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Episode 22 - Vive la descendance !
Episode 22
La neige. Cette si belle neige qui tapissait de son lourd manteau blanc les collines et les routes d’Apaloossa Plain. On pouvait dire que l’hiver était bien là. Bien ancré dans le décor et dans les cœurs.
Même dans les cœurs qui ne battaient plus. Kahei avait su en profiter et avait offert à sa famille un joli petit igloo.
Mais comme le reste des fantômes de la famille, il était fasciné par le terrain de sable. A croire que la hantise d’objet, c’était démodé.
Alors que les fantômes veillaient, les souris dansaient.
Les amoureux aimaient prendre du temps pour eux, maintenant que leurs enfants étaient assez grands pour se débrouiller tout seul.
Ils pouvaient très bien avoir leur moment intime lorsque les monstres étaient debout, mais ils préféraient les faveurs de la nuit. L’intimité était tout autre, plus de romantisme. Et comme à chaque fois, Vagn n’en faisait qu’à sa tête.
Chose qui ne déplaisait pas à sa belle. Elle connaissait ses habitudes désormais.
Et de longues sessions de jeu du regard entre eux remplaçaient sans mal les mots.
- Si seulement j’avais mon congé…
- Oui, ma Chérie…
- Mais tout le monde ne peut pas être aussi fainéant que les militaires ! Plaisanta-t-elle.
- Dis tout de suite que je ne fais rien.
Elle lui baisa la joue.
- Bien sûr que non. Mon petit mari que j’aime va, comme d’habitude, ranger la maison, faire la vaisselle, faire le lit, préparer un somptueux diner et s’occuper des papiers !
Elle l’avait bien eu. Alors que Vagn commençait à fulminer, Aloyse sortit de la maison, rejoignant sa collègue afin d’aller au travail, tout en riant.
- J’ai tellement pas envie d’aller en cours. Se plaignit la blonde.
- Et moi donc…
Leur regard se porta automatiquement sur le chauffeur qui conduisait tout en sifflotant.
- Et si…
- N’y pense même pas Aèla. Pense plutôt à ce que nous ferait Papa s’il nous voyait rentrer maintenant.
Elle déglutit, non sans peine. Anthelm avait raison. S’ils voulaient sécher, ce n’était pas le bon jour.
- Allez fidèle destrier ! Au galop !
- N’exagère pas non plus Aèla…
- T’es pas drôle !
- Et toi, lourde… Bon tu descends maintenant ?
- Lourde ??!!!
Anthelm soupira alors que sa sœur partait dans un monologue concernant sa taille gracile et mince, sa légèreté légendaire et sa beauté sans pareille. Pas de doute, se disait-il, elle était bien la fille de sa mère.
Un peu plus loin, dans la cuisine, les adultes assistaient à l’échange. Aloyse riait doucement en entendant sa fille débitait dix mots à la seconde et pour toute réponse, les soupirs de son frère. Vagn lui écoutait, mais ce ne fut pas le même sentiment qui le submergea. Il regarda sa femme qui refermait la porte du frigo. Il soupira lui aussi avant de dire :
- Telle mère, telle fille…
Le repas se passa dans le calme, tandis que les adolescents faisaient leur devoirs.
Le téléphone sonna et Aèla décrocha à la vitesse de l’éclair. Chose qui surprit Anthelm.
- Allô ?
- Aèla ? C’est Maisy.
- Oui… Oui… Non, ça va, j’étais en train de faire mes devoirs.
- Ah d’accord ! Je t’embête pas longtemps, ne t’en fais pas.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Tu vois Freddy ?
- Euh… Celui de ta classe ?
- Celui la même. L’intérêt d’Aèla s’intensifia immédiatement.
- Et bien quoi ?
Sa voix avait monté dans les aigues, par l’excitation qui la prenait. Freddy était un des « beaux gosses » du lycée. Alors bien sûr, elle ne pouvait que voir qui il était.
- Et bien, Freddy m’a demandé des trucs sur toi.
- Tu plaisantes ?
- Pourquoi je plaisanterais sur ce sujet ? C’est on ne peut plus sérieux !!
- Hiiii !!! Hurla Aèla
Derrière elle, Anthelm soupira.
- Aèla ! T’es pas toute seule !
Mais Aèla l’ignora purement et simplement. Sa conversation était bien trop importante pour être gâché par ce râleur d’Anthelm.
- Ton frère est là ? Demanda Maisy, intéressée.
- On s’en fiche de lui ! Qu’est-ce que t’as dit Freddy ?!!
- Aèla, si tu veux discuter, va dans ta chambre, ton frère a besoin de se concentrer.
Aèla soupira théâtralement, ce qui attisa le regard noir de sa mère. La petite fit profil bas.
Elle écouta, sans dire mot, ce que Maisy pouvait lui rapporter. Freddy lui aurait demandé si la blonde était célibataire, ce qu’elle avait prévu pour le bal du lycée et si elle le connaissait.
- Je le crois pas ! Je le crois pas ! Piétinait-elle.
- Et si ma belle ! T’as une touche avec le beau Freddy !
- Hiii !!! Hurlaient-elles en chœur.
Elle ne savait plus où se mettre. Excitée, impatiente, enthousiasme, débridée et à la fois gênée. Tant d’émotions à la fois lui battaient les tempes.
Elle continuait de parler, sans arriver à contrôler sa voix. Anthelm bougonnait, voulant travailler.
- Maman, tu ne peux pas dire à ta fille de sortir ?
- Aèla, s’il te plait, va dans ta chambre pour téléphoner.
- D’accord, d’accord… Finit-elle par concéder.
- Ah enfin un peu de calme !
Ça c’était ce qu’il croyait car sa mère suivit le rythme et dégaina à son tour le téléphone. Il n’y avait non une, mais deux conversations féminines dans une même pièce. Désespéré, Anthelm supplia son père de l’aider.
- Laisse ta mère en paix, Anthelm.
Il termina ses devoirs tant bien que mal et trouva refuge dans la chambre de sa sœur. On lui avait offert un échiquier, même s’il savait qu’il était pour eux deux. Mais il y a avait plus de place dans la chambre de sa cadette et elle le laissait entrer comme bon lui semblait.
Il commençait sérieusement à penser à son avenir. Bien qu’il n’avait encore aucune idée, il pensait utiliser ses belles capacités cérébrales et sa fascination pour les échecs et la résolution de problème dans ses choix professionnel.
Si certains pensaient à leur futur, d’autres souffraient de leur devoir actuel. Aèla était trop excitée pour arriver à se concentrer.
Mais il fallait souvent se faire violence pour arriver à ses fins. Lesquelles ? Elle ne les connaissait pas encore, mais espérer mettre à profit son intelligence dans l’avenir.
Les enfants occupés, les parents profitaient d’être ensemble, loin des corvées que pouvaient représenter l’école.
- Les enfants deviennent de plus en plus turbulents. Fit Vagn, nonchalant.
- C’est leur façon de se dire "Je t’aime". Sourit Aloyse.
- Ah ! Au fait ! Se rappela la brune. J’ai eu Gwillerm au téléphone tout à l’heure.
- Oui ?
- Il est de nouveau papa.
- C’est pas vrai ?
- Et si… Comment a-t-il pu nous le cacher ?
- Va savoir… Cleeda serait magicienne ? Aloyse rit à la plaisanterie de son époux. Non, mais sérieusement ?
- Ça arrive parfois, qu’une grossesse ne se sache qu’au dernier moment.
- Tu veux dire que l’enfant est né ?
- Oui, c’est ça le plus surprenant !
Plus tard, ils étaient toujours sur le cas Cleeda.
- Serait-ce dû à ses origines celtes ?
- Pardon ?
- Et bien, la magie, tout ça ! Continua Vagn.
- Il n’y a que la magie qui puisse cacher un bébé dans le corps d’une femme comme Cleeda !
Aloyse ne put s’empêcher de rire devant les conclusions aberrantes de son époux. Certes Cleeda était une femme très mince, mais de là à être magicienne…
- Au fait, le prénom de l’enfant ?
- Hum ? Ah oui… Le petit s’appelle Artème.
Elle se laissa retomber sur l’épaule de son mari.
- Je suis si heureuse pour Gwillerm.
- Moi aussi.
Ils restèrent un long moment ainsi, sans mot dire. Ils repensaient à leur propre couple, leur propre passé. Ils avaient leur secret. Cette épidémie, à Riverview, n’avait pas touché qu’Elias. Aloyse aussi avait perdu un enfant. Il n’était encore qu’à l’état embryonnaire, mais c’était une vie malgré tout.
Il était tard, et Aèla dû aller se coucher. Sa grand-mère à ses côtés, elle se sentit en sécurité.
- Dis Mamie ?
- Oui ma grande ?
- C’est quoi "être amoureuse" ?
- En voilà une belle question, Aèla. Tu penses l’être ?
- Je ne sais pas… Il y a ce garçon. Il ne m’a jamais parlé, moi non plus d’ailleurs, mais je l’ai toujours observé.
- L’amour est une chose complexe. Il a sa propre identité selon les gens qui le fréquente.
- C’est-à-dire, Mamie ?
- Chaque être le perçoit à sa manière. Moi par exemple…
- Oui ?
- Je ne sais pas trop comment te le décrire. Mais avec ton grand-père c’est une très longue histoire. Il fut mon seul ami, mon seul amant.
- Tu le regrettes ?
- Non ! Jamais je ne pourrais regretter les années passer avec ton grand-père. Notre amour est unique, comme celui de tes arrières grands-parents, comme celui de tes parents, ou de tes oncles.
- Ce que tu cherches à me dire, c’est qu’il n’y a que moi qui puisse déterminer ma façon d’aimer ?
- Tout à fait ma chérie.
La blonde se tût un moment, tenant les draps dans une main. Elle secoua la tête, décidant de laisser ca de côté. Génie ou pas génie, l’amour était une chose abstraite qui pouvait prendre différente forme. Et c’était un trop pour elle.
- Bonne nuit Mamie.
- Bonne nuit ma grande. Fais de beaux rêves.
- Merci… pour tout.
Aèla se glissa dans les draps, éteignit sa lampe et ferma les yeux, sombrant rapidement dans le sommeil, sous le regard de sa grand-mère.
Mais Aèlys n’était pas la seule de sortie. Aimée jouait, à son tour, dans le bac à sable.
Et Elven ne pouvait décrocher de la console.
Un soir, à l’abri de tous les regards, Anthelm découvrit qu’il était l’heure.
Anthelm allait entrer dans une nouvelle phase de sa vie.
Sous les regards ébahis de sa famille, Anthelm venait d’entrer dans la majorité.
- La vache… Je suis jalouse…
- Et moi donc…
Aèla fixa son père et vit que ce dernier était très ému de voir son aîné grandir.
- Raah ! Mais ne me regardez pas comme ça ! S’énerva Anthelm.
- Mais mon cœur, tu es si… Si…
- Si quoi ?
Aloyse ne savait quel mot employer.
- Tu es magnifique ! S’écria Aèla avant de se jeter dans ses bras.
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