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Episode 9 - Oeillade
Episode 9
L’hiver était enfin là. Les fleurs se reposaient, les oiseaux ne pépiaient, la ville se couvrait d’un fin voile blanc de givre. Enfin, tout le monde n’était pas comblé par cette nouvelle.
En effet, Kahei n’était de cet avis. Son activité restait en suspens pendant des mois et ralentissait considérablement sa progression de carrière. Alors pour s’occuper – et glaner un peu d’argent- il peignait. Ce n’était pas du grand art, mais il progressait.
De son côté Aimée elle, progressait à la guitare, été comme hiver, elle s’en fichait. La musique était sa passion et le froid ne l’empêchait pas de jouer.
Mais aussi bien qu’elle était à jouer, aujourd’hui, elle était de fête. Yuri l’avait convié à une petite réception entre collègue.
- Tu as ressorti ta robe de mariage ?
- Oui, je l’aime bien cette robe et puis, je trouve ça un peu bête de la confiner dans ma commode. Pourquoi investir dans une tenue aussi chère pour ne la porter qu’une seule fois ?
- Ahahah ! Tu as raison. Il faut rentabiliser chaque achat.
- Tout à fait !
A l’intérieur – qui était d’un goût certain et tout à fait intéressant- se trouvait Jon, Roxie, un inconnu et…
- Renaud ?!
- Hey ! Mais voilà la plus belle ! Que fais-tu ici ? Et Kahei ?
- Je devrais te poser la question…
- Ahah c’est vrai.
Renaud était tout sourire, tandis qu’Aimée ne savait où se réfugier. Comment pouvait-il être aussi sans gêne ? L’appeler ainsi, tout mielleux, devant Roxie ?! N’était-il pas ensemble ?
Elle tenta de saluer son amie avec un signe de main, mais cette dernière l’ignora et rejoignit les autres convives au fond de la pièce. Elle ferma les yeux et soupira.
- Alors ma belle ?
- Renaud, s’il te plait, tu peux éviter de m’appeler comme ça ?
- Pourquoi ? C’est ce que tu es : belle. Et pis qu’est ce qui te chagrine ? Kahei, n’est pas là.
Elle resta là, comme deux ronds de flans, la bouche ouverte alors que Renaud se retirait.
Pendant ce temps, Kahei, lui, astiquait la maison. Il était appliqué et à la limite du maniaque avec la propreté. Pourtant lorsqu’il peignait ou encore jardinait, il s’en fichait. L’inactivité devait faire ressortir ses tocs. Qui sait ?
- J’aurais peut-être dû y aller aussi. Même si Aimée me l’a proposé, je me voyais mal me mêler à ses collègues…
"… Se mêler à ses collègues… Y’en a que ça gênait pas, apparemment…" Se dit Aimée. Alors qu’elle mangeait, tout en discutant avec la fille de Yuri, elle ne pouvait s’empêcher de lorgner sur Renaud. L’homme était sans gêne, profiteur, dragueur, mais était tout de même sympathique et souriant. Elle pouvait comprendre les sentiments de Roxie. Si elle n’avait pas rencontré Kahei, elle serait tombée sous son charme.
- Dites Mme Vauganne, votre mari n’est pas venu ?
- Comme tu peux le voir, non.
- C’est dommage, je l’aime bien votre mari. Il est canon !
Une spaghetti passa dans le mauvais trou et arracha une toux du diable à Aimée. Que venait de dire l’adolescente ? Kahei ? Ca…Canon ? Elle fixa la jeune fille affichait une mine radieuse et avait les yeux pétillants.
Aimée se reprit et lui répondit le plus sereinement qu’elle le pouvait.
- Mon Kahei est bel homme c’est vrai.
- Si seulement j’étais plus vieille…
- Si seulement tu étais plus belle, pensa méchamment la blonde. Elle se tût et reprit son repas.
La soirée se déroulait sans encombre. Les convives s’amusaient, discutaient de chose et d’autre.
Elle touchait malheureusement à sa fin, et l’heure des aux revoir était arrivée.
- Et bien, Aimée, j’étais content de te revoir.
- Moi aussi. Passes à la maison quand tu veux. Kahei serait content de te voir.
- Si je trouve le temps, je passerai. Promit Renaud.
- Aimée…
- Ne t’en fais pas Roxie. Je te comprends, va rejoindre ton fils, il doit t’attendre. Vous attendre même.
Le couple se regarda puis fixa Aimée, la mine mitigée. Aimée le fixa à son tour, curieuse de leur réaction. Passant une main derrière son crâne, Renaud se racla la gorge.
- On n’habite pas ensemble, tu sais ?
- Comment ?
- Renaud tient à garder son indépendance…fit tristement Roxie.
Aïe ! Aimée avait mis les pieds dans le plat. La mine confuse, elle les regarda s’en aller. Elle avait blessé son amie.
Après s’être changée – ben oui, il fait froid dehors, elle n’allait pas rester en petite robe- la jeune musicienne se sentit mal. Sa gorge se serrait, son ventre se tordait.
Mal, elle était mal. A deux doigts de pleurer même.
- Yuri !! Où sont tes toilettes ?!!
- Euh, au fond, à droite !
Sans autre mot, elle fonça, le laissant à son incrédulité.
Le mal s’en alla peu de temps après, mais elle se sentait honteuse et le doute emplissait sa tête. Une crampe sourde restait ancrée à son estomac, comme une enclume au fond de l’eau.
Une fois rentrée et débarbouillée, Aimée était de nouveau sereine. Elle alla tout de même chercher du réconfort aux creux des bras de son époux qui l'accueillit avec bonheur. Il ne voulait pas le lui dire mais il s'ennuyait, seul à la maison, pendant cette période de l'année.
- Alors ma chérie, cette soirée ?
- C’était sympa, bien que la joie ne fût pas au rendez-vous au départ…
- Ah ?
- Oui, Roxie était méfiante vis-à-vis de moi.
- Comment ça ?
Elle se pinça la joue. Qu’elle cruche ! Elle ne pouvait décidément pas dire à son mari que son meilleur ami était entreprenant avec elle.
- Rien, mon cœur. Oublie …
- Tu es sûre ?
- Mais oui ! Dis, mon amour, ça te dit de …
Le regard enjôleur et coquin qu’elle arborait arracha un sourire entendu à Kahei qui s’en un mot, pris sa femme entre ses bras et lui fit l’amour avec toute la tendresse et l’amour qui l’animait.
Au petit matin, l’oiseau pépiait, arrachant de leur sommeil les deux amants. Aimée, comme à son habitude ronchonna puis se leva tout en décochant un regard haineux à l’animal.
- Raah ! Mais il m’énerve ! Kahei, je te préviens, s’il ne se tait pas, je l’embroche et je le grille !
L’homme fut contraint de sortir des draps à son tour, tout en soupirant. Il savait qu’Aimée était loin d’être une barbare avec les animaux et qu’elle ne mettrait jamais sa menace en exécution, mais la savoir agacée par ce petit être le chagrinait. Il l’aimait bien cet oiseau avec son plumage écarlate, mais il lui fallait reconnaître qu’il était bruyant. Il l’observait, sans un mot. Oui, il fallait le faire.
-Allez mon grand. C’est le printemps, le temps s’est réchauffé. Je suis sûre que tu peux y arriver maintenant.
Fidèle à leur promesse, Aimée relâcha l’écureuil qu’ils avaient accueilli quelques mois plus tôt. Elle l’aimait bien cette bestiole : mignon, farceur et boudeur. Mais elle était raisonnable et savait que c’était le genre d’animaux qui devait rester à l’état sauvage.
Kahei savourait ces derniers instants avec le cardinal qu’il avait adopté.
- Mon grand, j’espère que tu es d’attaque, car aujourd’hui tu vas devoir voler.
Il faisait frais, le givre était toujours présent.
- C’est l’heure. J’espère que tu voleras de tes propres ailes et que tu feras de beaux bébés ! Ne m’oublie pas !! Hurla t’il alors que l’oiseau prenait son envol avec essor.
Kahei était touché par cette séparation. Il l’avait accueilli, chéri, nourri, soigné. Il resta un moment sur place à le regarder virevolter puis une fois qu’il eut totalement disparut, Kahei retourna à l’intérieur. Il devait vivre sa vie et espérer lui aussi, fonder une famille.
Tags : challenge, legacy, sims 3, Vauganne
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Commentaires
Ah ben voilà premier bébé !