• Episode 19 - Les affres du coeur

     

    Episode 19

    Episode 19 - Les affres du coeur

    Ma vie continua, simplement. Chaque jour se ressemblait, mais je ne me laissai pas abattre, comme ma mère l’aurait souhaité. Je n’étais qu’une simple fille sans passé et sans avenir. Il était de mon devoir de me construire un avenir.

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    Comme promis, mes oncles passèrent régulièrement me voir, et je les reçus toujours avec bonne humeur. Parfois ils me reprochaient mon laisser aller. Mais ils venaient toujours à l’improviste, et je sortais généralement d’une bonne séance de sport ou de jardinage. Quoi de plus étonnant qu’on mon odeur ne fut pas composée de rose ?

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    Enfin, mon oncle Mathis venait le plus souvent, plus que mon oncle Aldrick, et la plupart du temps, je le retrouvais en train de pleurer sur la tombe de Maman. C’était étrange car il n’était que l’époux de mon oncle, qui lui était le frère de ma mère… Mais il y avait une histoire sous toutes ces émotions. Un passé dont je ne fis pas partie, hélas…

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    Cependant, ce fut grâce à Mathis que j’obtins mon permis de conduire. Il fut très patient avec moi, malgré sa peur, car il fallait le reconnaître que je n’étais pas une championne de F1… et je ne le serais jamais. Ce n’était pas dans mes ambitions.

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    Si je ne voyais plus ma mère, je savais qu’elle se portait bien, grâce aux autres fantômes de la maison. Aimée était souvent présente. Je pouvais ainsi dire que je ne fus pas vraiment seule dans cette maison. Même si cette compagnie étrange remplie mon quotidien, elle ne valait pas la compagnie d’être vivant.

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    Et pour cela, il y avait l’école. J’ai compris qu’il valait mieux éviter de sécher les cours. Aldrick m’a fait un long sermon sur ce fait, et puis si je voulais un avenir autant m’y rendre et apprendre.

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    Même si je m’épanouissais, il y avait une chose qui restait incertaine dans ma vie. Mon père… Il y avait trop de secret autour de lui. Bien que des semaines fussent passées depuis la mort de Maman, je n’avais pas réellement de nouvelle et à vrai dire, cela m’était complétement sortie de la tête, trop occupée à vivre et ne pas couler.

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    Un jour, je reçu un appel. Un appel de ce père que je pensais à jamais inaccessible. Il me présenta ses condoléances, pensant sincèrement que ma mère fut une femme bien. Je ne savais pas pourquoi mais j’avais du mal à y croire. Ses paroles paraissaient fausses…

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    Mais soit ! Nous avions convenu d’un rendez-vous ce jour-là. Ce fut la raison de ma présence en ville, après l’école. Il vivait dans un très bel immeuble, en plein centre-ville. J’ai sonné, impressionnée et engourdie par le froid. L’hiver était désormais présent et bien ancré dans le décor de la ville. Je me réchauffais tant bien que mal lorsqu’il arriva. Enfin, je supposai que ce fut lui car cela faisait cinq minutes que j’étais en bas, à attendre, et personne ne vint.

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    Il n’y avait aucun doute possible lorsque je croisai ses yeux des miens. Nos expressions étaient identiques, il ne pouvait me renier et moi l’ignorer.

    - Ambrine ?

    - Euh… oui, dis-je timidement.

    - Enfin on se rencontre ! Le téléphone c’est bien mais ça détruit les contacts, non ?

    J’étais incapable de parler. Aucun mot ne sortait de ma gorge nouée. Ce fut à cet instant, alors que je lâchai sa main, que mon nez se mit à me démanger et j’éternuai.

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    Avec un sourire chaleureux il me fit entrer. Je le suivi avec reconnaissance, sentant la chaleur bienfaitrice dès mon premier pas dans le bâtiment. C’était un bâtiment chic et propre où la vie semblait de qualité.

    - Séverine, regarde un peu qui est là ?

    Je dépassai la tête de derrière mon père et découvrit une magnifique blonde tenant un bambin contre son sein. La dite Séverine se tourna alors vers moi et hurla comme une folle hystérique. Son cri m’effraya un tantinet et me fit hésiter. Mais un regard de mon père et j’entrai.

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    - Alors c’est toi Ambrine !?

    - Euh oui… Bonjour ?

    - Excuse la … Elle est parfois exubérante !

    - Hé ! S’exclama alors Sévérine à l’encontre de Maxance.

    - Mais c’est une gentille fille.

    - J’espère bien.

    - Qui …

    - Ah oui, pardon ! Je suis Séverine Oiseau-Riffin, autrement dit…

    - Une cousine de Maman.

    - Tout à fait !

    Cela me laissa perplexe, que faisait mon père avec cette femme surexcitée ? Etaient-ils en couple ? Non qu’il y ait du mal à cela, après tout, il n’était plus avec ma mère depuis longtemps.

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    Je me suis alors retournée vers lui et j’ai osé. Osé poser cette question fatidique et qui me taraudait depuis nombre d’année.

    - Maxance vous…

    - Papa et tu, s’il te plait.

    - Papa, pourquoi vous n’étiez plus ensemble ?

    - Avec ta mère ? C’est compliqué… Je ne sais pas si tu es prête à l’entendre.

    Et voilà ! Encore la même rengaine ! J’ai pourtant grandi ! Je n’étais plus une petite fille qui cherchait à comprendre son origine.

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    - Pas de ça ! Maman me servait toujours cette même excuse ! Je suis assez grande pour comprendre les histoires de cœur entre adulte, non ?

    Cette réponse ne sembla pas plaire à mon père car il jeta un regard déprimé à Séverine qui quitta la pièce avec un petit sourire contrit. Cette réaction m’étonna un peu mais je n’allai pas perdre ma détermination. Des questions sans réponses, j’en avais assez ! Il me fallait des réponses, désormais.

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    - Ecoute, c’est pas facile à dire… J’ai peur que tu le prennes mal… Tenta mon père.

    - Je crois que j’ai un seuil élevé à la douleur… Ça ne peut pas être pire que de perdre une mère.

    Il ne trouva rien à dire… En même temps, quoi de plus normal ? Mais je restai campée sur mes positions. J’en avais marre d’être dans le noir.

    - Avec ta mère… C’était plus une histoire de réconfort que d’amour.

    - De réconfort ?

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    Et de là, toute l’histoire découla. Je n’aurai jamais cru possible ce genre de situation. A part dans les films, et là encore, le happy end était au rendez-vous.  Je quittai alors mon père, sur de bon mot et une promesse d’une autre rencontre. Je n’étais pas triste, ni bouleversée, juste choquée. Je ne pensais pas ma mère capable d’une telle chose.

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    Elle était mon exemple, mon modèle, mais elle était avant tout humaine et femme. Elle avait des faiblesses, comme tous êtres humains qui peuplaient cette terre. Mais chaque enfant idéalisait sa mère, c’était instinctif. Mère, Père… Ils étaient là pour nous guider et nous montrer la bonne marche à suivre. Je comprenais désormais le silence de ma mère et de la honte qu’elle éprouvait.

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    Elle avait happé mon père dans une sordide histoire de fesse, l’un comme l’autre déçu par un amour non partagé. Mon père m’appris qu’il fut, adolescent, le petit ami de mon oncle et qu’il l’aimait encore lorsqu’il se maria avec Mathis.  Je pouvais comprendre et concevoir que lorsque deux être perdus et déçus puissent chercher réconfort mais… Pas ma mère ! Elle qui était si rationnelle, si scientifique, si éthique !

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    Une chose me laissait encore plus perplexe, cependant : de qui pouvait-elle être amoureuse, si ce n’était pas mon père ? Il n’y avait pas d’homme dans son cercle très fermé d’amis. A part mon oncle et Iorhaël… Non, Iorhaël c’était strictement impossible ! Seule Adélaïde pouvait tomber amoureuse de lui, vu ce que pouvait me raconter Elouan sur ses parents. Il ne restait plus que Mathis, dans ce cas… Mais lui était farouchement amoureux de mon oncle Aldrick.

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    Je m’étais alors rendue chez eux dans l’espoir d’avoir d’autre explication et faire un petit coucou, mais ils n’étaient pas là. J’ai dû donc rebrousser chemin et reprendre la route de la maison. La tête toujours emplie de questions diverses et variées. Mon admiration pour ma mère venait d’en prendre un sacré coup mais ce n’était pas pour autant que j’allais me mettre à la détester. Elle restait ma mère, quelques furent ses erreurs –même si ma naissance était une erreur- Elouan avait raison : la raison de notre venue au monde n’était pas la plus importante, mais l’amour que l’on nous porte après était primordiale.


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