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Par Sleioo le 24 Janvier 2015 à 15:27
Episode 19
Aujourd’hui, c’était fête. Après de longs mois de séparation, la famille Vauganne allait enfin être réunie. Aèla en était heureuse, mais elle était bien loin de la joie des adultes et du reste de la famille. Pouvions-nous remettre son âge en cause ?
Vagn retrouva son beau-frère favori et jumeau de sa femme. Gwillerm se portait comme un charme et il le lui fit sentir en l’enlaçant.
- Comme c’est bon de vous revoir !
- Oh que oui ! Mais dis-moi Vagn… Tu as maigri ?
Tonton Calixte était là aussi. Plus aussi fringuant qu’avant mais il n’avait en rien perdu de sa superbe. La petite Aèla ne se souvenait guère de cet homme, mais il sentait bon, comme sa maman.
- Comme tu as bien poussée.
- Je suis grande maintenant.
- Oh oui… Aah ça ne nous rajeunit pas tout ça… Dit-il à demi-amusé en regardant Gwillerm et Vagn qui se mirent à rire.
Antoinette, une des jumelles de Calixte fit son entrée. Elle avait bien grandit la demoiselle et était devenue une superbe jeune femme.
Blonde aux yeux bleus comme son père, elle avait cependant hérité de quelques traits de sa mère, Rada.
- Ouah ! Tu es superbe, Antoinette ! S’écria Gwillerm.
- C’est vrai. Une magnifique jeune femme… Bafouilla Vagn.
Non pas qu’il soit gêné, mais la blonde le fixait d’étrange façon.
- Merci à vous… Vagn… Fit-elle à voix basse.
- Hum ?
- Je … Je voulais te dire…
Elle bafouillait et ses doigts étaient moites. Elle sortit de derrière son dos un bouquet de fleurs.
- Aïe, aïe… Gémit Gwillerm.
- Tu vas bien ? S’enquit Vagn.
Elle tendit les fleurs à Vagn, les joues rouges.
- Ah…
- Ca sent le roussi ! Alerte ! Alerte ! Intervint Gwillerm, faussement alerté.
- Vagn… Depuis mon adolescence, je t’ai toujours…
- N’en dit pas plus. La coupa Vagn. Antoinette… Tu es une très gentille fille, mais j’aime ma femme. Ta tante. Pour moi, tu es comme ma fille et non une potentielle femme à qui je pourrais faire la cour.
Déçue, la demoiselle déposa le bouquet sur le comptoir de la cuisine tout en soupirant.
Aloyse venait de finir de se pomponner et tomba nez à nez avec son aîné en sortant de la salle de bain.
- Cal’ !!!
- Ouhla ! Doucement petite sœur. Dit-il alors qu’il réceptionnait sa cadette.
- Tu m’as tant manqué.
- Toi aussi…
- Mais vous plus encore ! Vous étiez ensemble. Moi j’étais seule…
- Plus maintenant, Aloyse.
Dans l’entrée, d’autre retrouvaille se déroulait. Anthelm serra fortement contre lui sa cousine Bleuenn qui pleurait à chaude larme contre son épaule. Ils avaient grandi ensemble, les mots n’étaient plus nécessaires. Delphine se sentit de trop et décida de rester en retrait, tout aussi émue qu’eux.
- Content de te revoir Calixte.
- Hey ! Salut Vagn !
Les deux hommes se serrèrent la main chaleureusement. Une de ses poignées qui racontait tant de moment qu’ils ne purent partager.
- Tu sais quoi Cal’ ? Intervint Gwillerm.
- Quoi ?
- Ta fille aime les vieux déjà marié.
- Quoi ?! S’estomaqua Calixte.
- Gwillerm… Tu aurais pu lui épargner ça.
- Non. Je suis bien curieuse aussi. Fit Aloyse en fixant son mari.
Alors que Vagn s’emmêlait dans des explications sous le regard rageur d’Aloyse. Calixte ne pouvait s’empêcher de s’indigner et de gémir, honteux du comportement de sa fille. Sentant le sermon, Antoinette se faisait toute petite et tenta de s’esquiver vers l’extérieur. Mais Gwillerm la vit et la retint.
- Yeaah Elias !
- Yooo ! Pote de chemise !
Ils avaient quoi les hommes aujourd’hui ? Ces retrouvailles leur montaient à la tête.
Ils tentèrent de se taper dans les mains, mais ils ne réussirent qu’à brasser de l’air.
- Gasp ! On est pas doué…
- Faut croire…
- … que ce n’est pas de notre âge.
- On est déjà si vieux ? S’indigna Elias.
Alors que la famille se retrouvait et que certains se reposaient dans le salon…
… Les adolescents eux, réapprenaient à se connaître.
- Et là, mon père a empoigné l’employé de la mairie par le col.
- Non ?! Il a vraiment fait ça ?
- J’étais là, Anthelm, dit Bleuenn. Tonton Elias peut se montrer super persuasif, en fait.
- C’est à cause de son métier. Expliqua Delphine.
- Son métier ? Demanda Anthelm.
- Ben oui, Papa est bien placé dans la mafia de Riverview, tu sais ?
- Quoi ?! Hurla presque Anthelm.
Bleuenn baissa le regard. Ce n’était pas un véritable secret, mais les activités d’Elias avaient amené une certaine tension entre Gwillerm –qui est policier- et le père de Delphine.
- Chut ! Fit Bleuenn. Si mon père t’entend parler de ça… Ça risque de chauffer pour nous.
- Ben quoi ? Demanda innocemment Delphine. Dois-je vous rappeler que si on est tous arrivés ici, dans ce trou perdu, c’est grâce à mon père ?
Bien sûr qu’ils le savaient. On avait épargné les plus jeunes enfants des détails mais Elias était le héros de l’histoire. Bien que la ville fut touchée par cette étrange épidémie, il s’était vite arrangé pour sauver les enfants de sa famille. Non pas la sienne directement, mais celle de sa sœur. Aloyse avait toujours été la petite sœur chérie de chacun de ses frères –bien qu’Elias était moins expansif qu’en à ses sentiments- et il avait convenu avec Calixte et Gwillerm d’évacuer la brune et ses enfants en premier.
Choyée, protégée, aimée. Aloyse n’était pas une femme à plaindre et elle le savait. Elle prenait la vie avec bonheur depuis ce drame. Car si ses enfants furent épargnés, ce ne fut pas le cas pour le petit dernier d’Elias. Ségolène était enceinte lorsque la maladie se déclara et son bébé fut touché. Mort-né.
Loin de tout cela, les enfants jouaient sans soucier des vivants et des morts.
Mais les plus grands les pleuraient et les regrettaient.
Mais la vie continuait malgré tout. Le temps passait et la famille s’agrandissait malgré tout.
- Votre voyage s’est bien passé ? Demanda la brune à ses deux frères.
- Et bien… Elias soupira alors que Gwillerm se lançait dans les explications.
- Disons qu’il aurait pu être mieux.
- Comment ça ?
Ce fut au tour d’Elias de continuer.
- Ségolène a commencé à paniquer.
- Mais…
- Je ne vais pas te le cacher, Aloyse. Mais il y a encore quelques mois, Ségolène a perdu notre dernier enfants.
- Elle était enceinte ?
- Oui… Et elle a du mal à s’en remettre.
- D’où son absence d’aujourd’hui. Elias fit signe que oui. Je ne lui en veux pas. Dit-elle simplement.
Comment le pouvait-elle. Perdre un enfant était une chose terrible. La plus terrible qu’il soit lorsqu’on était mère.
Vagn, pendant ce temps, faisait office de Nounou. Mais la Nounou n’était pas nécessaire puisque les enfants étaient assez grands pour se nourrir seuls.
Si les enfants grandissaient, certains adultes retombaient dans l’enfance.
- Dis Gwillerm ?
- Hum ? Fit l’adulte en détachant son regard de l’écran.
- Pourquoi tu n’apprécies pas Elias ?
- Hii ! Anthelm ! Je t’avais dit de ne pas poser la question.
- Bleuenn ! Elle sursauta au ton que son père employa. Ton cousin a le droit de poser cette question.
- Bien mon capitaine. Répondit elle, faussement joyeuse.
- Pour te répondre Anthelm : je ne déteste pas mon frère. Loin de là. Je lui suis reconnaissant pour tout.
- Mais tu gardes des réserves.
- J’"émet" des réserves. Elias est un homme bon. Je ne comprends pas pourquoi il a décidé d’entrer dans cette organisation. Il est intelligent, charmeur et doué de ses mains.
En entendant son oncle, Anthelm comprit que le bien et le mal ne se limitait pas aux méchants et aux gentils. C’était une chose abstraite qui se conformait à chaque esprit.
Les jours passèrent paisiblement, chaque famille prenaient ses repères, trouvaient des emplois et les enfants entrèrent à l’école. La nuit aurait pu s’avérer tranquille si …
… Une inconnue n’avait pas foulé leur terre.
Mais les Vauganne, bien qu’appauvrie, avait anticipé cet évènement.
L’alarme se déclencha, réveillant les occupants de la demeure. En bon père de famille, Vagn sortit le premier et découvrit l’intruse totalement paniquée sur leur perron.
La police arriva rapidement, alors que Vagn menaçait la voleuse. Un féroce combat s’engagea. Mêlant le bien et le mal.
Même si à première vue, le bien semblait en grande difficulté.
Anthelm ne pouvait voir cette horreur et fermait les yeux tout en suppliant le monde que tout cela se termine bien.
Aloyse arriva à son tour, assistant par la même occasion à la défaite du bien. La policère se retrouva rapidement fesses sur le sol, laissant victorieuse l’intruse.
Le mal s’en alla, jurant qu’il reviendrait. La policière haussa les épaules et s’en alla à son tour, laissant les occupants sous le choc et sans voix.
Ils eurent malgré tout une journée ordinaire. Cependant Aloyse rentra assez tôt de son travail. Son patron, la voyant sursauter aux moindres mouvements, décida de lui laisser son après-midi.
La petite Aèla la découvrit en rentrant. Elle fut la seule épargnée par cette intrusion. La petite avait un sommeil de plomb.
Le dîner se passa dans le calme, chacun dans ses pensées. La petite insouciante, terminait tranquillement ses devoirs.
Alors qu’elle débarrassait la table, la petit Aèla se frappa le haut du crâne. Elle avait oublié une chose importante. Très importante.
Elle s’en souvint lorsqu’elle vit sa famille arriver avec un gâteau surplombé de bougies. Elle les regarda en premier lieu avec de grands yeux ronds, cherchant la signification de tout cela. Puis vint la fameuse chanson et le déclic se fit. Elle s’installa alors face au gâteau d’anniversaire, alors que le reste de la famille continuait à chanter derrière elle.
- Vite ! Vite un vœu ! Hurlait sa mère.
Un Souhait ? Elle n’en avait pas vraiment. Elle réfléchit quelque instant.
Tout ce qu’elle pouvait souhaiter était force et santé à sa famille. Sa très chère famille qui l’aimait sans fin. Un peu de poudre magique, un soupçon de volonté, le tout légèrement chorégraphié.
Et voici venu le divin enfant… Euh non. Mais Aèla devint une magnifique adolescente au sourire léger et débordante d’amour.
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Par Sleioo le 24 Janvier 2015 à 16:09
Episode 20
- Punaise ! Ca caille !
L’adolescente regarda son frère, qui, sans raison apparente, fulminé. A mieux y regarder, il y en avait une. Anthelm était inconscient de sortir dans cette tenue en plein automne. Elle avait eut beau le lui dire, tout ce qu’elle hérita, ce fut des réprimandes et une obligeante demande d’aller voir ailleurs.
Pour calmer les nerfs de son frère, et accessoirement les siens, elle lui proposa de tester leur courage dans la petite maison hantée du parc.
- J’ai peur de rien ! Avait rétorqué Anthelm.
Cette réplique fit sourire la blonde qui se précipita à l’intérieur, le jeune homme sur ses talons.
A la sortie, ils croisèrent leur tante Rada, qui avait bien vieillie. Cette dernière, heureuse de les voir, leur avait proposé une petite compétition autour d’une tarte. Les voyants hésiter, elle les provoqua. C’eut l’effet escompté car les deux adolescents se joignirent à elle, plus rebelle que jamais.
- Je vais vous mettre la pâtée !
- Ah ouais ?
- Et ouais !
Les enfants ne pouvaient s’empêcher de se chamailler. Rada, elle, trouvait ce spectacle à la fois amusant et affligeant.
Un coup de sifflet ! Le concours débuta. Un dernier regard sur son voisin et les adversaires se mirent en place. Un deuxième coup de sifflet, et la compétition débuta réellement.
Tout penaud et à l’allure d’une tortue, Calixte s’avançait vers eux, aidé de sa canne. Car si Rada avait vieilli, lui avait également passé le cap du troisième âge.
Tête dans leur tarte, les enfants avaient… bien l’air tarte.
Malheureusement pour eux, aucun Vauganne ne remporta la victoire. Dépités, ils relevèrent la tête. Aèla emportant son moule, Anthelm en étouffant et Rada… Rada resta coincée…
Un peu plus loin, à l’abri des regards –ou pas- l’on pouvait apercevoir Yolande (Une des jumelles de Calixte) tout aussi jolie que sa jumelle, en train de danser avec un homme.
- Je vais gagner !!
- C’est ce qu’on va voir, petit !
Ils n’en ont jamais assez ces Vauganne ? Compétiteurs, ils étaient.
Aèla préféra une activité un peu plus solitaire et calme.
Enfin, si elle ne perdait pas l’équilibre. Mais comme on le dit : C’est en forgeant que l’on devient forgeron.
Pendant ce temps, d’autre membre de la famille se retrouvèrent en un autre lieux. Ce petit ? Qui était-il ? Et bien, il n’est que le dernier né de Gwillerm : Artème.
Vous l’aurez donc compris. Nous avons rejoint Aloyse chez son frère Gwillerm. Elle était déguisé en un drôle de fauve, tout comme sa nièce Bleuenn.
Aengus s’impatientait. Lui, déguisé en punk, attendait sa sœur pour faire le tour du quartier. Et oui, ce jour était le jour de l’horreur.
La brune y croisa Elias, déguisé en Cosmonaute.
Gwillerm en médecin.
Et Cannelle, en militaire. Qui était Cannelle ? C’était la femme de Corèus (le fils de Nolan)
Aloyse n’avait jamais pris le temps d’apprendre à la connaître, mais la jeune femme s’avéra agréable et charmante.
Une retardataire fit son entrée. Janessa (Une des jumelle d’Elias) était déguisée en… en elle-même ? Aloyse n’aurait su le dire.
Les enfants étaient rentrés depuis longtemps, le parc n’étant pas loin de chez eux. Ils profitaient de leur temps libre pour partager un moment autour d’un échiquier.
Mais la partie fut vite interrompue par une visite incongrue. Enfin, pas tant que ça. Journée de l’horreur oblige, les Vauganne subissaient les assauts d’enfants et d’adolescents en manque de sucre.
Oui, même les enfants de la famille s’y mirent.
- T’es trop chouette Tata !!
- Allons Leni… Ne traîne pas trop d’accord ?
- Bien sûr ! Je rentre de toute façon. C’était la dernière maison que je visitais.
Leni. Le cadet de Calixte était un jeune homme aussi curieux. Tantôt il savait se montrer agréable et charmant, tantôt on le sentait prêt à frapper.
- Alors c’est terminé ?
- Je l’espère… Souffla Aloyse. Quel que soit la ville, les enfants sont fous de cette fête.
- Pas les nôtres, en tout cas.
Le couple se regarda dans les yeux. On pouvait y lire de l’amour. Un amour inconditionnel, qui, malgré, les malheurs, n’était pas prêt de se briser.
- Qu’y a-t-il Vagn ?
Un peu gênée, malgré les années à ses côtés, Aloyse n’arrivait pas à s’habituer aux regards langoureux de son mari. Elle rougit légèrement et baissa le regard.
Sans un mot, avec une rapidité qu’il lui était propre, Vagn fit tournoyer sa femme avant de la lâcher brutalement. Se sentant tomber, elle ne put retenir son cri.
Elle retomba lourdement dans les bras puissants de son amant.
- Mais tu es fou ?!! S’insurgea-t-elle.
Pour toute réponse, elle eut droit à un « Hum » accompagné d’un haussement de sourcil. Ce regard ci, elle ne le connaissait que trop bien.
Et ce sourire tout autant. Elle comprit ses intentions. Elle raffermit sa prise sur l’épaule de Vagn et se détendit.
- Tu es si belle…
- Arrête Vagn… Souffla-t-elle, gênée.
- Non…
Il déposa ses lèvres sur celles de sa femme. En premier lieu, il était doux et suave. Aloyse adorait cela. Toute cette douceur, tout cet amour et toutes ces promesses que ce genre de baiser pouvait offrir. Elle connaissait la suite. Vagn affermit sa prise et approfondit le baiser. Elle, amoureuse et désireuse, y répondait sans hésiter.
Malgré toutes ses années, Aloyse sentait le désir lui parcourir le corps lorsqu’elle posait le regard sur cet homme. Il fut le seul à lui faire cet effet.
- Je t’aime tant, mon amour.
- Je t’aime tout autant…
La nuit était plus profonde. Et d’étranges évènements se produisaient.
Sans pour autant étonnée Aèla. En effet, l’adolescente se mit au lit, sans se soucier de ce livre qui flottait impunément.
- Bonne nuit Mamie.
Et oui, Aèlys était de sortie. Cela faisait longtemps, mais Aèla, même si elle ne l’avait pas connu, connaissait sa grand-mère et se savait en sécurité lorsqu’elle apparaissait.
Le fantôme était heureux. Heureux de cette belle descendance que ses enfants lui avaient offerte. Elle observait le ciel, un grand sourire sur les lèvres. Même si des obstacles étaient sur leur chemin, ses enfants étaient forts et se relevaient sans cesse. Elle ferma les yeux un instant, plongeant ses mains dans le sable. Elle appréciait son toucher et sentait vivante à nouveau.
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Par Sleioo le 24 Janvier 2015 à 16:32
Episode 21
- A ce soir !
La porte d’entrée claqua, coupa net le son de la voix d’Aloyse. La brune était en retard et avait bien tardé dans son lit qu’à table. Le tour dans la salle de bain passa à la trappe lorsqu’elle se cassa les dents sur la porte fermée. Aèla était enfermée depuis longtemps.
En effet, l’adolescente prenait son temps ce matin. Se faisant belle. Elle n’était pas particulièrement une personne qui aimait se pomponner, mais une fois de temps en temps ne lui faisait pas de mal.
Prendre soin de soi était une façon comme une autre de se prouver qu’on s’aimait et qu’on tenait à la vie.
Et également, se concentrer sur soi-même. Oublier ne serait-ce qu’un instant les soucis.
Les soucis d’Aèla étaient simples aujourd’hui. Son frère. Ce dernier n’arrêtait pas de tambouriner à la porte, clamant que c’était son tour, que l’heure tournait.
- Enfin ! Lui fit remarquer ce dernier.
- C’est bon, Anthelm. Tu vas pas en faire tout un plat.
- T’as vu l’heure ?
Elle lui jeta un regard malicieux puis leva une main.
- Allez ! Montre-moi que tu es un homme ! Je te mets au défi !
- Un défi ? Répéta-t-il, méfiant, regardant tour à tour la main et le visage de sa sœur.
- Il reste quoi… 5 min avant que le bus n’arrive ? Je te parie que tu n’arrives pas à être prêt dans les temps.
Sans un mot, Anthelm joignit sa main à celle d’Aèla.
- Pari tenu ! Si je gagne, tu fais mes corvées !
- Ok !
Sans demander son reste, l’adolescent fila dans la salle de bain. Aèla savait d’avance qu’elle perdrait car son frère était rapide et ne prenait pas sa douche le matin. Mais c’était l’unique façon pour elle d’échapper à un sermon d’une demi-heure.
Fin des cours. La neige n’arrêtait pas de tomber. L’hiver était enfin là, pour le bonheur de certain.
Anthelm stoppa sa sœur qui s’apprêtait à rentrer dans l’établissement.
- Où tu vas ? Les cours sont finis.
- J’ai deux-trois trucs à faire. Le concierge m’a demandé de l’aider à réparer la chaudière.
- Le concierge ?
- Ouais…
Anthelm vit bien que sa sœur n’était pas motivée pour aider à cette tâche.
- Ben, bon courage alors ?
- Ouais, c’est ça… Pfff… Préviens les parents pour moi, ok ?
- Pas de soucis !
- Salut Diègo ! Salua Aèla avant de filer à l’intérieur.
Anthelm se tourna vers leur cousin. Diègo avait bien grandit lui aussi. Il était le troisième enfant d’Elias.
- T’es pas fou de trainer en t-shirt dehors ? S’estomaqua Anthelm.
- Et toi, tu t’es vu ?
Anthelm pris la peine de se regarder. Et son cousin avait raison, il n’était pas mieux loti. Cela fit rire Anthelm qui passa un bras autour de l’épaule de Diègo qui riait tout autant.
- Tu y comprends quelque chose ?
La jeune fille soupira et regarda derrière elle. Anthelm avait beau être la grosse tête de la classe, il n’était pas pour autant des plus attentif. En fait, il était assez tête en l’air.
- Si tu lisais la consigne, Anthelm. T’y comprendrais quelque chose.
- La consigne ? Répéta le jeune homme en fixant sa feuille.
- Oui, la consigne … Tu sais, ces petites phrases qui sont avant les exercices ? Les consignes, quoi !
Il regarda plus attentivement cet énoncé. En fait, c’était tout simple. Il n’eut besoin de réfléchir.
Il écrivit la réponse en quelques secondes et se retourna à nouveau vers sa camarade.
- C’était tout bête en fait.
Elle soupira avant de rire. Anthelm était comme ça.
Tandis que la nuit était là, Aèla rentrait enfin de ses « heures supplémentaires » au lycée. Exténuée, elle dû endurer le monologue du chauffeur de taxi. Elle soupira une fois encore, tout en observant le ciel.
Si certains devaient subir les émois de chauffeur, Anthelm lui subissait une énième discussion avec sa propre mère.
- Ca serait bien que tu aides un peu plus à la maison, Anthelm.
- Mais Maman, dit-il entre deux respirations, j’aide déjà pas mal. Demande à Aèla.
- Ta sœur doit encore s’habituer au rythme du lycée.
- D’ailleurs, elle est où ?
- Je t’ai pas dit ? S’étonna Anthelm en se retournant vers sa mère.
- Dis quoi ?
- Elle a dû rester au lycée pour aider.
Aloyse observa son fils, qui l’air de rien continuait sa course. Il avait oublié de lui dire cela.
- Et tu oses oublier de me prévenir ?!! Anthelm, ta sœur est peut-être en danger en ce moment même !
- Moi je plains plutôt son potentiel agresseur. Répliqua-t-il avec humour.
- Ce n’est pas drôle Anthelm ! Rétorqua sa mère, furieuse. C’est l’hiver, la nuit tombe plus rapidement, il fait froid…
Anthelm soupira alors que sa mère énuméra encore et encore différents problèmes liés à l’obscurité, au fait que sa sœur soit une fille… Bref… Il en avait pour longtemps.
Mais Aèla était sauve et bien rentrée depuis longtemps. Elle tenait même compagnie à l’invitée de son frère. Maisy était une jeune fille agréable mais Aèla ne la connaissait pas assez bien pour dire s’il était une bonne amie ou pas.
- Dis-moi, Aèla ? La blonde la regarda. Ton frère… Est-ce que t’on frère t’a déjà parlé d’une fille ?
Cette question fit rire Aèla. Tant qu’elle ne put se retenir et rit de bon cœur.
- J’ai dit quelque chose de drôle ? Demanda, vexée, Maisy.
- Non, non… Mais si tu me poses ce genre de question c’est que tu connais mal Anthelm.
- J’ai cru que… Comme vous êtes assez proche…
- Excuse-moi d’avoir ri. Mais on a beau être proche avec Anthelm, je ne pense qu’il vienne me confier ses histoires de cœur.
- Pourquoi ? Demanda innocemment Maisy.
Aèla la regarda, les yeux ronds. En voià une bonne question : Pourquoi ? Elle adorait Anthelm et réciproquement. Mais leur complicité ne se mêlait pas aux histoires des cœurs. Ou tout simplement, ils n’en avaient pas. Elle resta coite devant le regard suppliant de la demoiselle au chapeau. Elle soupira puis fini par lui répondre :
- On est sûrement trop pudique.
Apaloossa dormait. L’heure des défunts était arrivée. Mais notre unique représentant nocturne n’était autre qu’Elven. Il profitait des joies de l’hiver.
Et retournait au stade enfance. Pauvre Elven, la mort n’était sûrement pas tendre avec lui.
Une nouvelle matinée s’installait. La nuit fut difficile pour Aloyse. Les souvenirs de Riverview la possédait, et elle avait beau se blottir contre son mari, Vagn n’était pas d’un grand réconfort lorsqu’il dormait.
Se croyant la première réveillée, elle décida d’aller préparer le petit-déjeuner. Cependant, elle découvrit Anthelm aux fourneaux.
- Bonjour mon cœur.
- Salut M’man, déjà levée ?
- Je pourrais te poser la même question.
- Aha, c’est vrai… Son rire se tût. Elle le sentit fatigué.
- Cauchemar ? Il fit signe que oui.
Elle soupira puis le prévint qu’elle allait se préparer.
Alors qu’elle s’observait, bercée par les légers ronflements de Vagn, Aloyse se remémorait cette époque chaotique que fut leur fuite. Tout quitter fut si difficile. Si cet entrepôt n’avait pas explosé, ils n’en seraient pas là.
Loin de tous ses souvenirs d’enfance, loin de l’histoire de sa famille. Elle était un peu perdue, seule par moment. Même si sa famille était là désormais, elle se sentait seule. Enfin seule n’était peut être pas le bon terme.
Elle se sentait responsable. Oui, voilà. Responsable et regrettait amèrement d’avoir trahis son patrimoine familiale. Elle avait beau se dire qu’elle n’y était pour rien, que c’était ainsi, elle n’arrivait pas à se défaire de ce goût amère dans sa bouche.
Elle entendit Vagn gémir tout en se retournant dans le lit. En le voyant ainsi, elle ne put s’empêcher de sourire amoureusement. En fait, elle n’était pas seule, et elle ne le serait plus jamais. Elle alla rejoindre son époux, lui baisa le front doucement puis se retira vers la sortie. Vagn ouvrit un œil et lui souhaita une bonne journée. Elle lui répondit d’un simple sourire puis referma la porte derrière elle.
Vagn rejoignit sans un mot ses enfants dans la cuisine. Il peinait à se déplacer. Il n’avait pas très bien dormi non plus. Car Aloyse n’arrêtait pas de gémir et de pleurer, quand elle ne se collait pas à lui. Il adorait sa femme, mais lorsqu’elle lui faisait manquer ses nuits, il était irascible. Et les premiers à en fait les frais, furent ses enfants.
- Vous pouvez pas être plus discrets le matin ?!
Les deux adolescents se regardèrent, stupéfaits. Leur père n’était pas une personne violente, tant par les gestes que par les propos, et le voir si énervé de bon matin était si rare. Même du jamais vu.
- Ca va Papa ? Se risqua Aèla.
- Je t’en pose des questions Aèla ? Mange et tais-toi.
Aèla resta muette de stupéfaction. Son frère fronça les sourcils et observa son père. Il vit que Vagn regrettait ses paroles mais que sa fierté et son autorité paternelle seraient remises en question s’il en venait à s’excuser. Anthelm soupira puis du regard, demanda à sa sœur de se taire. La blonde était prête à répliquer, mais la supplique silencieuse de son aînée la fit se raviser.
Si les nains magiques de Riverview étaient sympathiques, les nains d’Apaloossa eux… avaient un côté assez effrayant. Mais ils avaient la même passion : la télévision.
En milieu d’après-midi, après être rentrés de cours, les enfants avaient besoin de se relaxer et disputaient une partie de jeu vidéo. Aloyse, qui sortait de la douche, les rejoignit.
- Je vais t’avoir !
- Même pas en rêve Aèla !
- Doucement les enfants, ce n’est qu’un jeu. Tenta de tempérer Aloyse.
- Tu parles Maman ! Tu es la première de la course.
- C’est ça le talent, ma chérie.
- Ce qu’il faut pas entendre… Soupira Anthelm.
Un peu plus tard, Vagn les rejoignit à son tour. Il était de bien meilleure humeur que le matin.
- Vas-y Papa ! On va les avoir !
- T’en fais pas ma fille ! Je gère !!
- Maman, pour l’honneur de la famille, nous devons gagner !
- Un peu mon n’veu ! Allez Anthelm, on les aplatit !
La partie se déroula paisiblement, entre les rires et les bouderies de mauvaises joueuses. Mais la famille était en paix, heureuse d’être ensemble et jamais, Ô grand jamais, ils ne briseraient cette harmonie si durement acquis.
Un nouvel après-midi fit son apparition, et Aèla se reposait. Sa journée fut rude car les contrôles avaient plu à l’école. Tenant à sa réputation de « grosse tête » la demoiselle avait planché toute la nuit sur ses révisions.
Cependant on la réveilla pour passer à table. Elle soupira et traîna les pieds, car vu ce qu’elle pouvait sentir, le repas allait encore être de bonne facture.
- C’est tout cramé, bougonna-t-elle.
- On sait Aèla… Morigéna son père.
- Mais c’est immangeable !
- Aèla ! S’insurgea Aloyse.
- Elle a raison… Il faut reconnaître que l’on a vu mieux, tenta Vagn.
- Ah non ! Tu ne t’y mets pas Vagn. Anthelm s’est embêté à nous faire à manger alors on mange.
Le jeune garçon regardait sa famille qui engloutissait leur repas difficilement. Leur moue dégoûtée le dégoûta à son tour.
- Si mademoiselle Aèla trouve cela si mauvais, la prochaine fois elle fera le repas elle-même au lieu de roupiller toute l’aprem’ !
- Comment ça ?! Tu veux te battre Anthelm ?!!
- Pas besoin, je sais que je vais gagner… Crevette !
- Papa ! Se plaignit la demoiselle.
- Anthelm, tu pourrais être plus gentil avec ta sœur.
Il s’étouffa en avalant de travers.
- Alors là ! Je crois rêver ! Papa, tu l’as entendu ! C’est elle qui a commencé !
- Peut être. Répondit son père alors qu’il posait son assiette dans l’évier. Mais tu es l’aîné Anthelm. Tu es censé être plus mature.
Aèla décocha un clin d’œil à son frère, heureuse de gagner la bataille. Elle sortit son cahier afin de faire ses devoirs.
Anthelm lui tira la langue, avant de ramasser son assiette.
- Elle a bon dos la maturité… Soupira-t-il.
- Pour la peine, Anthelm, tu feras la vaisselle.
- Quoi ?! Mais c’est au tour d’Aèla !
La demoiselle fit profil bas. L’adolescence c’était vraiment nul. Elle avait hâte d’une chose : grandir et partir.
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