Episode 9

 

La pluie tombait sans cesse depuis quelques jours, clouant le moral des habitants de Meadow Glen dans leurs chaussettes. Pourtant certains appréciaient la pluie à sa juste valeur : nécessaire et purificatrice. Parfois apaisante pour les esprits troublés.

Mais Anaïs était loin de tous cela. Au contraire, en son coeur il n'y avait qu'un soleil : Aslinn. Cette petite fillette souriante à souhait, riant à chaque geste de ses parents, elle offrait au monde une joie sans fin. Anaïs était donc heureuse. Jeune mariée depuis quelques semaine, mère depuis quelques mois, vivant parmi une famille unie et aimante, qui s'agrandissait au grès de temps.

C'était surtout un jour important, qui allait marqué la vie de chaque résidents de la maison Vauganne. Anaïs ne pouvait s'empêcher de sourire, heureuse de la tournure que prenait enfin sa vie. Au diable le passé, au revoir les pleurs, au revoir tristesse. Les seules larmes qui perleraient de ses yeux désormais, seraient constituées de bonheur.

Et oui, c'était l'anniversaire d'Aslinn. La petite allait passer au second âge de sa vie. A elle les pas bralants, les babillages incessant et les rires plus affirmés. Ce fut au creux des bras de son grand-père que la bougie destinée à Aslinn s'éteignit, déclarant ouvert ce nouvel âge.

Petite fille blonde comme les blés, comme sa mère et ses propres ancêtre. Anaïs retenait ses larmes, luttant afin de ne briser sa promesse. Eloi passa alors un bras autour de sa taille, et, fiers parents qu'ils étaient, admiraient avec amour ce fruit de leur amour s'épanouir. S'ouvrir à la vie.

Comme chaque parents sur cette planète, ils ne purent que lui souhaiter bonheur et bonne santé. Ainsi qu'une vie riche d'amour de rire. Anaïs ne pouvait résister à cette bouille ronde aux yeux aussi bleu que ceux d'Eloi. Ce regard pour qui elle avait rendu les armes et tirer un trait sur sa vie passé.

Gâteau dégusté, et les débats sur les ressemblances de la petite conclut, Anaïs reçut un appel. Intriguée, elle décrocha, malgré le sourire euphorique qui ne cessait d'étirer ses lèvres.

- Oui ?

- Anaïs ? C'est Tal' !

Taliesin ? Mais il ne devrait pas travailler à cette heure d'après-midi ? Anaïs se retrouna brièvement, afin de voir l'heure sur le cadran du téléphone fixe. La voix joviale de son frère ne lui permettait l'inquiétude.

- Mais tu ne travailles pas ?

- C'est Kacey !

- Kacey ?

A ce prénom, le regard de Lawrence se souleva vers sa fille et l'interrogea de ses yeux. Anaïs lui fit alors signe que tout allait bien. En effet, Kacey serait apparement de nouveau enceinte. La joie de Taliesin était contagieuse, et accentuait le sourire d'Anaïs.

Cela combla le coeur du vieil homme, qui, sentant les larmes lui gagner les yeux, serra contre lui sa petite fille. Aslinn lui rendit son étreinte. Elle adorait Lawrence. Le vieil homme était toujours présent, près à se lever la nuit afin de la rassurer, de lui raconter une histoire ou encore lui chanter une petite chanson.

Anaïs et Eloi quittait la maison, laissant leur toute jeune bambine aux soins des plus anciens. Lawrence les rassura, car Anaïs quittait rarement la maison. Elle ne souhaitait laisser à autrui l'éducation de son enfants. Mais Eloi lui rapella que son propre père était un homme capable, car après tout, n'avait-il pas élever six enfants - dont quatre bambins simultanément ?.

Cela fit d'abord sourire la jeune femme. Elle avait tendance à oublier le travail colossal que ses parents durent endurer pour les élever, ses frères et elle même.

Les roues roulaient, foulant l'asphalte de la route humide, brumisant l'atmosphère dans son sillage. Anaïs se permit de fermer les yeux, écoutant la musique qui passait dans la voiture. Eloi conduisait tranquillement. Il avait ce sens du respect des règles et des lois qui savait rassurer la jeune maman. Elle ouvrit les yeux au contacte de la main d'Eloi sur la sienne. Elle lui sourit alors. Oui, ils devaient régler ce dernier petit détails afin d'être réellement uni.

Le temps passa doucement, Anaïs se sentait fébrile et dû sortir du bâtiment administritif de la ville. La mairie était un vrai four, malgré l'automne. Ou alors était-ce elle ? Elle ne serait le dire, mais elle s'installa sur un des banc adjacent la mairie. Elle profitait des rayons du soleil qui avait tant fait défaut ses derniers jours. L'air était frais et léger de pureté. Elle se sentait bien.

Eloi la rejoignit peu de temps après, le sourire aux lèvres. Anaïs, l'apercevant, lui offrit un sourire et se leva du banc. Son homme se tenait devant elle et avec impatience, elle attendit qu'il parle. Mais il demeurait silencieux, jouant avec ses nerfs. Elle savait pertinemment qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter, mais elle n'y pouvait rien. Elle glissa alors ses mains dans les siennes et lui intima du regard à s'exprimer.

- Nous voilà tous deux Vauganne, désormais.

Cette simple phrase accentua le sourire de blonde qui lui embrassa alors la joue. Eloi lui répondit d'une simple étreinte. Leur union n'était pas officielle tant qu'ils n'avaient porté les papiers à la mairie. Cette tâche effectuée, ils pouvaient à loisir se proclamer Mari et Femme.

Mais cette nouvelle n'était pas la seule de la journée. Anaïs ne savait comment s'y prendre, pourtant ce n'était pas la première fois qu'elle annonçait ce genre d'évènement. Elle prit alors une grande inspiration et planta ses yeux bleus dans ceux de son époux.

- Je suis enceinte, Eloi.

- Encore ?! S'exclama ce dernier.

Cette exclamation fit arquer le sourcil d'Anaïs qui croisa les bras, un peu surprise et surtout mécontente de sa réaction. Eloi se gratta le haut du crane, gêné par sa propre voix. Ce n'était pas qu'il était pas heureux de cette nouvelle, au contraire, mais il ne s'y attendait pas.

D'une main tremblante, il toucha le ventre de sa femme. Anaïs décroisa les bras, et se détendit au toucher de l'homme qui partageait désormais sa vie. Il acceptait cette seconde grossesse, ce second enfant. Non pas qu'elle en doutait, elle avait confiance en lui mais une part d'elle ne pouvait s'empêcher de douter.

D'un regard entendu, sans un mot prononcé, Eloi serra contre son coeur cette femme si pleine de douceur et généreuse. Elle allait de nouveau lui offrir un joyau inestimable. Un nouvel enfant. Il n'y aurait jamais songé, pas si rapidement tout du moins. Aslinn lui convenait mais en avoir d'autre. Tout plein de petits leur ressemblant. Son coeur se mit à espérer.

- Anaïs ?

Le silence de sa femme était inhabituelle. D'ordinaire, face à la joie, elle ne cessait de parler. Il la fixa alors, droit dans les yeux. Elle détourna le regard. Chose qui inquiéta le jeune homme.

- Eloi... Et si nous en avions plusieurs, que dirais-tu ?

L'homme sentit un poids immense lui écraser les épaules, ce qui lui fit perdre légèrement l'équilibre. Il se rattrapa aux bras d'Anaïs qui ne pouvait le regarder dans les yeux. Puis un rire nerveux s'échappa de ses lèvres. Ce qui fit arquer un sorucil à Anaïs.

- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? S'offusquait-elle, boudant légèrement.

Puis dans un élan d'affection, il la prit contre lui et la fit tournoyer. Lui qui venait justement de créer une envie d'une famille nombreuse, il ne pouvait pas croire que le destin la lui offrait.

- Ce que j'en dirais ? Mais enfin Anaïs ! Je leur dirais "Bienvenu".

Main sur la bouche, la blonde étouffa un hoquet de surprise, mêlé de joie puis laissa une larme de joie s'écouler le long de sa joue. Certes, elle était heureuse, mais pleurer sans cesse ne lui ressemblait pas. Gênée, le rouge habitait ses joues, chose qui fit sourire son époux.

- Les hormones, c'est ça ?

Il se moquait d'elle, et elle le savait. Mais c'était une façon à lui de lui pouver son amour. Elle répliqua d'une simple tape sur son épaule, faussement en colère.

La vie reprenait son cours. Anaïs avait demandé à Eloi de garder le secret de sa grossesse, car elle estimait que c'était à elle de l'annoncer à ses parents. Eloi respecta son envie et se tût. Mais Anaïs voulait faire cela dans les règles, pas de fantasie. Juste une simple annonce, mais ce n'était jamais bien simple. Elle qui était timide et réservée, étaler son bonheur à la face des autres était difficile.

Mais il lui fallait faire fie de sa timidité. Après tout, s'il y avait bien des gens qui ne la jugerait pas, c'était ses propres parents. Elle soupira un moment puis reprit la préparation de ses pâtes au fromage. Elle se perfectionnait, de jour en jour, dans la cuisine. Elle comprenait désormais la patience et la tranquillité qu'avait développer son frère, Taliesin. Bien qu'être cuisinier dans un grand restaurant était fioncérement différent que chez soi.

Plus tard dans la soirée, alors qu'Anaïs venait de coucher Aslinn, Ambrine l'avait rejointe. Cela faisait bien dix minutes qu'elles discutaient de tout et de rien. Ambrine venait de rendre visite à Yoric et sa petite famille. Tanguy avait bien poussé et s'occupait, comme tout bambin le pouvait, de son petit frère Charles. Ambrine était fière de ses petit-enfants, tous respiraient la vie et le bonheur.

- Si j'avais su qu'un jour je serais grand-mère d'autant de petit-enfants...

La vieille femme n'arrivait toujours à en revenir. Ses enfants procréaient à une vitesse folle. Elle aurait pourtant parié qu'aucun d'eux ne feraient plus d'un enfant, vu son attitude maternelle lors de leur enfance. Mais Anaïs lui souriait, attendrie par l'attitude de sa mère. Ambrine avait beau râler, sa fille savait qu'au fond d'elle était plus que ravie.

- Anaïs... Pourquoi restes-tu silencieuse ?

Cette question fit relever la tête de la blonde qui fixait sa mère avec incertitude. Elle devait le lui annoncer, mais Ambrine n'était pas à prendre avec des pincettes. Main sur son ventre légèrement arrondi, elle souffla, tentant de faire disparaitre la tension qui l'habitait. Ambrine la scrutait alors, un peu inquiète, mais le sourire infaillible de sa fille dissipa ce sentiment.

- Maman, je suis enceinte.

- Qu... ?! Toi aussi ?! S'était alors étouffée la vieille femme.

Anaïs ne put qu'hocher la tête tout en souriant. Ambrine le lui rendit, aussi éclatant qu'un soleil. Elle avait beau pester, elle était toujours ravie d'une nouvelle arrivée dans leur belle et grande famille. Elle posa alors une main légèrement tremblante sur le renflement et put y sentir la vie qui y grandissait.

La nuit était déjà bien entamée et Anaïs avait un rendez-vous qu'elle ne souhaitait surtout pas râter dans un des troquets de la ville. La pluie faisait de nouveau rage, ce qui désola un peu la blonde qui s'engouffra dans le bâtiment avec hâte.

La porte à peine ouverte, elle découvrit -non sans étonnement- son rendez-vous assis au bar. Taliesin lui fit alors un signe de la main, l'invitant à le rejoindre. Anaïs soupira et répondit à son invitation. Elle ne comprenait pas pourquoi son frère était ainsi vêtu. C'était l'automne, il pleuvait et c'était la nuit. Autant dire qu'aucune des conditions n'étaient requises pour une veillée maillot de bain.

- Tu n'es pas en tenue ? S'étonna pourtant ce dernier, en quittant son tabouret.

Anaïs croisa alors les bras et toisa son grand-frère du regard. Il était vraiment dérangé par moment. A se demander s'il était parfaitement sain d'esprit.

- Tu étais sérieux ?

- Ben oui !

- Tu es totalement fou... Soupira la blonde.

- Mais c'est tellement plus drôle comme ça !

Anaïs baissa les armes et ne put s'empêcher de rire. Taliesin était peu ordinaire et le restera toute sa vie. Et c'était bien pour cela qu'elle l'aimait autant.

- C'est pas le tout mais tu n'avais pas quelque chose à me dire ? Lui demanda son frère.

- On est pas ici pour fêter la grossesse de Kacey ?

- Si, si.

- Alors... Où est-elle ?

- C'est une fête entre toi et moi !

Anaïs le fixa, un sourcil arqué. Taliesin était décidemment bien étrange. Il préférait passer la soirée avec elle qu'avec sa propre femme, enceinte de son deuxième enfant. Contrite elle secoua la tête.

- Dites-moi, très chère soeur... N'auriez-vous pas pris un peu de poids ?

- On ne peut rien te cacher. Je suis dans le même état que Kacey.

Taliesin lui sourit alors et sans attendre lui toucha le ventre, fier lui aussi de sa soeur. Elle secoua encore une fois la tête dépitée par l'attitude de son frère. Mais elle riait également, totalement charmée par ce dernier. Il passèrent une bonne partie de la soirée à parler de leur enfant respectif et de leur vie au travail.

Cette nuit-là, l'orage faisait rage, effrayant la plus jeune de la maison. Ses hurlements empêchaient ses parents de dormir. Eloi travaillant tôt, Anaïs, malgré son état, se dévoua. Elle se leva péniblement, frottant ses yeux alors qu'elle sortait de sa chambre, la mère pénétra avec un sourire dans la pièce adjacente. La petite Aslinn avait les joues humides de larme fraîche. Cette vision attendrit alors le coeur de cette mère qui s'empressa de la serrer contre elle.

- Tu n'as pas à avoir peur, ma Grenouille. Maman est là, ce n'est qu'un vilain orage.

- Ama !

Mais rien n'y fit, Aslinn tremblait toujours contre le sein de sa mère, agripant fermement de sa petite main le maillot de la blonde.

Elle décida alors de s'assoir dans le fauteuil de la pièce, son enfant contre elle. A force de câlin, de bisou et de chanson, la petite Aslinn rejoignit enfin le monde paisible de Morphée, où les méchants orages n'existaient guère. Un endroit où les peurs ne naissaient. Un endroit aussi rassurant que les bras d'une mère.

Anaïs passa un long moment dans cette position, craignant que le moindre geste de sa part ne puisse réveiller ce petit ange troublé. Elle chantonnait doucement un air simple et calme, effectuant des mouvements réguliers de balancier. Elle avait appris à calmer sa fille depuis sa naissance. Aslinn était facilement perturbée la nuit. Elle dormait la lumière allumée et sa boite à musique jouait toute la nuit. Un sourire aimant ourlait les lèvres d'Anaïs devant la moue sereine que peignait le visage de sa chère petite enfant.

L'orage s'était tût assez tard dans la nuit -si ce n'était dire au petit matin. Le vieux couple était enfin levé et avait relayé leur fille, totalement épuisée. Anaïs n'avait fermé l'oeil de la nuit, car dès qu'elle reposait l'enfant dans son berceau, cette dernière se réveillait et pleurait de plus belle. Tel un fantome sans énergie, Anaïs disparu dans sa chambre, laissant Aslinn aux soins de ses parents.

- Je pense qu'Aslinn devrait consulter.

Cette proposition de la part d'Ambrine fit s'étouffer Lawrence, qui sans élégance, recracha un morceau de gâteau sur la table. Gêné, il tapota sur sa gorge et fixa sa femme avec stupeur. Ambrine détestait tout ce qui impliquait psychologue et compagnie, après sa propre expérience dans le centre de repos.

- Elle est encore trop jeune pour ça ! Protesta le vieil homme.

- Il n'y a pas d'âge.

- Ambrine, c'est tout à fait normal à son âge de faire des cauchemars et d'être pertubé la nuit.

La discussion était close, et Ambrine le savait. Lawrence avait une autorité naturelle. Certes, elle était douce mais elle était facilement tranchée et peu ouverte à la discussion. La vieille femme soupira et décida de changer de sujet.

- Et si nous partions ?

- Comment ça ?

- En voyage. On est jamais parti où que ce soit, tous les deux. Trop occupés par nos carrières et les enfants. Mais aujourd'hui, ils ont tous leur propre famille, et nous avons tous les deux atteins le sommet de nos carrière.

- Et pour aller où ? Demanda Lawrence.

- Je ne sais pas... Pourquoi pas là ? Répondit Ambrine en lui soumettant des brochures de voyages.

Le vieil homme scruta les brochures sans un mot, puis fixa sa femme avec suspicion. Ambrine n'était pas une grande voyageuse, ou tout du moins elle avait assez voyagé avec sa carrière sportive et aimait se relaxer chez elle. Il y avait anguille sous roche et Lawrence comptait bien découvrit la véritable raison de cette envie de voyage subite.