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Episode 3 - Parade
Episode 3
- Je m’excuse.
Après une bonne nuit de sommeil et une sérieuse remise en question –plus un soupçon d’aide d’une jeune homme blond à lunette- Aèla avait pris les devants et s’était excusée auprès de sa toute récente belle-sœur.
Ce n’était pas qu’elle n’approuvait leur union, mais le fait de le cacher l’avait attristée plus que de raison.
- Et moi, j’ai pas le droit à des excuses ? Marmonna Anthelm.
- Tu n’as aucune excuse à me fournir Aèla. C’est plutôt à moi de le faire.
Dans les bras de Céleste, Aèla fit signe que non.
- Je crois que nous sommes tous en tort. Cela lui arracha un faible sourire.
- Et moi alors ? Insista Anthelm.
- Toi ? Fit Aèla en se retourna vivement, après s’être détachée de Céleste. Toi, tu es impardonnable ! A vie ! Fit elle à demi-sérieuse.
Le jeune homme haussa un sourcil, puis fixa tour à tour les deux femmes. Céleste était amusée mais son sourire montrait qu’elle était désolée. Aèla, quant à elle, se tenait face à lui, mains sur les hanches. Elle abaissa une de ses paupières avec un de ses index et tira la langue à son frère. Cela étonna Anthelm de prime abord, puis laissa un sourire ourler ses lèvres. Sa sœur était une personne rancunière mais sa façon d’agir était une promesse de réconciliation.
Le téléphone d’Aèla sonna, coupant court aux réconciliations. Anthelm tentait d’écouter la conversation, alors que Céleste, d’un regard, lui suppliait de ne pas le faire.
- Allô ?
- Mademoiselle Aèla ?
- Oh ! Servan, c’est vous ?
- Je le crains. Cela arracha un rire gêné à la blonde. Je ne vous dérange pas ?
- C’est-à-dire que… Nous nous apprêtions à manger…
- Oh, je vois ! Pourriez-vous me rappeler ?
La blonde lui répondit que oui. Elle raccrocha et vit le regard de son frère.
- Quoi ?
- Rien…
- Mais quoi ?! Répéta-t-elle, devant son insistance.
S’il y en avait un dont la vie était sans soucis, c’était bien le chat. Tyrinel était loin de toutes ces querelles humaines. Il vivait sa vie de chat. Il venait de se lever, alors il s’étira au beau milieu de la cuisine, s’attirant les foudres d’Aèla qui se plaignit du fait que le félin fusse au milieu du passage.
Aèla, enfin habillée et pouponnée, dégaina son téléphone et composa un numéro qui lui était encore étranger.
Les sonneries furent longues, très longues. Ce qui attisa son mal être.
- Servan ?
- Aèla ? J’allais justement vous rappeler.
- Oh ? Désolée. Jamais elle ne lui avouerait qu’elle avait passé un long moment dans la salle de bain. Vous vouliez me parler de quelque chose ?
- Vous inviter quelque part serait plus exact.
Aèla, bien que rouge comme une pivoine était tout aussi excitée comme une puce. Elle prit note de leur point de rendez-vous puis raccrocha. Elle s’apprêter à mettre un pied dehors lorsqu’elle se regarda. Elle fit marche arrière et se précipita dans sa chambre, sous le regard médusé de ses parents qui mangeaient tranquillement.
De leur côté, le jeune couple venait de terminer de s’habiller. Céleste ne pouvait s’empêcher de se caresser le ventre, rêveuse.
- Anthelm, tu crois pas qu’on devrait le leur dire ?
L’homme pouffa et Céleste arqua un sourcil devant sa réaction.
- Laissons les encore hors du coup, ma chérie. N’est-ce pas plus drôle comme ça ?
- Quand même… Fit-elle, gênée. On leur a déjà caché notre mariage…
- Fais-moi ce plaisir Céleste ! Laissons les mijoter encore quelque temps !
Elle soupira et sourit à son époux. Elle ne pouvait décidément rien lui refuser.
La voiture filait sur les routes d’Apaloossa Plains. Au volant de son fidèle destrier, Aèla se rendait au point de rendez-vous. Pour se faire, elle devait traverser toute la ville.
Elle arriva à bon port, une vingtaine de minute plus tard. Elle gara son véhicule puis descendit le cœur battant. Elle n’avait jamais eu de rendez-vous avant. C’était son premier, et ce jeune homme était une belle personne.
Alors qu’il attendait une bien belle demoiselle, il en aperçut une autre qui semblait chercher quelqu’un.
Il décida de la rejoindre, sentant qu’il était comme attirait. Elle était une femme d’apparence simple et élégante. Naturelle au possible. Quand il arriva à sa hauteur, il ne put s’empêcher d’hoqueter. Cette attirante créature était celle qu’il attendait. Mais, peu sûr de lui, il voulut s’en assurer.
- Aèla ?
- Oui ? Fit-elle après s’être retournée. Oh Servan ! Je suis affreusement en retard ! J’espère que vous n’avez pas trop attendu !
Aèla était très confuse. En fait, elle aurait pu être à l’heure, mais elle avait décidé, sur un coup de tête, de changer de tenue et avait opté pour une coiffure plus naturelle et à la fois élégante.
- Non… Non ! Du tout ! Réussi à balbutier Servan.
- Quelque chose ne va pas ? Vous semblez troubler ? Demanda-t-elle, faussement innocente.
- C’est juste… Votre tenue…
- Oui ?
- Et bien … Elle vous change complétement. Je ne vous avais pas reconnu.
Aèla le regarda circonspecte. Elle ne savait pas comment réagir. Etait-il ravi ou désabusé ? Se sentait floué ou charmé ?
- Je voulais changer un peu… Cela vous dérange ? Elle ne put s’empêcher d’être hargneuse.
Il sentait le désarroi de la blonde. Il se mordilla la lèvre du bas.
- Non ! Surtout pas ! Au contraire, cela vous va à merveille !
Cela arracha un immense sourire à la blonde. Sourire qui toucha en plein cœur le jeune homme qui éprouva grande difficulté pour déglutir.
- Bon… Et si nous entrions ? Se reprit-il enfin. Je ne vous ai pas fait venir ici pour rester sur le pas de la porte. Il fit signe derrière lui. Après vous, Mademoiselle.
Cela fit rire Aèla. Un de ses rires délicats qu’elle émettait lorsque dissimulait sa bouche derrière ses doigts.
Alors que Servan était à l’intérieur, histoire de se soulager, Aèla s’amusait à faire des bulles avec la machine à bulle. Peu soucieuse du regard des autres, elle tentait d’étrange expérience. Servan arriva à ce moment-là. Elle l’aperçut et lâcha en hâte le tube et ses mains se crispèrent sur sa jupe. Le jeune blond en fut amusé mais pour ne pas la gêner, fit celui qui n’avait rien vu.
Pour reprendre contenance, elle sauta de son tabouret et courut jusqu’au billard, tout en proposant une partie à son camarade.
- Euh… Pourquoi pas… Mais je vous préviens, je suis loin d’être doué.
- Tûtûtût… Comme on le dit chez moi : "C’est à force d’entraînement que l’on progresse". Et c’est une simple partie entre ami. Ajouta-t-elle avec un sourire.
- D’accord… Vous avez gagné. Vous savez être convaincante.
- C’est tout un art, vous savez ? Je le dois à mon frère –je suis assez peste avec lui, je vous l’avoue- et aussi à mon métier.
- Votre métier ?
- Oui ! Fit-elle en relevant la tête, après avoir examiné la table. Je suis dans la police.
- Métier à risque que voilà… Siffla-t-il, admiratif.
- Il y a sa part de risque, je vous l’accorde. Mais je pense que c’est un métier comme un autre. Tout poste à sa part de responsabilité et de risque.
Elle tourna autour de la table pour se placer afin de jouer le coup suivant. Aèla n’était pas une grande joueuse. Elle était plus que médiocre, mais elle comptait sur sa chance pour remporter la partie.
La voyant se concentrer, Servan observa le silence tout en fixant la demoiselle avec un œil nouveau et critique. Beaucoup de chose se bousculaient dans sa tête. Mais il préféra taire ses questions afin de la laisser jouer.
Après quelques instants de réflexion, Aèla décida de son coup et joua enfin. Mais il s’avéra que seule la chance ne pouvait lui faire reporter la partie. Déçue, dégoûtée, elle se laissa retomber sur le coin de la table tout en gémissant exagérément. Ce geste fit rire Servan.
- Il me semble que c’est à mon tour de jouer.
Elle hocha la tête, le tout en faisant la moue.
Si Servan avait observé le silence pendant que la donzelle jouait, elle en fit tout autre.
- Et vous alors ? Dans quel secteur d’activité sévissez-vous ?
- Ainsi je n’exerce pas, mais je sévis ? Cela arracha un petit rire au jeune homme. Je sévis dans le même corps de métier que vous, Aèla.
- Vous plaisantez ?! Elle se retint presque de crier. Elle dissimula sa bouche tout en regardant autour d’elle. Pardon… Vraiment ?
- Oui ! Dit-il en montrant toutes ses dents. C’est si étrange ?
- Un peu… A la moue qu’il fit, elle ne put s’empêcher de pouffer de rire. Je suis sincère, Servan. A votre carrure et votre gentillesse, j’étais loin de me douter que vous étiez dans les forces de l’ordre.
Et surtout, elle l’aurait remarqué depuis longtemps, s’il était dans le même poste qu’elle.
- Comme on le dit : "L’habit ne fait pas le moine".
- C’est sur… Vous trompez l’ennemi. C’est un avantage !
- Je suis un peu le bouclier de mes collègues.
Cela arracha un grand rire à la demoiselle qui se tint les côtes. Elle avait l’image du jeune homme, tenant devant lui un immense panneau de fer, essuyant des salves de flèches.
L’entendre rire ainsi le fit sourire également. La demoiselle était un sacré numéro. Elle était loin d’être la faible femme qu’il s’était imaginé. La blonde reprit doucement son souffle.
- Alors… Et si on la terminait cette partie ?
La soirée continuait à déclinait, suivant le rythme nocturne. Les lieux étaient agréables et calmes. Peu de mondes fréquentaient ce bar. Le duo de flic s’était retrouvé à l’intérieur à se trémousser. Ce n’était que le printemps et les nuits étaient très vite fraîches.
Ils ne se parlaient plus vraiment, laissant le charme de la danse opérer. Ils n’étaient pas des virtuoses de la danse. Loin de là, mais Aèla, n’en ignorait pas les codes.
Il n’était pas nécessaire de se coller à son partenaire pour exprimer ses désirs. L’éloignement pouvait susciter bien des choses, comme l’attirance.
Il fallait parfois s’éloigner pour mieux se rapprocher. Et Aèla semblait très bien s’en sortir.
Servan était comme envoûté. Il n’arrivait à décrocher son regard de celui d’Aèla.
Il se surprenait lui-même en agissant ainsi, se laissant entraîner dans la ronde de la blonde. Il n’était pas homme à se laisser entraîner facilement. Il était plutôt du genre à mener.
Mais ces yeux là… Contre ces yeux, il était désarmé et démuni. Il avait perdu depuis longtemps, depuis qu’il avait croisé son regard. Et jamais il n’avait réussi à se défaire de leurs envoûtements.
Il se laissa charmer totalement, et entraîna Aèla dans une danse un peu plus intimiste, réclamant son contact. La demoiselle n’avait rien dit et s’était laissé faire, un peu surprise et gênée au départ.
Mais elle entra vite dans le jeu, le laissa désormais mener la danse. Elle avait réussi à attiser son envie et surtout attirer
Le pari était gagné. Si ce n’était un réel pari, car pour elle, cela représentait bien plus que cela. Ses yeux hurlaient ses
On lui raconta une fois que si un couple s’accordait parfaitement, il lui était possible de danser à l’unisson dès les premiers pas.
Elle put sentir ses mains devenir moites. Son cœur battait plus vite que la musique, une mélodie encore inconnue à son cerveau mais qui lui parlait tant. Servan resserra son emprise sur sa main. Elle ferma les yeux.
Elle se retourna vivement, posa une main sur l’épaule du jeune homme, tandis que l’autre cherchait appuie sur son crâne. Elle approcha son visage du sien…
… Puis l’embrassa doucement, jouant avec les lèvres du jeune homme. Ce n’était pas son premier baiser. Mais un baiser d’amour était unique, à chaque fois. Elle apprécia ce geste qu’elle considéra comme éternel. Puis elle sentit les mains de Servan la repoussa doucement. Elle ouvrit enfin les yeux et vit le trouble qui habitait les yeux du blond. Elle se mordit la lèvre puis tentant de le toucher. Il repoussa sa main, puis sans un mot s’éloigna d’elle.
Elle le regarda partir, sans mot dire. Perplexe, perdue, déboussolée. La musique rugissait, mais elle n’entendait que les craquellements de son cœur.
Elle rentra chez elle, après avoir repris ses esprits- enfin après que le videur l’ai mise à la porte à la fermeture. Elle se sentait lourde, comme faite de plomb. Chaque pas lui coutait. Elle arriva malgré tout jusque son lit. Elle retira négligemment ses vêtements en les laissant sur le sol puis passa sa chemise de nuit.
Elle qui avait passé de si bons moments avait l’impression d’avoir tout gâché sur un simple coup de tête. Elle avait répondu aux envies de son cœur. Cœur désormais bien lourd pour la jeune femme qu’elle était. Elle se glissa sous les draps, le vague à l’âme.
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