Episode 5

La routine avait repris son cours. Et les conflits furent clôturés par un simple baiser sur la joue. Kahei en fut d’ailleurs très surpris, mais Aimée ne donna aucune explication et s’installa avec lui à table afin de manger ses gaufres. Kahei ne chercha pas à comprendre. Le plus important : ils s’étaient avoué leur sentiment mutuel. Et pour rien au monde il briserait cela.

Bon, cette matinée n’était pas des plus paisibles mais elle faisait partie de la routine. A croire que le couple était tombé sur un évier défectueux qui, au moindre caprice, décidait de cracher sa haine. En tant que machiniste, Aimée était qualifiée pour le vaincre. Mais cela ne l'empêchait pas de pester contre lui à chaque fuite.

Pendant que Kahei, lui, se distrayait. Le pauvre lui proposa de l'aider mais elle le repoussa avec véhémence criant qu’elle en était capable, femme ou non. Il n’insista pas cependant, connaissant le caractère de sa bien-aimée. Et puis, il trouvait drôle de l'entendre pester et injurier la plomberie récalcitrante.

Les soirées étaient sereines, une fois qu’Aimée rentrait du travail, ils aimaient danser tendrement dans leur salon. Enchaînant de magnifique mouvement comme des pas perdus qui venaient s’écraser sur leurs pieds. Etrangement, Kahei était le plus souvent touché. Mais cela n’entachait jamais sa bonne humeur.

Même ce soir-là. Au contraire, Aimée sentit qu’il était temps d’officialiser leur relation. Elle avait bien eu peur d’un rejet potentiel. Mais fou d’amour qu’il était, Kahei lui fit comprendre qu’il n’y avait aucune crainte à avoir. 

 

 

Vraiment aucune crainte. Ils franchirent le pas avec appréhension, maladroitement mais avec passion. Aimée se sentit idiote tout le long de cette nuit, à chacun de ses gestes sur Kahei. Mais le brun sut la rassurer et la guider. Mais il dut bien se l’avouer, il n’était pas plus expert qu’elle en la matière. Mais cette première fois ensemble restera graver en eux. Et s’ils ne furent performants dans leur découverte, il y aura d’autre fois.

 

Nos tourtereaux filaient le parfait amour, entre le travail, les tâches quotidiennes et leur moment à deux. Et espéraient que ça continuerait ainsi encore longtemps.

Un soir, Kahei rendit visite à son ami Renaud. Renaud Hamblin est un jeune homme assez vivant et bout en train. Kahei aimait passer de temps avec lui, car il s’avèrait souvent de bon conseil. Il était un bon ami, presque un frère pour Kahei. Le brun avait rencontré le blond alors qu'il entamait la construction de son logis. Habitant la même rue, Renaud s'était alors proposé de l'aider, chose que Kahei accepta. Il se découvrit alors une amitié pourtant Renaud était un être totalement différent de Kahei.

- Alors, ça va chez toi ?

Ils étaient installés dans le salon de Renaud, dégustant leur repas sur le canapé. Les deux hommes se retrouvaient régulièrement afin de parler de leur vie respective. Enfin, Renaud écoutait plus qu'il ne racontait. Kahei avait souvent besoin de se délivrer, et surtout concernant son cœur. Renaud écoutait toujours avec sourire. Il aimait entendre Kahei lui raconter ses soucis, ses petits tracas d'amoureux presque adolescent. Il n'était pas aussi innocent que son ami, et cela le laissait rêveur.

- Bien plus que tu ne peux l’imaginer. Une réponse qui fit sourire Renaud.

- Alors ta belle te laisse enfin plus que la séduire.

Cette nouvelle le réjouissait sincèrement. Même si leur histoire de cœur étaient différente, Renaud savait que ce genre d'histoire que vivait Kahei et Aimée était un paradis sentimental. Au fond de lui, il était jaloux d'eux. Mais c'était surtout une belle opportunité de taquiner le farouche Kahei.

- Comment ça ?

- Et bien, tu la pratiques, dira-t-on…

- Arrêtes Renaud !

La réaction de Kahei était celle qu'il escomptait. Ses yeux grands ouverts, les sourcils froncés, la bouche se plissant en une moue désapprobatrice. Sainte Aimée était intouchable et c'était la meilleure façon de faire sortir de ses gonds son brun d'ami. Renaud rit alors en s'excusant lorsqu'on frappa à la porte. Les deux hommes stoppèrent leur plaisanterie puis Renaud rejoignit la porte afin de l'ouvrir. Il découvrit alors une brune habillée de façon décontractée sur son seuil. Elle lui souriait de façon aguicheuse, puis découvrit Kahei qui fixa alors ses chaussures.

Renaud était connu pour ses différentes conquêtes. Il était une espèce de chasseur, de recordman de la jambes en l'air ! Cette façon d'aimer contrariait Kahei qui n'arrivait pas à comprendre l'amour pour les femmes qui étreignait son ami. Mais il n'allait pas le juger, pas ce soir en tout cas.

Renaud fit entrer la jeune femme après lui avoir baisé le coin de la bouche. Kahei comprit réellement la raison de sa présence. Il soupira, avala sa dernière bouchée alors que Renaud revenait vers lui.

- Tu m’excuseras Kahei mais…

- Oui, je pars. Bonne soirée !

Renaud lui fit un léger sourire désolé, mais si au fond il ne l'était pas tant que cela. Après tout, la compagnie d'une femme était toujours plus appréciable que celle d'un ami. Kahei lui fit un dernier signe de la main avant de refermer la porte derrière lui. Il s'engagea sur le chemin de retour, les mains dans les poches et les yeux rivés vers le ciel étoilé.

 " Si seulement Renaud pouvait trouver une femme et rester avec elle plus qu’une nuit."

A peine rentré, Kahei découvrit Aimée se tenant dans la cuisine, statique et totalement nerveuse. Encore habillée de sa tenue de machiniste -salopette et trousseau de mécano sur la hanche- elle fut surprise de le trouver si tôt chez eux. Kahei lui expliqua que Renaud avait une urgence. Mais la blonde n'était pas stupide et comprit que cet homme avait encore préféré une aventure à une soirée avec Kahei. Même si le brun l'acceptait, la jeune femme trouvait cela totalement irrespectueux -pour Kahei comme pour la pauvre femme victime de ses griffes. Aimée n'appréciait pas vraiment Renaud. Il était tout ce qu'elle détestait dans la gent masculine : la frivolité à l'état pur ! Kahei sourit légèremtn en la voyant fulminer en silence. Il était au courant des sentiments d'Aimée à l'encontre de son ami. Elle résonna comme la plupart des femmes le faisait et ne cherchait pas à voir plus loin dans son comportement, mais Kahei savait que Renaud se sentait seul, et qu'il comblait ce vide en la compagnie des femmes.

Il mit de côté Renaud et sa course folle et rejoignit Aimée. Mais alors qu'il allait lui baiser la joue, elle esquissa un geste qui arracha une mine effarée au jardinier.

Aimée s’était agenouillée face à lui et avait maladroitement sorti un écrin de sa poche, manquant de le faire tomber. Les mots lui manqua et afficha un sourire confiant malgré sa grande peur. Kahei lui, ne put produire que des bruits étranges et suffoquant, tellement le choc était grand. Sa belle Aimée envisageait avec sérieux leur relation. Ils se connaissaient depuis leur adolescence et il l'avait toujours aimé, mais jamais il n'avait cru que son plus grand rêve se réaliserait un jour.

- Oui...

Il n'y eut besoin de question, et Aimée était incapable de parler, de toute façon. Il n'était pas commun qu'une femme fasse la demande, mais ils s'en fichaient. L'amour n'avait pas de sexe, pas de genre. Il n'y avait pas d'homme ni de femme, juste deux êtres qui s'aimaient et qui souhaitaient s'unir pour la vie. Kahei n'aurait jamais imaginé Aimée capable de faire une chose pareille, toutefois. Mais cette surprise était une heureuse surprise. La bague qu'elle lui avait offerte lui allait comme un gant. C'était un simple anneau d'or blanc.

Ce fut le seul mot qu’il dit. Un long silence s’empara des lieux. Ils n’avaient besoin de parler. Non aucunement. Yeux dans les yeux, la réelle conversation se faisait. Un baiser scella leur promesse. Il n’avait besoin de rien d’autre.

Ce fut, les yeux dans les yeux, et main dans la main, que Morphée vint les ravir et les couvrir de son voile apaisant.