Episode 16

De la neige, toujours de la neige. C'était un temps froid et sec, malgré l'humidité des flocons. L'hiver était bien là, bien ancré sur cette ville qu'était Meadow Glenn. On en venait parfois à détester cette neige, pourtant elle faisait le bonheur des petits comme des grands. Les plus vieux se remémoraient avec nostalgie de leur jeunesse, tandis que les plus jeunes s'ébrouaient et découvraient avec joie cette offrande hivernal.

Mais chez les Vauganne, c'était une toute autre scène qui se dessinait. Les enfants jouaient tranquillement ensemble sur le table d'activité, partageant avec frère et soeur leur trouvaille et leur jouet.

- Regarde Aurélianne ! S'extasiait Aslinn devant sa propre construction.

Mais la petite ne daigna lui offrir toute son attention. La cadette lorgna sur sa grande sœur avant de lui subtiliser une pièce de sa construction.

- Hey !! Aurélianne ! C'est pas gentil, ça ! S'indigna l'aînée.

Mais la bambine riait dans sa moustache.

La petite Aurélianne était taquine et c'était toujours drôle de voir sa grande sœur s'apitoyer et se plaindre. Un sourire narquois naquit sur ses lèvres tandis qu'elle observait son jumeau. Cyprien était silencieux, affairé à mâchonner son bloc de construction. Le regard de la petite Aurélianne parlait pour elle. Le brun allait être sa prochaine victime.

Au même moment, devant la maison, un couple pas si inconnu s'extirpait de sa belle voiture. Yoric refermait sa portière alors que Jessica, sa femme, ne cessait de soupirer.

- Jessica, on est pas souvent réuni, j'aimerais que tu arrête de tirer la tronche et que tu sois plus souriante.

- Mais je n'ai pas envie d'y aller.

- Tu aurais peut être préférée rester avec nos enfants ?

Jessica soupira de nouveau. Elle adorait ses enfants, mais leurs trois garçons étaient une source inépuisable d'énergie, et ne cessait de lui subtiliser la sienne. C'était la journée des flocons, et la jeune femme souhaitait simplement se reposer chez elle. Mais avec la tornade qu'était leurs enfants, Jessica dû reconnaitre que son mari avec raison : la maison de sa sœur, bien qu'empli d'enfant et de monde, serait bien plus reposante.

A l'intérieur, le débat était animé. Se trouvaient dans la demeure un Taliesin dynamique, une Keiko désabusée, et un Lawrence amusé. Yoric les fixait avec un sentiment d'amour mélangé à l'amusement. Il était si occupé qu'il ne prenait plus le temps de visiter sa propre famille, et les voir ainsi lui fit comprendre qu'ils lui manquaient. Anaïs les rejoignait alors, sortant de la salle de bain. Ses matinées étaient toujours mouvementées, et ce genre d'évènements empiété aisément sur son temps personnel. Alors elle fit une douche rapide avant de rejoindre les siens.

- Le plus drôle dans tout ça, c'est que le client a trouvé ma prestation si comique qu'il me réclame à chacun de ses repas, au restaurant.

- Je pense que ton client à une case en moins. Intervint Keiko, riant. Parce que réclamer à chacune de ses visites que tu lui explose une tarte à la crème en pleine face c'est...

- Oui, je pense la même chose, soupira Taliesin, mais c'est un ordre de mon chef, et comme on dit : le client est roi !

Lawrence écoutait en silence, appréciant les anecdotes de son fils. Il était heureux de voir sa famille si épanouie, et que chacun de ses six enfants ainsi que leur compagnes et compagnons s'appréciaient autant. Il remercia Ambrine pour ce merveilleux cadeau qu'elle lui légua. Anaïs le surprit en lui tenant la main. La blonde avait senti que son père était parti très loin dans ses souvenirs. Ne pas avoir Ambrine à leurs côtés, un jour comme celui-ci, était étrange.

Mais le patriarche ne se laissa pas abattre. Il baisa la joue de sa fille et laissa les jeunes ensemble afin de s'occuper de la mise en place des cadeaux. Lawrence avait bien vieilli et ses vieux os ne le supportaient plus comme avant, alors il avait dû laisser un peu de sa fierté de côté et avait adopté une canne. Mais a croire que cet ustensile était un signe de richesse et d'élégance, car depuis qu'il l'employait, une jeune artiste de sa boite de production, ne cessait de le harceler et de lui faire les yeux doux.

Si sa femme était encore de ce monde, elle en aurait rit puis aurait montrer les griffes devant cette jeunette pleine d'ardeur. Mais le vieil homme, malgré l'étrangeté de la situation, s'en amusait et se sentait même flatté. Mais l'heure n'était plus à la flatterie, mais à la fête. Et si Lawrence avait organisé cet évènement, c'était pour sa petite-fille chérie : Aslinn.

- Allez tout le monde, c'est l'heure !

La petite famille s'agglutina alors dans le salon, se partageant les places du canapé et autour de la table.

Aslinn s'installa au plus près, se trouvant entre sa tante Khali et son oncle Tal'. La petite avait les mains moites et sentait son cœur s'emballer. Elle était excitée, elle avait attendu ce jour toute la semaine, depuis que son grand-père le lui avait annoncé.

- Allons ma grande, tu es pressée ? S'enquit alors Khali.

Aslinn secoua la tête de haut en bas avec un grand enthousiasme, cela fit rire la jeune femme qui lui tapota l'épaule et en lui demanda de prendre patience. Son tour viendrait, à coup sur.

D'ailleurs ce fut rapidement le cas. Ouvrant fébrilement le paquet où son prénom était inscrit, la petite Aslinn découvrit avec bonheur ce qu'elle souhaitait le plus au monde : une maison de poupée. Elle sautait sur place, courut dans tout le salon, puis baisa les joues de ses parents et son grand-père, sous les rires de toute la famille. Puis les tours s'enchaîna, chacun héritant d'un cadeau à leur goût. Chacune des femmes avaient reçu un bijou de la part de leur époux respectif.

Keiko avait apporté un paquet de la part d'Azilis qui n'avait pu se dégager. Et la belle actrice avait reçut une magnifique bague ornait d'ambre. Anaïs fut un instant jalouse de ce présent, mais Eloi lui offrit une magnifique parure de turquoise. La belle avait alors gratifié son homme d'un baiser et d'une paire de gant en cuir.

La fête battait de son plein, les cadeaux tombant à foison et les discussions filant. On apprit cette après-midi là que Khali était de nouveau enceinte.

- Avec Will, on aurait aimé vous l'apprendre ensemble...

- On sait qu'il est occupé avec son boulot. Dit simplement Eudes.

- D'ailleurs il est où en ce moment ? S'enquit Jessica.

- Oh, à Sunset Valley !

- C'est une belle ville, à ce que l'on raconte. Continua la rousse. Ensoleillée et toujours animée, à ce qu'on dit.

- Pour y être déjà allée, je confirme, ajouta Khali. Mais Will s'ennuit là-bas, même s'il est assez social, les habitants restent fermé à lui.

- Le plus important c'est que sa tournée marche bien. Conclut Eudes.

Puis le brun surprit son propre frère fixer l'autre bout de la pièce. Son visage se défaisait à chaque seconde qui passait. Intrigué, Eudes porta son regard au même endroit que Taliesin et ce qu'il vit lui arracha un hoquet d'horreur.

Sans attendre, il se précipita dans l'espace lecture et ses doutes se confirmèrent. Son père trépassait. Lawrence avait expiré son dernier souffle et regardait son corps se transformer sous le regard médusé de son fils. Eudes ameuta le reste de la famille sous ses cris.

Taliesin explosa en larme, tandis que Yoric s'approchait de lui. Il ne pouvait croire ce qu'il se déroulait sous ses yeux. Lui qui pensait passer un bon moment en famille... Mais non, son père passait l'arme à gauche. Le brun détourna le regard et laissa une larme s'échapper de ses yeux.

Lawrence implorait pour sa vie. Non pas qu'il ne souhaitait rejoindre sa belle Ambrine, mais il ne souhaitait pas que cela se passe de cette manière. Pas devant ses enfants, pas devant sa famille et surtout pas un jour comme celui-cI. C'était un jour de fête et de joie, et non de larme et de tristesse.

Mais la Dame en noire resta muette devant la peine et l'imploration du vieil homme. Elle avait d'autre chose à faire, bien plus importante que d'écouter une plaidoirie, somme toute inutile.

- Je vous en prie...

- Toi qui a osé donner naissance à la descendance de cette infâme Aimée, tu oses me demander du temps ? Et bien, je refuse ! Et de toute façon, même si je le voulais, je n'en ai pas en stock ! Et du temps c'est de l'argent ! Allez mon vieux, on se relève, on prend valise et on dit au revoir à tout le monde ! J'ai pas que ça à faire, j'ai mes os à faire polir !

Ainsi parla la mort. Le vieil homme se releva, la tête basse et la mine résignée. Il allait tourner une nouvelle page de son histoire, celle qui la concluait. Et cela, devant sa famille, sa chère famille construite avec tant d'amour et de patience.

Yoric, son tout dernier enfant. Il était fier de lui, cet enfant si droit et si honnête qui s'engageait vers une voie difficile. Taliesin, son si charmant Taliesin qui avait toujours le sourire aux lèvres. Cela crevait le cœur du vieil homme de voir ainsi son enfant pleurer. Anaïs, sa belle Anaïs qui était si douce et qui lui ressemblait tant. Il savait que sa disparition allait lui faire énormément de mal. Eudes, son aîné qui mûrissait au fils des jours et des ans. Willheim, ce fils qui suivit ses traces dans la musique et Azilis, la si rebelle et joviale Azilis...

Il secoua la tête lentement, et planta ses yeux dans le regard de chacun de ses enfants présent ce jour-là. Et un sourire naquit sur ses lèvres transparentes.

- Ma belle Ambrine... Me voilà tout à toi désormais.

Alors que tout le monde pleurait la disparition de patriarche, la Mort effectuait une danse ridicule derrière le dos de tous ces Vauganne endeuillés. Elle avait réussi. Encore une âme pour elle, c'était comme un pas de plus vers son objectif final : Exterminer tous les Vauganne !

Les larmes s'asséchèrent doucement. Anaïs devait prendre les choses en mains et prévenir les absents. Même si leurs conjointes étaient présentes, Willheim et Azilis devaient en être informés, et elle se devait de le faire elle même.

Mais sous cette peine, les adultes oublièrent une pauvre âme innocente qui, resta là tout le temps, à observer ses aînés pleurer à chaude larme. Aslinn câlinait sa poupée, la berçant lentement contre elle. Elle venait de voir son grand-père disparaitre. Tout comme les sourires de ses oncles et tantes de leur visage. Elle ne comprenait guère ce qu'il venait de se produire.

Et on l'oublia. Anaïs se réfugia dans la chambre des enfants, car Adam pleurait. Elle le prit contre lui, tandis que les jumeaux s'installaient sur leurs pots. Ils avaient bien grandi et appris à être plus indépendant, ce qui soulageait leur mère. Adam était encore si petit qu'il réclamait énormément d'attention. Mais Anaïs ne se sentait pas capable de lui en donner assez, surtout après le décès de son père.

Les bambins fixaient leur mère sans trop comprendre la raison de ses larmes. Anaïs ne souhaitait pleurer devant eux, mais elle ne pouvait s'en empêcher. Lawrence était toujours présent, prêt à s'occuper des enfants. Elle avait espéré, secrètement, qu'en entrant dans la pièce, qu'il s'y trouverait. Mais son rêve fut rapidement réduit à néant.

- 'lianne... Maman peure...

La bambine fixa son jumeau et de son index lui intima le silence. Cyprien avait la voix peinée et Aurélianne cherchait à comprendre la tristesse de sa mère.

Après avoir terminé avec le pot, la petite se redressa et agrippa le bas de la jupe de sa mère. Cela attira l'attention d'Anaïs, qui sans attendre, la prit dans ses bras et la serra fort contre elle. La chaleur de ce petit être lui réchauffa le cœur mais hélas renforça le flot de ses larmes.

D'un geste tendre et simple, la petite toucha les joues humides de sa mère, puis goutta à cette eau étrange. Le bout de sa langue sentit le sel qu'elle contenait. Aurélianne n'apprécia guère et le fit savoir en fronçant du nez. Cela arracha un petit sourire à Anaïs, un sourire amer, tout comme le goût de ses larmes.

Dans le couloir, non loin de là, Eloi procédait de la même manière avec son fils. Mais plutôt que les larmes, l'homme préféra les mots et tenta d'expliquer à Cyprien la raison de sa tristesse. Mais le bambin était bien trop jeune pour saisir la notion abstraite de la mort. Eloi soupira et prit réconfort dans la chaleur de son enfant.

- Tout ce que je souhaite, c'est qu'un jour, tu ais le cœur aussi bon que ton grand-père, Cyprien.

Le petit le fixa avec un air perplexe puis désigna du doigt la photo de ses grands-parents. Eloi entama alors l'explication de chaque portrait, la galerie de la famille. Cyprien écoutait, sans trop y prêter attention, et s'agitait en reconnaissant quelques membres de la famille, notamment sa mère.

Les convives étaient toujours présent mais bien trop triste pour rire ou encore discuter. Alors qu'Eloi avait placé Cyprien dans sa chaise haute, il dut s'absenter et laissa à son aînée la charge de nourrir son petit frère. Aslinn, en bonne fille, obéit à son père et donna une assiette de purée à son petit frère. Elle le regardait manger et se posa une multitude de question.

- Dis Cyprien... Papy... Il ne reviendra pas ?

Le petit la regarda, curieux puis reprit rapidement son jeu avec la nourriture. La blonde soupira puis tenta de lui montrer comment manger proprement. Ce fut à cet instant que Taliesin arriva.

- Ca va ma grande ?

Mais la petite ne lui répondit pas. Elle se grattait le haut du crane, à l'aide de l'index. Taliesin soupira et posa une main sur son épaule. Aslinn se retourna, et les yeux vide d'expression, elle fixa son oncle.

- Tu vas bien ?

- Dis Tonton...

- Oui ? Répondit l'homme.

- Papy... Il a quoi ?

Taliesin recula légèrement, étonné par la question innocente de sa nièce. La petite était bien trop jeune pour comprendre les évènements et personne n'avait daigné le lui expliquer.

- Et bien... Papy est parti très loin. Entama le cuisinier.

- Où ca ?

- Un endroit innaccessible pour nous.

La petite le fixait avec encore plus de curiosité, à chacun de ses mots. Taliesin se gratta la tête, comprennant qu'il ne s'y prenait pas de la bonne manière.

- Papy est parti loin, ma grande. Dans un endroit que l'on nomme Paradis.

Mais Aslinn tentait de comprendre, en vain. Il lui caressa la joue et lui permit d'aller jouer.

Peu après le départ d'Aslinn, Anaïs s'écroula dans les bras de son frère. Elle savait que sa peine était tout la même, mais elle avait besoin d'une épaule sur laquelle pleurer. Tal' la consola en lui caressant le dos et les cheveux, comme il avait l'habitude de le faire, auparavant.

- Il va me manquer... Terriblement... Dit d'une voix faible la blonde.

- A moi aussi... Papa a toujours été le pilier de notre famille.

Elle fit signe qu'elle comprenait, mais garda ses bras autour de son frère. Elle se savait soutenue en la personne d'Eloi, mais la chaleur de Taliesin était différente, bien plus fraternelle. Il lui releva le menton et lui fit signe de sourire.

- Cela va prendre du temps, Anaïs, mais on surmontera ça. Papa est bien plus heureux là où il est. Maman ne sera plus seule désormais.

Cela consola légèrement Anaïs qui hocha la tête et lui offrit un léger sourire.

- Mais avant ça, il faut que tu prennes le temps d'expliquer la ... chose à Aslinn. Elle est totalement perdue.

Anaïs baissa de nouveau le regard. Elle ne se sentait pas prête à expliquer la mort et son concept sans laisser ses larmes couler. Mais son frère avait raison, elle n'avait pas le droit de laisser sa fille dans l'ombre.

Le soir venu, après que tout le monde fut rentré chez eux, Anaïs faisait la lecture à sa fille, comme elle le lui avait promis, le matin même. Mais la mère avait les yeux aussi rouge que son haut et sa tête lourde de peine. Sa lecture n'était pas aussi enthousiasme que d'ordinaire.

- Dis Maman ?

- Oui ma grenouille ?

- Tu sais... tu n'as pas à te forcer. Si tu n'as pas envie de lire...

Anaïs suspendit son geste et fixa avec tristesse sa propre enfant. Aslinn était un ange de bonté de compréhension. Son empathie était la même que celle de Lawrence, cela fit monter les larmes aux yeux d'Anaïs.

- Je suis désolée ma grande. Je sui fatiguée, c'est vrai.

- C'est à cause de Papy ? Demanda innocemment la petite.

Anaïs referma le livre et le déposa sur la table de chevet. Elle fixa sa fille, les yeux ronds de curiosité. Elle prit une grande inspiration et relâcha la pression.

- Aslinn, qu'est-ce qui est arrivé à Papy, cet après-midi ?

La petite releva la tête de son oreiller et tenta de mettre des mots sur ses sentiments.

- Papy est parti loin et on peut pas y aller avec lui.

- Oui... Et tu sais comment on appelle ça ? Aslinn fit signe que non. La mort, ma grenouille. Papy est parti au ciel, rejoindre ta Mamie.

- Pourquoi ?

- Car c'était son heure.

Aslinn fixa sa mère, assoiffée de curiosité. Anaïs détourna les yeux un instant. C'était difficile de lui expliquer les choses tout en minimisant sa peine. Assise sur le bord du lot, Anaïs se donna du courage en joignant ses mains.

- Chaque être vivant vit et meurt, Aslinn. Un jour, moi aussi, je partirai de la maison et j'irais au ciel rejoindre Papy et Mamie.

- Moi aussi ? Demanda effrayée l'enfant, chose à laquelle sa mère répondit à l'affirmatif. C'est pas drôle.

- Nous ne sommes pas éternels, Aslinn. La mort fait partie de la vie.

- Mais ca fait mal... Là... Dit la fillette en se tenant le cœur.

- Oui... Je sais ma grenouille. La mort c'est toujours douloureux, pour ceux qui restent. Mais pleurer n'est pas une mauvaise chose, Aslinn. Dit Anaïs en essuyant une larme de sa fille. Au contraire, cela montre que tu aime beaucoup ton Papy.

- Mais Papy... est-ce qui m'aime, lui ? C'est méchant de nous abandonner.

Cela fit doucement sourire Anaïs. La réaction de sa fille était touchante et attendrissante.

- Bien sûr que ton Papy t'aime. Il t'aimera toujours et sera toujours là pour te protéger.

Aslinn renifla avant de s'essuyer le nez avec sa main. Anaïs lui baisa le front et lui essuya quelques larmes avec son pouce .

- Maintenant, il est l'heure de dormir, ma Grenouille.

Elle hocha du chef et s'installa plus confortablement sur son oreiller. La petite ferma les yeux et se laissa tranquillement couler dans le pays des rêves. Anaïs resta un long moment à l'observer dormir avant de quitter le bord du lot. La photo qui ornait le lit était un moment passé, mais elle représentait deux phases de son histoire. Une partie passé -aujourd'hui disparue- et une partie du futur, remise entre les mains de ses enfants.

- Je t'en supplie, Papa. Sois heureux avec Maman, mais n'oublie pas ta famille... Ne m'oublie pas.