• Episode 5 - Esprits, es-tu là ?

    Episode 5

    Episode 5

    La petite Guenièvre jouait, paisiblement installée sur le tapis de la salle à manger. Elle babillait sans cesse, s'exclamant avec joie. Parlant sa propre langue et étant dans son propre univers. Aurélianne avait l'habitude de l'entendre chantonner ainsi, elle ne faisait guère attention à sa petite pierre précieuse et vaquait donc à ses occupations. Installée dans le fauteuil du salon, non loin de là malgré tout, elle apprenait son texte pour son prochain rôle dans un téléfilm. Absorbée par son travail, elle ne prêtait plus vraiment attention à sa fille.

    Guenièvre jouait donc, faisant danser son jouet dans les airs et elle l'examinait sous toutes les coutures. Un grand sourire sur les lèvres. Sourire qui disparut bien vite, tout aussi rapidement que le jouet qu'elle tenait dans les mains quelques secondes auparavant.

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    Les sourcils tombant, elle scrutait tout autour d'elle, paniquée et déçue. Elle adorait son jouet, étant un cadeau de Milan. Certes les enfants de son âge ne s'attardaient guère sur ce genre de détails, mais la petite l'aimait énormément. Elle commença à pleurnicher.

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    Mais comme par magie, le jouet réapparut entre ses maisn. Elle regarda l'objet un instant, intriguée, puis reprit son jeu sans ce soucier de ce détails. Après tout, il était revenue, c'était le principal. Elle babillait donc encore, mais avec plus d'entrain. Aurélianne se tenait dans l'embrasure de la porte, et soupirait.

    - Tu pleures ou tu ris. Choisis ton camps, Guee...

    Aurélianne avait beau soupirer, elle était attendrie par son fille. Guenièvre était un ange, avec son petit caractère et son magnifique sourire qui soulignait la malice qui brillait dans ses yeux.

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    Plus tard dans la journée, alors qu'Eloi s'occupait de Guenièvre, Aurélianne le rejoignit.

    - Papa, je t'ai déjà dit de te reposer. Soupira Aurélianne.

    Depuis quelques temps, Eloi était facilement fatigué et passait le plus de son temps à faire des siestes. Elle était inquiète et ne voulait surtout pas qu'Eloi se surmène.

    - Ma princesse... Tu sais pourquoi les grand-parents sont là ?

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    Elle le fixa avec un air réprobateur. Elle n'était pas d'humeur pour l'humour. Ce fut au tour d'Eloi de soupirer. Elle rafermit sa prise sur Guenièvre qui lui tirait le gilet.

    - Aurélianne... j'ai élévé six enfants avec ta mère. Guenièvre est un ange et elle n'est pas embêtante du tout. C'est mon rôle, et surtout un plaisir de m'occuper d'elle.

    - Papa...

    - Je sais que tu t'inquiètes pour moi. Mais ne t'en fais pas. Je vais bien aujourd'hui.

    - Justement !? Prends du temps pour toi.

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    Eloi soupira encore. Aurélianne était têtue, il le savait. Et son entêtement était toujours un sujet de dispute. Mais aujourd'hui, il n'avait pas envie de se disputer. Il se sentait serein, comme jamais. Ses vieux os ne le faisaient plus souffrir et il était heureux. Il jeta un regard à Genuièvre qui tendait une main vers ses lunettes. Un sourire ourla ses lèvres et retint la main de sa petite-fille.

    - Comprends que m'occuper de Guenièvre, c'est du temps pour moi.

    Aurélianne ne sut quoi répondre. La petite rompit le silence en réclamant à manger. Aurélianne lança un regard à son père qui, amusé, abdiqua. Il rendit la fille à sa mère, chose qui illumina le visage de la jeune femme. Eloi était fier des ses enfants, chacuns d'entre eux. Mais Aurélianne était sa plus grande fierté : mère célibataire, pratiquant une profession difficile et publique.

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    Le soleil déclinait lentement. L'automne avait largement emporté les feuilles des arbres. Si la journée fut délicieuse -ni trop chaude, ni trop froide ; simplement une journée ensoleillée d'automne- un tragique évènement était en train de se produire dans la demeure familiale.

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    Dans le salon, l'on pouvait retrouver Anaïs et Aurélianne, en larme. Inconsolable, la vieille femme hoquetait pitoyablement. Visage engouffrait dans ses mains, elle ne pouvait regarder le spectable qui se déroulait sous ses yeux. Sa fille n'était pas mieux lotie. Elle se forçait à garder les yeux ouverts, mais c'était insoutennable, elle ne pouvait soutenir ce drame.

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    Eloi disparaissait. Translucide et blanchâtre, le vieil homme se tenait là, avec le sourire. Faisant face avec dignité à la Dame en Noire. Cette légende morbide était une vérité qu'il ne croyait plus vraiment. Il n'était pas fâché, ni indigné. Juste apaisé. Il savait que son temps était révolu, qu'il ne pouvait lutter contre la nature.

    - Et encore un Vauganne à mon actif ! Je deviens bonne pour faucher cette famille ! S'exclamait cette créature du mal.

    Aurélianne explosa et hurla tout son mal être. La mort se boucha une oreille à l'aide de son index squeletique.

    - Punaise, elle a du coffre, celle-ci !

    Episode 5

    - Ma fille est un peu excessive mais c'est une crème.

    - C'est ça ! Allez Papy, c'est l'heure. Donne ta mimine qu'on signe ce contrat. J'ai d'autre chat à fouetté aujourd'hui. C'est les soldes chez les Vauganne !

    - Oh ? Je ne suis pas le seul ?

    - Naaan ! Au fait, il faudrait penser à arrêter de vous reproduire autant. Ca devient dingue là haut.

    - Là haut ?

    La mort haussa les épaules puis regarda avec mépris Anaïs.

    - T'inquiète pas ma belle ! Je l'emporte avec moi, mais il sera pas perdu. Un beau palais vous attends.

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    Eloi suivit la Dame en noire, sans un regard sur sa famille. Il ne pouvait pas leur infliger une peine plus grande qu'actuellement. Anaïs aurait bien du mal à s'en remettre. Il était plus jeune qu'elle, la logique aurait voulu qu'elle parte avant lui. Mais la nature étant tout sauf logique...

    Guenièvre était là, consolant sa peluche. Un cadeau d'Eloi lorsqu'elle naquit. Elle chérissait cette poupée depuis toujours, au grand damne de sa mère qui aurait souhaité qu'elle adopte une autre peluche - une de son choix.

    Une génération trépasse laissant derrière elle une autre génération a l'avenir prometteur et plein d'embûche.

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    La nuit était tombée, et Anaïs restait inconsolable. Les larmes n'arrêtaient de couler. Elle n'avait même pas eu la force de s'habiller. Aurélianne avait dû prendre les choses en main. Consoler sa mère, ainsi que sa fille qui ne comprenait pas la disparition subite de son grand-père.

    - Maman...

    - Je sais Aurélianne... Je sais. Dit Anaïs entre deux sanglots. Mais je n'y arrive pas.

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    Angéline venait de se réveiller. Elle dormait, comme souvent dans la journée, et n'avait aucunement entendu le grabuge que le décès de son père avait causé. Aurélianne le lui avait reproché, et même sa mère. Plus bas que terre, elle tentait de faire bonne figure, loin de celles, chères à son coeur.

    - Allez Maman. Il est temps.

    Anaïs s'éloigna de sa fille et hocha fébrilement la tête. Elle n'était pas prête mais il fallait le faire. Elle disparut à l'étage, tandis qu'Aurélianne, bras croisés, observait sa soeur qui avait les yeux rivés sur l'urne de leur père. Elle soupira avec mépris. Jamais elle ne lui pardonnerait son absence.

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    La nuit était bien présente. Sombre comme jamais. C'était comme si le ciel pleurait également la disparition d'Eloi. Anaïs avait revêtu des vêtements plus sobre et s'était laissée guider par Aurélianne vers l'extérieur. Il n'y avait pas grand tombe dans de le jardin. Mais désormais Eloi reposait auprès de ses beaux-parents. Les voir ainsi, côte à côté ravivait la plaie béante dans le coeur d'Anaïs.

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    Les trois femmes de la maison étaient en larme. Anaïs pleurait bruyamment, Aurélianne tentait de retenir ses larmes, tandis qu'Angéline souffrait en silence. Les poings serrés, elle ne pouvait faire face. Voir cette stèle était comme lui mettre le nez dans la réalité. Elle croyait que ses parents étaient éternels, tout comme elle. Elle avait perdu cette notion de mortalité - étant imortelle.

    - Auri ?

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    La voix de Milan la fit sursauter. Aurélianne regarda légèrement derrière elle, les larmes ruisselant sur ses joues. Milan les rejoignit et voyant les mines affreuses et blafardes des trois femmes, il comprit en un instant ce qu'il s'était produit. Sans un mot, il prit sa fiancée contre lui et la serra fort contre son torse. Aurélianne se laissa faire. Il n'avait pas la force de faire bonne figure. Elle avait tenu jusque là pour le bien de sa mère et de sa fille. L'arrivée de Milan -qui rentrait du travail- déclencha chez elle et Anaïs une crise torentielle de larme et de sanglot de plus en plus déchirant.

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    - Pardonne moi, Auri... J'aurais dû être là.

    Aurélianne secoua la tête, le chatouillant de ses cheveux. Elle n'avait pas la force de parler. Et Milan y était absolument pour rien. Sa présence n'aurait rien changé. Son père devait partir et lutter aurait été inutile. Mais l'avoir auprès d'elle était une source de réconfort qu'elle n'aurait jamais soupçonné.

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    Anaïs s'était effondrée et Angéline la soutenait comme elle pouvait.

    - C'est injuste... Eloi tu es trop cruel ! C'était à moi de partir avant toi !

    - Maman...

    Anaïs repoussa légèrement Angéline qui tentait de la réconforter. Ce geste blessa la jeune femme qui ferma les yeux. Elle ne devait pas prendre cela trop à coeur. Sa mère était bouleversée, totalement instable. Chacun de ses mots n'étaient pas sincères.

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    - Il m'a abandonné... ll m'a abandonné... Eloi...

    Personne ne dit rien. Anaïs déversait ses larmes et sa peine, hurlant inutilement après Eloi. Angéline avait le coeur serré. Mais les larmes ne vinrent jamais. Elle se mordait les lèvres, luttant contre sa propre rage et son propre dégoût. Aurélianne ne faisait plus attention à elle, lovée dans les bras de son fiancé. Angéline croisa le regard de Milan, qui d'un faible sourire, tenta de l'apaiser elle aussi.

    Elle détourna le regard et ferma les yeux. Il n'avait pas à faire cela. Elle n'était rien pour lui. Juste une étrangère liée par le sang à sa fiancée. Une étrangère qui errait dans une maison immense où le chagrin était de mise.

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    Anaïs n'arrivait pas à dormir. Pourtant cela faisait une semaine déjà qu'Eloi était partit. Mais son absence était insoutenable. Elle avait l'habitude de l'avoir à ses côtés, jour et nuit. Et lorsqu'ils dormaient, elle était constamment dans ses bras. Sa chaleur, son odeur, sa voix... Tout lui manquait.

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    Elle s'occupait alors en cuisinant. Aurélianne lui avait d'abord reproché, car le frigo était rempli à ras-bord et personne n'avait le coeur à manger. C'était du gâchis pur et simple mais la vieille femme ne s'en souciait guère. Elle devait s'occuper les mains afin de calmer son esprit. Mais elle n'y parvenait guère souvent et les larmes, qu'elle croyait tarissable, étaient inépuisables.

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    Dehors, alors que le silence nocturne remplissait la ville, une apparition se dessina. Sa silhouette légèrement voûtée et son teint blanc était reconnaissable. Ambrine avait senti la détresse de sa fille et venait de rejoindre les vivants -avec autorisation de la Dame en Noire, qui, je cite : "En a assez d'entendre le vieux à lunettes se plaindre !"

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    Lorsqu'elle vit sa mère pénètrer dans la pièce, Anaïs lacha sa cuisson et courut se réfugier dans ses bras. Elle pleurait comme une petite fille contre le sein de sa mère. Ambrine lui tapota le dos, d'une façon maternelle et plein d'amour.

    - Pleurer est parfois nécessaire pour faire son deuil.

    - Je suis une bien piètre mère. Auri est bien plus forte que moi.

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    - Chacun réagit face à la mort à sa manière, Anaïs.

    La vieille femme se détacha du fantome et la fixa avec curiosité. Elle se souvenait de son père, Lawrence, lorsqu'Ambrine disparut. Il avait longtemps pleuré, seul dans sa chambre, mais jamais il n'avait montré devant ses enfants. Elle le connaissait pourtant par coeur et avait réussi à lui rendre un véritable sourire. Anaïs souriait elle aussi, malgré sa tristesse. Sa mère avait raison. Elle ne pouvait blâmer personne de la mort de son époux. Aurélianne avait son pilier, Angéline pleurait surement en silence et elle... Elle, elle verserait des larmes pour deux s'il le fallait.

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    Ce matin-là, Aurélianne et Milan prenait leur petit-déjeuner ensemble, dans un silence confortable. La petite Guenièvre chantonnait au fond de la pièce, s'amusant avec la buée sur les vitres qui étaient à sa hauteur.

    - Nous devons faire une fête.

    Milan s'étouffa légèrement Il scruta sa fiancée qui continuait de manger.

    Episode 5

    - Tu t'entends Auri ?

    - Milan. Elle déposa sa fourchette et le fixa droit dans les yeux. Ma fille fête son anniversaire et j'ai envie qu'elle en ai un bon souvenir.

    - Elle est trop jeune pour s'en souvenir.

    Milan savait qu'Aurélianne se forçait en organisant un goûter d'anniversaire. Elle pleurait encore la nuit, il l'entendait assez comme ça.

    Episode 5

    - Mon père est mort, c'est vrai. Mais la vie doit continuer. Guee n'a pas à subir notre peine.

    - Aurélianne, Guenièvre est une enfant intelligente, si on lui explique.

    - C'est déjà fait !

    Milan secoua la tête. Aurélianne avait déjà tout organisé. Elle était comme ça, à prendre des décisions par elle même. Cela le peinait mais c'était également une des raisons qui l'avait séduit.

    - Pourquoi m'en parler si tout est déjà fait ?

    Son ton était teinté de reproche. Cela fit tousser Aurélianne qui le fixa, les yeux grands ouverts. Milan ne protestait jamais.

    - Milan !

    - Il n'y a rien ajouté, Auri. J'ai bien compris : c'est ta fille. Tu décides, mais sache que je pense au bien de ta fille, tout autant au tien.

    Sur ces mots, Milan quitta la table et rejoignit Guenièvre qui babillait avec enthousiasme. Aurélianne baissa le regard sur son assiette, touchée par les mots de son fiancé.

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    Apercevant le jeune homme, la bambine tendit les bras vers lui tout en hurlant "Papa !". Ce simple mot mit du baume au coeur à Milan qui, avec un immense sourire, prit la petite dans ses bras. Guenièvre lui rendit son étreinte tout en riant.

    - Ma petite perle.

    - Papa !

    - Qu'est-ce qu'il y a ?

    - Ze t'aime !

    Un immense sourire ourla les lèvres de Milan, qui sentit ses yeux s'humidifier. Il baisa alors le front de sa fille de coeur et la serra de nouveau contre lui. Elle ressemblait tant à Aurélianne, avec un côté mignon que le charme adulte avait substitué chez sa fiancée mais ils adoraient ses deux femmes.

    - Je t'aime aussi ...

    Episode 5

    - Maman ?

    - Dans la salle de bain ! Hurla Anaïs.

    Aurélianne frappa un léger coup contre le bois de la porte et entra sans se faire prier. Guenièvre dans les bras, elle s'avança vers sa mère, qui terminait de se laver les mains.

    - Qu'est ce qu'il y a ?

    - Maman, surtout ne le prend pas mal mais... J'ai une surprise pour toi !

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    - Qu'est ce que tu es allée encore m'inventer ? Se lamenta la vieille femme.

    Elle n'était pas d'humeur pour les plainsanteries de sa fille. Elle était fatiguée.

    - Le prend pas comme ça ! Moi qui pensais te faire plaisir... Ronchonna la jeune femme.

    - C'est bon, c'est bon... Alors cette surprise ?

    - Elle t'attends dans la salle à manger !

    Le ton enjoué d'Aurélianne la fit sourciller, mais elle ne dit mot. Sa fille, lassée de la voir si incertaine, la poussa hors de la pièce, le sourire aux lèvres.

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    - Mais enfin !

    - Maman ? Râler ? Ca c'est une première ?! Elle aurait déteind sur toi ? Dit une voix grave tout en désignant Aurélianne.

    Anaïs resta la bouche ouverte un long moment avant de plonger dans les bras de son fils.

    - Arrête de dire n'importe quoi... Pesta la jeune mère.

    - Mon fils... Tu... te...

    - Je sais Maman. Ca faisait longtemps. Je suis désolée.

    La mère secoua la tête, en signe de négation. Elle n'avait pas vu Cyprien depuis des semaines, trop occupé avec son travail et ses quatres enfants. Elle soupira d'aise dans ses bras. Il dégageait la même chaleur qu'Eloi.

    Episode 5

    - L'important c'est que tu ailles bien. Comment vas-tu ?

    - Ahaha ! Bien Maman ! Très bien même si les enfants sont de vraies terreurs. C'est épuisant.

    - Il faut dire qu'avec Ambre... Et bien disons que tu aimes faire les choses en double.

    Ambre, la femme de Cyprien avait vécu deux grossesses, et chacune fut multiple. Cyprien était le père de deux paires de jumeaux : Maïwen et Aedan puis Joela et Nina.

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    Les invités débarquèrent un à un, sauf Adam, ce qui laissa un goût amer dans la bouche d'Anaïs. Adam ne venait jamais la voir depuis son départ. Il vivait sa vie, loin de sa famille, entre son boulot et sa femme. Ce n'est pas qu'elle n'appréciait Julie mais cette fille retenait son fils loin d'elle.

    - Mamie ?

    Anaïs revint vers Guenièvre, qui bien emitoufflée dans son manteau, attendait pour souffler ses bougies. La petite fêtait son anniversaire. Avec un tendre regard et un sourire triste, elle baisa le front de sa petite-fille.

    - Si ton grand-père était encore là, il serait fière de toi.

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    Anaïs regarda derrière elle, une dernière fois. Certes Adam n'était pas présent, mais Alix également. Aslinn, Cyprien, Aurélianne et Apolline... Elle leur sourit et rejoignit sa famille dans le chant traditionnel des anniversaires.

    Episode 5

    La petite Guenièvre adopta les traits d'une charmante petite fille, blonde comme sa grand-mère et aux yeux aussi profond que sa mère. Elle mangeait calemement sa part de gâteau tandis que les adultes discutaient deleur vie respectives.

    Episode 5

    Guenièvre se leva et put appercevoir la raison du regard surpris de sa grand-mère. Adam était là, sur le pas de la porte, un grand sourire aux lèvres, malgré la sueur qui perlait de son front. C'était l'hiver et il transpirait.

    - Adam ?

    - Je suis désolé ! J'ai fait aussi vite que j'ai pu ! Haletait il à bout de souffle.

    Episode 5

    Sans attendre, elle plongea dans ses bras et le serra fort contre lui. Elle ne connaissait pas très bien son oncle, mais sa présence mettait sur les lèvres d'Anaïs un sourire qu'elle n'avait guère vu depuis des jours.

    - Bon anniversaire, ma grande.

    - Merci Tonton !

    Episode 5

    La petite fille était heureuse, elle pouvait désormais vivre sa vie, sans être trop dépendante des adultes. Elle regardait sa famille se chamailler gentimment. Elle sourit mais déplora l'absence de sa tante Angéline. Elle avait cependant fait l'effort d'être là, le temps des festivités, mais cette dernière avait rapidement filé, dès que la petite avait souflé ses bougies.

    Episode 5

    Angéline était déjà sortie lorsque le soleil se couchait. Elle ne pouvait rester chez elle. Elle se sentait accusée de tout et par tous. Sa propre famille la rejetait pour une raison dont elle n'était pas coupable. Son état n'était pas de son fait. Certes, coucher avec Lennart était une erreur - SON erreur- et cela lui avait coûté très cher. Elle souhaitait en garder le secret mais Adam, Aslinn et Aurélianne, ainsi que sa propre mère, n'étaient pas dans le secret. Et on lui reprochait sans cesse son absence, son manque d'enthousiasme...

    Episode 5

    Enervée, hors d'elle, folle de rage... C'était ainsi qu'elle se sentait. Et lorsqu'elle était en colère, elle avait soif. Ses petites briquettes de sang congelé étaient loin de la satisfaire. Elle avait beau lutter, son instinc prenait le pas sur sa raison. Elle chassait alors.

    Episode 5

    Même si ce n'était que pour une faible dose. Pouvoir se délecter de sang chaud était comme une jouissance extrême pour elle. Elle se sentait vivante que lorsqu'elle plantait ses crocs dans une chair ferme et chaleureuse. Mais ses victimes étaient rarement consentantes. Il lui fallait alors ruser, emloyer son charme, quelques uns de ses pouvoirs de persuasion, son charisme.

    Episode 5

    Mais cette nuit, étancher sa soif ne suffit pas. Elle sentait le sang récemment absorber bouillir dans ses veines. Elle s'en voulait. Elle aurait dû être là pour son père. Elle avait râté les dernières années de sa vie, à se complaindre et en s'enfermant dans sa pièce secrète.

    Episode 5

    Elle frappa, et frappa encore sur ses personnages ridicule à l'effigie de ses êtres magiques qu'elle pouvait compter comme ses pairs, désormais. Mais cela, elle le refusait. Elle était humaine !

    - Je suis humaine ! Jamais je ne tuerais quelqu'un...Je suis...Je suis morte...

    Episode 5

    Il était tard et la petite Guenièvre déambulait dans la maison. On venait de lui ordonner d'aller se coucher, mais trop grisée par sa nouvelle liberté, elle ne se sentait pas fatiguée. Elle trouva la porte de la chambre de sa grand-mère ouverte. Intriguée, elle poussa la porte. L'atmosphère était reposant mais il y avait quelque chose de triste dans l'air. Guenièvre pouvait le sentir au plus profond d'elle même. C'était comme un film qui défilait sous ses yeux. Un film muet où sa grand-mère ne cessait de pleurer.

    Elle ferma les yeux et s'avança vers le lit où elle s'agenouilla sur le sol. C'était comme si on la poussait à faire cela. Elle sentait comme une masse noire se cacher en dessous du matelas.

    Episode 5

    - Vous n'avez rien à craindre, vous savez ?

    Elle lui parla, comme si elle parlait à un être humain. Mais la chose devant ses yeux se recula, comme apeurée. Guenièvre lui sourit alors et la silhouette s'apaisa.

    - Je sais que ce n'est pas votre faute. Vous êtes retenue ici, n'est-ce pas ? C'est ma grand-mère... C'est sa chambre et vous avez envie de l'aider, n'est-ce pas ?

    La silhouette hocha de la tête et Guenièvre lui sourit de nouveau. Sa grand-mère était une gentille personne qui ne cessait de pleurer après son grand-père. Guenièvre avait pris beaucoup de temps pour comprendre qu'Eloi ne reviendrait jamais. Elle tendit une main vers la créature sous le lit et l'invita à la rejoindre.

    Episode 5

    - C'est gentil à vous. Mais ma grand-mère ne souhaiterait pas vous retenir ici. Vous êtes libres de partir et de rejoindre les vôtres. Ils doivent vous manquer, non ?

    L'homme secoua de nouveau la tête et gratifia d'un immense sourire la petite, qui la salua d'un geste de la main. Elle voyait de la reconnaissance flotter dans le regard bleutée de cette créature.

    - Guenièvre !!! Je t'ai dit d'aller au lit ! Hurlait Aurélianne en bas des escaliers.

    - J'y vais !!

    La créature la retint par la manche, le regard curieux.

    - C'est ma mère. Elle crie beaucoup mais elle est gentille. N'ayez pas peur, elle ne vous fera rien.

    Et pour cause : Aurélianne était incapable de voir cette créature. Un dernier geste de la main et Guenièvre referma la porte derrière elle en direction de sa chambre.


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