• Episode 24 - Un dernier pas pour Aslinn

    Episode 24

    Comme chaque matin, il fallait se lever et se préparer pour une longue journée. Et l'hiver arrivant, cela ne facilitait pas la tâche aux quatre adolescents de la maison. Aslinn était la seule immunisée contre l'envie d'hibernation qui imprégnait ses frères et sa sœur.

    Les champions de la catégorie étaient les jumeaux. Cyprien et Aurélianne trainaient au lit et dans la salle de bain. C'était une des raisons qui obligeaient Aslinn à se lever avant toute sa fatrie. L'occupation de la salle de bain était chronométrée et pire qu'un champ de bataille.

    Il y en avait une qui n'était pas embêtée par ses désagréments. Anaïs se réveillait après tout le monde, les enfants étant assez grand pour s'occuper d'eux même. Eloi partant avant le réveil des enfants, elle restait donc seule à la maison toute la journée.

    - Maman !!!

    Une petite voix haute perchée résonna dans la maison attirant l'attention de la vieille femme. Anaïs se retrouva nez à nez avec l'une de ses dernières.

    - Apolline ? Mais tu n'es pas à l'école ? S'étonna sincèrement Anaïs.

    - Ben non... ma maîtresse est malade. Tu te souviens plus ?

    Anaïs se frappa légèrement le front. Elle s'en souvenait désormais. Sa fille lui avait apporté un mot la veille disant que la classe d'Apolline n'aurait pas cours deux jours durant. Les jumelles avaient grandit depuis l'anniversaire d'Anaïs et les filles, bien que fusionnelles à la maison, étaient séparées à l'école. C'était la le souhait de leurs parents. Comme pour Cyprien et Aurélianne, ils souhaitaient que leurs enfants soient indépendants.

    - Maman, je peux jouer avec toi ?

    Anaïs grimaça un instant. Ces vieux os la faisaient souffrir depuis quelques jours, avec l'arrivée du froid, mais elle ne se sentait pas de refuser à sa fille un moment complice.

    Elles avaient donc opté pour du patin à glace sur la petite mare de la maison. Anaïs jouait gros car cela faisait des années -son adolescence- qu'elle n'avait patiné, mais Apolline semblait y tenir. La petite adorait regarder à la télévision le programme sportif sur le patinage artistique, au grand damne de ses aînés.

    - Maman ! Maman ! Regarde !!

    - Doucement, Apolline ! Ne vas pas te faire mal !

    Anaïs passa sa mâtiné à surveiller sa fille qui prenait un plaisir fou à tourner en rond sur la glace. Mais le soleil commençait à réchauffer l'eau glacée, alors Anaïs rappela à l'ordre sa cadette. La petite n'était pas d'accord au départ mais lorsqu'elle comprit que la glace menaçait de craquer, elle fila sur la terre ferme sans un mot. Anaïs avait occupé son temps en ratissant le jardin et Apolline s'amusait désormais à défaire ses tas de feuilles.

    - Vole !

    - Apolline ! Arrête tout de suite !

    - Mais Maman c'est drôle !

    - Je suis sûre que tu trouveras ça moins drôle si c'est toi qui ramasse les feuilles.

    La petite baissa la tête et Anaïs retourna à sa tâche. Un sourire plein de malice ourla ses lèvres, puis dans un dernier geste de défi, fit de nouveau s'envoler les feuilles.

    Un autre jour, une autre fille. Aslinn était rentrée de l'école assez tôt aujourd'hui. Bien avant ses frères et sœurs qui peinaient dans leur club respectif. La fin de la scolarité approchante, Aslinn était la plupart du temps déchargée de ses obligations, afin qu'elle puisse se concentrer sur son examen.

    Mais la blonde n'avait pas la tête à cela. Loin de là. cœur heureux, cœur déçu. Il y avait toujours des hauts et des bas dans une vie, et ce jour-ci était un bas. Si bas niveau qu'elle se sentait triste et seule. Pourtant, elle avait sa famille, son petit-ami, ses amis et même Aurélianne.

    - Bon... C'est décidé.

    C'était se frappa gentiment les deux jours de ses mains. Elle avait besoin de se donner du courage. Elle avait fait le plus difficile, elle devait passer cette dernière étape.

    Anaïs pénétra dans la maison, rentrant des courses. Elle chantonnait lorsqu'elle posa son regard de l'autre côté de la pièce. Le salon n'avait pas changé, rien n'avait changé, hormis une chose qu'elle n'aurait jamais crû possible. Son sourire se figea et elle resta plantée là, la bouche grande ouverte.

    - As... Aslinn ? Bégaya la vieille femme, sous le choc.

    L'adolescente s'avança vers sa mère, un sourire timide sur le visage. Elle avait osé passer le cap. Ce changement était nécessaire pour elle. Elle avait besoin de s'affirmer, de se révéler. Mais elle n'était toujours pas sûre de son geste. Il était peut être un peu trop extrême.

    - Salut M'man... Dit elle timidement.

    - Je sais... C'est un peu trop...

    - Oui... Non... Enfin, je veux dire... Aslinn, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

    La jeune fille pouvait bien voir le désarroi de sa mère et la confusion qui l'animait. Elle se gratta alors le haut du crâne, par où pouvait elle commencer. Elle était un peu perdue, elle aussi, elle devait bien l'avouer.

    - J'avais envie de changement Maman.

    - Ca pour changer... Ca change... Souffla la mère.

    - Mais ca n'explique pas... tout ca !! Hurla presque Anaïs en la désignant.

    Sa fille soupira et dévia son regard un instant. Elle n'était pas comme Aurélianne : confiante, assurée et pertinente. Elle ne voulait pas décevoir sa mère mais elle l'avait fait.

    - Pardon Maman... Je n'aurais pas dû...

    - Aslinn, commença Anaïs en posant ses mains sur les épaules de sa fille, c'est ta vie, c'est ton corps. Tu en disposes comme tu veux. Je tiens juste à comprendre la raison qui t'as poussé à faire ça.

    - Je ... Je suis quelqu'un de trop discret Maman. Non ! Ne le nies pas ! C'est vrai ! Aurélianne prend toute votre attention et ... j'en ai assez... Je... Vous me manquez !

    Aslinn explosa. Ses larmes, sa colère, sa peine... Tout arriva comme une rafale violente dans le visage d'Anaïs qui ne savait comment réagir.

    - Maman, je n'ai pas dit ça pour te faire culpabiliser. Dit Aslinn en s'essuyant les larmes. Mais maintenant que les jumelles sont plus grandes, j'aimerais que vous soyez, toi et Papa, plus attentifs, plus présents pour nous. Aurélianne... Aurélianne est juste comme moi. Elle se calmera un jour ou l'autre. Dans le fond, elle a beau jouer la grande, elle n'est qu'une enfant triste et seule.

    Aslinn ne pouvait s'en empêcher. Elle avait pourtant décider de changer, de se transformer, mais elle se rendit compte qu'il ne suffisait pas d'une simple tenue et d'une nouvelle coiffure pour changer son soi intérieur. C'était un travail de longue haleine, et elle n'était qu'au début de sa peine. Mais le jeu en vaudrait la chandelle, et devant le sourire de sa mère, reflétant le sien, elle se promit de ne pas abandonner. Pour son bien, et celui de ses proches.

    L'hiver était bien là, désormais. La neige ne cessait de tomber et si cela s'arrêtait ce n'était que le temps d'une nuit. Alors les enfants étaient confinés chez eux, l'école préférant ne pas engager la sécurité de ses élèves sur la route.

    Cela en faisait des heureux, les plus grands pouvaient profiter de leurs "vacances" en dormant de tout leur saoûl, tandis que les plus jeunes jouaient dès le petit matin. Les jumelles étaient de ceux-là. Pas de douche dès le matin, pas de petit-déjeuner au pas de course. Non, juste de la tranquilité, simplement.

    - Tu trouves pas ça triste qu'on aille pas à l'école ? Demanda Alix.

    La petite blonde et sa jumelle avait décidé d'adopter un style similaire. C'était un jeu pour elles. Et elles ne risquaient d'embrouiller les esprits grâce à leur couleur de cheveux différentes. Apolline regarda un instant sa soeur avant d'hausser les épaules et reprendre sa construction.

    - Pour moi c'est pareil. Avec Papa, on a tous les jours des devoirs.

    Cela, Alix pouvait difficilement le nier. Eloi adorait leur faire faire leurs devoirs et quand il n'y en avait plus, il y en avait encore.

    Eloi ne travaillait pas aujourd'hui, également. En fait, avec son nouveau poste, il n'avait plus réellement besoin de se rendre à l'entreprise tous les jours. Alors la moitié de la semaine, il la passait chez lui, bien au chaud et dans le confort. Ils avaient terminé les rénovations dans la chambre des garçons. Cyprien et Adam n'étaient plus des enfants, et étaient assez gentils pour accepter de partager la même chambre. Alors avec Anaïs ils avaient décidé de leur offrir un espace rien qu'à eux et une chambre plus confortable.

    - Ah te voilà ! Dit Anaïs en ouvrant la porte.

    Eloi leva légèrement le regard vers elle, quittant son jeu des yeux un instant. Elle était toujours aussi belle à ses yeux. Certes elle avait des rides, ses cheveux avaient bien blanchis, mais elle restait la femme la plus belle pour lui. Anaïs était son rayon de soleil, et la différence d'âge ne l'avait jamais gêné, alors quoi cela commencerait aujourd'hui.

    - On dirait que tu aimes cette chambre plus que tes fils. Dit elle en s'installant à ses côtés.

    - Elle me rappelle mon adolescence.

    - Tu avais une console dans ta chambre ? S'étonna Anaïs.

    - Oui et avec mon père, on jouait tous les soirs ensemble.

    Anaïs couvrit son mari d'un regard doux et aimant. Eloi parlait peu de son passé. Il avait pourtant une famille aimante, mais un tragique accident de voiture lui arracha son père et sa mère. Fils unique, il se retrouva seul.

    - Je suis désolée mon amour.

    - De ?

    - Je sais que tu aimais ton père.

    - C'est du passé, maitenant, Anaïs.

    Il soupira et passa un bras autour des épaules de sa femme et se colla à elle. Oui, c'était du passé. Désormais il avait sa propre famille et n'était plus seul. Il sentit alors la chaleur des lèvres d'Anaïs contre les siennes, il ferma les yeux et accepta le baiser de sa femme.

    - Je t'aime, Eloi. N'en doute jamais.

    Et jamais il n'en douterait.

    Si les plus jeunes échappèrent à l'école quelques jours de suite, les plus grands, eux, ne purent. Alors Eloi alla les chercher, bravant le froid et le givre. Le retour en voiture fut long et semé de cri, mais Eloi gagna la partie.

    L'un souhaitait une pizza pour dîner, l'autre voulait faire les boutiques et les disputes fusèrent. Les nerfs d'Eloi furent rapidement entamés. Le fruit de son amour, avec Anaïs, était parfois un peu gâté, lorsqu'il voyait ses quatre adolescents dans une même pièce.

    - Et maintenant, c'est silence ! On range son manteau et ses chaussures et c'est devoir !

    Et ce fut sans un mot qu'ils obtempérèrent.

    - Papa devient de plus en plus despotique... Se plaignit Adam.

    - Tiens ! Tu connais ce mot, toi ? Se moqua Aurélianne.

    - Ne commence pas Aurélianne ! J'ai pas envie d'être punie par ta faute ! Se plaignit Aslinn.

    - C'est vrai que la dernière fois, c'était folklo ! Rit Adam.

    - C'est ça rigole ! Toi t'as rien eu !

    - C'est vrai, ça ! T'échappe toujours aux punitions ! Constata Aslinn.

    - Faut juste savoir s'y prendre. La ruse, mes amis ! La ruse !

    - Nan mais ta fini de te payer notre tête ! Coupa Aurélianne. T'assumes pas, c'est tout Adam. C'pas de la ruse, c'est de la lâcheté.

    - C'est bon ! Ne recommencez pas ! Les supplia Aslinn.

    - On a même plus le droit de discuter maintenant ? Pesta sa soeur.

    - Je connais tes discussions, Aurélianne. Ca tourne toujours en baguarre.

    - C'est parce qu'elle sait pas faire autre chose. Dit Adam.

    - Crétin ! Hurla t'elle.

    Aslinn soupira. C'était repartit pour un tour. Chaque soir c'était la même chose. Elle n'aspirait pourtant qu'à un peu de calme mais avec ses frères et soeurs c'était toujours peine perdue.

    - Dis Cyprien ?

    Le brun terminait de passer son gilet lorsque son frère lui adressa la parole. Alors Cyprien releva le regard tandis qu'Adam grimpait l'échelle.

    - Quoi ?

    - T'en as pas marre d'Aurélianne ?

    - Qu'est ce que tu entends par-là ?

    - Ben... elle est toujours à râler, à nous insulter...

    Cyprien, allongé sous sa couette, fixa le haut de son lit, comme s'il pouvait voir son frère. Adam était pourtant le chouchou de sa jumelle, et le voilà qu'il doutait. Cela fit légèrement sourire le brun.

    - Aurélianne est assez spéçiale. C'est juste sa façon de s'exprimer.

    - Mouais, suis pas convaincu.

    - Adam, tu comprendras sûrement jamais ce qu'elle peut ressentir. Nous sommes les aînés avec Aslinn.

    - Et ? Fit tout curieux le plus jeune.

    - Et... Cyprien baîlla lourdement. Et bien, on a dû laisser notre peine de côté pour que Maman et Papa s'occupent de vous.

    - Genre ? Vous vous êtes sacrifiés ? Pfeeuh ! La bonne blague ! Explosa de rire Adam.

    Mais Cyprien ne prit pas la peine de répondre. Il ferma les yeux et se tourna vers le mur. Son frère ne comprendra jamais le sentiment de solitude qui les étreignaient, ses soeurs et lui. Il était bien trop insouciant et encore trop enfant pour s'en soucier. Il vivait l'instant présent.

    - Hé ! Cyprien ?

    Aucune réponse. Adam haussa les épaules et imita son frère.

    Il était pourtant très tard, mais Aslinn était toujours debout, à travailler sur son ordinateur. Sa chambre était son oasis, peu de personne n'y entrait. Elle était seule, à l'autre bout de la maison, dans l'ancienne chambre de ses grand-parents. Cela ajouter parfois un peu plus de solitude à sa peine, mais la plupart du temps, elle était heureuse. Entre ses livres et son clavier, elle n'avait besoin de rien d'autre.

    Elle tapait depuis des heures, s'arrêtant parfois pour effectuer quelques recherches. Elle était sur un article qui lui tenait à coeur. Sa tante Azilis était une pointe dans son métier d'enquêtrice. Et elle avait toujours souhaité retracer son parcours professionnel, mais elle n'avait jamais imaginé qu'Azilis eut dû résoudre tant d'enquête pour se forger une telle réputation.

    La nuit promettait d'être longue, très longue. Mais cela ne faisait qu'atiser sa flamme de journaliste. Elle adorait laisser ses doigts caresser le plastique de son clavier. Le son des touches étaient une plaisante mélodie qui lui apaisait le coeur et l'esprit. Alors elle les laissait libre, libre de toute expression.

    Un autre jour de la semaine. Anaïs s'était endormie sur le canapé après avoir fait ses corvées quotidienne. Elle fut réveillée par la porte d'entrée. Elle se redressa et put voir son époux poser son attaché-caisse le long du bueau.

    - Oh ! Je t'ai réveillé ?

    - Oui... Mais ca ira. Dit Anaïs en s'étirant. Quelle heure il est ?

    - 16h.

    - Déjà ? Fit elle en se levant d'un bond. Mince ! J'ai dormi plus de deux heures.

    - C'est que tu en avais besoin. Lui dit Eloi en la prenant contre lui afin de lui baiser le front.

    - Mais c'est pas le bon jour pour ça ! J'ai encore des tonnes de choses à préparer.

    Anaïs se défit de son étreinte et fila dans la cuisine, paniquée. Cela fit rire Eloi, qui, même si ce fut à contre-coeur de laisser sa femme filer, trouvait touchant de la voir si paniquée, malgré son âge. Anaïs était toujours la même malgré son âge.

    - Non !

    Alix avait hurlé sans prendre en considération les sentiments de sa mère. Anaïs s'était penchée vers sa fille alors qu'elle rentrait de l'école. La mère souhaitait simplement s'occuper de sa fille, lui montrer qu'elle l'aimait, mais Alix la rejeta, purement et simplement.

    Aslinn, qui venait d'entrer, elle aussi, se râcla la gorge et fixa avec colère sa petite soeur, qui déglutit avec difficulté. Elle avait bien sentit qu'elle avait fait de la peine à sa mère. Mais Aslinn ne lui laissait pas le choix que d'accepter. Alors, dans un immense soupir, elle leva les yeux vers sa mère et hocha de la tête. Le sourire naquit sur les lèvres de la vieille femme qui, sans attendre, s'empressa de pincer la jour d'Alix.

    - Tu vois, ca ne t'a pas tué ! Lui dit Aslinn.

    Mais Alix se tut. Elle se massa la joue, tout en gromellant. Un jour, elle se vengerait. Aslinn était l'aînée certes, mais elle n'allait faire la loi.

    La soirée avança, et le soleil était parti depuis longtemps, laissant sa place à la lune. C'était une belle soirée paisible et la taille ronde de la lune était emplie de promesse.

    Enfin, c'était une simple façade, car sous le toit des Vauganne, une énième dispute faisait rage. Les principaux protagonistes : Aurélianne et Aslinn. C'était un duo assez récurrent depuis quelque jours, surtout à l'approche de l'anniversaire de la plus grande.

    - Aurélianne, toi et ton égo, vous allez tâter de ma botte !

    - Arrête ! Tu crois me faire peur ! Et c'est quoi ces menaces de m*rde ? Ahahaha ! Tu sors de quelle époque ? Même Maman est s'exprime plus jeune que toi !

    Mains sur les hanches, Aslinn tentait de rester calme. Mais ses jours gonflées et rouges étaient tout sauf un signe de sérénité.

    - Quand est-ce que tu vas comprendre que le monde ne tourne pas qu'autour de toi, Aurélianne ? M*rde ! On est six enfants dans cette maison ! Grandis un peu et vois ce qui t'entoure !

    Aurélianne sourcilla légèrement, et put voir, sous le regard de rage de sa soeur, un voile de peine. Elle détourna les yeux et put voir la tristesse voiler le visage de leur mère. Honteuse, elle baissa le regard vers le sol et se mordit la lèvre.

    - Je suis pas sourde. C'pas la peine de gue*ler.

    - Et ton langage ! Bon sang ! Les petites sont là, elles aussi ! La rabroua Aslinn, hors d'elle.

    - C'est bon, c'est pas parce que tu vas fêter ton anniversaire qu'il faut que tu te prenne pour ma mère.

    - Si j'avais une fille comme toi, je la renierai ! Dit avec hargne Aslinn.

    - Aslinn ! Hurla, choquée Anaïs.

    La tristesse passa sur le visage d'Aurélianne. Mais Aslinn ne reviendrait pas sur ses propos. Elle en avait assez qu'Aurélianne soit si égoïste. Il fallait que quelqu'un lui dise les choses.

    La porte s'ouvrit en grand, laissant le vent pénétrer la pièce et fit parcourir un frisson dans le dos de tout le monde. Aurélianne et Aslinn était à couteau tiré, Anaïs tentait desespérement de retenir ses larmes et Apolline se jeta contre les jambes de son père. Eloi lui caressa les cheveux et observa le tableau en silence. Il connaissait parfaitement ce spectacle, pour l'avoir tous les soirs. Il soupira et fit deux pas vers ses aînées. Sans un mot, il les giffla toutes deux.

    - Le gâteau est prêt Anaïs ?

    Sa femme lui fit signe que oui et ils installèrent le matériel. Les filles ne dirent mot, se frottant la joue meurtrie. Cyprien, qui était la pièce soupira et rejoignit sa famille afin de fêter l'anniversaire d'Aslinn.

    Malgré tout cela, Anaïs n'arrivait pas à se calmer. Son père n'en venait jamais aux mains. C'était bien la première fois qu'il l'a giflait. Mais elle savait qu'elle le méritait. Elle aurait dû calmer le jeu et ne pas entrer dans la danse de sa soeur.

    Or, ses nerfs n'étaient pas aussi mesurés que son cerveau, et ce soir, ils avaient décidé de laisser libre sa colère. Elle regarda le gâteau. Sa mère avait prit le temps de le décorer et d'y placer les bougies. C'était un geste simple, mais touchant, qui réchauffa le coeur de la jeune fille.

    Sans plus attendre, elle souffla les bougies. Et sous le chant des cinq autres membres de sa famille, Aslinn devint majeure. Elle arborait un magnifique sourire qui rayonnait dans la pièce. Aurélianne fit la moue. Aslinn avait enfin la chance de pouvoir partir de la maison. Elle dévia le regard en lâchant un "Huf" snob.

    Ils s'installèrent alors à table, et la discussion se focalisa sur Aslinn, au grand damne d'Aurélianne.

    - T'es vraiment la même Aslinn. T'as voulu faire ta rebelle et tout, mais regarde toi !

    - Ca suffit Aurélianne ! Coupa Anaïs. C'est l'anniversaire de ta soeur, tu veux bien être gentille le temps d'une soirée, non ?

    - C'est bon, Maman. Elle comprendra plus tard que son attitude ne la mènera nulle part.

    Aurélianne ne répliqua pas et se réfugia dans sa part de gâteau. Elle en avait plus qu'assez qu'on la traite comme une enfant. Aslinn soupira en voyant sa soeur peu encline à l'évolution. Son entêtement frolait la stupidité.

    - Aslinn ?

    - Oui Apolline ?

    - Pourquoi t'as plus les cheveux bleu ?

    Cela fit sourire la blonde. En grandissant, elle se trouvait stupide avec cette couleur et avait fait en sorte qu'elle disparaisse. Elle était blonde, et aimait son blond. Majeure, elle était désormais, en adulte elle devait se comporter. Elle sourit alors plus encore à sa jeune soeur.

    - Je ne suis pas plus jolie comme ça ?

    La petite hocha vigoureusement de la tête de haut en bas et cela déclencha un fou rire général.


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