Episode 23

- Oyé ! Oyé ! Braves gens ! L'heure est ...

- L'heure est de descendre de cette chaise, Adam ! Coupa Anaïs. Tu vas salir la chaise, et accessoirement, tomber.

C'était le matin et Adam attendait depuis longtemps déjà que sa famille se lève. Il avait vu le soleil se lever et avait depuis, compter les minutes. Il était pressé.

- Mais Maman...

- Il n'y a pas de "mais" qui tiennent, Adam. Intervint Eloi. Ecoute ce que ta mère te dit. A moins que tu ne veuilles pas de gâteau ?

L'enfant descendit précipitamment, manquant de tomber. Cela fit rire les parents qui observèrent leur fils filer à toute allure vers sa chambre.

Adam était un enfant adorable et plein de vie. Son énergie était comme un vent de fraicheur et sa candeur une bouffée d'air frais. Anaïs sentait son cœur se serrer, son petit garçon allait grandir.

Il se prépara à vitesse grand V, bousculant ses aînés et réveillant même Aurélianne, qui grommela jusqu'au salon, les yeux encore embués de sommeil. Mais rien n'était insurmontable pour le petit Adam, et surtout pas la mauvaise humeur de sa sœur. Il s'installa devant son gâteau et prit le temps de réfléchir à un souhait. Des vœux, il en avait des tas et des tas, mais il en avait un qui lui tenait particulièrement à cœur : celui de voir Aurélianne avec le sourire.

Il souffla sans plus attendre, sous les chants et les acclamations de sa famille. La magie opéra et petit Adam devint adolescent. Un beau jeune garçon qui fera des ravages parmi les filles. Anaïs laissa une simple larme s'échapper de ses yeux. Elle était si fière de ses enfants et les voir grandir était un bonheur, mais aussi douloureux, car, chaque jour, ils grandissaient et se dirigeaient de plus en plus vers l'indépendance et l'âge adulte.

C'était le week-end et Adam profitait de sa toute nouvelle vie d'adolescent. Il avait droit de jouer à la console et d'explorer les jeux qui lui étaient interdits. Manette en main, il défiait Cyprien et Aslinn à un jeu de course.

- Allez Cyprien ! Tentait de motiver Aslinn.

- Je fais ce que je peux ! Protestait ce dernier.

- Aha ! Je suis meilleur que vous, c'est tout ! Avouez-le ! Se vantait Adam.

- Ca, c'est que tu crois ! Objecta Aslinn en manouvrant son véhicule avec brio.

Sa voiture fit un demi-tour contrôlé alors qu'Adam venait de lui rentrer dedans. Cela arracha un soupir protestataire de sa part, car en faisant cela Aslinn venait de remporter la course. Cyprien peinait à remonter la pente et trônait à la dernière place de la course.

- Tu es vraiment... Commençait Adam, de mauvaise foi.

- Ce n'est qu'un jeu. Adam, si tu n'es pas capable d'accepter ta défaite, arrête de jouer. Intervint Eloi.

- Mais P'pa ! C'pas du juste ! Aslinn a triché !

- C'est pas vrai !

Eloi soupira. Ses enfants, bien qu'adolescents, restaient des enfants et la moindre chose était un bon prétexte pour se chamailler. Cyprien se lamentait, Aslinn et Adam se prenait gentiment le bec, Aurélianne était consignée dans sa chambre et les jumelles faisaient leur sieste. Tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Les garçons ne voulant pas rester sur une défaite défièrent de nouveau Aslinn, qui, cette fois, perdit. Voulant commémorer cette somptueuse victoire, ils prirent la pose, obligeant la perdante à les prendre en photo. Cela fit plus rire Aslinn qu'autre chose. Les garçons étaient si puérils, mais cela faisait toujours de bons souvenirs.

Mais Aslinn les quitta afin de travailler. Elle avait des ambitions qui dépassaient ses jeunes frères. L'heure n'était plus à l'insouciance pour elle. La majorité approchant, elle voulait se donner les moyens de réussir dans sa vie, alors elle étudiait et rédiger de nombreux articles pour le journal de l'école. Elle rêvait d'être journaliste. Se tenir informer, révéler les secrets les plus inavouables, rendre justice... Le journalisme était pour elle la seule option.

Alors lorsqu'elle avait le temps, après les devoirs et ses corvées, elle s'entraînait. Elle écrivait, écrivait et écrivait encore, parfois jusque très tard dans la nuit. Mais lorsqu'elle était dedans, elle ne voyait pas le temps défiler. Souvent, Anaïs devait la forcer à se coucher.

Mais Aslinn était malgré tout une adolescente. Et elle rêvait à bien des choses : l'amour était un rêve perpétuel que l'on effectuait endormi comme éveillé. Théophile lui manquait. Elle le voyait à chaque réunion du club, mais cela était bien trop peu pour la jeune fille amourachée qu'elle était.

Alors elle écrivait, encore. Des lettres enflammées et tendre, qu'elle destinait à son béguin. Mais elle était bien trop timide pour les lui donner. C'était bien trop honteux. Alors elle les cachaient sous son lit et se laissait rêver.

Aurélianne avait bien d'autre préoccupation. L'amour ? Chose bien futile ! Seul la liberté était sa passion. Alors elle posait piège sur piège dans toute la maison. La salle de bain était son endroit favoris : Douche, toilettes, lavabo... Tout pouvait être piégé !

Hélas, sa cible était toujours la même. Etait-ce calculé ? Pas vraiment, elle aimait cette part de hasard. Cependant, son père, appréciait moins ces plaisanteries.

- Auréliannnee !!!!!

Alors qu'elle se lavait les mains, la jeune fille releva la tête, tout en fermant le robinet. Elle trouva son père complètement trempé qui s'avançait vers elle, l'air furibond. Elle se pinça la lèvre, luttant contre le rire et la honte.

- J'en ai assez de tes blagues foireuses !! Lui hurlait-il.

- Quoi ? C'est pas moi ! Tenta inutilement l'adolescente.

- Ose me mentir Aurélianne... Tu ne m'as jamais vu réellement en colère.

Sa colère ? Elle la connaissait, pour y goûter chaque jour. Et elle n'avait plus rien d'effrayante. Elle était habituée de voir les sourcils de son père froncés jusqu'à l'extrême et l'entendre hurler. C'était presque devenu une drogue.

- Et ? Tu vas faire quoi ? Me punir en m'enfermant dans ma chambre ? Me faire ratisser le jardin ? Interdire de sortir ? Dit-elle avec effronterie.

- Non. Tu iras en pension.

Le visage de la jeune fille se décomposa. Celle-ci, elle n'y avait pas pensé. La pension, c'était pire que le bagne, selon ses amis. Et elle ne souhaitait aucunement partir de la ville. Elle baissa la tête, se retenant d'hurler sa rage en plein visage d'Eloi.

- Je t'en prie, Papa ! Pas ça ! Pas la pension !

- Aurélianne, je suis à bout. Je ne te comprends plus. Où est passé ma si gentille petite princesse qui me souriait tous les jours ?

Eloi détournait les yeux, mais la jeune fille put apercevoir les larmes qui grandissaient. Cela lui serra le cœur et lui tordit les tripes. Elle n'avait jamais vu son père pleurer, et elle ne pensait pas que ses actes étaient si lourds pour son père. Elle se mordit la lèvre et regarda à son tour le sol.

- Je suis désolée Papa...

- Ma Princesse... Je veux simplement comprendre ton mal être... Qu'avons-nous fait de mal avec ta mère pour que tu sois si en colère.

Aurélianne soupira et releva les yeux. Le visage de son père était fatigué et ses rides de plus en plus marqué. Elle n'avait jamais pris la peine de le regarder. Pour elle, rien n'avait changé depuis le début de sa vie. Son père était toujours un jeune homme dans sa tête, plein de vitalité et d'amour. Toujours prêt à lui pardonner la moindre bêtise. Mais à cet instant c'était comme si elle le rencontrait pour la première fois.

- Je ne sais pas... Franchement Papa, je ne sais pas moi même ce qui me fait agir ainsi. Peut être à cause de notre famille nombreuse... La jalousie.

- Mais...

- Je sais qu'Adam, Alix et Apolline n'y sont pour rien. Ils n'ont pas choisi de venir au monde, mais j'ai l'impression qu'ils m'ont volé mes parents. Vous nous aimez, tous. Mais j'aimerais vous savoir plus présent pour moi.

Sur ces mots, Aurélianne offrit un léger sourire à son père et se retira dans sa chambre. Elle avait besoin de réfléchir. Elle se savait aimé, plus que quiconque mais il manquait quelque chose à sa vie et elle reportait ce manque sur son père. Elle se sentait misérable et n'avait qu'une envie : pleurer, et cela, elle refusait de le faire devant Eloi.

Pendant ce temps, loin de toute l'agitation, Adam se douchait. Il venait de passer sa dernière heure sur le tapis de course de feu sa grand-mère, Ambrine, et se sentait l'envie de se relaxer sous une bonne douche chaude.

Il sortit de la douche en chantonnant, s'essuyant en dansant. Il accrocha sa serviette sur le support au mur puis vint quelque chose de violet lui passer devant les yeux. Intrigué, il passa sa main dans ses cheveux.

Sa main était teintée de violet elle aussi. Paniqué, il tira sur ses cheveux et osa porter un regard vers la glace. Il découvrit avec horreur que sa belle chevelure verte-bleue était devenue violette fluo ! Il hurla de rage et d'effroi.

- Aurélianne !!!!!

Oui, il ne pouvait y avoir qu'elle pour faire une telle chose. Il s'empressa de s'habiller et d'aller à la rencontre de son Auri' afin de lui expliquer sa façon de penser.

Un beau jour de la semaine, le soleil était en rendez-vous et la pluie avait enfin cessé de tomber. Le sol était pourtant gorgé d'eau mais cela n'empêchait guère Aslinn de courir vers la plage. La jeune fille avait rendez-vous et elle était en retard.

Elle retrouva son rendez-vous en train de lire le long de la côté. Elle s'arrêta à quelques mètres de lui, tentant de reprendre son souffle. essoufflée par sa course, certes, mais aussi par l'excitation. Théophile avait osé l'abordé, la veille, à la sortie du club de journalisme, et lui avait rapidement glissé dans la main un petit papier lui demandant de la rejoindre à la plage peu après les cours, le lendemain.

- Théophile ! Le héla t'elle, en le saluant de la main.

Elle avait les joues rouges mais espérait secrètement que cela ne se voit pas. Le jeune homme se retourna et lui sourit en la voyant. Il referma alors son livre et le rangea sans son sac. Aslinn arriva enfin à sa hauteur et dégaina sans attendre son téléphone.

- Il faut que je te montre un truc !

La jeune fille appuya sur le bouton "Play" de son téléphone et la vidéo s'enclencha, on pouvait entendre une voix nasillarde s'échapper de l'appareil. Cela fit pouffer Théophile.

- C'est ta sœur ?

- Ouais ! Avec mes frères, on a réussit à l'avoir.

- Cette couleur de cheveux ! Pouffa t'il.

Aslinn, Cyprien et Adam avaient réussi à prendre à son propre piège Aurélianne, et lors de son sommeil, ils lui avaient tressé les cheveux aux barreaux de son lit, puis griffonnaient le visage ainsi que teint ses cheveux dans un rose fluo. Aslinn s'était alors caché et avait attendu qu'Aurélianne découvre leur chef-d'œuvre afin de la filmer.

C'était une vengeance puérile et infructueuse mais cela leur fit du bien. Ils en avaient plus qu'assez de prendre leur douche avec appréhension. Ils ne savaient quand ils allaient échapper à ses farces, ni de quelle couleur ils allaient hérité.

Aslinn rejoignit son ami dans l'hilarité. Théophile était au courant de la relation entre Aslinn et Aurélianne, et tout ce qu'elle avait bien pu faire subir à son aînée. Alors la voir ainsi, c'était presque jouissif.

- Je suis heureux de voir que tout s'arrange.

- S'arranger et un grand mot, mais au moins on lui a montré qu'elle n'était pas toute puissante. Et ca fait du bien ! S'extasiait la blonde.

Théophile en profita pour glisser ses mains dans celles d'Aslinn. La blonde sursauta à son contact et baissa les yeux de gêne. Cela fit légèrement sourire le lycéen qui entrelaça ses doigts avec ceux de la jeune fille. Le cœur d'Aslinn accéléra de plus belle, manquant de sortir à chaque battement.

- Théophile...

- Aslinn, je... J'aimerais te dire quelque chose.

A ces mots, elle se raidit plus encore et put sentir ses jambes trembler. Elle n'était pas prête pour une quelconque déclaration. Que ce soit un "Oui" ou un "Non"... Elle n'était pas prête à entendre quoique ce soit.

- Je ne suis pas sûre que...

- S'il te plaît, laisse moi parler.

Au son de sa voix, l'adolescente sursauta puis fixa de nouveau le sol. Il allait le faire... Il allait le faire !! Mais elle n'était pas bien habillée, pas maquillée, ni même brossée les dents ! Non, ce n'était pas le bon moment... Mais la chaleur de Théo la faisait fondre. Son contact était du bonheur à l'état pur. Elle ne voulait pas partir.

- Aslinn, si je me suis inscrit au club, c'est parce que tu y es. Je ne suis pas bon avec les mots, même à l'écrit et je n'ai pas ta passion pour le journalisme. Simplement... Lors de la rentrée, je t'ai vu, assise à ta table. Tu avais l'air de bien t'ennuyer.

Cela fit rougir Aslinn. Leur club n'avait pas grand succès et ce jour-là, le jour des inscriptions, elle s'occupait comme elle pouvait, soit en faisait des grimaces, soit en regardant passer les élèves.

- Mais tu étais si belle que je ne pouvais défaire mes yeux de toi. J'ai même loupé toutes les explications du proviseur alors qu'il nous faisait faire le tour de l'école.

- Théo...

Aslinn ferma les yeux et s'avança vers les lèvres du garçon et les baisa délicatement des siennes. Elles étaient douces et brûlantes, elle était loin d'imaginer qu'embrasser quelqu'un pouvait être si doux et si savoureux. Elle ouvrit les yeux et découvrit un Théophile écarlate. Cela la fit rougir de plus belle, puis d'un simple regard commun, les deux adolescents éclatèrent de rire.

- On a l'air bête...

- Oui. Rit doucement la blonde.

- Aslinn, je t'aime. Je t'aime comme un fou. Tu veux bien être ma petite amie ?

Sans un autre mot, la jeune lycéenne hocha la tête et se laissa allée contre le torse du jeune garçon. Théophile était plus jeune qu'elle mais son torse était musclé, bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé, et ses bras musclés la serrèrent plus fort encore. Elle profita de sa chaleur, en dépit de la forte chaleur estivale.

La soirée fut arrosée. La pluie retomba ce jour-là, surprenant nos amoureux. Mais Aslinn était loin de chez elle, à l'autre bout de la ville. Et Cyprien subissait la mauvaise humeur de sa jumelle.

- C'était si drôle que ça ? Lui reprochait elle.

Aurélianne n'avait pas digéré leur petite vengeance. Aslinn n'était pas là, et Adam son petit chouchou, elle n'avait qu'une seule victime possible : Cyprien.

- Tu ne dis rien ? Oh ! C'est parce qu'Aslinn n'est pas là ? Ta pas assez de cou***es pour agir tout seul ? Tu es lâche Cyprien !

L'adolescent recula devant les propos acide de sa jumelle. Aurélianne s'en prenait toujours à lui. Il ne répliquait jamais, détestant les conflits. Il était un peu timoré, il le reconnaissait lui même. Mais vouloir le bien de chacun n'était pas une preuve de lâcheté.

- La ferme, Aurélianne ! La ferme ! J'en ai marre de toujours t'entendre te plaindre et me critiquer !

Elle recula légèrement, surprise par la véhémence subite de son jumeau.

- Je suis comme je suis ! Et je ne suis pas un lâche ! J'ai simplement de la retenue et je sais quand la colère est de mise. Avec Aslinn et Adam, on t'a taquiné ? Et ? Ce que l'on t'a fait, c'est un dixième de tout ce que tu nous fais subir depuis des années, Aurélianne ! MERDE ! J'en ai marre !

- Je ne vous ai jamais dessiné une moustache d'Hitler, moi ! Tenta Aurélianne.

- Tu sais ce que c'est l'humour ? Elle allait répondre mais Cyprien lui coupa l'herbe sous le pied. C'est une chose que l'on partage avec les autres. Rire des autres, c'est pas de l'humour, c'est de la discrimination ! C'est pas parce que tu as toujours été la préférée des parents que tu as le droit de nous dénigré, Aslinn et moi ! Merde, Aurélianne, on est pas tes sujets, on est ton frère et ta soeur. Ta famille, bordel !

Cyprien haletait, il avait hurlé sa tirade. Mais il en avait besoin. Il retenait sa colère depuis tant d'année. Lui aussi avait le droit d'être en colère et le faire savoir. Mais cela dépassait Aurélianne, qui sans gêne, se curait l'oreille.

- Pas besoin d'hurler... Ca y est ! Je suis sourde maintenant !

Exaspéré, le brun tourna les talons et laissa en plan sa jumelle qui le regardait partir avec dédain.

Cyprien entra avec force dans la maison, faisant claquer la porte d'entrée. Il fit sursauter le reste de la maison présent dans le salon.

- Tout va bien ? S'enquit alors Anaïs.

Pour toute réponse, elle n'eut droit qu'un haussement d'épaule. Il se dirigea vers la cuisine et prit une assiette puis s'installa à table. Adam jouait à la console, alors qu'Anaïs discutait avec Aslinn de leur journée.

- Encore une prise de bec avec notre chère soeur ? Demanda avec sarcasme Aslinn.

- Aslinn !!! Fit Anaïs choquée.

- Maman, ne prends pas sa défense, tu sais comment est Aurélianne. Insista son aînée.

- Quant bien même ! Ce n'est pas une façon de parler de sa famille.

Aslinn détourna le regard et fit gonfler une de ses joues. Quoiqu'Aurélianne pouvait faire, on prenait toujours sa défense. Adam lui jeta un regard désolé. Lui aussi, bien qu'il adorait Aurélianne, ne supportait plus ses sautes d'humeur.

- M'man, faut que vous arrêtiez d'être si coulant avec elle ! Elle va mal tourner à force.

Mais l'intervention d'Adam ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd -ou d'une sourde- car Aurélianne venait d'entrer à son tour dans la pièce et sans attendre se rua vers lui.

- T'as fini de chouiner ! Vous êtes tous des gamins à toujours vous plaindre ! Toi, Aslinn ! Dit elle en la pointant du doigt. T'as beau sourire et être toute angélique, je vois clair dans ton jeu : moi au moins j'ai pas de petit copain dans le dos des parents !

- Quoi ? Hurlèrent à l'unisson Aslinn et Anaïs.

- Cyprien, toi c'est pas mieux ! A faire ton discret, tu ramènes des sales notes et tu les planques sous ton lit !

Cyprien baissa le regard et continua a manger sa salade en silence. Il n'avait jamais réellement voulu le cacher à ses parents, mais c'était son premier échec scolaire et il ne savait comment le leur annoncer. Aurélianne était une véritable garce de l'annoncer ainsi, pensait il.

- Et Adam... Adam... continua t'elle. Je te pensais de mon côté et je te surprends à me descendre. Tu te laisse bourrer le mou par ces deux chiffes-molles! Adam, réveilles toi ! Tu vaux bien que ça.

Le jeune adolescent baissa les yeux. Aurélianne lui faisait du mal à dire cela. Il adorait sa sœur, il aurait voulu l'aider, mais il aimait le reste de sa famille tout autant.

- Mais Auri...

- Y'a pas d'Auri qui tienne, Adam. Je te pensais différent, intelligent même.

- Ca suffit Aurélianne. Dit calmement Anaïs.

Leur mère était restée là, simplement, à écouter la rage d'Aurélianne s'écouler de sa bouche. En tant que mère, elle était attristée de voir sa famille se déchirer ainsi, et encore plus de voir Aurélianne ne pas trouver sa place parmi eux. Elle secoua doucement la tête en soupirant. L'adolescence était un âge ingrat.

- Je vous punis tous.

- Quoi ? Hurlèrent les quatre adolescents.

- Mais c'est pas juste ! J'ai rien fait ! Protesta tout de suite Aurélianne.

- Si, tu fais beaucoup même Aurélianne. Cyprien, pour nous avoir caché ta mauvaise note, tu es interdit de jeu vidéo. Aslinn, il faut qu'on parle. Aurélianne, interdit de sortie jusqu'à nouvel ordre. Et Adam... Je suis désolée mon grand... mais tu devras nettoyer les voitures.

Les quatre enfants soupirèrent. Adam était injustement puni, mais savait que sa mère ne pouvait faire autrement. Le silence retomba alors, laissa place à la colère, au sentiment d'injustice et de tristesse.

Chacun des enfants se dispersèrent et Anaïs se sentit étrange. Comme vide d'énergie. Elle se leva du canapé et s'aperçut que c'était l'heure pour elle de fêter son dernier anniversaire.

Sous les regards de son époux et de son fils Adam, Anaïs devint une vieille femme. Ses cheveux blanchirent et ses épaules s'affaissèrent. Elle se sentait lourde et sans énergie. La vieillesse ce n'était pas une partie de plaisir mais elle se savait entourée d'amour malgré tout.