• Episode 15 - Un flocon à la fenêtre

    Episode 15

    La neige s'amoncelant sur le sol et les toits créait une couverture magique pour tous les dormeurs de Meadow Glen. Le silence qui enveloppait cette atmosphère était la quiétude et la sérénité même. Mais un cri perçant déchira ce voile serein. Les lumières s'allumèrent dans le foyer Vauganne, où les cris ne cessaient.

    Anaïs hurlait, mais ce n'était pas ses cris qui réveillèrent le quartier, mais ceux d'Eloi. Le pauvre homme paniquait. Il n'avait jamais réellement vu sa femme souffrir autant. Lors de sa dernière grossesse, l'homme d'affaire était justement au travail, lorsque sa femme entama le sien. Alors le roux dansait piteusement sur ses deux pieds, agitant ses bras comme un chimpanzé paniqué. Anaïs serrait les dents et le suppliait d'agir.

    A croire que le courage qu'elle trouva, rassura son époux, qui -non sans aide d'une giffle- pris les devants et s'occupa enfin d'elle. Il réveilla Lawrence et lui demdanda de s'occuper des enfants puis sortit la voiture du garage, pendant qu'Anaïs s'habillait et vérifier une dernière fois le contenu de son sac. Installées en voiture, ils filèrent à toute allure, défiant les lois du code la route, mais l'urgence était là.

    Anaïs, gênée par son gros ventre, était lente et sortir de la voiture était une telle épreuve qu'elle envoya en avant Eloi, afin qu'il l'enregistre et qu'il appelle les infirmières. Ces dernières lui demandèrent d'accompagner Anaïs, qui peinait à avancer dans la neige, mais la futuère mère était confiante et sereine. Si, elle, ne l'était pas, Eloi ne pourrait jamais assurer son rôle auprès d'elle, en plein travail.

    Pendant ce temps, Lawrence, lui, prenait les choses en main. Les cris des parents paniqués, avaient réveillé la maisonnée et surtout les plus jeunes. Le vieil soupira et pestait légèrement en se dirigeant vers la chambre des petits, mais en voyant le sourire insouciant de son petit-fils, son attitude changea et sa moue se transforma en sourire.

    A l'instar de sa soeur jumelle, Aurélianne, Cyprien était un ange silencieux qui aimait dispenser de ses câlins et de ses bisous sans concession. Si Anaïs et Eloi avait une préférence pour Aurélianne, lui adorait le petit garçon.

    - Alors Chenapan... On ne dort pas ?

    - Apa ? Ama ?

    Il ne savait pas encore parler correctement, mais l'enfant savait se faire comprendre. Le vieil homme serra l'enfant contre lui, tout en le berçant légèrement.

    - Maman est partie à l'hopital. Tu vas bientôt avoir un petit frère ou une petite soeur.

    Le petit le fixa sans trop comprendre les propos de son grand-père, mais il posa une main sur la joue de ce dernier. Cela fit sourire le musicien qui lui tapota le bout du nez de son index.

    Le soleil allait bientôt montrer le bout de son nez, lorsqu'ils franchirent le seuil de la porte en compagnie du nouveau membre du foyer. Anaïs était exténuée mais totalement heureuse de voir ce nouveau bou d'elle même gentiment lové dans le creux de ses bras. Eloi la suivit et l'aida à se défaire de ses affaires avant de faire de même. Son époux ne put s'empêcher de bailler tout en s'étirant. La nuit fut longue et elle ne pouvait dénier son active participation à la naissance de leur deuxième fils.

    - Va te coucher, Eloi. Tu vas bientôt devoir aller travailler. Repose toi un peu.

    - Merci ma Chérie.

    Sans chercher à se montrer brave, le jeune homme lui baisa le front, puis caressa la joue de leur dernier né avant de partir rejoindre son lit, chancelant légèrement.

    Elle pénétra dans la chambre des jumeaux et trouva avec étonnement son fils sur le sol, en train de dorloter sa poupée. Elle soupira et réprimanda en pensée son père. Cyprien devait normalement être en train de dormir, vu l'heure.

    - Ama ! S'écria cependant ce dernier en la voyant franchir le seuil.

    - Coucou mon chéri. Tu ne fais pas dodo ?

    - Na !! Répondit-il tout sourire.

    Elle secoua la tête et le dépassa légèrement.

    Lawrence n'avait certes pas recouché Cyprien, mais le vieil homme avait terminé la construction du berceau pour le nouvel arrivant. Anaïs fut touchée par le geste de son père et laissa une larme perler le long de sa joue. Certes, elle était exténuée, et cela la rendait encore plus émotive, mais elle était sincèrement touchée. Son père avait toujours pris sur lui et les avait aimé -ses frères, sa soeur et elle même- sans ne jamais rien demandé en retour.

    - Papy est un ange, mon amour. Il t'a construit ton berceau. Vois comme tu es aimé, mon Adam.

    Puis elle cala son fils contre son cou et le serra avec douceur contre elle. Le petit pesta légèrement, mais d'une main maladroite, il agrippa une mèche de cheveux défaite de sa mère.

    Ce fut bien grogie qu'Aslinn s'éveilla ce matin-là. Elle avait enfin commencé l'école, et cela était épuisant. Sa vie de bambine était bien plus tranquille et si emplie de sieste. La pauvrette sortit de ses draps puis se frotta les yeux ensablés. Elle n'aimait pas ça... l'école c'était nul et sans intérêt.

    Mais c'était obligatoire. Sa maman lui avait dit qu'avec le temps, elle allait s'y habituer et commencer à apprécier. Mais Aslinn en doutait fortement. Devoir se lever tôt, aller en classe, écouter la maitresse et avoir des devoirs à faire, c'était pas drôle. Mais alors pas du tout amusant.

    Voir ses jeunes frères et sa soeur passer leur temps à babiller et à jouer, cela la rendait envieuse. Elle aussi, elle souhaitait passer sa vie à jouer. Apprendre, c'était si barbant. Elle engouffra sa bouchée de gâteau mollement, puis mâcha sans grande conviction. Si c'était ça "grandir" et bien, c'était nul...

    Mais heureusement, aujourd'hui c'était samedi. Et elle pouvait jouer de tout son soûl, sans se soucier des devoirs, des cours et de ses camarades de classe. On lui avait promit moult amis, mais aucun d'eux ne voulait jouer avec elle. Alors, elle restait dans son coin, se créant un monde et des histoires à l'infini, dont elle était l'héroïne.

    Aslinn n'avait certes pas d'amis -pas encore lui avait soutenu sa mère- mais elle avait un confident. Un grand-père présent et aimant. La petite restait toujours dans ses jambes, toujours à réclamer de l'attention. Et le vieil homme répondait systèmatiquement présent.

    Aujourd'hui encore, elle était avec lui, dans la cour arrière de la maison. Affublés de leur chaud manteaux d'hiver, les deux comparses discutaient de tout et de rien.

    - Mais Papy ! Elle est nulle cette chanson !

    - Ah bon ? S'étonna, faussement peiné, Lawrence.

    Aslinn arqua un sourcil et secoua la tête de haut en bas. Cela fit rire le vieil homme qui continuait pourtant à fredonner son air. C'était une de ses propres compositions qu'il avait écrite lors de ses années d'université. Il n'avait pas encore rencontré Ambrine à ce moment là.

    Elle représentait sa solitude, son mal être et son incompréhension du monde qui l'entourait à l'époque. Il souhaitait qu'au moins un de ses petits enfants la connaissent. Mais Aslinn ne semblait pas encline à l'apprendre. Il devait reconnaître que les paroles étaient bien trop abstraite pour un esprit d'enfant.

    - Mais oui ! Insista t'elle. Papy, pourquoi pleurer alors qu'on est seul ? C'est cool d'être tout seul. Personne pour te dire quoi faire, pour t'embêter. Tu peux dormir quand tu veux, tu peux manger ce que tu veux et tu peux jouer autant que tu veux !

    Cette explication candide arracha un rire au vieil homme. Aslinn était bien une enfant. Ses principaux rêves étaient de dormir, manger et jouer.

    S'il pouvait lui même remonter à cette époque d'insouciance, il le ferait avec plaisir. La vie d'adulte n'était jamais une partie de plaisir, il y avait toujours un imprévu, des trahisons et des responsabilités à n'en plus finir. Mais en même temps, il y avait l'amour, la vie de famille et la joie de voir sa famille grandir et prospérer.

    La petite Aslinn courrait en riant, s'ébrouant dans la neige. Alors que Lawrence était dans ses pensées, elle en profita pour lui lancer une boule de neige. Le vieil homme, surpris, la fixa tandis qu'elle riait. Son éclat de rire échantait le coeur de l'homme et se joignit à la bataille.

    Cette bataille était un jeu, mais elle y reflétait sa vie. Une lutte contre la peine, afin de laisser le bonheur envahir son monde. Et il y été parvenu. Certes, Ambrine lui manquait terriblement, et il aurait été si heureux de l'avoir à ses côtés afin de savourer ce genre de moment avec elle, mais il voyait de ses propres yeux ce qu'ils avaient crée ensemble. Une famille heureuse et épanouie.

    A l'intérieur, bien à l'abri de la morsure de froid, Anaïs s'acharnait sur l'apprentissage d'Aurélianne. La petite était une vraie tête de mule et refusait tout bonnement de répeter ce que sa mère lui demander.

    - Allez ma Princesse. Fais plaisir à Maman, et répète après moi : aimer.

    Anaïs n'avait peut être pas choisi le meilleur des mots mais elle avait déjà tenté tant de mot qu'elle était à court d'idée.

    Mais il fallait croire que ce verbe, ce mot d'amour n'était pas le premier sur la liste d'intérêt de la petite. La frimousse se tordait en une adorable grimace à chaque fois qu'Anaïs prononçait un mot différent. La blonde soupira et rendit les armes. Pour l'instant... S'il y avait bien un trait de caractère qu'elle avait hérité de ses ancêtres, c'était sa détermination frôlant l'entêtement.

    L'heure n'était plus à l'apprentissage, mais au jeu. La nuit voilait légèrement le ciel, mais la neige continuait de tomber. Eloi brava le froid, sur l'insistance de la princesse, et l'installa sur le jouet automatique du jardin. La petite avait observer sa grande soeur jouer avec toute l'après-midi, à travers la vitre, et n'avait cessé de pleurnicher. Elle voulait y jouer. Elle voulait chevaucher cette belle abeille.

    Alors Eloi avait rendu les armes et avait accédé aux caprices de la reine. Aurélianne était souriante et ne cessait de rire, sous les applaudissements de son père. Eloi était gaga de ses enfants et aucun d'eux ne manqueraient de quoique ce soit. Et s'il fallait qu'il sacrifit quelques heures de travail pour le bien être de ses enfants, il le ferait.

    Mais l'heure tournait et le soleil déclinait. Or, la petite ne l'entendait pas de cette oreille. Pourtant elle ne semblait pas encline à obéir à son père. Eloi soupira et insista longuement. Mais elle finit par croiser les bras et commença à bouder.

    Elle lui jeta même un regard noir, comme savait le faire les enfants capricieux. Mais cela n'eut pas l'effet escompter, car tout la rendait si mignonne, aux yeux de ses parents. Eloi éclata de rire, ce qui accentua sa moue.

    - Allez petite Princesse, il est l'heure d'aller au lit.

    - Na !

    - Oh que si !

    - Na.

    Et elle n'en démordrait pas. Têtue ? Oui. Déterminée ? Oui ? Obstinée ? Egalement. Cela fit rire bien plus encore le roux qui ne pouvait de voir en elle, la face cachée de sa femme. Anaïs paraissait agréable et concilliante, mais sous cet aspect, elle était obstinée.

    - Aurélianne ! Dit Eloi avec fermeté.

    La petite sursauta légèrement, puis baissa le regard. Son père avait cessé de rire et elle avait joué un peu trop avec le feu. Elle leva les bras et laissa son père l'extirper du jeu. Mais même si elle se savait en tort, elle fronçait toujours les sourcils.

    - Méchant Papa... Boudait elle.

    - Oui, mais Papa t'aime, ma Princesse.

    Cela arracha un sourire à la petite, malgré elle. Elle se colla à son père et le serra fort contre elle. Son père, elle l'adorait, même s'il la grondait.


  • Commentaires

    1
    Jeudi 30 Avril 2015 à 12:16

    Aurèliane est magnifique ♥ j'aime toujours autant cette famille :)

    2
    Jeudi 30 Avril 2015 à 13:33

    Merci Marie (je peux t'appeler ainsi ? ) mes bébés grandissent et plus ils le font, plus la fin est proche T-T

    3
    Vendredi 1er Mai 2015 à 07:39

    Heu... Eloi ta montre est sur l'autre poignet xD Sacré caractère cette petite Aurélianne :D

    4
    Jeudi 7 Mai 2015 à 15:15

    Du caractère, elle en a, c'est sur ! Et c'est pas fini ! Elle m'en fera baver jusqu'au bout XD

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :