut point.

    - Je ne sais pas si cette nouvelle te fera plaisir ou, au contraire, prendre tes jambes à ton cou, mais je ne peux pas te laisser dans l’ignorance.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - Tu commences sérieusement à me faire peur, là. Tu sais ?

    La jeune femme se gratta la tempe d’un index gêné. Elle ne savait réellement comme s’y prendre, mais il n’y avait pas de bonne ou de mauvaise façon de le faire. Il fallait le faire, un point c’est tout. Elle devait cesser d’être indécise, toujours prête à fuir. Elle serra le poing, se donnant du courage.

    - Je suis enceinte !

    Sa voix fut comme un coup de tonnerre. Puissante et éraillée. Elle sentit le rouge monter à ses joues, et ses yeux n’avaient le pouvoir de rester fixer dans ceux d’Eloi.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Il resta un petit moment figé. Ne venait-elle pas de lui dire qu’elle était enceinte ? Le regard ahuri, il posa ses yeux sur la jeune femme qui avait su capturer son cœur bien des années auparavant. Avant de tomber amoureux de la personne, il s’était épris de l’écrivain. Anaïs savait manier les mots et les émotions comme personne, et avait réussi à le toucher plus profondément que n’importe qui. Mais il ne lui avait jamais avoué cela. C’était bien trop gênant et cela aurait fait fuir Anaïs.

    Il se massa le front en soupirant. Mais voilà qu’il partageait la vie de cette femme, et qu’elle subissait ses humeurs depuis quelques temps. Il était loin d’être ce qu’il parait : désinvolte, arrogant et prétentieux. Au contraire, c’était un homme romantique et impliqué.

    - Eloi…

    La voix suppliante et effrayée de la belle lui fit reprendre raison. Elle attendait, et lui, il prenait le loisir de divaguer. Il glissa ses mains dans les siennes. Elles étaient tremblantes, et cet état était contagieux, car les les siennes firent de même.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Il se rapprocha et se colla contre elle. Il pouvait sentir son cœur battre à toute allure et fort contre son sein. Anaïs était paniquée. Il lui sourit alors, d’un sourire plein d’amour, puis il calla la tête de sa partenaire contre son épaule. Une larme orpheline perla de ses yeux gris.

    - C’est un merveilleux cadeau.

    - Pardon ? Suffoqua la jeune femme.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Ils se détachèrent à nouveau, sous la stupeur d’Anaïs. Elle n’était pas sûre d’avoir entendu. Elle le fixa alors droit dans les yeux, et put y lire le bonheur dans le regard de son compagnon. Elle sourit alors à son tour et essuya le sillon que la larme d’Eloi avait tracé sur sa joue. Elle venait à nouveau de tomber amoureuse. Comme si elle avait plusieurs cœurs à disposition. Libre de les distribuer, sans fin, à cet homme.

    - Tu es bête.

    Cela fit sourire Eloi, qui lui baisa la joue avec affection. Anaïs riait et souriait enfin, de sa voix cristalline et chantante. Il retrouvait enfin la femme pour qui il avait désespérément craqué. Il aimait son sourire, qui ne quittait rarement ses lèvres, il adorait sa petite moue boudeuse, ainsi qu’il fondait pour ses petits mélancoliques. Il la trouvait irrésistible à chaque instant.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Eloi découvrit la main d’Anaïs recouvrant avec tendresse le bas de son ventre. Elle sourit alors, prenant l’apparence d’un ange, et l’invita à faire de même. Le ventre d’Anaïs, d’ordinaire moelleux, était chaud et tendu. Il pouvait sentir la force de cet être qui s’épanouissait en son sein. C’était une sensation merveilleuse, qui lui ôta bien des doutes. Il n’était pas prêt à être père. Il n’y avait jamais réellement pensé, mais étrangement, il n’avait pas peur. Pas la moindre parcelle d’inquiétude ne venait habiter son cœur.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Sans prévenir, il saisit sa belle par la taille et la renversant. Surprise, elle s’accrocha à lui, criant légèrement.

    - Mais qu’est-ce que tu fais ?!

    Son cœur battait à tout rompre, manquant à chaque battement de briser sa cage thoracique. Eloi ne dit rien, préférant l’observer. Le rouge à ses joues s’intensifiait, la rendant encore plus désirable et vulnérable.

    - Laisse-moi, Eloi !

    Sa voix était faible et pleine d’embarras. Mais le jeune homme n’était pas prêt de la lâcher.

    - Oh que non ! Ca jamais !

    La surprise s’accentua dans le regard de la blonde. La détermination, plus que l’amusement, avait pris possession de ses sens. Eloi resserrant sa prise sur les hanches d’Anaïs, s’assurant qu’elle ne tomberait.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Puis, dans un élan lent et langoureux, vint s’emparer ses lèvres. Elles étaient si douces, si chaudes, comme d’habitude. Mais leurs goûts lui avaient manqué. Il était devenu dépendant d’elles. Magnifiques, pleines et charmantes. Ses lèvres qui lui offraient un sourire éternel, qui lui parlaient, qui lui promettaient tant de choses.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Mais plus que les lèvres, c’était leur propriétaire qu’il désirait le plus et qui lui avait manqué. Anaïs était une perle à l’état brute, qu’il fut le seul à apprécier la beauté. Une personnalité calme, humble et généreuse. Une apparence simple, resplendissante et éblouissante.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Une peau douce et parfaite malgré ses imperfections, un sourire éternel et chaleureux. Deux saphirs lumineux en guise d’yeux, une voix digne d’un oiseau et un parfum digne d’une fleur des champs. Eloi aimait tout en elle, et sans condition. Il n’arrivait à la détestait. Il eut beau essayer, il n’avait pu se défaire de son emprise, et cela, dès leur première rencontre physique, dans ce petit parc à l’autre bout de la ville.

    - Hum ?

    Anaïs venait de lui parler, mais trop occuper à l’observer, il n’avait prêté attention à ses dires.

    - Tu ne m’écoutais pas, n’est-ce pas ? Dit-elle en secouant la tête, amusée.

    - Il faut croire. Répondit-il, sans le moindre remord.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - Tu n’es qu’un incorrigible rêveur, Eloi.

    - Il faut dire qu’avec toi, devant moi, il difficile de connaître la frontière du réel et du rêve.

    Cela fit rougir Anaïs, qui colla son front contre le sien. Elle adorait cet homme, sans condition. Il lui faisait tourner la tête. Tant qu’elle pensait devenir folle.

    - Beau parleur.

    - Je n’ai pas à te mentir Anaïs.

    - Je t’aime…

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    C’était la première fois qu’elle le lui disait. Elle avait toujours fui devant ses sentiments. Le passé la rattrapant. Son ancien amant l’avait tant fait souffrir en la trompant allégrement avec une autre femme, et avait piétiné tant de fois son cœur, qu’elle avait toujours cru ne jamais retomber amoureuse. Mais le destin en voulu autrement en mettant sur sa route Eloi.

    Il lui prit la main avec tendresse et la força à le regarder de l’autre. Les yeux d’Anaïs ondulaient de larme. Le sourire solidement ancré sur ses lèvres.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - J’ai quelque chose pour toi.

    Intriguée, Anaïs le laissa se détacher d’elle et le fixa avec stupeur lorsqu’il posa un genou à terre. Elle avait peur de comprendre. Elle avait peur d’imaginer des choses, mais dans une telle situation, devant de tel geste, il ne pouvait en être autrement, n’est-ce pas ?

    - Je sais que tu aurais aimé que cela se passe autrement, mais lorsque tu m’as demandé de venir ici, j’étais déterminé à faire ça.

    - Eloi…

    - Ne dis rien s’il te plaît. Le rouge ne pouvait quitter ses joues. Anaïs, je sais que je suis loin d’être le plus parfait des hommes, que je t’ai fait souffrir –surtout cette dernière semaine- mais mes sentiments pour toi sont réels. Je t’aime à en crever !

    Il sortit alors une bague de sa poche et la tendit devant lui. Anaïs put s’apercevoir qu’Eloi tremblait. Elle sentit alors les larmes lui réchauffer ses joues empourprées. Elle recouvrit de ses mains celles d’Eloi et hocha de la tête. Elle serait folle de ne pas accepter sa proposition.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Corps contre corps, cœur contre cœur, deux vies venaient de se promettre l’un à l’autre. Heureux comme jamais, ils s’enlacèrent. Ils ne dirent mot. Il n’y avait rien à dire, de toute façon. L’amour n’était une chose que l’on exprimait avec des mots. Les gestes, les regards, les battements du cœur. Cela était l’amour.

    Un bateau passa non loin de là, faisant chanter de sa sirène. Le couple regarda avec mélancolie le ciel qui se fondait dans l’océan derrière l’embarcation qui les saluait.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    A la maison, une toute autre mélodie résonnait dans le salon. Ambrine, Lawrence, Azilis et Keiko tenait une petite réunion. Azilis tenait tête à sa mère, comme toujours. Les deux femmes s’aimaient, mais leur caractère mutuel était si dense que les confrontations étaient nombreuses.

    - Tu es toujours contre ! Quoi qu’on te présente, Maman !?

    - Mais ce n’est pas vrai !!

    - Oh que si ! Tu étais contre le départ de chacun de tes fils et tu recommences avec moi.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Ambrine détourna le regard, troublée et touchée par les propos de dernière fille. Lui rappeler quel crève-cœur se fut de laisser partir chacun de ses fils était loin d’être fair-play. Lawrence connaissait les sentiments de sa femme, les partageants. Il lui prit la main et la serra légèrement, un sourire aux lèvres. Ambrine devait apprendre à laisser ses enfants prendre leur envol. Partir n’était pas forcément synonyme d’un adieu

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - Maman, je pense comprendre ce que tu ressens. Je ne suis pas mère – et je ne le serais sûrement jamais- mais mon départ ne veut pas dire que je ne t’aime plus.

    - Je sais, ma Chérie mais…

    - Maman… Ce n’est pas un adieu. Je reste ta fille quel que soit l’endroit où j’habite. Et puis ce n’est pas pour aujourd’hui. Avec Keiko, on recherche une petite maison afin de nous rapprocher du centre-ville.

    La vieille femme soupira puis hocha du chef, montrant son abdication. Elle ne pouvait rien faire contre cela, après tout, c’était dans l’ordre des choses. Les enfants venaient au monde, grandissaient tout en dépendant de leurs parents, puis partaient vivre leur vie de leur côté. Mais c’était toujours une douloureuse expérience pour une mère.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - Dire qu’elle était si heureuse pour nos fiançailles… Dit Keiko, d’une petite voix.

    - Je sais, ma belle. Mais il lui faut du temps pour tout assimiler. Ça fait beaucoup de chose pour son pauvre cœur.

    La brune prit sa petite amie contre elle. Même si elle ne voulait rien laisser paraître, Azilis était touchée, tout autant qu’Ambrine. Partir, elle le souhaitait, tout comme sa vie avec elle, mais Azilis était attachée à sa famille et avait toujours vécu avec eux.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - Je t’aime mon Azilis ! Lui susurra Keiko dans le cou.

    - Je t’aime aussi.

    Oui, Keiko l’aimait, et elle l’aimait également. Et Azilis était sûre de ses choix. Elle attendrait que sa mère accepte la situation, totalement, trouverait une magnifique maison pour elle et la femme de son cœur et vivrait heureuse, pour elle, pour sa famille.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Plus tard, dans l’après-midi, Anaïs et Eloi avait prolongé leur rendez-vous, tentant de rattraper cette semaine sans se voir. Ils avaient décidé d’aller au cinéma, voir la dernière comédie. La séance se déroula doucement, le couple serré l’un contre l’autre, profitant du noir pour se retrouver.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Ayant faim à la sortie du cinéma, Anaïs s’avança un distributeur automatique qui longeait le bâtiment d’un côté, pendant qu’Eloi était aux toilettes. Elle parcourait du regard les différents produits. Tout était tentant… Elle parcourut la liste de sélection avec un œil critique puis se décida enfin. Elle soupira car même pour ce genre de chose, elle était capable de rester des heures avant de choisir.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Elle se baissa et pris sa commande dans le conteneur, en bas de la machine puis se retourna en entendant Eloi la rejoindre.

    - Si j’étais toi, je ne toucherais pas à ces machines.

    - Mais j’ai faim !

    - On peut aller au restau’ si tu veux.

    Anaïs prit le temps de réfléchir et une idée germa dans sa tête. Elle proposa alors à Eloi de venir chez elle, afin de diner et lui présenter sa famille. Le jeune homme rougit légèrement puis accepta, bien que la peur lui tenaille le ventre.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Elle rentra avant Eloi, souhaitant préparer le repas, comme chaque soir. Sa famille se reposait et s’amusait. La musique tonnait dans la maison, apportant le sourire à Anaïs. Elle sortit quelques aliments avant de se rappeler qu’elle devait prévenir les membres de la famille de l’arrivée soudaine d’Eloi. Elle se dirigea vers le salon et découvrit avec affection ses parents qui dansaient tendrement. Elle n’eut le cœur de les déranger. Elle retourna alors dans la cuisine et entama le diner.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Ambrine et Lawrence, dans les bras de l’autre, dansaient comme à leur habitude. Une habitude qu’ils avaient prise lors de leur année d’université. Lawrence avait alors appris à danser à Ambrine et depuis ils continuaient cette activité.

    - Notre vie est heureuse, tu ne trouves pas ?

    Ambrine venait de surprendre Lawrence en disant cela. Elle avait eu son lot de haut et de bas, comme tout à chacun, mais Lawrence avait toujours su tirer profit des meilleurs moments. Ambrine l’en remerciait, car sans lui, elle aurait depuis longtemps coulé.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - Une merveilleuse vie auprès de la plus merveilleuse des femmes.

    - Aha ! Tu n’arrêteras donc jamais de me taquiner ?

    - Jamais, ma belle Ambrine ! Jamais, aussi longtemps que je vivrais, tu resteras l’unique.

    Cela fit sourire la vieille femme qui, d’un tendre baiser, fit taire son beau-parleur de mari.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Un peu plus tard, le rythme qu’entretenait Anaïs en cuisine, suivait parfaitement celui que diffusait la chaîne-Hifi. Enfin c’était ce que pensait Anaïs, elle regarda par-dessus son épaule et aperçut avec étonnement Keiko qui s’acharnait sur une guitare sèche. Cela fit sourire la blonde qui touillait rêveusement son bouillon. Le rire d’Azilis colorait la pièce, surplombant le saccage musical de sa petite amie. Anaïs secoua la tête, amusée. Sa sœur et Keiko était toujours pleine d’entrain, en osmose et optimiste. Rares étaient leurs moment à deux sans rire.

    La sonnette retentit alors, coupant court aux rires d’Azilis. Keiko stoppa ses doigts chatouilleurs et les deux jeunes femmes s’observèrent, un sourire complice et de ravissement sur les lèvres.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Azilis ouvrit la porte, le sourire toujours sur les lèvres et fit entrer l’invité sans attendre, d’un geste de la main. Eloi entra alors, les doigts parcourant le derrière de sa tête. Il était un peu gêné. Il ne connaissait pas les membres qui composaient la famille d’Anaïs. Il savait qu’elle avait des frères et des sœurs et qu’elle vivait avec ses parents, mais il ne savait rien d’autre.

    - Eloi, je présume ?

    Azilis avança sa main et lui serra la sienne, son sourire s’accentuant de plus en plus. Eloi lui rendit avec timidité et scruta les alentours, à la recherche de visage connu.

    - Oui… Je suis là pour Anaïs.

    - Anaïs, hein ?

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Azilis lui fit un clin d’œil et se déhancha légèrement. Elle pointa du doigt sa petite-amie et la présenta au roux.

    - Je te préviens ! Interdiction d’y toucher ! C’est ma femme, d’accord ?

    Eloi bafouilla un oui perdu, regardant tour à tour les demoiselles. Chacune d’elles souriaient avec fierté. Eloi était étonné qu’elles puissent afficher aussi ouvertement leur homosexualité. Mais il n’eut le temps de se questionner plus longtemps, qu’Azilis l’aborda de nouveau.

    - Alors c’est toi qui as mis enceinte ma sœur ?

    Azilis et sa délicatesse légendaire. Keiko se retint de rire, et Eloi s’agitait dans tous les sens.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Mais la réaction la plus explosive fut celle d’Ambrine, qui étant dans la pièce adjacente, avait pénétré dans l’entrée afin d’accueillir le nouveau venu. Azilis regarda alors derrière le jeune homme et put découvrir le visage cramoisi de sa mère qui marchait en fulminant. Elle fit alors une petite grimace, s’apercevant de sa bourde.

    - Qu’entends-je ? Anaïs est quoi ?

    - Enceinte Maman. Tu sais, attendre un bébé… Tout ça quoi !

    - Azilis !!! Hurla Ambrine.

    Azilis se tut instantanément et baissa le regard vers le sol. Sa mère était une femme au caractère prononcé, mais qui s’emportait rarement ainsi. Hurler n’était pas dans sa nature. Mais dès que cela touchait ses enfants…

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    - Tu as osé souiller ma fille ?! Invectiva Ambrine.

    - Mais Madame…

    - Pas de mais ! Je veux la vérité !

    Eloi recula de quelques pas, s’engouffrant dans la maison. Ce n’était de la peur mais la vieille femme était impressionnante sous sa colère apparente. Il put alors sentir le parfum d’Anaïs lui chatouiller le nez alors que sa petite-amie le dépasser. Elle s’interposa entre lui et la vieille femme, les yeux emplis de tristesse.

    - Maman !!

    - Anaïs… Dis-moi que c’est faux !

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Mais sa blonde de fille ne dénia pas. Au contraire, elle soutint le regard de sa mère et s’arma de courage. Elle lui devait la vérité. Elle était sa mère et elle l’aimait.

    - Maman, écoute-moi sans m’interrompre, s’il te plait…

    - Je…

    - Maman ! Ecoute Anaïs, je t’en prie.

    La requête suppliante d’Azilis surprit Ambrine qui la regarda avec effarement. Azilis était loin d’être une jeune femme sérieuse, et était toujours la première à plaisanter de tout. 409

    - Je suis désolée, Maman… Reprit la blonde avec timidité. J’aurais aimé te l’annoncer autrement. J’aurais aimé que tout cela se fasse dans les règles. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas revenir en arrière. Cette vie qui grandit en moi est là et elle y restera jusqu’au bout.

    Ambrine ne cilla pas. Ne bougea d’un pouce. Elle restait là, interdite devant les propos de sa fille. Anaïs se gratta la gorge puis reprit son discours.

    - S’il faut blâmer quelqu’un ici, c’est moi. Et non Eloi. J’aurais dû prendre mes précautions. Mais voilà… Les choses sont ainsi faites. A trop aimer, j’en ai oublié mes responsabilités. Maman je suis désolée, mais je suis enceinte et je compte le rester.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Ambrine resta longtemps interdite. Figée sur place, à regarder tour à tour les deux amoureux qui se dévoraient du regard. Elle ne pouvait nier les sentiments d’Anaïs. Elle qui avait tant souffert dans le passé à cause de cet amour incompris, de cet amour à sens unique. Mais elle ne pouvait sortir de sa tête cet homme odieux qui l’avait mise enceinte et l’avait tant battu qu’elle perdu l’enfant. Sa si chère fille avait déjà trop souffert, elle ne voulait pas qu’elle subisse à nouveau ce traitement barbare. Mais les yeux bleus d’Anaïs étaient comme l’eau : insondable et à la fois honnête. La vieille femme finie par soupirer et quitter la pièce d’un pas las et lourd de tristesse.

    Lawrence fit un léger sourire à ses filles puis suivit sa femme, anéantie. Anaïs s’agrippa alors à Eloi et soupira longuement. Elle avait tenu tête à sa propre mère et sentait ses forces la quitter peu à peu. Cela fit rire Azilis qui les invita à passer à table. Le plus difficile n’était pas fait mais la dernière étape était engagée. Ambrine allait pester, ruminer, grommeler, mais sous les belles paroles et les caresses de Lawrence, la vieille femme abdiquera. Comme à chaque fois.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Le dîner se passa dans le calme, les jeunes discutant entre eux. Ambrine refusa de manger et Lawrence resta à ses côtés. Azilis rassura Eloi en lui disant que leur mère agissait toujours ainsi. Elle hurlait, boudait pour acceptait. Anaïs ne pouvait que confirmer et cela fit sourire Keiko en voyant l’expression étonnée du jeune homme. Le couple de jeune femme alla se coucher laissant les futurs parents ensemble dans le salon.

    Ils discutèrent de leur futur un long moment, tranquillement posés devant un film historique. Anaïs était alors blottie contre Eloi.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Elle s’était assoupie avant la fin du film. Le jeune homme l’avait laissé se reposer, en lui calant la tête contre sa propre épaule. Mais il était tard et Eloi était tout autant exténué. Mais la sérénité qui peignait le visage de sa petite-amie le fit hésiter. Il la secoua très légèrement en l’appelant. Mais tout ce qu’il obtint fut un murmure et un gémissement, avant qu’Anaïs ne se pelotonne plus contre lui.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Il soupira, à demi-amusé et exaspéré. Mais que pouvait-il faire contre elle ? Elle gagnait sur tous les plans. Mignonne, douce, affectueuse et surtout sa future femme…

    Il se leva, alors, tout doucement, ne souhaitant la réveiller. Elle se laissa faire, aussi innocente qu’une enfant. Il sourit et la hissa dans son dos avec une infinie douceur. Alors qu’il opérait à la hisser sur son dos, il put apercevoir Lawrence dans l’embrasure de la porte, un sourire affectueux sur les lèvres. Eloi le salua d’un léger signe de la tête.

    - Vous pouvez la monter dans sa chambre.

    - D’accord.

    Le jeune homme le dépassa en lui souhaitant la bonne nuit, mais Lawrence le surprit en lui parlant.

    - Je me souviens que, déjà enfant, elle s’endormait devant la télé. Je rentrais souvent du travail très tard… Mais elle m’attendait. Alors je devais la porter jusqu’à son lit.

    La voix du vieil homme était emplie d’amour et de nostalgie. Eloi lui sourit puis reprit son ascension dans les escaliers.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    La chaleur d’Anaïs dans son dos était réconfortante et apaisante. Il n’aurait jamais cru, un jour, pouvoir profiter d’un si petit bonheur qui irradiait comme le soleil. L’amour était une chose étrange qui nous fait agir plus étrangement encore. Pourtant c’était une simple situation, qui d’ordinaire usait les nerfs. Fatigué d’avance de devoir supporter le poids d’un autre être vivant.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Mais cet être vivant n’était pas n’importe qui à ses yeux. C’était la femme qu’il aimait. Sa moitié… L’autre partie de son âme qu’il attendait depuis tant d’année. Un léger ronflement s’échappa de la bouche d’Anaïs, qui, dans un geste assez coquin, plaça sa tête contre l’épaule de son amant. Eloi rougit légèrement puis pénétra dans la chambre d’Anaïs avant de l’étendre sur le lit. Elle roula alors, se recroquevillant comme un enfant dans le ventre de sa mère, tout en gémissant. Eloi se gratta derrière la tête, embarrassé. Mais il n’avait le choix.

    Episode 5 - Au fil de l'eau

    Il lui défit ses chaussures, puis les chaussettes. Ce geste fit rire doucement la jeune femme qui changea de position, échappant son pied de l’emprise du jeune homme. Il soupira puis entreprit de lui défaire le reste de ses vêtements et l’affubler de son pyjama. L’affaire ne fut pas simple car la blonde bougeait constamment. Il finit enfin par la glisser sous les draps puis resta un long moment debout à la regarder dormir. Anaïs était aussi innocente qu’une enfant. Naïve et idéaliste. Mais cela faisait partie de son charme et Eloi ne savait y résister. A son tour, il se défit de ses affaires et s’installa à ses côtés, la serrant contre lui avant de lui baiser le cou. Il ferma les yeux et laissa le sommeil prendre possession de ses sens ainsi que de son corps.


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  • Episode 6

    Un autre matin où le soleil était au rendez-vous. La rosée laissait derrière elle une légère brume qui, par sa douceur, dessinait un voile autour des collines et des montagnes des environs. La population s’éveillait doucement, s’apprêtant chacun à sa façon pour le travail.

    Et les Vauganne ne faisaient pas exception. Bien qu’Anaïs ne travaille pas, elle était déjà à pied d’œuvre dans la cuisine. Elle avait pris cette habitude depuis le départ de Taliesin. Ce dernier s’occupait de tous les repas, et la famille se régalait.

    Or Anaïs était loin de l’égaler, mais elle faisait son possible afin de pouvoir s’améliorer. Bien que les habitants de la maison demeurent des cobayes, elle ne désespérait pas.

    Azilis était déjà prête à partir enquêter, dans son long manteau et sous son chapeau. Anaïs avait du mal à s’habituer à sa nouvelle panoplie d’enquêtrice. En effet, sa jeune sœur venait d’obtenir une promotion et pouvait désormais travailler en collaboration avec la police de la ville.

    - Et bien… On a encore laissé trainer la vaisselle d’hier soir ? Observa l’enquêtrice en rejoignant sa sœur.

    - Tout le monde était fatigué hier. Je m’en occuperais après. Tu as bien dormi ?

    La plus jeune fit signe que oui avec un immense sourire, puis prit l’assiette que lui tendait Anaïs. Elle observa le beau temps à l’extérieur et invita la blonde à manger dehors.

    Le temps était doux et radieux. Le soleil réchauffait leur peau avec délice. Anaïs inhala une grande goulée d’air avant d’entamer son petit-déjeuner. Etrangement, Azilis demeurait coite. Ce qui n’était pas dans les habitudes de sa sœur.

    - On a une belle vue, hein ? Finit par dire la plus jeune.

    - Oui. C’est ce que j’adore dans cette maison.

    - Maman et Papa ont fait du bon boulot… Ça va me manquer. Dit Azilis d’une petite voix.

    Anaïs releva un sourcil et fixa sa sœur avant de poser sa fourchette. Elle n’était pas sûre d’avoir bien entendu l’enquêtrice –ou plutôt elle ne voulait pas comprendre.

    Azilis plongea son regard dans son assiette et détourna le plus possible les yeux de sa sœur. Mais Anaïs continuait de la fixer.

    - Comment ça "Ca va te manquer" ? Tu m’expliques ?!

    Anaïs commençait à paniquer. Elle sentait son cœur s’emballer. Elle se força à respirer et à calmer son petit cœur débordant d’hormone.

    - Anaïs… Avec Keiko, on a décidé de partir de la maison.

    - Quoi ?

    La voix d’Anaïs se répercuta dans la cour, faisant fuir quelques corbeaux. Puis le silence retomba sur les deux sœurs. Aucune d’elles ne souhaitaient briser ce silence, bien qu’inconfortable. Ce fut à cet instant que Lawrence décida d’apparaître. Assiette en main, il rejoignit ses filles, sourire aux lèvres.

    - Bonjours mes belles ! Belle journée n’est-ce pas ?

    Mais aucune d’elles ne répondit. Trop occupée à fixer un point imaginaire. Lawrence soupira puis se mit à leur hauteur.

    - Tu es au courant… N’est-ce pas ? Demanda Anaïs d’une petite voix.

    - Oui. Répondit simplement le vieil homme.

    Anaïs sentit les larmes lui bruler les yeux. Elle se mordit alors la lèvre, tentant de retenir ses larmes. Il n’y avait pourtant pas lieu de pleurer, mais elle n’y pouvait rien. Ses sentiments étaient exacerbés avec sa grossesse.

    - Et vous ne dites rien…

    Elle savait également que ses protestations n’y changeraient rien. Azilis avait tout à fait le droit de prendre son envol.

    - Et Maman est d’accord ?

    - C’est en pour-parler, dira-t-on. L’informa Azilis.

    Dans le silence, la future mère se leva et quitta le banc, d’un pas légèrement chancelant. Voyant cela, les deux autres Vauganne soupirèrent et d’un regard similaire se dirent qu’il n’y avait rien à faire.

    Dans l’heure qui suivit, Azilis quitta Lawrence et s’engagea sur les routes de Meadow Glen afin de poursuivre sa nouvelle enquête. Une histoire de bonbon volé et la petite fille était très inquiète. Azilis ne prenait aucune affaire à la légère. Un crime était un crime, un vol était un vol. Il lui fallait résoudre cette histoire.

    Le nœud de l’intrigue se passait dans l’école municipale de la ville. La fillette, qu’elle rencontra la veille, l’informa que certains de ses camarades avaient lorgné sur ses bonbons toute la semaine et que ces derniers avaient mystérieusement disparu.

    Alors Azilis commença son enquête, se créant une cachette juste au coin de la rue, ayant à portée de vue l’école et sa cour de récréation. La rue était calme, mais les enfants n’allaient pas tarder à sortir et faire leur tintamarre habituel. Cela fit légèrement sourire l’enquêtrice, se remémorant sa propre insouciance.

    Mais elle devait conserver son sérieux. Elle s’obligea à froncer les sourcils puis attendit un petit moment avant d’entendre la cloche. Son cœur fit un léger bond en l’entendant mais elle se reprit puis vit enfin la prise d’assaut du terrain de jeu par les enfants. On aurait dit une rivière débordant de son lit, engloutissant tout sur son passage.

    Les enfants étaient parfois effrayants. Leur innocence, leur crédulité, leur ingénuité les rendaient vulnérables et à la fois fourbe. On eut beau dire que les adultes étaient cruels, mais l’honnêteté infantile était bien plus assassine.

    Mais Azilis arrêta ses divagations lorsqu’elle aperçut sa jeune cliente entourait de quelques amis. La petite fille était la plus étrange de tous. Sachet à la main, elle distribuait des sucreries à ses camarades, qui en échange lui donnaient des jouets et autres choses de valeur.

    Cette gamine était la clé de cette histoire. Elle avait menti à l’enquêtrice, fait porter le chapeau à une autre élève, tout juste transférée. Azilis soupira en voyant cette scène. Les enfants étaient cruels et s’ils étaient intelligents et comprenaient la situation et le pouvoir que leurs parents ont, ils savaient s’en servir.

    L’enquêtrice Vauganne conclut son enquête une fois que les petits anges aient regagné les bancs de l’école.

    A l’autre bout de la ville, un tout autre scénario prenait forme, laissant peu à peu la place à la fin de l’intrigue. Anaïs et Lawrence avait pour habitude de s’affronter chaque matin aux échecs, au cours d’une partie. Cela permettait à chacun de garder éveillé leur cerveau.

    - Tu n’arrives pas à accepter le départ de ta sœur ?

    Anaïs soupira. Son père n’avait que ces mots à la bouche. Bien sûr qu’elle comprenait. Mais entre comprendre et accepter, la différence était énorme.

    - Je sais que ma réaction est futile, Papa. Mais j’y peux rien. Ça me fait de la peine de la savoir loin de nous.

    Cette réponse fit sourire tristement Lawrence qui joua sa pièce. Cela fit arquer un sourcil à la blonde qui examina avec intentions le plateau.

    - Les chats ne font pas des chiens…

    - Pardon ? Fit Anaïs en quittant le plateau des yeux.

    - Ta mère est exactement pareille. Têtue et implacable, mais qui comprend le choix de ses enfants.

    Cela fit sourire Anaïs à son tour. Il n’avait pas tort. Elle qui reprochait les réactions excessive d’Ambrine, elle agissait de la même manière. Elle secoua la tête et remercia son père avant de jouer.

    Un nouveau mois s’annonçait et Eloi prenait tout doucement ses marques. La maison était assez grande pour que chacun des membres qui l’habitaient puisse avoir ses moments d’intimité, même si les tours dans la salle de bain étaient un vrai challenge. Mais la vie suivait son cour, alliant boulot et dodo. Ce qui n’était pas pour déplaire au jeune homme.

    Anaïs était à ses côtés, quotidiennement, grossissant à vue d’œil. Cela l’effrayant légèrement tout comme ça le rendait heureux. Être père n’était pas un rêve pour lui. Fonder une famille, il le souhaitait mais il voulait également s’impliquer dans sa carrière. Sa vie au bureau était riche de rebondissement, alors savoir qu’à son retour, il pouvait se relaxer dans un cocon d’amour ne pouvait que lui mettre du baume au cœur.

    - Alors comment va Bébé, aujourd’hui ?

    - Il va bien. Très bien même ! Ce petit est une vraie pile électrique.

    Un sourire épuisé ourlait les lèvres de la jeune femme, ce qui fit également sourire Eloi de façon compatissante. Il ne pourrait jamais comprendre les tracas qu’amenait une grossesse – cela lui était physiologiquement impossible- mais il compatissait.

    - On a toujours pas choisi de prénom, Papa.

    - Tu as raison, Maman !

    Ce petit jeu était le leur. S’appeler "Maman" et "Papa" était une façon pour eux d’apprendre leur rôle de parent et à agir au mieux devant l’enfant à naître.

    - J’ai lu que c’était important de choisir le prénom au début de la grossesse et qu’il fallait appeler l’enfant par son prénom, cela lui évite des traumatismes.

    - Ah bon ? Fit sincèrement étonné Eloi. Mince… Tu en es à ton troisième trimestre et on a toujours pas décidé…

    Anaïs se pinça les lèvres et lui fit que non. L’homme, tout d’abord étonné la regarda puis approcha son oreille de la bouche d’Anaïs qui lui murmura quelque chose. Un sourire naquit sur les lèvres du futur père qui hocha de la tête. Il aimait le choix de sa fiancée.

    Leurs lèvres s’effleurèrent avec légèreté. Leur amour était simple et sincère. Il ne leur fallait pas grand-chose pour être heureux. Un grand évènement allait bientôt marquer leur vie à jamais et en pensant à cette nouvelle vie, il ne pouvait que sourire et s’aimer.


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