Episode 25

Les routes n'étaient pas sûres mais c'était un grand jour pour Aslinn. Elle venait de passer majeure et cela était rapidement suivit d'une importante cérémonie. Au volant d'une des voitures de la famille, la toute nouvelle jeune femme se dirigeait vers l'hôtel de ville. Cela ne fait que trois petites minutes qu'ils roulaient qu'elle devait déjà supporter les humeurs de ses cadets.

- Pourquoi je suis derrière ? Se plaignait Aurélianne.

- T'avais qu'à arriver avant. Répondit simplement son jumeau.

Aslinn soupira. Elle avait beau eu grandir, sa famille ne changeait pas. En un sens, cela la rassurait, mais la déprimait également. Elle ne souhaitait qu'une chose, concernant Aurélianne : que cette dernière apaise sa rancoeur et comprenne enfin le sens du mot famille.

- Les filles ont beaucoup de chose à faire dans une salle de bain ! Rétorqua l'adolescente, avec fierté.

- C'est sur ! Avec cette couche de maquillage, t'as des choses à cacher.

Aurélianne foudroya Cyprien du regard et s'apprêtait à lui offrir une réponse cinglante mais Aslinn en avait assez.

- Ca suffit ! Vous êtes grands alors arrêtez de vous chamailler pour un oui ou pour un non !

- Mais...

- Une place est une place, Aurélianne ! Alors maintenant tu te tais. Je ne veux plus un mot.

Le reste du voyage se fit donc dans le silence. Aslinn avait tranché et les plus jeunes s'y étaient pliées, malgré les quelques grommellement d'Aurélianne. On ne pouvait la refaire de toute manière. Elle gara la voiture sur le parking de l'hôtel de ville et ils rejoignirent le reste de la famille qui les attendait devant le bâtiment.

Anaïs était fière de la réussite de son aînée. Aslinn n'était pas une grosse tête mais elle avait toujours maintenu ses notes assez haute qu'elle était la plupart du temps dans les premiers de la classe. Emue, elle dépassa une Aurélianne désabusée. Elle ne savait quoi penser de sa grande sœur. Aslinn avait toujours été le souffre-douleur et sa pire ennemie. Et la voilà désormais majeure. Cela représentait énormément de chose. Un travail, une vie bien à elle, une liberté... L'adolescente se mordit la lèvre et se précipita à la suite de sa famille.

La cérémonie s'éternisa. Aslinn sortit du bâtiment en s'étirant, diplôme en main. Elle n'avait jamais douté de son obtention simplement elle était fébrile d'avoir les résultat. Résultat ? Une mention Très bien et un bel avenir dans le quotidien local. Alors que sa famille attendait à l'extérieur, elle fut abordée par un étranger qui se trouvait être le dirigeant du journal de la ville.

- Alors ma grande ? Demanda Eloi, curieux.

- Et bien... J'ai un emploi.

Les yeux de son père et ceux de sa mère s'agrandirent de stupeur. La petite Aslinn n'était plus, et la jeune femme qu'elle était désormais souriait timidement, tout en se grattant la tempe.

La famille se sépara et Aslinn alla se changer dans les toilettes de l'hôtel de ville. Elle avait prévu de rester en ville un moment, dans le but de démarcher afin de trouver un travail, mais cela s'avéra inutile désormais. Elle sentit son téléphone vibrer dans la poche de sa veste. Elle le sortit et découvrit l'émetteur du message.

" RDV au café habituel ?"

La jeune femme ne put s'empêcher de sourire et s'empressa de lui répondre. Ses doigts caressèrent avec vitesse folle l'écran tactile

Le dit café était un simple bâtiment en ville où les jeunes aimaient se retrouver après les cours. Aslinn et Théophile en avait fait leur lieu favoris. C'était calme, avec une ambiance studieuse et décontracté. Situé en plein centre-ville, il était un bon spot pour dénicher de bons sujets pour leur journal.

Lorsqu'elle franchit le seuil de la porte, Théophile était déjà là, tranquillement assis sur l'une des chaises, en train de bouquiner. Elle resta un petit moment à l'observer. Elle avait grandit, mais pas lui. Quelques mois les séparaient et cela l'attristait un peu. Elle adorait son Théo, et cela ne changerait jamais. Elle en était convaincue. Après tout, il l'avait sauvé de sa solitude et de bien des ennuis à l'école.

Le jeune garçon leva son regard et aperçut enfin sa petite amie. Il referma l'ouvrage qu'il parcourait et s'empressa de la rejoindre. Mais il stoppa net, s'apercevant d'une chose.

- As...Aslinn ?

- Et bien, oui ! Qui veux-tu que ce soit ? S'étonna avec amusement la blonde.

- C'est que tu as ... changé. Disait-il, déboussolé.

Elle le fixa, stupéfaite par son comportement. Ils ne s'étaient pas vu depuis son anniversaire, et donc il ne l'avait pas vu adulte. Elle soupira et passa une main dans ses cheveux. Elle devait se mettre à sa place car si Théo avait fêté son anniversaire avant elle, elle aurait agit surement de la même façon.

- Oui, j'ai changé. Est-ce mal ? Demanda t'elle de sa voix la plus douce.

Le cœur de Théo fit un bond. Elle ne lui avait jamais parlé ainsi. Elle qui était toujours timide et timorée, elle dégageait une certaine assurance qui déstabilisa l'adolescent.

- Théo ?

Il secoua la tête et sentit le rouge monter à ses joues. Ce changement le déstabilisait mais c'était loin d'être une mauvaise chose. Aslinn était magnifique, bien plus qu'avant. Et sa maturité la rendait encore plus charmante à ses yeux. Il devait se l'avouer : il désirait Aslinn depuis longtemps, de corps, mais aujourd'hui son désir était bien plus qu'ardent.

Aslinn sourit, heureuse et à la fois peinée par le trouble qui secouait le cœur de son petit ami. Sans un mot, elle le prit dans ses bras et passa une main dans les cheveux roux de l'adolescent. Il ne la regardait pas et cela la peina.

- As-tu peur ?

- Je... Je crois. Répondit peu assuré Théophile. Tu es tellement belle, Aslinn. Je ne suis qu'un gamin et tu vas rencontré tant de monde. Des hommes meilleurs que moi, plus intéressants, plus matures...

Elle posa un doigt sur ses lèvres, lui intimant le silence. Bien sûr, le jeune garçon qu'il était, était effrayé de la perdre. Cela était normal, naturel même, car elle ressentait la même peur.

- Théophile... Je suis là, contre toi, commença t'elle, et c'est là ma place. Je m'y sens bien, rassurée, protégée. Pour rien au monde, je n'en partirai.

Elle put sentir le cœur de son petit-ami battre à tout allure lorsqu'il croisa son regard du sien. Le rouge était sur leur visage et ils étaient aussi prude et timide qu'un tout jeune couple d'adolescent. Cela les fit glousser puis sans un autre mot, ils scellèrent leurs lèvres ensemble.

D'un regard extérieur, leur baiser devait paraitre outrageant ou comique, car Aslinn, plus grande que son amoureux, pliait les genoux, tandis que Théophile était sur la pointe des pieds. Mais ils s'en fichaient. Après tout l'amour n'a pas de limite : âge, taille, corpulence, différence. C'était là la magie de ce sentiment. Rien n'entrait en compte si ce n'était les envies -consenties- de chacun des partis.

L'hiver avait rapidement cédé sa place au printemps. Aslinn n'avait eu le temps de s'en apercevoir que les premières fleurs avaient déjà fleuri. C'était un samedi matin, et elle ne travaillait pas aujourd'hui. La blonde avait enfin prit ses marques au sein de son entreprise. Le journal local "Le Courrier Glenn" avait sa petite renommée mais le nombre de ses employés étaient limités. Elle avait donc beaucoup de travail et peu de temps libre. Mais elle adorait ce qu'elle faisait, grâce à cela, elle avait déjà énormément voyagé, se rendait dans deux des plus grandes villes de leur monde.

Elle était, aujourd'hui, dans la chambre d'Aurélianne. Cette dernière c'était récemment enfermée dans sa nouvelle passion : le piano. Aslinn ne comprenait pas sa sœur, et ce depuis toujours. Et cette dernière était un mystère pour chacun des membres de leur famille. Mais avec le temps, Aurélianne s'était adoucie. Certes, elle continuait ses farces, mais il n'y avait que malice dans son geste et non de la méchanceté. La preuve la plus évidente était qu'elle laissait désormais son aînée pénétrer dans sa chambre, sans aucune protestation.

Assise sur le lit de sa benjamine, Aslinn l'écoutait dans le silence. Aurélianne s'avérait excellente au piano. Elle était loin des grands de ce monde, mais pour une amatrice autodidacte, elle était bonne. Mais l'heure n'était pas à la contemplation et à l'admiration.

Si Aslinn était là, ce matin, c'était pour une bonne raison. Elle avait pris une décision et elle souhaitait en informer sa sœur. Mais la chose était bien plus facile à faire dans sa tête. Les mots ne venaient pas. Sa bouche restait close.

- Aslinn, c'est pas que tu me déranges, mais tu soupires un peu trop. Dit Aurélianne avec cynisme.

Aslinn soupira de nouveau et détourna le regard.

- Si tu as quelque chose à dire, dis-le.

- Je vais m'en aller.

Aurélianne suspendit son geste. Elle n'était pas sûre d'avoir bien entendu. Elle se retourna, stoppant sa musique et scruta le visage de sa sœur. Elle était distante mais tout à fait sérieuse. Aurélianne ravala donc une réplique cinglante et taquine.

- Comment ça ? Osa t'elle demander.

- Je vais déménager.

La réponse fut celle qu'elle redoutait le plus. Aurélianne, même si elle n'arrivait pas à l'avouer, adorait Aslinn. Bien que jalouse de son aînée, elle était habituée à l'avoir auprès d'elle chaque jour. Certes, elle avait pris énormément de temps à accepter sa sœur et surtout accepter son aide, mais depuis quelques mois tout allait bien mieux entre elle.

L'adolescente quitta son siège et regarda avec timidité sa sœur. Ce n'était pas dans son habitude, mais sa timidité dissimulait sa peur.

- Tu nous abandonnes ?

Cette question fit rire Aslinn qui se leva du lit avec énergie. Elle remit rapidement en place sa robe et fit face à sa benjamine qui regardait le sol.

- Je ne pars pas de la ville, voyons ! Ma vie est ici, bécasse.

Cela fit sourciller Aurélianne qui allait lui répondre avec hargne, mais l'adolescente stoppa son geste puis sourit à son temps, gênée, passant une main dans son cou. C'était vrai, la vie d'Aslinn était à Meadow Glenn : sa famille, son travail, son petit-ami. Cela rassura Aurélianne, car elle n'avait pas envie de perdre sa nouvelle amie, sa grande sœur.

- Tu en as parlé aux parents ? Demanda l'adolescente.

- Non, dit Aslinn en secouant la tête, pas encore. Je voulais t'en parler avant.

- Pourquoi ? C'est pas moi qui prend les décision, tu sais ?

Cela fit rire franchement Aslinn, chose qui fit bouder Aurélianne.

- Je viens pas demander ton autorisation, non plus, Auri. Mais si je pars, tu deviendras "l'aînée".

- Et Cyprien ? On est jumeaux, je te signale. Et puis, même si tu pars, tu restes la première.

Cela fit sourire avec émotion Aslinn. Elle était heureuse de la place qu'elle avait au sein de sa famille et heureuse de voir que sa relation avec Aurélianne amélioré. On toqua légèrement à la porte, et sans attendre, cette dernière s'ouvrit. Cyprien était là, la tête un peu basse. Aslinn secoua la tête, à sa mine, il avait tout entendu.

D'une simple extension de bras, elle ébouriffa la chevelure brune de son benjamin.

- C'est l'heure. C'est Maman qui m'envoi vous chercher.

D'un regard, les deux filles hochèrent la tête et tous trois quittèrent la pièce, murés dans le silence.

C'était enfin l'anniversaire des jumelles. Les dernières enfants allaient enfin rejoindre la cour des grands. Anaïs aurait aimé fêter cela en famille, mais tous ses frères et sœurs étaient indisponibles ce jour là. Alors, déçue, elle organisa les festivités en petit comité. Les fillettes étaient toutes excitées et tellement intenables qu'Anaïs dû sévir un bon nombre de fois dans la journée. Alix était d'un tempérament joyeux et fêtard, et Apolline emplie de curiosité.

Sous le soleil couchant, Alix fut la première a quitter ses tresses et sa robe de petite fille. Blonde comme sa mère, les reflets orangés du couchant illuminaient sa chevelure. Mais la toute nouvelle adolescente était loin de tout cela. Elle était simplement fière d'elle même.

Apolline suivit le pas, sous l'acclamation de sa famille. Alix et elle était inséparable, différente de l'autre paire de jumeaux de la famille. Ainsi, la petite était pressée de passer le pas. Sans attendre, elle souffla elle aussi ses bougies, priant pour que son vœux soit exaucé.

Cette sensation était étrange, sans s'en rendre compte, le corps changeait et la vision que l'on avait du monde changé. Apolline, d'un regard complice avec sa jumelle, regardait le monde avait un nouvel œil. Sans un mot elle fit face à son nouvel univers, main dans la main avec Alix.

On avait rénové un peu les murs de la maison. Adieu le bleu-vert et bonjour le doux blanc-crème qui éclairait la pièce principale de la maison. Ambrine parcourait les lieux, redécouvrant son ancienne maison. La nostalgie peignait son visage ectoplasmique. Les nouvelles de l'au-delà étaient bonnes. Aimée et Kahei géraient avec bonheur chacun de leurs descendants. Et ils était nombreux.

Cela donnait le vertige à Ambrine. Elle se sentait petite face à l'énorme famille qu'elle laissa derrière elle, mais qui l'avait également précédé. Après tout, si elle y pensait avec sérieux, Aimée Vauganne, la première de ses ancêtre inscrite à l'état civil et aussi répertoriée, avait huit génération derrière elle. C'était phénoménal et totalement fou.

Dans l'esprit d'Ambrine, bien que tout cela reste flou, commençait à émerger l'idée que sa propre descendance ne cesserait jamais.

Mais pour l'heure, c'était l'instant présent qui comptait. Elle n'avait plus voix au chapitre sur le monde des vivants. Elle n'avait désormais plus qu'un rôle d'observatrice.

Aurélianne déboula dans le salon, un immense sourire aux lèvres, alors qu'Eloi était dans la cuisine, il la fixa sans trop comprendre. Mais l'adolescente jubilait de bonheur.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Papa !!! J'ai mon permis !! Hurlait-elle de bonheur.

Sans attendre, Eloi la prit contre lui, et lui baisa le front. Aurélianne trépignait de joie et cela fit sourire son père. Les tensions étaient toujours plus au moins présentes entre eux, mais l'adoucissement soudain d'Aurélianne les avaient gentiment apaisés. Plus de crises, plus de cris chaque jours. Le sourire étaient sur chaque visage de la maison.

Un autre jour, Aslinn sortait d'un rendez-vous professionnel où elle dû interroger une célébrité de la ville d'à côté. Sa voiture traversait les routes de la ville à une allure moyenne. Aslinn conduisait toujours calmement, même si elle était en colère. Son interview s'était déroulée agréablement jusqu'à ce que l'homme qui était le sujet de son article commence à lui toucher la cuisse. Elle vit rouge et le gifla.

Et cela déclencha une affreuse situation qui l'obligea à s'excuser face à ce personnage dégoûtant. Son patron lui passa un savon au téléphone, lui reprochant son manque de professionnalisme. Elle lui expliqua alors qu'elle n'avait rien fait pour que la situation dégénère ainsi. Et la réponse de son patron la déstabilisa.

- Si vous n'êtes pas prête à vendre votre corps, ne portait pas de telle tenue.

Sa tenue ? Elle portait une robe, rien de bien provoquant, en plus. Mais comme toujours, c'était la faute de la femme. Elle grommelait contre son imbécile de patron et la race des hommes lorsqu'une idée lui traversa l'esprit. Son prochain article ne traitera pas la soi-disant magnifique carrière de "Mr Porc" mais sur la place de la femme dans la société et du regard des hommes sur elle dans le monde du travail.

Un sms arriva sur son téléphone tandis que sa voiture caressait l'asphalte de ses roues. Elle haussa un sourcil, légèrement irritée qu'on la coupe dans ses réflexions, mais le prénom qui apparaissait sur l'écran lui rappela un important rendez-vous. Elle changea de vitesse avec des papillons dans le ventre. Au diable "Mr Porc", sa vie allait prendre enfin nouveau tournant.

Elle fit un léger détour et ramena avec elle Théophile. Il avait grandi, à son tour et était heureuse de le voir. Avec son travail, elle n'avait pas eu le temps de le voir très souvent. Et le jeune homme était en plein examen. La distance forcée les avait fait souffrir.

- J'ai un peu peur.

- Si toi tu as peur, qu'est-ce que j'ai moi ?

La blonde secoua la tête. Théophile tentait de détendre l'atmosphère mais c'était peine perdue car c'était une situation à la fois enivrante, joyeuse mais également triste. Elle pensait à ses parents et toute la confiance qu'ils avaient en elle. Elle pensait les trahir.

- Peut être que le fait que tu sois un garçon aide, Théo...

- Un garçon ? Répéta t'il, légèrement offensé.

Elle mit une main sur sa bouche et baissa de nouveau le regard. Théo n'était plus un enfant. Il était majeur et son corps avait le charme adulte qui la faisait fondre. Elle adorait son petit-ami, depuis toujours mais le voir adulte la rendait fébrile.

- Pardon...

- Il n'y aucun pardon à offrir s'il n'y a pas d'offense, ma belle.

- J'ai juste un peu de mal à m'habituer...

- Je sais, j'ai ressenti la même chose.

Elle hocha la tête et se fit toute petite. Elle avait osé rire de son désarroi et de sa maladresse et aujourd'hui, elle vivait exactement la même chose que lui.

- Allez mon amour, il n'y a rien à craindre. Tes parents sont des gens compréhensifs.

Il la prit contre lui et lui baisa le front avec tendresse. Elle l'espérait, du plus profond de son être. Elle plongea son regard dans celui de Théo et d'un simple signe de tête, pénétrèrent dans la demeure, main dans la main, déterminés.

Ce fut les mains moites et le cœur battant qu'Aslinn appela ses parents depuis l'entrée. Anaïs était dans la cuisine lorsque sa fille entra dans la pièce. Ce fut avec un immense sourire qu'elle accueillit les nouveaux arrivants. Eloi était dans le salon, en train de lire son journal. Il était convenu qu'ils rencontrent Théophile pour la première fois aujourd'hui. Ce qui animait Anaïs c'était la curiosité tandis qu'Eloi c'était l'inquiétude. Un air grincheux grimait le visage du père.

Cela ajoutait du stress à sa fille qui déglutit avec peine lorsqu'elle fit les présentation.

- Maman, Papa, voici Théo, mon... mon petit-ami.

Théophile souriait simplement. Voyant qu'Eloi ne faisait aucun geste, il préféra laisser ses mains derrières son dos. Il ne pouvait l'avouer mais il était mort de peur. C'était une expérience intimidante que de rencontrer ses "beaux-parents", surtout le père de sa petite-amie.

- Bonjour Madame et Monsieur Vauganne. Je m'appelle Théophile Drabrenelle.

- C'est donc toi le fameux Théo... Dit simplement Eloi, de façon suspicieuse.

- Papa... le supplia timidement Aslinn.

- Allons, Eloi ! Ne commence pas. C'est un plaisir de te rencontrer, enfin. Aslinn n'arrêtait pas de nous parler de toi, tu sais ?

- C'est vrai ? Demanda t'il, de façon malicieuse.

- Maman ! Fit la blonde, gênée.

Cela fit rire la mère qui d'un geste de la main invita les jeunes à la suivre dans le salon. Eloi la précéda sans un mot, le regard noir. Aslinn secoua la tête lorsque sa mère haussa les épaules. Elle savait que son père allait agir de cette manière. Eloi était un homme doux mais lorsqu'il s'agissait de ses filles, c'était une véritable tête de mule.

- Que fais-tu dans la vie, Théophile ?

- Oh ! Je viens tout juste de sortir du lycée, vous savez, Madame. Je suis donc à la recherche d'un emploi.

Ils s'assirent de concert, un couple occupant un canapé. Aurélianne débarqua dans le salon à cet instant et regarda avec curiosité l'étranger. Puis d'un simple regard avec Aslinn, elle comprit le but de cette rencontre.

- Viens en au fait, Aslinn. Dit avec rudesse Eloi.

- Eloi ! Où est passé ta politesse ?

Mais Eloi ne prit la peine de répondre et fixa sa fille. Aslinn détourna légèrement le regard, mais la main de Théo dans son dos lui indiqua qu'il était avec elle. Elle respira profondément puis planta ses yeux bleus dans ceux de son père.

- Je... Je...

- Vas-y ma grande. La sollicita avec douceur sa mère.

- Maman, Papa, avec Théophile, nous avons décidé de vivre ensemble.

Le silence tomba, les adolescents qui étaient présents se firent tout petit. Aslinn venait de lâcher une bombe et Eloi en était l'interrupteur. La moindre étincelle pouvait le faire exploser. Anaïs avait conservé son sourire. Elle s'attendait à une chose de ce genre et cela la rendait heureuse de voir sa grande fille prendre son indépendance. Eloi se leva sans un mot puis fila hors de la pièce. Anaïs secoua la tête puis s'excusa avant de prendre le même chemin que son époux.

Les épaules de la blonde s'affaissèrent tout de suite, tout en soupirant, Aslinn laissait la pression s'enfuir. La voir ainsi fit rire son petit ami.

- Ce n'est pas drôle !

- Oh ! Allez ! Ca aurait pu être pire.

- J'en doute... Je n'ai jamais vu mon père comme ça...

- Il ne m'a pas frappé ni insulté !

Aslinn posa un regard stupéfaite sur son petit-ami qui souriait de toutes ses dents. Elle soupira, secoua la tête et baissa de nouveau le regard.

- Tu ne comprends pas. J'ai déçu mon père.

- Tu as beau grandir, Aslinn, tu restes la même.

- Comment ça ? Demanda t'elle, un peu vexée.

- Tu es restée la fille de ton père.

Cela la fit sourire malgré elle. Elle adorait son père et cela ne changerait pas.

- J'ai beau aimer mon père à la folie, tu restes mon favoris. Lui dit-elle en s'approchant.

Théophile glissa un bras dans le dos d'Aslinn et posa sa mains sur sa hanche. A ce contact, la belle rougit légèrement. Ils étaient sous le toit de ses parents, devant ses frères et sœurs.

- Ma petite Aslinn restera mon éternel Aslinn.

Cela la fit rire. Théophile avait toujours le chic de sortir des phrases qui n'avaient pas grand sens.

- Laisse lui le temps de faire le deuil, Aslinn. Ton père doit couper le fil qui vous relit. Cela demande énormément de temps. J'en sais quelque chose.

- Oh ! Tu parles en connaissance de cause ? Le taquina t'elle. Aurais-tu un enfant caché ?

- Bécasse ! Lui répondit-il en lui donnant une pichenette sur le front. Je pense à nos futurs enfants, ma belle. Et si ma fille devait te ressembler, jamais je ne la laisserais à un autre homme.

Ses mots touchèrent le cœur de la blonde qui sentit ses yeux s'humidifier. Cela fit sourire avec tendresse son petit-ami qui sans un mot captura les lèvres généreuses de la jeune femme.

Plus tard dans la soirée, Eloi avait afin abdiqué grâce aux bons arguments de sa femme. Anaïs savait s'y prendre avec lui et surtout Aslinn ne les avait jamais déçu. Alors Eloi devait lui faire confiance et faire également confiance en ce jeune homme. Théophile rentra chez lui, le cœur léger, après avoir échangé quelques mots avec Eloi. Certes, le père ne l'avait pas totalement accepté, mais ils étaient sur la bonne voie.

La famille regardait la télévision, s'impliquant chacun à leur manière. Aslinn était touchée par le sujet, tandis qu'Adam restait dubitatif. Anaïs couvrait du regard chacun de ses enfants.

- C'est si beau ! Je veux vivre ça un jour !

- Tu trouves pas ça un peu kitch ?! S'étonna Adam.

- Non ! Je trouve que ca à un côté traditionnel.

- Traditionnel ? T'es folle Aslinn ! C'est carrément dépassé ce genre de demande.

- Vous n'y comprenez rien ! Pesta la blonde. Si c'est comme ça, je vais me coucher.

- Le prend pas comme ça, voyons. Lui dit Adam alors qu'elle le dépassait.

Mais leur blonde de sœur ne répondit rien et partit sans mot dire en direction de leur chambre. Eloi secoua la tête et partagea un regard complice avec sa femme. Anaïs était toute sourire, car elle savait qu'Aslinn espérait une demande romantique de la part de Théophile.

Cyprien s'installa à côté de sa jumelle et prit par à la conversation.

- Vous êtes pas drôle. Aslinn a le droit de rêver, non ?

- Qu'est-ce que tu en sais ? Lui demanda Aurélianne, sans quitter l'écran des yeux.

- C'est une femme et elle est amoureuse. C'est classique. Il lui décocha un regard. M'enfin toi, tu peux pas comprendre.

- Comment ça ! Commença à s'insurger Aurélianne.

Anaïs frappa dans ses mains et leur intima le silence. Cyprien avait prit un peu de caractère et avait gagné un de place au sein de famille, à l'instar d'Aurélianne qui se faisait plus discrète. Mais l'heure n'était plus aux querelles.

- Joyeux Anniversaire ! Hurlèrent de concert les Vauganne, surprenant les jumeaux.

- C'est notre anniversaire ? Demanda Cyprien en fixant sa jumelle.

Aurélianne haussa les épaules, mais un immense sourire ne quittait ses lèvres. Ils avaient oublié ce grand jour et étaient heureux de voir que leur famille y avait pensé. Les cotillons plurent, les chants résonnèrent dans la maison. Ce fut une petite surprise, en petit comité, mais l'ambiance était à la joie et aux larmes pour les parents, qui étaient fiers de voir leurs enfants grandir dans le bonheur.