Episode 8

Les oiseaux pépiaient gaiement, chantant l’avènement de l’été.  Aveline avait entamé son congé maternité et se portait comme un charme. Elle profitait de la fraîcheur matinale pour s’occuper de son potager.

Si l’annonce de sa grossesse avait enchanté Wyatt, son frère l’avait très mal pris, l’accusant – à raison- d’agir dans son dos et de rester trop secrète.

"Aldrick doit se sentir exclus de ma vie pour s’emporter comme ça. Oui, j’ai fait le choix de garder cet enfant, car … En y réfléchissant bien, un enfant n’est en rien responsable de la bêtise de ses parents."

Mais son petit frère ne l’avait pas vu ainsi. Accusant le fœtus de destructeur de vie. Il ne voulait pas que sa sœur détruise sa vie en devenant mère célibataire. Mais être seul pour élever un enfant n’était pas une mauvaise chose. Et elle les savait présent, lui et leur père.

- Tu crois que je suis allé trop loin avec elle ? S’inquiéta Aldrick.

Leur dispute remontait de la veille, lorsque la jeune femme eut le courage d’avouer son état. Wyatt avait souri et pris la brune dans ses bras. Mathis la félicita, mais Aldrick bouda. Il s’était senti fortement exclus et lui en voulait à mort. Certes, avec Adélaïde, il savait cela depuis longtemps, mais il ne pensait pas qu’Aveline attendrait d’être acculée pour avouer la vérité.

- Un peu. Répondit simplement son époux. Ca sent bon ! Ajouta-t-il après avoir humé l’air. Qu’est-ce que tu nous prépares ?

- Des pancakes… Répondit faiblement Aldrick.

- Dis… Tu vas pas bouder toute la journée.

- D’une je ne boude pas. Le regard accusateur de son époux le ravisa. D’accord… et de deux… Ne pas connaitre l’identité du père me tracasse un peu.

- Tu le sauras en temps et en heure.

- Avec Aveline ? Non … Sa vie entière est un secret.

Mathis soupira. Il ne pouvait pas donner tort à son mari. Aveline était très secrète et menait sa barque dans son coin, sans rien ne demander à personne.

La journée s’étirait et Aveline changea d’activité. Elle ne se ménageait pas, entretenant son intérêt pour les sciences malgré son état et sa fatigue récurrente.

Mais elle était à deux doigts de faire une grande découverte, selon elle. La découverte du siècle, qui révolutionnera le monde scientifique et qui portera le nom des Vauganne à la gloire. En entendant cela, Adélaïde ne put s’empêcher de lui rire au nez. Elle était heureuse de l’intérêt de sa sœur, mais elle voyait les choses trop grandes. Mais la brune ne se laissera pas abattre si facilement.

Un soir, dans la semaine, après le dîner, tandis que Wyatt se lavait, les deux garçons prirent à parti Aveline. Enfin, surtout son frère qui l’agressa littéralement, en lui demandant sans cesse qui était le père de l’enfant. A bout, Aveline osa souffler le prénom de Maxance.

- Aveline ! Tu as osé coucher avec Maxance ?! S’offusqua Aldrick.

- Mais…

- T’es pas croyable ! Comment as-tu pu me faire ça ?

- Je te préviens, si tu fais du mal à mon meilleur ami, je coupe toute relation avec toi ! La menaça le blond.

- Aldrick… tenta de tempérer son époux.

- Non ?! C’est sérieux là ! En plus d’être mon ami, il est aussi mon ex ! Tu trouves ça sain peut être ?

Aveline ne savait quoi dire. La véhémence de son frère était injustifiée. Si elle n’était pas au bord des larmes, elle lui aurait bien répliqué que cela ne le concernait pas. Qui justement, c’était son ex petit ami et qu’il n’avait rien à dire ! Mais non… Chamboulée, elle préféra s’enfermer dans sa chambre afin de s’effondrer en larme.

- Tu es fier de toi ? Dit simplement Mathis avant de se détourner de son époux.

- Quoi ? Mais quoi ?! S’indigna Aldrick. Elle me trahit en faisant ça.

- Aldrick, tu l’as dit toi-même, c’est ton ex ! A croire que tu l’aimes toujours… Soupira le militaire avant de s’éclipser à son tour.

D’autres jours passèrent, laissant l’amertume contrôler la vie de la fratrie Vauganne. Aldrick et Aveline ne s’adressait plus la parole, chagrinant leur père. Et la future mère restait toutes ses soirées enfermée dans sa chambre à ruminer et pleurer.

Cette nuit encore, elle avait jeté son téléphone portable, par dépit, sur son lit avant de s’effondrer dans son fauteuil.

Les mots d’Aldrick l’avaient touché. Et d’une certaine façon, sonnaient vrai. Elle s’était servie de Maxance pour … pour quoi ? Le rendre jaloux ? Chercher un semblant de bonheur ? Elle ne pouvait que comprendre la réticence du jeune homme à ne pas répondre à ses appels et sms. Elle lui avait offert le bâton pour se faire battre. Mais elle aurait aimé lui annoncer qu’il allait être père. Elle avait manqué à beaucoup de principe mais voulait se rattraper.

Apparemment il était trop tard. Car ce soir, il lui avait répondu. Une simple phrase : Oublie-moi…

Si seulement elle le pouvait, mais l’enfant allait bientôt naitre et il allait être sans père. Elle refusait de le savoir dans l’ignorance. Mais si Maxance refusait tout contact… Elle pouvait toujours l’écrire, dans un message ? Non… Non… Ça serait irrespectueux.

Elle soupira. Il était inutile de se torturer l’esprit plus que de raison. Elle se leva et quitta ses habits afin de revêtir son pyjama. On dit que la nuit portait conseil. Elle espérait fortement que Morphée serait un meilleur conseiller que son pauvre cerveau.

Le lendemain, Aveline se leva avec difficulté. Son esprit était toujours dans la brume. Elle soupira en s’extirpant des draps et se dirigea difficilement jusque son armoire. Son ventre devenait de plus en plus lourd et se mouvoir de plus en plus difficile.

Elle ouvrit les portes et pris sa tenue de la veille. Elle était confortable et légère, parfaite pour cette fin d’été.  Elle allait refermer l’armoire, lorsqu’on toqua à sa porte.

- Je peux entrer ? Demanda la voix derrière la porte.

Mais elle n’eut guère le temps de répondre, elle s’empressa de terminer de passer sa robe lorsqu’elle vit dans l’entrebâillement Mathis.

- Mais c’est pas vrai ?! On t’a jamais appris qu’il fallait attendre une réponse ?

- Désolé, mais je m’inquiétais. Dit-il en tentant de l’aider à fermer sa robe.

- Ne t’approche pas ! Je peux me débrouiller.

Il se tourna légèrement, pendant qu’Aveline terminait de fermer sa robe, difficilement. Il tenta de nouveau de lui prêter son aide, mais elle refusa d’un bloc.

- Tu peux me dire ce que tu me veux de bon matin ? Demanda sèchement la jeune femme.

- Le prends pas comme ça, voyons.

- Je le prends comme je veux, Mathis. Tu es mon ami, certes, mais tu es aussi le mari de mon frère...

- Et ?

Et quoi ? C’était une bonne question. Elle-même ne savait pas comment terminer sa phrase.

Il lui prit le menton et la força à le regarder. Aveline se sentit fondre. Elle savait exactement pourquoi elle lui avait dit cela. Son cœur le lui criait depuis tant de temps. Mais elle refusait de se l’avouer, car ça ferait l’effet d’une bombe.

A contrecœur, elle coupa le contact que lui offrait les mains du militaire sur son visage, mais elle ne pouvait s’en défaire totalement. Elle se sentait sereine près de lui.

- Aveline, tout va bien ?

L’inquiétude était palpable dans son regard comme dans sa voix. Elle aimait le voir ainsi car il n’était rien qu’à elle dans ses instants là.

- Aveline ? Répéta Mathis.

- Oui… Souffla la brune. Oui… je vais bien.

- Tu es sûre ? Tes joues sont rouges. Il posa une main sur son front. Tu ne sembles pas avoir de fièvre. Tu ferais mieux de rester allonger aujourd’hui…

Mais elle repoussa ses douces intentions d’une main. Elle n’était pas souffrante, juste gênée et heureuse.

- Je dois te dire quelque chose, commença t’elle en baissant le regard vers le sol et d’une petite voix, j’ai fait beaucoup d’erreur dans ma vie, Mathis. Mon adolescence entière en est une. J’ai perdu beaucoup de moment avec mère. Je… Je n’ai jamais appris à aimer. Je sème la destruction autour de moi.

- Pourquoi dis-tu ça, Aveline ? Ce n’est pas vrai. Tu es un petit rayon de soleil dans cette maison. Tu vas offrir la vie, même !

- Tu ne comprends pas…

Elle avait levé les yeux vers lui. Son regard était luisant et ses joues de plus en plus écarlate. Mathis eut un petit moment de recul, comme s’il venait de comprendre où la brune voulait en venir.

- Aveline… Je…

- Je ne te demande rien Mathis. Mais il faut que je te le dise…

Il voulut partir, fuir le plus loin possible d’elle. Elle allait déclencher cette bombe qu’il refusait de voir exploser depuis si longtemps. Si elle parlait, elle allait détruire tout ce qui l’entourait. Mais elle le retint par le bras. Le jeune homme ferma les yeux. Il avait depuis longtemps appuyé sur le détonateur.

- Je t’aime Mathis. Je t’aime à en crever !!

- Av…

- Non ! Ne dis rien… je t’en supplie… je te demande de m’aimer rien qu’une seconde, le temps d’un baiser.

- Je ne peux pas Aveline…

Elle laissa alors ses larmes couler. Elle savait pertinemment qu’elle n’obtiendrait jamais rien de lui. Il était l’amant de son frère, son époux, la moitié d’Aldrick. Elle, elle n’était qu’une femme parmi tant d’autre. Une simple étrangère qui se greffait à son arbre généalogique grâce aux liens du mariage. Mais pourtant, elle s’était mise à espérer. Espérer qu’il quitterait tout pour elle.

- J’ai l’air stupide. Dit-elle entre deux sanglots.

- Pas du tout… je suis même flatté. Répondit Mathis en la prenant dans ses bras.

- Flatté mais pas ému…

- Aveline, je t’aime mais pas comme tu l’espère. Tu es pour moi la sœur que je n’ai jamais eu. Une très bonne amie avec qui je peux échanger mes soucis et parler de l’homme que j’aime sans aucune retenue.

Oui… Et elle ne serait jamais rien de plus qu’une confidente. Cette pensée ne combla pas la brèche qu’elle venait de créer au fond de son cœur. Si ses yeux pleuraient sans cesse, son cœur lui saignerait à jamais.

Ils restèrent un long moment dans les bras, l’un de l’autre, jusqu’à ce qu’Aveline lui dise de partir, avec un sourire branlant. Mathis s’exécuta, le cœur lourd. Il n’aimait pas ce qu’il venait de faire. Son cœur balançait entre la tristesse et la déception. La porte claquant dans son dos, il laissa un long soupir s’échapper de ses lèvres. Il n’arriverait jamais à supporter cette situation.

Il rejoignit alors son mari, comme il était convenu dans la voiture car il devait faire une petite sortie en amoureux. A peine monté, il se jeta dans les bras d’Aldrick qui accepta son baiser avec surprise.

- Qu’est-ce qu’il se passe ?

- Rien… j’avais simplement besoin de ton contact.

- Je connais ce regard… Ma sœur t’a fait quelque chose ? Dit méfiant Aldrick contre sa bouche.

- Non… Non… Ça serait même le contraire…

- Quoi ? Hurla le blond.

- Ce n’est pas ce que tu crois. Le calma le militaire en posant une main sur sa cuisse. Il ne s’est rien passé… Mais les choses ne seront plus comme avant.

- J’imagine que tu ne veux pas en parler.

Mathis détourna le visage, en fermant les yeux. Non… Pour lui l’histoire était close. En parler, surtout avec lui, était une mauvaise idée. Il lui fallait faire son deuil.

- Et si on déménageait ?

- Comment ?! S’étonna Mathis, ce qui le força regarder son époux.

- Tu n’as plus envie ?

- Si… Bien sûr que si… Mais tu crois que c’est raisonnable… ta sœur…

- Au diable Aveline ! Je veux notre bonheur et je sens au plus profond de moi qu’il doit se faire ailleurs.

Ils s’embrassèrent longuement avec passion au volant de cette voiture ancestrale. Mathis savait qu’Aldrick se doutait de quelque chose, ou tout du moins craignait certaines choses. Il leur fallait partir, le plus vite possible, afin de vivre loin de toute tentation.

L’amour était souvent une joie, mais pour certain, une longue lutte où cadavre et défaite était légion. L’amertume et le goût désastreux que l’on pouvait ressentir à ce moment-là n’empêchait guère les larmes de couler. Quelque fusse la beauté des lieux qui nous entourait. Il n’y avait alors qu’un seul paysage sous nos yeux : chaos et destruction.

Aveline avait osé aimer et sa bataille s’était soldée par une défaite. Cuisante et amère. Elle ne se relèverait jamais de cet échec cruel que lui offrait la vie. Elle avait tout pour être heureuse : une famille aimante, une santé parfaite et un futur enfant. Mais l’amour véritable lui faisait cruellement défaut.

Elle fixa la mer. Elle semblait si calme, si sereine à danser ainsi. Ses mouvements de va et vient étaient comme une berceuse. Aveline se releva et s’approcha alors de l’eau. Il était si simple de lâcher prise. Il lui suffisait d’entrer dans l’eau, de marcher, marcher encore puis de se laisser porter au loin, afin de ne jamais revenir.

Cependant, alors qu’elle allait faire le premier pas, un coup sourd lui coupa le souffle. Le bébé bougeait, montrant qu’il était en vie et en pleine santé. Cela ramena à la réalité la future mère qui recula en tremblant. Apeurée par sa propre détresse, sa propre lâcheté.

Elle décida alors de partir le plus rapidement possible de cette plage, sentant malgré tout la tentation encore grande en son cœur. Elle emprunta alors l’escalier qui permettait l’accès à la sortir lorsqu’elle tomba nez à nez avec une vielle connaissance.

Mais le jeune homme la dédaigna, bien qu’il vit qu’elle était là, passant à côté d’elle comme une vulgaire inconnu.

- Maxance ! Hurla-t-elle malgré elle.

Elle put entendre un soupir de sa part puis il remonta les marches pour la rejoindre.

- Quoi ?! Hurla-t-il à son tour. Que faut-il à Madame ?

- Mais Maxance…

- Tais-toi !!! J’y crois pas ! Hurla t’il deux fois plus fort. T’as trouvé le moyen de te faire engrosser ! Ah que ta mère doit être fière de toi ! T’es pire qu’une Marie-couche-toi-là !

- Je suis bien heureux qu’il n’y ait jamais rien eu de sérieux entre nous, tiens. J’imagine que le père est déjà cocu ! Il doit aimer porter les cornes pour te laisser sortir comme ça.

Ses propos étaient plus que blessants, déjà six pied sous terre, la pauvre Aveline n’arrivait pas à contenir ses larmes. Elle qui, en le voyant sur la plage, était prête à le faire entrer de nouveau dans sa vie et dans celle de l’enfant.

- La ferme Maxance !!! La ferme !! Comment peux-tu dire de telle chose ! C’est mal me connaître ?! Cet enfant c’est le tien, c*nnard ! Et tu sais quoi, j’étais prête à te faire partager les joies de la paternité, mais tu viens de brûler ton unique carte ! Je ne veux plus jamais te voir. Ne m’appelle plus jamais ! N’essaye même pas de prendre contact avec cet enfant plus tard ! Tu n’es plus rien, pour lui comme pour moi !

- Je … C’est m…

- Adieu Maxance. Et même si tu refuses d’y croire : j’étais prête à t’aimer.

Et sans un regard, Aveline se retira, le pas aussi déterminé qu’elle pouvait se permettre en talon dans le sable, enceinte jusqu’au cou. Derrière elle, Maxance se sentit faiblir et du se rattraper au bastingage. Il allait être père et jamais il ne verrait l’enfant… La vie était trop cruelle…

Peu de temps après et non loin de là, Aveline s’arrêta sur un des ponts de la ville, en direction de la maison. Elle voulait rentrer le plus vite possible, mais lorsqu’elle vit la vue dégagée qu’offrait ce pont, elle s’arrêta et sortie du véhicule.

Elle laissa son regard vagabonder sur les remous du fleuve. Le vent chatouillait son nuque à l’aide ses cheveux. Elle qui était si triste, si frustrée, elle était désormais libérée d’un immense poids. Avoir révéler à Maxance sa plus profonde pensée était ce qui lui manquait réellement.

Elle sentit alors son ventre se serrer. La douleur lui fit perdre le souffle. Elle n’avait jamais tant souffert. En haletant, elle comprit que le travail commençait. Il n’était pourtant pas l’heure, il lui restait encore un bon mois à couver. Son visage se crispa de nouveau, annonçant une nouvelle contraction. Si rapprochée, l’heure était plus que venue.

Elle regarda autour d’elle mais le pont était désert, il n’y avait qu’elle. Et il était hors de question qu’elle accouche à même le sol, seule. Cela refléterait bien trop sa vie.

Elle prit son courage à deux mains et grimpa dans sa voiture. La douleur fut encore plus vive cette fois. Elle s’accrocha au volant, tout en le frappant, faisant résonner le klaxon.  Elle se mordit les lèvres et obligea son corps à se mouvoir. Le moteur se déclencha et elle fila vers l’hôpital de la ville.

A la maison, l’inquiétude était à son apogée. Wyatt avait appelé les garçons en leur disant de rentrer le plus rapidement, car l’hôpital venait de le contacter pour l’avertir de la présence d’Aveline entre leurs murs. Paniqué, Wyatt était parti en laissant la porte d’entrée grande ouverte.

Depuis leur retour, le couple n’arrivait à rien, sauf à tourner en rond dans le salon. Mains dans la main, ils ne pouvaient qu’attendre.

- Tu crois que tout se passe bien ?

- Elle est entre de bonnes mains.

- Vraiment ?

- J’en suis certain. Le rassura Mathis. Et puis, avec ton père à ses côtés…

- Oui, tu as raison…

Wyatt filait à vive allure dans les rues de la ville. Il arrivait bientôt à destination. Son angoisse était palpable comme lors des accouchements de Léonie. Il se souvenait que sa femme paniquée comme une folle et pleurait toutes les larmes de son corps à son premier accouchement. Et sa fille allait mettre au monde son enfant seule. Ça, il le refusait ! Quitte à être en infraction routière, il devait y arriver le plus rapidement possible.

Le soir même, la maison était en liesse. La famille accueillait un nouveau membre. Aveline avait accouché de façon tranquille et la naissance se passa sans problème. L’enfant était en plein santé. Lorsqu’elle le vit, Aveline se mit à pleurer comme une enfant dans les bras de son père qui lui, souriait comme jamais. Aveline avait tenu le coup, accouchant sans aucune aide médicale.

A l’intérieur les attendaient Aldrick et Mathis, qui étaient émus eux aussi en voyant cette petite bouille contre le sein de sa mère, gigotant et râlant.

- Félicitations !

- Un petit bout de toi… Aveline, c’est drôle… Il te ressemble pas. Dit Aldrick

- Crétin millénaire ! S’énerva sa sœur.

- Cré… moi un crétin ?! S’offusqua le blond.

- On se calme ! Tempéra Wyatt. C’est une très belle petite fille ma chérie.

- Merci Papa.

- Et on pourrait avoir le nom de cette … chose ? Réattaqua Aldrick.

- Si tu le prends comme ça, tu peux te le mettre où je pense … S’énerva pour de bon Aveline, avant de partir coucher la petite.

Aldrick hérita d’un regard noir de son père et de Mathis.

- Quoi ?!

- Parfois je me demande si tu es bien mon fils… Soupira le vieil homme en rejoignant sa fille.

- Mais qu’est-ce que je fais, encore ?

Mathis soupira à son tour avant de sortir lui aussi de la pièce.

- Mais quoi à la fin ?!!

Plus tard dans la soirée, alors qu’Aveline se reposait, confiant sa fille à Wyatt, Aldrick et Mathis s’apprêtaient à se coucher.

- Tu aurais pu être plus sympa avec elle, tu sais ?

- Avec qui ?

- Aldrick… Souffla Mathis en rejoignant son époux sur le lit.

- Oui bon c’est vrai… Mais cet enfant, elle l’a choisi.

- D’accord mais c’est pas pour autant que tu dois lui faire la tête.

- Je ne fais pas la tête !

- Oh que si ! Comme un gamin à qui on prive d’un jouet. C’est drôle d’ailleurs car l’arrivée d’Elouan ne t’a pas fait cet effet.

Mais Aldrick ne chercha nullement à se défendre, ni à répondre. Que pouvait-il dire ? De toute façon, ça lui retomberait encore dessus.

Aveline fut réveillée par l’interphone qu’elle avait dans sa propre chambre –jumeau de celui qui reposait dans la chambre de sa fille. Les yeux collés, elle aurait aimé dormir encore, mais l’appel d’un enfant était toujours prioritaire à ses propres envies.

Elle franchit difficilement le seuil de la chambre, se cognant contre l’embrasure. La petite pleurait de tout son soul, pouvant même réveiller les hommes.

- Là, là… Maman est là. Aveline se pencha au-dessus du berceau et l’enfant se calma au contact de sa mère.  Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as fait dans ta couche ?... Hum, non. Tu sens le propre. Oh ! Tu as faim peut être ?

Et Aveline regardait l’enfant comme si cette dernière allait lui répondre. Mais le bébé ne faisait que gesticuler en chougnant.

Elle prit alors sa fille contre elle, et la berça doucement en fredonnant.

- J’espère qu’un jour tu me pardonneras ce choix, ma puce… Maman ne voulait pas te priver de ton père, mais parfois l’envie n’est pas suffisante.

- Et puis… La vie ne pourrait pas être si mal, juste toi et moi, mon Ambrine… Qu’en dis-tu ?

La petite hurla plus fort encore. Aveline la glissa dans son cou et la berça plus encore, avec tant d’amour qu’elle s’étonna elle-même.

- Maman t’aime… N’en doute jamais…