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Episode 21 - Aaah, l'adolescence
Episode 21
- A ce soir !
La porte d’entrée claqua, coupa net le son de la voix d’Aloyse. La brune était en retard et avait bien tardé dans son lit qu’à table. Le tour dans la salle de bain passa à la trappe lorsqu’elle se cassa les dents sur la porte fermée. Aèla était enfermée depuis longtemps.
En effet, l’adolescente prenait son temps ce matin. Se faisant belle. Elle n’était pas particulièrement une personne qui aimait se pomponner, mais une fois de temps en temps ne lui faisait pas de mal.
Prendre soin de soi était une façon comme une autre de se prouver qu’on s’aimait et qu’on tenait à la vie.
Et également, se concentrer sur soi-même. Oublier ne serait-ce qu’un instant les soucis.
Les soucis d’Aèla étaient simples aujourd’hui. Son frère. Ce dernier n’arrêtait pas de tambouriner à la porte, clamant que c’était son tour, que l’heure tournait.
- Enfin ! Lui fit remarquer ce dernier.
- C’est bon, Anthelm. Tu vas pas en faire tout un plat.
- T’as vu l’heure ?
Elle lui jeta un regard malicieux puis leva une main.
- Allez ! Montre-moi que tu es un homme ! Je te mets au défi !
- Un défi ? Répéta-t-il, méfiant, regardant tour à tour la main et le visage de sa sœur.
- Il reste quoi… 5 min avant que le bus n’arrive ? Je te parie que tu n’arrives pas à être prêt dans les temps.
Sans un mot, Anthelm joignit sa main à celle d’Aèla.
- Pari tenu ! Si je gagne, tu fais mes corvées !
- Ok !
Sans demander son reste, l’adolescent fila dans la salle de bain. Aèla savait d’avance qu’elle perdrait car son frère était rapide et ne prenait pas sa douche le matin. Mais c’était l’unique façon pour elle d’échapper à un sermon d’une demi-heure.
Fin des cours. La neige n’arrêtait pas de tomber. L’hiver était enfin là, pour le bonheur de certain.
Anthelm stoppa sa sœur qui s’apprêtait à rentrer dans l’établissement.
- Où tu vas ? Les cours sont finis.
- J’ai deux-trois trucs à faire. Le concierge m’a demandé de l’aider à réparer la chaudière.
- Le concierge ?
- Ouais…
Anthelm vit bien que sa sœur n’était pas motivée pour aider à cette tâche.
- Ben, bon courage alors ?
- Ouais, c’est ça… Pfff… Préviens les parents pour moi, ok ?
- Pas de soucis !
- Salut Diègo ! Salua Aèla avant de filer à l’intérieur.
Anthelm se tourna vers leur cousin. Diègo avait bien grandit lui aussi. Il était le troisième enfant d’Elias.
- T’es pas fou de trainer en t-shirt dehors ? S’estomaqua Anthelm.
- Et toi, tu t’es vu ?
Anthelm pris la peine de se regarder. Et son cousin avait raison, il n’était pas mieux loti. Cela fit rire Anthelm qui passa un bras autour de l’épaule de Diègo qui riait tout autant.
- Tu y comprends quelque chose ?
La jeune fille soupira et regarda derrière elle. Anthelm avait beau être la grosse tête de la classe, il n’était pas pour autant des plus attentif. En fait, il était assez tête en l’air.
- Si tu lisais la consigne, Anthelm. T’y comprendrais quelque chose.
- La consigne ? Répéta le jeune homme en fixant sa feuille.
- Oui, la consigne … Tu sais, ces petites phrases qui sont avant les exercices ? Les consignes, quoi !
Il regarda plus attentivement cet énoncé. En fait, c’était tout simple. Il n’eut besoin de réfléchir.
Il écrivit la réponse en quelques secondes et se retourna à nouveau vers sa camarade.
- C’était tout bête en fait.
Elle soupira avant de rire. Anthelm était comme ça.
Tandis que la nuit était là, Aèla rentrait enfin de ses « heures supplémentaires » au lycée. Exténuée, elle dû endurer le monologue du chauffeur de taxi. Elle soupira une fois encore, tout en observant le ciel.
Si certains devaient subir les émois de chauffeur, Anthelm lui subissait une énième discussion avec sa propre mère.
- Ca serait bien que tu aides un peu plus à la maison, Anthelm.
- Mais Maman, dit-il entre deux respirations, j’aide déjà pas mal. Demande à Aèla.
- Ta sœur doit encore s’habituer au rythme du lycée.
- D’ailleurs, elle est où ?
- Je t’ai pas dit ? S’étonna Anthelm en se retournant vers sa mère.
- Dis quoi ?
- Elle a dû rester au lycée pour aider.
Aloyse observa son fils, qui l’air de rien continuait sa course. Il avait oublié de lui dire cela.
- Et tu oses oublier de me prévenir ?!! Anthelm, ta sœur est peut-être en danger en ce moment même !
- Moi je plains plutôt son potentiel agresseur. Répliqua-t-il avec humour.
- Ce n’est pas drôle Anthelm ! Rétorqua sa mère, furieuse. C’est l’hiver, la nuit tombe plus rapidement, il fait froid…
Anthelm soupira alors que sa mère énuméra encore et encore différents problèmes liés à l’obscurité, au fait que sa sœur soit une fille… Bref… Il en avait pour longtemps.
Mais Aèla était sauve et bien rentrée depuis longtemps. Elle tenait même compagnie à l’invitée de son frère. Maisy était une jeune fille agréable mais Aèla ne la connaissait pas assez bien pour dire s’il était une bonne amie ou pas.
- Dis-moi, Aèla ? La blonde la regarda. Ton frère… Est-ce que t’on frère t’a déjà parlé d’une fille ?
Cette question fit rire Aèla. Tant qu’elle ne put se retenir et rit de bon cœur.
- J’ai dit quelque chose de drôle ? Demanda, vexée, Maisy.
- Non, non… Mais si tu me poses ce genre de question c’est que tu connais mal Anthelm.
- J’ai cru que… Comme vous êtes assez proche…
- Excuse-moi d’avoir ri. Mais on a beau être proche avec Anthelm, je ne pense qu’il vienne me confier ses histoires de cœur.
- Pourquoi ? Demanda innocemment Maisy.
Aèla la regarda, les yeux ronds. En voià une bonne question : Pourquoi ? Elle adorait Anthelm et réciproquement. Mais leur complicité ne se mêlait pas aux histoires des cœurs. Ou tout simplement, ils n’en avaient pas. Elle resta coite devant le regard suppliant de la demoiselle au chapeau. Elle soupira puis fini par lui répondre :
- On est sûrement trop pudique.
Apaloossa dormait. L’heure des défunts était arrivée. Mais notre unique représentant nocturne n’était autre qu’Elven. Il profitait des joies de l’hiver.
Et retournait au stade enfance. Pauvre Elven, la mort n’était sûrement pas tendre avec lui.
Une nouvelle matinée s’installait. La nuit fut difficile pour Aloyse. Les souvenirs de Riverview la possédait, et elle avait beau se blottir contre son mari, Vagn n’était pas d’un grand réconfort lorsqu’il dormait.
Se croyant la première réveillée, elle décida d’aller préparer le petit-déjeuner. Cependant, elle découvrit Anthelm aux fourneaux.
- Bonjour mon cœur.
- Salut M’man, déjà levée ?
- Je pourrais te poser la même question.
- Aha, c’est vrai… Son rire se tût. Elle le sentit fatigué.
- Cauchemar ? Il fit signe que oui.
Elle soupira puis le prévint qu’elle allait se préparer.
Alors qu’elle s’observait, bercée par les légers ronflements de Vagn, Aloyse se remémorait cette époque chaotique que fut leur fuite. Tout quitter fut si difficile. Si cet entrepôt n’avait pas explosé, ils n’en seraient pas là.
Loin de tous ses souvenirs d’enfance, loin de l’histoire de sa famille. Elle était un peu perdue, seule par moment. Même si sa famille était là désormais, elle se sentait seule. Enfin seule n’était peut être pas le bon terme.
Elle se sentait responsable. Oui, voilà. Responsable et regrettait amèrement d’avoir trahis son patrimoine familiale. Elle avait beau se dire qu’elle n’y était pour rien, que c’était ainsi, elle n’arrivait pas à se défaire de ce goût amère dans sa bouche.
Elle entendit Vagn gémir tout en se retournant dans le lit. En le voyant ainsi, elle ne put s’empêcher de sourire amoureusement. En fait, elle n’était pas seule, et elle ne le serait plus jamais. Elle alla rejoindre son époux, lui baisa le front doucement puis se retira vers la sortie. Vagn ouvrit un œil et lui souhaita une bonne journée. Elle lui répondit d’un simple sourire puis referma la porte derrière elle.
Vagn rejoignit sans un mot ses enfants dans la cuisine. Il peinait à se déplacer. Il n’avait pas très bien dormi non plus. Car Aloyse n’arrêtait pas de gémir et de pleurer, quand elle ne se collait pas à lui. Il adorait sa femme, mais lorsqu’elle lui faisait manquer ses nuits, il était irascible. Et les premiers à en fait les frais, furent ses enfants.
- Vous pouvez pas être plus discrets le matin ?!
Les deux adolescents se regardèrent, stupéfaits. Leur père n’était pas une personne violente, tant par les gestes que par les propos, et le voir si énervé de bon matin était si rare. Même du jamais vu.
- Ca va Papa ? Se risqua Aèla.
- Je t’en pose des questions Aèla ? Mange et tais-toi.
Aèla resta muette de stupéfaction. Son frère fronça les sourcils et observa son père. Il vit que Vagn regrettait ses paroles mais que sa fierté et son autorité paternelle seraient remises en question s’il en venait à s’excuser. Anthelm soupira puis du regard, demanda à sa sœur de se taire. La blonde était prête à répliquer, mais la supplique silencieuse de son aînée la fit se raviser.
Si les nains magiques de Riverview étaient sympathiques, les nains d’Apaloossa eux… avaient un côté assez effrayant. Mais ils avaient la même passion : la télévision.
En milieu d’après-midi, après être rentrés de cours, les enfants avaient besoin de se relaxer et disputaient une partie de jeu vidéo. Aloyse, qui sortait de la douche, les rejoignit.
- Je vais t’avoir !
- Même pas en rêve Aèla !
- Doucement les enfants, ce n’est qu’un jeu. Tenta de tempérer Aloyse.
- Tu parles Maman ! Tu es la première de la course.
- C’est ça le talent, ma chérie.
- Ce qu’il faut pas entendre… Soupira Anthelm.
Un peu plus tard, Vagn les rejoignit à son tour. Il était de bien meilleure humeur que le matin.
- Vas-y Papa ! On va les avoir !
- T’en fais pas ma fille ! Je gère !!
- Maman, pour l’honneur de la famille, nous devons gagner !
- Un peu mon n’veu ! Allez Anthelm, on les aplatit !
La partie se déroula paisiblement, entre les rires et les bouderies de mauvaises joueuses. Mais la famille était en paix, heureuse d’être ensemble et jamais, Ô grand jamais, ils ne briseraient cette harmonie si durement acquis.
Un nouvel après-midi fit son apparition, et Aèla se reposait. Sa journée fut rude car les contrôles avaient plu à l’école. Tenant à sa réputation de « grosse tête » la demoiselle avait planché toute la nuit sur ses révisions.
Cependant on la réveilla pour passer à table. Elle soupira et traîna les pieds, car vu ce qu’elle pouvait sentir, le repas allait encore être de bonne facture.
- C’est tout cramé, bougonna-t-elle.
- On sait Aèla… Morigéna son père.
- Mais c’est immangeable !
- Aèla ! S’insurgea Aloyse.
- Elle a raison… Il faut reconnaître que l’on a vu mieux, tenta Vagn.
- Ah non ! Tu ne t’y mets pas Vagn. Anthelm s’est embêté à nous faire à manger alors on mange.
Le jeune garçon regardait sa famille qui engloutissait leur repas difficilement. Leur moue dégoûtée le dégoûta à son tour.
- Si mademoiselle Aèla trouve cela si mauvais, la prochaine fois elle fera le repas elle-même au lieu de roupiller toute l’aprem’ !
- Comment ça ?! Tu veux te battre Anthelm ?!!
- Pas besoin, je sais que je vais gagner… Crevette !
- Papa ! Se plaignit la demoiselle.
- Anthelm, tu pourrais être plus gentil avec ta sœur.
Il s’étouffa en avalant de travers.
- Alors là ! Je crois rêver ! Papa, tu l’as entendu ! C’est elle qui a commencé !
- Peut être. Répondit son père alors qu’il posait son assiette dans l’évier. Mais tu es l’aîné Anthelm. Tu es censé être plus mature.
Aèla décocha un clin d’œil à son frère, heureuse de gagner la bataille. Elle sortit son cahier afin de faire ses devoirs.
Anthelm lui tira la langue, avant de ramasser son assiette.
- Elle a bon dos la maturité… Soupira-t-il.
- Pour la peine, Anthelm, tu feras la vaisselle.
- Quoi ?! Mais c’est au tour d’Aèla !
La demoiselle fit profil bas. L’adolescence c’était vraiment nul. Elle avait hâte d’une chose : grandir et partir.
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