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Episode 21 - Cette mauvaise amie qu'est l'adolescence
Episode 21
Il fut décidé que les enfants sortaient ce week-end. Seuls, comme des grands, afin de fêter l’anniversaire du petit dernier. Le trio d’adolescent s’engouffra alors dans un taxi et prit la direction du parc près de la plage.
Dans ce parc, ils purent rencontrer Othilie –qui avait bien vieillie- et ses deux jumelles. Ils n’eurent guère le temps d’échanger car toutes les trois étaient très sérieusement prises dans le concours du plus gros mangeur.
Adélaïde resta sérieuse, et profita malgré le travail pour l’école du soleil, en bouquinant avec aisance sur l’un des bancs du parc.
Les deux autres profitaient de l’été autrement : en patinant.
- Fais attention, Aldrick ! Si tu rentres avec une jambe dans le plâtre. Maman nous tueras.
- Je sais ce que je fais. Proteste-t-il, en tentant de conserver son équilibre.
- T’es le chouchou de Maman !
- J’y peux rien ! M’man veut pas me lâcher la grappe !
- Plaint toi, je vais pleurer.
- Aveline, t’es vachement amère depuis quelques temps, qu’est ce t’as ?
- C’est pas tes affaires ! S’emporta la brune, manquant de tomber.
Son frère soupira et l’aida à se relever. Fière, elle n’accepta pas son aide et quitta la piste. Aldrick la suivit, inquiet, lorsque son téléphone vibra. Il reçut un message.
- Qui c’est ?
- Notre génitrice… Soupira-t-il. Elle nous rejoint.
Les deux adolescents soupirèrent. Léonie allait les rejoindre, adieu leur tranquillité.
La famille alla à la plage adjacente. Les deux adolescents blonds se déshabillèrent en vitesse et filèrent droit dans l’eau. Aveline voulut les rejoindre, mais Léonie l’interpella.
- Quoi ? S’impatienta la brune.
- Oh ! Tu me parles autrement, s’il te plait.
- Mais Maman… Je veux aller dans l’eau !
- Deux minutes c’est trop te demander ?
Aveline soupira et croisa les bras. Qu’est-ce qu’elle avait encore à lui reprocher.
- Tu es bien insolente en ce moment, ma fille. Il va falloir que ça cesse.
- Vous pouvez pas me laisser tranquille ?! Je fais de mal à personne ! J’embête personne…
- Si, tu nous fais du mal. Ton père est très inquiet pour toi.
- Et pas toi ?
- Si… Bien sûr que si, ma grande. C’est le rôle d’une mère de s’inquiéter.
Le rôle d’une mère… Ah que ces mot avaient un goût amer. Aveline la foudroya du regard avant de partir sans un mot. Léonie la regarda faire, sans trop savoir comment agir. Elle s’attendait à avoir des problèmes avec ses filles lors de l’adolescence, mais elle misait plutôt son Adélaïde que sa brune de fille.
Elle regarda un moment ses enfants s’ébrouer dans l’océan avec joie. Les rires étaient au rendez-vous. Cela mis du baume au cœur meurtri de leur mère qui s’éloigna afin de s’installer tranquillement sur sa serviette.
Les jumelles s’amusaient à s’éclabousser. Elles étaient complices, comme toujours, même si Adélaïde restait la dominante de la paire. C’était dans son caractère. Aveline était toujours la plus effacée, même en cette période de rébellion.
- Allez ! Dis-moi ?
- Noon ! Hurla avec plaisir la brune.
- Allez ! Y’a bien un mec qui te fait craquer au lycée ?
- Et toi alors ?
- Ouais ! Tout un tas même !
- Sérieusement ? S’étonna Aveline. Toi qui voulais quitter la ville ?
- Ouais, ben j’ai grandi ma poule depuis !
- Ma poule ? Sourit Aveline.
- Ouaip, ma Poule !
Elles reprirent leur jeu sous le regard las de leur frère qui préféra reprendre sa nage loin de ces deux folles enragées. Elles remarquèrent leur cadet et d’un regard complice s’élancèrent vers lui.
Léonie lisait tranquillement, toujours allongée sur sa serviette. Elle avait entre-temps installé un poste radio et avait programmé une petite sélection de musique. Le Spécial Wyatt, comme elle aimait l’appeler. C’était, entre autre, une playlist composée de ses chansons.
Son téléphone, reposant à ses côtés, sonna. Elle quitta des yeux son livre et décrocha. C’était sa sœur, Audaline qui lui téléphonait.
- Salut ! Ça va ?
- Oui…
- Ouhla, tu as une petite voix… Tu es sûre que tout va bien ? S’inquiéta Léonie.
- C’est Nordine…
- Quoi Nordine ? Demanda-t-elle après un moment de silence.
- On s’est séparé.
- Comment ?!! Mais vous filez le parfait amour depuis le lycée !
- Comme quoi… Tout est possible.
- Qu’est ce qui s’est passé ? Il t’a trompé ?!
- Non… Il n’y a pas de raison particulière. On ne se parlait plus, on se croisait à peine.
- Audaline… Je suis désolée…
- Il n’y a pas de raison. C’est mieux ainsi.
Elles continuèrent à discuter un petit moment. Léonie était si désolée pour sa sœur. Nordine fut son seul et unique amour. Et la voilà passait dans le troisième âge, et son couple s’effondre. Sa sœur avait beau lui répéter que tout allait bien, Léonie la savait bouleversée. Elle se promit d’aller la voir très prochainement.
Il y a des jours, où il ne fait pas bon de se lever. Des jours où, même sous la couette on sait que la journée sera moche. Lorsqu’on est enfant, ce soucis-là n’existe pas. Tout est beau, tout est rose, mais adolescent on déchante rapidement.
C’est comme une bonne grosse gueule de bois qui vous saute à la gorge et ne vous quitte jamais jusqu’au prochain anniversaire. Aaah… Qu’il est dur d’être adolescent… Je comprends mieux ma sœur maintenant. Pourquoi elle est si révoltée, si en colère.
Car j’ai moi aussi une énorme envie de tout casser. De toute envoyer balader. J’ai besoin de liberté. J’ai besoin de m’exprimer. Mais ce dont j’ai surtout besoin… C’est qu’on me laisse être qui je suis.
- Surtout avec ce poster… Il est trop agressif !!
Ce garçon est un ami d’enfance : Maxance Roger. On traine ensemble depuis nos premiers pas à l’école. C’est mon meilleur ami… et je l’aime. Oui… Telle est ma malédiction. Je suis amoureux de mon meilleur ami, un garçon.
Ce secret m’étouffe, m’écrase le cœur. J’ai pourtant envie d’être comme tout le monde. Heureux, épanoui et … normal. Je le vois bien en cours, comment sont considérés les "différents". Des parias, des injuriés, des pestiférés…
Mais j’ai beau me le cacher, faire comme si rien de tout cela n’existait. Je l’aime et ça, je ne peux le détruire. Maxance est mon rayon de soleil. Si je vais à l’école, c’est pour lui.
Si je travaille bien en classe, c’est pour qu’il soit fier de moi. C’est pour que l’on ait un avenir lorsque nous seront adulte. Si un jour, je me déclare, j’espère qu’il sera à moi, rien qu’à moi… Mais je n’ai pour le moment, que mes rêves pour combler mes envies et mes espoirs.
Aujourd’hui, ma cousine Jane est à la maison. Elle est ma confidente. En fait, je ne lui en aurais jamais parlé si elle ne m’avait pas surpris en train de dévorer des yeux Maxance. Jane a un esprit assez affuté et a tout de suite compris. J’ai eu peur qu’elle me juge, mais au contraire, elle m’a soutenu –et me soutient encore- dans ma démence.
- Dis Aldrick…
- Hum ?
- Pourquoi Maxance ?
Cette question a le mérite de me faire lever le nez de mon cahier. Pourquoi lui et pas un autre ? C’est très simple, il est naturel, gentil et social.
- C’est comme ça… C’est comme si je te demandais pourquoi tes parents se sont séparés…
- Hum…
Oui, j’ai sciemment répondu cela, car elle me met mal à l’aise avec ses interrogations sur les gays et les différents fantasmes. Elle croit que notre vie est si différente des hétéros ? Ou alors elle a la tête farci par ses bêtises que l’on peut trouver dans certain manga Boys love…
- Pardon… J’aurais pas dû parler de ça.
- Non, c’est moi Jane. Tu t’es pas encore remise de leur divorce.
- Bah… On s’y fait, malgré tout. Ils s’entendent encore assez bien. Et puis… Avec Maverick et Jean-Pierre, on sait qu’ils se sont aimés très longtemps.
Plus tard, dans la soirée, alors que j’ai invité Jane à rester diner, Aveline nous rejoint après son petit boulot. Ça aussi, c’était source de conflit dans cette maison. Aveline quittait emploi sur emploi pour « tester » comme elle aime si bien le dire. Moi, personnellement, je m’en fichais pas mal. On a tous le droit de faire ses preuves, mais ma mère n’approuve pas l’indécision de ma sœur.
Mon père servait de chauffeur ses derniers temps à cette même sœur. Il est trop serviable… Quand je pense que Maman le mène par le bout du nez… Je plains mon pauvre père. Mais il ne semble pas malheureux. L’amour rend c*n…
- Bon Jane ? Tu te décides à tirer ?
- C’est bon Al’ ! Si tu me parle, je perds ma concentration.
- Cette excuse… T’es nulle, t’es nulle ! On va pas en faire une affaire d’état !
Plus tard dans la soirée, le couple se retrouvait enfin seul. Jane était rentrée chez elle avec son frère Maverick, devenu majeur depuis peu et les enfants étaient dans leur chambre. Léonie et Wyatt pouvaient enfin se retrouver seuls.
- Tu m’as manqué, ma Léonie !
- Arrête tes bêtises ! On s’est vu ce matin.
- Chaque instant loin de toi est comme un coup de poignard.
- Beau parleur… Et si tu me montrais combien je t’ai manqué ? Dit Léonie enjôleuse.
Wyatt s’empara de ses lèvres et ouvrit l’armoire.
- Tu n’es pas sérieux ?
- Allez ! Un peu de piment, ça fait jamais de mal non ?
Cette réponse fit glousser la blonde qui se jeta sur son homme, tout en lui dévorant les lèvres. Ils se déshabillèrent mutuellement puis se découvrirent de nouveau dans ce lieu insolite.
Ils ressortirent, plus que satisfait. Cependant, Léonie pu remarquer un désordre vestimentaire.
Le couple rit aux éclats. Ce qu’ils écopèrent ? Des coups contre la paroi et la voix nasillarde d’Adélaïde, dont la chambre se trouvait à côté.
- C’est pas bientôt fini oui !! Je veux dormir ! Et surtout pas de petit frère !!
Cela mit le rouge aux joues de Léonie mais l’hilarité redoubla, s’attirant de nouveau les foudres de l’adolescente.
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